Chapitre 42 : surprenante jeune fille

Revenant d'une peur profonde, Amonn était maintenant en proie à une stupeur totale.

Il dévisagea sa camarade pendant une bonne minute avant de chercher son pouls. Son cœur et sa respiration étaient réguliers. Elle dormait, simplement.

"Un humain, se dit le Prince, pense comme un humain. Que ferait-il ?"

L'idée le frappa de plein fouet. L'infirmerie. Il prit la jeune fille dans ses bras et se précipita dans les couloirs sans faire un bruit. Il arriva devant la porte ouverte de la salle de soin, pas le moins du monde essoufflé. Calant la tête de Läya contre son épaule, il donna quelques coups contre le battant.

"Excusez-moi, j'ai besoin d'aide, dit-il à l'infirmier. Les mots lui arrachaient la bouche mais il était contraint de reconnaître son impuissance ... et il détestait ça.

- Que s'est-il passé ? demanda l'infirmier, après lui avoir fait poser la jeune fille sur un lit d'une pièce à côté.

-Elle a demandé à sortir et, le temps que je la rejoigne, elle était évanouie dans le couloir.

- Vous savez si elle a mangé ce matin ?

- Non, nous n'avons pas l'habitude de parler petit-déjeuner. Mais elle était très pâle avant d'entrer en classe.

- D'accord, je m'en occupe. Vous pouvez retourner ...

- Je voudrais rester à ses côtés, dit le Prince-démon, un éclat rouge passant dans ses prunelles d'argent. Elle risque de se sentir déboussolée en se réveillant.

-Vous devriez rester, au cas où elle se réveillerait, suggéra le personnel soignant, le regard un peu vague. Je vais prévenir votre professeur. En quelle salle êtes-vous ? s'enquit-il, le téléphone à la main.

-En 2C."

Amonn attendit la fin de l'appel et s'adressa à l'infirmier.

"Je veille sur elle, vous pouvez retourner à votre travail.

- Je vous la confie, je vais retourner à mon travail. S'il y a le moindre problème, appelez-moi, dit l'infirmier, hagard.

- Je n'y manquerai pas."

Enfin seul dans la pièce, il rapprocha une chaise du lit de Läya et lui prit la main.


Elle flottait dans une infinité de noirceur. Et elle ne bougeait pas. A quoi bon bouger ? Elle n'était personne et n'avait nulle part où aller. Puis une toute petite, minuscule étincelle s'alluma non loin ... et elle se souvint. Elle avait tort, elle s'appelait Läya et des êtres chers attendaient son retour. Plus elle se souvenait et plus il y avait de petites flammes qui s'allumaient. Quand elle baigna dans la plus éclatante des lumières, une forme apparue. Un long museau couvert d'écailles, avec des cornes comme des bois de cerf au sommet du crâne et une mâchoire remplie de crocs aiguisés la fixait. Elle aurait pu avoir peur, si des yeux d'ambre pur d'une sagesse ancestrale n'avaient pas brillé sur le faciès de la créature.

"Le temps vient à manquer, Etincelle, trouve-la vite. Elle a besoin de toi. Réveille toi, maintenant." dit le cryptide.

Lentement, très lentement, Läya quitta son monde flamboyant. Elle rouvrit les yeux dans un lit qui n'était pas le sien, avec quelqu'un à son chevet. Elle y voyait flou mais les brumes du sommeil s'entrouvrirent et elle put identifier son veilleur.

"Amonn?

- Enfin, soupira ce dernier, qui avait lâché sa main une seconde plus tôt. J'ai cru que tu n'allais jamais revenir.

- Où est-ce que je suis ?

- A l'infirmerie. Tu as fait un malaise. Tu te sens mieux ?

- Je ne sais pas. Je suis là depuis longtemps ?

- Un peu moins de deux heures."

Elle voulu se lever mais elle porta la main à sa tête avec un gémissement de douleur.

"Je pense que tu ne vas pas pouvoir te lever de suite, dit le démon, d'un air grave.

- Pourquoi ?

- Je ne l'ai pas dit à l'infirmier. J'ai pensé que tu aurais préféré éviter d'attirer une ... attention déplaisante.

- De quoi parles-tu ? s'inquiéta la jeune fille.

- Tu es morte, Läya. Pendant une minute, ton cœur a cessé de battre."

