chapitre 8 : persona non grata

Média : Alastrim, démon messager

     Cyrian suivi son majordome après avoir laissé ses affaires à une servante. En entrant dans le salon, il vit quelques un de ses démons répartis dans la pièce et Alastrim debout devant la cheminée. Ce dernier avait comme à son habitude revêtu une robe brodée qui lui tombait jusqu'au pieds,ainsi qu'une cape et tenait dans sa main, un long bâton. Le visage fin, un nez droit, des yeux légèrement enfoncés qui reflétaient pour l'instant le dégoût quand ils étaient d'ordinaire luisant d'ambition, une bouche aux lèvres pincées, des cheveux bruns mi-long, il aurait pu passer pour un humain de taille respectable.Malheureusement, il se trouvait en présence de démon et sa taille passa de respectable à moyenne.

"Tout de même, dit le messager avec agacement. J'ai cru que vous ne rentreriez jamais. Quelle idée idiote de perdre votre temps à jouer les humains quand nos espèces sont menacées. Cela fait des heures que je vous attends.

- Voilà ce qui peut arriver quand on s'invite à l'improviste, répondit lentement Cyrian en s'approchant du bar pour se servir un verre. Vous avez tout de même eu de la compagnie. Ne m'en veuillez pas si je ne vous ne propose rien à boire, je réserve ça à mes invités. (Quelques rires narquois vinrent saluer cette remarque) Que me vaut le déplaisir de votre visite ?"

Alastrim détestait ce Prince que l'on disait sorti de nulle part, dont l'arrogance et la franchise, le renvoyait, lui, messager personnel du Haut-Seigneur-position enviée et respectée-, au rang de démon inférieur.

"Je n'attendais rien de mieux de votre part. Quand on sait comment vous avez obtenu votre titre et que l'on voit de quoi se compose vos rangs. J'ai tout de suite su que ...

- Prends garde à tes paroles, messager, le coupa Cyrian de sa voix caverneuse de démon. Peu importe ton opinion, tu t'adresses à un Prince. Je pourrais t'arracher la tête pour un tel affront. Et si tu ne souhaites pas que cette visite soit ta dernière, je te conseille de vite changer de ton."

Les démons, qui ne manquaient rien de la scène, s'étaient redressés pour certains et avancés pour d'autres, excités par l'odeur de peur émanant du démon messager.

"Vous ne pouvez pas me tuer, je suis sous la protection du Haut-Seigneur, bafouilla Alastrim en jetant des coups d'œil inquiets autour de lui.

- Je vais me gêner. Tu as atteint les limites de ma patience, souffla le Prince en prenant son apparence démoniaque. Il serait simple de demander aux Judiciums de trancher, dit-il en insistant sur le mot tout en jouant avec le pommeau des poignards fixés à sa taille, mais leur procédure est un peu trop longue à mon goût. Alors que prétendre que tu n'es jamais arrivé se révélerait plus rapide, plus distrayant et surtout personne n'irait vérifier mes dires, est-ce bien compris ? Pour la dernière fois, que viens-tu faire ici ?

- La mission est ajournée, souffla l'émissaire, tremblant, ayant perdu toute superbe. Vous devez rentrer. Une révolte a éclatée au sein du peuple des sept cercles démoniaques. Le Haut-Seigneur réunit ses troupes. Il veut les Princes-démon à ses côtés.

Le démon-loup considéra le messager qui n'en menait plus très large depuis son petit rappel
à l'ordre.

- Une fête dans les Enfers ? Allons y mettre un peu d'action, dit-il d'un sourire carnassier.
Rwark, Kudle, raccompagnez notre ami chez lui. Ce serait fâcheux qu'il se perde après nous avoir rendu visite, n'est-ce pas ?"

Les démons appelés, qui étaient des vampires jumeaux, se levèrent et l'instant d'après, encadraient Alastrim en le dépassant d'au moins une tête et demi.

"Inutile de vous préciser qu'il doit rentrer dans l'état dans lequel il est arrivé, bien sûr. Malgré
ce que pense notre non-invité, nous ne sommes pas des sauvages. Enfin, pas en permanence ..." ajouta-t-il après un petit silence.

