20 juillet 2003– 12 ans et demi auparavant

Il faisait extrèmement chaud ce jour là. Un petit garçon jouait seul dans son jardin, profitant des fins rayons de soleil qui halaient encore plus sa peau déjà mate.

Depuis là où il était, il pouvait voir ses parents sur le devant de la maison. Il pouvait voir le sourire sincère de sa mère, son expression joyeuse qu'elle ne quittait plus depuis le début de l'été. Elle était heureuse. Il pouvait également voir son père, le regard qu'il lançait à sa femme. Un regard de profonde reconnaissance, d'amour aurait-il même pu dire, bien qu'il ne sache pas vraiment ce que c'était.

Le petit garçon entendit alors ses soeurs se mettre à crier dans la maison, obligeant leur mère à se détacher de son mari et, après un dernier baiser, à aller voir ce qu'il en résultait.

Il osa alors s'approcher.

-Papa ?

L'homme assis sur le rebord du muret entourant la maison fit signe à son fils de le rejoindre.

-Oui bonhomme ?

L'enfant se tortillait les mains, ne sachant s'il devait parler de ce qu'il avait entendu ou pas. Mais le regard tendre et compréhensif de son père finit par le décider à poser la question qui le tracassait tant.

-Est-ce que tu vas mourir ?

L'homme émit un petit rire court, attirant son fils contre lui.

-Bien sûr que non. Pourquoi cette question ?

-Et bien, j'ai vu une émission à la télé qui racontait l'histoire d'une famille après la mort de leur père. Il avait eu une maladie. Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose, avoua-t-il, n'osant lever la tête.

Les deux hommes restèrent silencieux pendant quelques instants, écoutant le bruit des grillons qui envahissaient le petit jardin.

-Je ne sais pas quoi te dire bonhomme. Je vais très bien, je ne vois pas pourquoi tu t'inquiètes, répondit finalement l'homme d'une voix assurée.

-Tu ne le sais pas.

L'enfant lui-même fut surpris des mots qui lui avaient échappés.

-Bon écoute-moi bien maintenant, lui intima l'homme en prenant le visage de son fils entre ses mains d'un geste tendre. Je serai toujours là dans deux ans pour tes compétitions de hockey sur glace. Je serai encore là dans cinq ans pour ta rentrée au collège. Je serai là dans dix ans pour t'aider à réviser ton diplôme. Je serais là dans quinze ans, au premier rang, pour assister à ton mariage avec une magnifique femme. Je serai même là dans vingt-cinq ans pour t'aider à garder tes fils.

Le petit garçon sourit, rassuré.

-Tu ne me laisseras jamais tomber ?

Le père se figea quelque peu. Comment répondre à une telle question posée si sérieusement par un enfant de six ans ?

Il prit alors une grande inspiration et regarda son fils droit dans les yeux.

-Jamais. Tu m'entends bien Nassim : je ne te laisserai jamais tomber.