Maintenant, elle était franchement effrayée. Elle s'en souvenait. Mais ce n'était pas vraiment elle qui venait de mourir. La jeune fille de ses visions, à qui elle était liée, venait de mourir. Assassinée.

"Il y a autre chose, que tu as dit et qui me plonge en pleine perplexité. Je t'avoue que ça m'arrange que tu ne puisses pas partir, parce que j'ai un problème et tu vas m'aider à le résoudre."

Jamais Läya n'avait vu le démon aussi sérieux. Même si son corps se remettait déjà, elle se sentait trop faible pour se défendre.

"Quel est le problème ? finit-elle par demander.

- Explique moi comment, après que je me sois assuré de me faire oublier de tous, tu peux encore te souvenir de moi ?

- ...

- Tu sais qui je suis, n'est-ce pas ? Ou plutôt, ce que je suis.

- Oui, je le sais, dit-elle, après un long moment de silence.

- Je commence à comprendre certaines choses. Comme dans ce couloir. Ou encore, cet après midi au café, après t'avoir dit ce que j'étais. Tu as eu peur parce que tu sais que les démons existent.

- Non, ça c'était ...

- Oui ?

- Autre chose.

- Je t'en prie, éclaire-moi.

- Tu veux tout savoir ? demanda-elle, hargneuse. Très bien, je vais te dire. Depuis ton retour, j'ai des visions. Dont je me serais volontiers passé !"

Elle allait continuer, quand l'infirmier entra.

"Il me semblait bien avoir entendu parler. Vous pouvez sortir, jeune homme. Je vais discuter avec mademoiselle."

Amonn détestait être interrompu mais sortit quand même, estimant qu'il ne servait à rien de braquer sa camarade. Faute de mieux, il retourna en cours. Läya revint quelques minutes après lui mais passa la journée entourée de ses amis. Quand vint le soir, il attendit la jeune fille, qui discutait de ses projets de vacances avec Kim, Érys et Romelda. Lassé de leur conversation, il avait tourné la tête et avait faillit la manquer. Il la rattrapa à la sortie du lycée.

''Nous n'avons pas fini notre conversation.

- De toute évidence, constata-t-elle. Mais là, je vais rentrer chez moi. Je suis sûre que ça peut attendre le retour des vacances.

- J'ai un cadeau pour toi, dit-il, changeant brusquement de sujet et en sortant une boîte de son sac.

- C'est quoi, un pisteur ?

- Pas besoin, je te retrouverais n'importe où. C'est un téléphone.

- Que veux tu que je fasse d'un téléphone ? s'enquit Läya, sincèrement surprise.

- Tu pourrais par exemple t'en servir pour me raconter la suite pendant les vacances.

- Premièrement, je ne compte pas passer ces deux semaines pendue au téléphone. Deuxièmement, je n'en veux pas. Troisièmement, quand bien même j'accepterais de le prendre, je n'ai pas les moyens, acheva la jeune fille.

- Dans ce cas, prends-le à titre gracieux.

- Tu me paies un téléphone ? Pourquoi ?

- Rien ne m'arrête quand je veux quelque chose.

- Je vois ça. Tu ne me laisseras pas partir, si je ne le prends pas.

- En effet.

- Bien, pour avoir la paix, je le prends, on se verra pendant les vacances. Nous ré-aborderons le sujet qui nous préoccupe et je te rendrai ton gadget.

- J'attends ça avec impatience, sourit-il, ses yeux gris-perle luisants de gourmandise. Mais n'espère pas que je vais le récupérer.

- Nous verrons bien, le défia-t-elle avant de partir.

- La partie peut commencer." murmura-t-il pour lui même, en la regardant s'éloigner de son pas chaloupé.

~~~~~ 

De quoi ravir certaines, un bout d'explication vient d'être promis par notre chasseuse

Mais comment va-t-elle s'en sortir s'en se faire démasquer  ?

Que pensez-vous du cadeau d'Amonn, piège ou réelle sympathie ? 

Merci à celles et ceux qui ont participé au chapitre précédant, j'ai des tonnes d'idées pour intégrer les vôtres à l'histoire ^^

Merci de votre lecture et à la semaine prochaine (je ne n'aurais pas accès à internet le week-end) :-)


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