Un premier rêve?

J'étais sur la plage, seul, face à l'Océan. Le Soleil, astre brûlant d'énergie, se couchait lentement sous la ligne parfaite de l'horizon, illuminant l'eau d'orange, transformant les vagues en lave incandescente. Je fis couler un peu de sable fin et agréablement chaud entre mes doigts, me figurant que le temps passait, liquide, par ma main. Le ressac éternel berçait ma pensée, endormait mon âme fatiguée...

Le Disque Solaire finit de se coucher, en une dernière lueur de braise, comme s'il rendait son dernier soupir... le crépuscule était calme. Serein. En moi, tout était tranquille. Les rouleaux plats devenaient argentés. Les minutes s'égrenèrent avec nostalgie... j'eus l'impression d'être hors du temps. Soudain, le flux et le reflux des vagues cessèrent. L'élément liquide sembla retenir son souffle... un immense rayon de lumière violette déchira soudain la nuit, déchirant les flots, tel une lance dans la chair. Lorsque je pus voir à nouveau, les étoiles brillaient dans le ciel sombre. Je commençais à me lever pour rentrer chez moi, lorsque je vis une silhouette allongée à moitié dans l'eau. Elle ne bougeait pas.

Après un instant d'hésitation, je m'approchais lentement. Mes pas étaient assourdis par le sable maintenant froid. Après quelques mètres, je pus voir plus de détails sur l'épave humaine. C'était une femme, dont je ne pouvais définir l'âge car elle était face contre terre. Ses cheveux étaient longs, blancs, défaits. Je la mis avec d'infinies précautions sur le dos, en ayant l'impression de souiller une chose sacrée, pour lui permettre de respirer. Je remarquais alors sa jeunesse : elle devait avoir deux ou trois ans de moins que moi, qui en avait vingt-et-un. Elle était vêtue d'une sorte de robe flottante, ouverte sur le côté gauche, qui ne couvrait que le bas de son corps. Des coquillages couvraient sa poitrine menue. Un collier de perles et de coraux artistement taillés brillait autour de son cou fin. Sa peau était de nacre.

Elle ouvrit d'un coup les yeux, me faisant sursauter. Ils étaient... splendides. D'un bleu marine profond, ils me figuraient un Océan sans limites, où je plongeais, pour ne plus sortir... je repris cependant pied avec la réalité lorsqu'elle me secoua doucement le bras, en souriant. Je me levais, et l'aidais à se mettre sur ses pieds en me présentant. Elle me sourit à nouveau sans rien dire. Sa présence m'apaisait étrangement. Je lui demandais où elle voulait aller. Seul un sourire énigmatique me répondit.

Je ne sais trop pourquoi, je décidais de l'emmener avec moi faire une promenade dans la ville. Je commençais à marcher, d'un pas tranquille, et elle me suivit sans un bruit. Je la sentais près de moi. L'ambiance dans les rues était très agréable, chaude, intimiste, presque romantique. Des lanternes d'un style ancien diffusaient une lumière rouge, jaune, orange, douce et tamisée, créaient des ombres rassurantes. Les échoppes donnaient une atmosphère joyeuse à l'ensemble, avec leurs vitrines accueillantes... à un moment, toujours sans rien dire, elle me prit la main droite avec douceur. Sa main était fraiche et agréable au toucher.

De minutes en minutes, d'heures en heures, d'instants éternels en durées courtes, nous passâmes ainsi la nuit, sans parler. Lorsque l'aube arriva, nos pas nous guidèrent vers la plage, où nous regardâmes l'Océan mouvant, plein de vie, et tranquille. Les vagues venaient caressaient lentement les grains de sable. Elle me lâcha la main, et je sentis sa douceur s'éloigner de moi avec regret. Elle me sourit une nouvelle fois. Me déposa un baiser rapide sur mes lèvres, comme un cadeau d'adieu pour être resté avec elle, et avança vers l'Eau. Tout doucement, comme absorbée par celle-ci, elle s'y enfonça. Juste avant de disparaître, elle me sourit une dernière fois. Je lui souris avec douceur en retour. Un intense rayon lumineux rouge déchira le ciel et sembla creuser l'étendue liquide. Et le Soleil, éclatant de vitalité, se leva.

Depuis cette nuit, je viens tous les soirs sur cette plage. J'espère toujours revoir la Fille de l'Eau... mais elle ne revient pas...

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Tags: #poétique