13 juillet 2011

-Farah, qu'est-ce qui se passe ?

-Chut, fais moins de bruit, le coupa sa grande sœur. Maman est malade.

Le jeune garçon se dirigea donc sans bruit vers la cuisine, préparant son petit déjeuner alors qu'il entendait ses deux sœurs parler tout bas près de la chambre de leurs parents.

Soudain, un grand bruit se fit entendre, laissant les trois enfants pétrifiés sur place. Les filles coururent aussitôt vers la cuisine, peu désireuse de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Que pouvait-il bien se passer encore ?

Ils tendirent l'oreille. 

Puis, les cris commencèrent. 

La colère était palpable dans la voix forte de leur père. Une rage qu'il ne lui connaissait que trop bien.

-Comment as-tu pu me faire ça ? Tu penses qu'on avait pas déjà assez de problèmes comme ça ? Hein, réponds moi ! Hurlait-il.

De faibles sanglots se firent entendre de l'autre côté du mur.

-J'en ai marre de toi ! Tu crois vraiment que c'est le moment de me dire ça ? Maintenant, alors qu'on a déjà du mal à joindre les deux bouts avec trois ?Tu te fiches de moi ?

Nassim savait que sa mère ne riposterait pas. Elle ne se défendrait même pas, elle savait que c'était en vain.

Le jeune garçon de quatorze ans se tourna vers ses sœurs. Il ne comprenait pas.

-Maman est enceinte, finit par sortir Alya d'une toute petite voix. Elle va avoir un autre enfant.

Il en resta bouche bée. Alors pourquoi son père s'énervait-il comme ça ?

-Papa n'en veut pas... murmura l'aînée d'une toute petite voix, comme en réponse à la question informulée de son frère.

-J'en ai ma claque de tout ça ! 

Un bruit sourd. Un objet cassé. Le reflet de la colère qu'il essayait d'évacuer.

-Je me casse. Surtout n'essaie pas de me retenir ou de me re contacter, tu risquerais de le regretter fortement.

Les enfants entendirent de grands bruits avant de voir la porte s'ouvrir d'un coup sec, dévoilant leur père, une expression terrifiante sur le visage. Il tenait son grand sac dans une main mais ne parut pas les voir. 

Soudain, il tourna la tête et dévisagea ses trois enfants avant de se diriger vers eux d'un pas assurée.

Par instinct, les deux sœurs reculèrent d'un pas. Mais il n'y prit guère attention. Nassim se vit attraper le bras alors que son père lui parlait d'une voix  rapide qui trahissait son état d'énervement critique :

-N'oublie jamais ce que je vais te dire mon fils. Ce monde est horrible. Les gens sont horribles. La vie est horrible.

Il s'arrêta un court instant, une lueur indescriptible dans les yeux.

-Tu as donc le choix de te laisser faire.

Il resserra un peu plus fort sa prise, mais Nassim ne broncha pas. Il continua alors d'un ton bas.

-Ou d'être encore plus horrible qu'elle.

Il relâcha alors finalement le bras de son fils et sortir de l'appartement d'un pas ferme, sans même se retourner.

L'appartement fut alors plongé dans un silence de mort. Un silence que personne n'osait briser.

Alors comme ça, c'était fini.