Les deux vampires fendirent leur visage à la beauté surnaturelle d'un sourire de prédateur et sortirent de la pièce avec le messager terrorisé.

"Djaul, appela le Prince.

- Oui, maître Amonn ?

- Rassemble tout le monde, Le Haut-Seigneur a besoins de nos services. Je te confie la maison jusqu'à mon retour."



Pendant que le salon se vidait, Amonn repensa à Läya. Il allait regretter de ne pas avoir pu jouir de son identité humaine plus longtemps pour jouer avec elle.

*****

Au même moment, chez Läya.

"Vas-tu me raconter ?demanda Ralf à sa belle-fille qui jouait dans le jardin avec Minuit.

- Quoi donc ? fit mine de ne pas comprendre Läya."

Ils étaient rentrés depuis deux bonnes heures, et si l'ancien chasseur n'avait rien demandé dans la voiture, il n'avait pas abandonné pour autant.

"Qui était ce garçon qui tu fuyais ?

- Comment sais-tu que c'est d'un garçon qu'il s'agit ?

- A ta façon de chercher un prétexte pour ne pas en parler, sourit Ralf, et à la façon qu'un garçon à l'entrée du lycée, avait de ne pas te quitter des yeux. Alors ?"

Läya lui jeta un regard réprobateur avant de céder.

"Il s'appelle Cyrian Desmond, c'est à lui que le chien appartient. On est dans la même classe.

- C'est tout ? Je t'avoue être un peu surpris, au vu de ton empressement à partir. On jurerait qu'il s'est passé autre chose."

A l'intonation de sa voix, Läya leva les yeux vers lui. Mauvaise idée. Alors qu'elle tenait jusque là le bâton que Minuit tentait d'attraper au dessus de sa tête, elle baissa le bras. La panthère en profita pour s'en saisir et dans son élan, elle envoya rouler sa maîtresse au sol, puis parti en trottinant mâchouiller sa prise dans un coin du jardin. Tandis qu'elle se relevait, Läya regarda son beau père en époussetant son pantalon avant de reprendre la parole.

"Il n'y a rien à dire.A part que je n'aurais pas dû être dans sa classe.

- Comment ça ?

- L'administration aurait soi-disant fait une erreur de placement. Je ne peux pas le prouver mais
je suis sûre qu'il est derrière ce changement de dernière minute.

- Pourquoi ? questionna le vieux chasseur.

- Parce que quand je le lui ai dit, il n'a pas nié et parce que ... "

Läya s'interrompit et rosit légèrement en repensent aux paroles de Cyrian. "Je te veux" avait-il dit.
Il s'était approché si près qu'elle avait cru qu'il allait l'embrasser. Si les paroles du jeune homme n'avaient pas suffi à lui faire perdre ses moyens, un baiser y serait parvenu. Elle avait beau avoir un don inné pour la maîtrise des armes et la pratique des arts martiaux, elle n'aurait su comment réagir si son premier baiser avait était volé. Par un garçon qu'elle n'aimait pas, par dessus le marché.

Ralf la tira de ses réflexions en agitant sa main devant ses yeux.

- Finis ta phrase. Parce que ...?

- Non rien. Ce n'est pas ça l'important. Dans ma première classe, j'ai rencontré une fille, Érys, et elle m'a apprit une chose intéressante. Le surnom de ce jeune homme est Le Loup. Érys avait commencé à me raconter pourquoi mais elle n'a pas pu finir. Quoi qu'il en soit, il était question de démon.

- Très intéressant, en effet, approuva Ralf. Je vais faire des recherches. En attendant, toi tu te concentres sur tes études. Tu iras jouer avec les démons quand notre marché sera honoré. Que mange-t-on ce soir ?" demanda-t-il au moment Läya répliquait, ce qui la coupa dans son élan.

L'estomac de la jeune fille choisi ce moment pour se rappeler à sa mémoire.

   Après le repas, Läya se retira dans sa chambre avec une légère appréhension pour le lendemain. Appréhension qui ne fut pas justifiée, puisque Cyrian n'était pas présent ce jour là.
Ni aucun des jours qui suivirent.

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