Chapitre 3 : mauvaise foi et autorisation
Média : Cyrian
Cyrian aimait bien promener son chien à une heure matinale. Il croisait très peu d'humains. Pas qu'il les détestât -il avait une connaissance humaine, Léandre, qu'il appréciait plutôt- mais il en voyait suffisamment pendant la journée dans ce que les hommes appelaient "lycée".
L'apparence qu'il avait prise pour venir sur terre, contrairement à celle qu'il avait dans le monde démoniaque, était celle d'un adolescent. Et les ados doivent aller au lycée. Cyrian trouvait cette apparence pratique -personne ne se méfiait vraiment des adolescents-. Il lui était donc plus facile de remplir la mission que le Haut-Seigneur des Enfers lui avait confiée.
Cela faisait une bonne heure qu'il cherchait son chien qui s'était enfui pendant qu'il regardait ailleurs. En effet, ses yeux avait été attirés par une joggeuse à la peau brune qu'il n'avait jamais vu par ici. Ses longs cheveux noirs, coiffés en queue de cheval, lui battaient le bas du dos au rythme de ses mouvements à la grâce peu commune. Alors qu'il continuait son chemin, il s'était rendu compte que son chien avait fui. Quand il rattraperait ce sac à puces... Il ne savait pas encore ce qu'il ferait mais ce serait terrible.Tout en pestant, il l'aperçut de loin. Il l'appela et l'animal arriva en courant, entraînant la personne qui était au bout de la laisse qu'il portait autour du cou.
"Où étais-tu, stupide imbécile ?! Je te cherche depuis des heures ! exagéra le démon.
- Il était chez moi." dit une voix.
Cyrian leva une mine revêche vers la personne à laquelle il n'avait pas encore prêté attention.
Quand il la vit, ses yeux s'agrandirent. La joggeuse de ce matin, habillée d'un jean et d'un débardeur marron, sa source de distraction, qui lui avait fait perdre Devil des yeux. Avec à ses côtés, ...
une panthère ?!
Une magnifique panthère noire au corps aussi fin que celui de sa maîtresse, avec des yeux d'un doré lumineux que Cyrian n'avait jamais vu, était assise près de la jeune fille.
La jeune personne dû voir son expression interloquée puisqu'elle s'empressa de préciser :
"Ne vous en faites pas, Minuit est apprivoisée. Elle ne vous fera rien si vous ne faites pas de mouvements brusques.
- Ne me dis pas vous, on doit avoir le même âge, à peu près. Tu as une panthère ?
-Pas de problème et oui, j'ai une panthère. Elle s'appelle Minuit.C'est Minuit la panthère." bafouilla la jeune fille en piquant un fard, ce qui donna un résultat étonnant sur sa peau brune.
Elle est encore plus mignonne quand elle rougit, pensa Cyrian, avec un sourire un coin.
"Minuit." souffla-t-il.
La jeune fille sembla reprendre du poil de la bête car elle répliqua :
"Quoi? T'as bien appelé ton chien Devil.
- Et alors ? T'as un problème avec les démons ?
- Il ont tués ma mère ! ... euh, je voulais dire, ses démons psychologiques l'ont tuée, rattrapa t-elle comme elle put.
- Je vois ... où as-tu trouvé mon chien, déjà ?
-Dans ma cuisine, il a mangé notre repas.
-Comment est-il entré ?
-Par la porte de derrière qui devait être mal fermée.
-Donc c'est ta faute.
-Pardon ?"
Toute une palette d'émotion passa sur le visage de son interlocutrice ce qui amusa beaucoup Cyrian même si il n'en laissa rien paraître.
"Si tu laisses ta maison ouverte, attends toi à avoir de la visite souvent. Et des bien plus désagréable que celle d'un animal.
-Mais ...
- Je dois y aller. Fais gaffe la prochaine fois."
Tournant les talons, il lui prit la laisse des mains et, abandonnant la jeune fille surplace, il partit.
Il était impressionné que Devil se soit laissé approcher par un étranger - en l'occurrence une étrangère, aussi belle fusse t-elle- et surtout, attacher. Il se dit qu'il aurait pu la remercier et lui demander son nom mais comme il n'était pas du genre à avoir des regrets, il n'amorça aucun mouvement en ce sens.
Il faudrait juste qu'il pense à raconter ça à Léandre.
*****
Läya ne revenait du comportement du garçon qu'elle avait croisé le matin même. Déjà qu'elle s'était ridiculisée en bafouillant n'importe quoi ; elle qui, d'ordinaire, savait toujours quoi répondre, il avait fallu qu'elle vende la mèche quant à l'existence des démons. En plus il avait gardé sa laisse.
Regardant Minuit, elle demanda :
"C'est moi ou, selon lui c'est ma faute si son chien s'est échappé ? Il n'a même pas dit merci."
La panthère qui la regardait calmement, se leva, frotta sa tête contre sa hanche et lui lécha la main.
"Tu me rassures. Je ne sais pas pour toi mais cette histoire m'a donné envie de cogner dans quelque chose."
Les yeux du félin se mirent à luire. Il était prêt à l'attaque.
"Viens, on rentre s'entraîner." dit sa maîtresse.
De retour chez elle, Läya se dirigeait vers le jardin lorsqu'elle fut interrompue par Ralf.
"Alors, à qui était ce chien ? demanda-t-il
- A un sale arrogant, obtus, mal poli et voleur.
- Ah, je vois que tu t'es fait un ami, plaisanta Ralf en souriant.
- Toujours aussi drôle ! Je vais m'entraîner." répondit sa belle-fille avec humeur.
Dans le jardin, Läya repensa au jeune homme. Il devait mesurer environ un mètre quatre-vingt, très grand pour quelqu'un de son âge. Sa haute stature et son visage fermé lui donnaient un air impérial, mais l'effet était contrasté par ses cheveux blonds et ses habits foncés. Veste noire, pantalon noir délavé, bottes militaires, la seule touche de couleur venait de son T-shirt gris anthracite. Läya aurait pût le trouver beau avec son visage ovale, ses yeux gris perle mis en valeur par son T-shirt, et ses lèvres bien dessinées s'il n'avait pas été aussi désagréable. Elle s'entraîna jusqu'au repas de midi et l'après midi, jusqu'au repas du soir.
Son beau-père vint l'interrompre.
"Arrête toi et viens manger, tu t'es assez dépensée pour aujourd'hui. N'oublie pas que demain tu as école.
- Je sais et je n'ai pas fini, je viendrai après.
- Tu vas quand même t'arrêter. Ce n'est pas bon d'épuiser son corps.
- Qu'est-ce que tu en sais ? C'est pas comme si tu le faisais souvent.
- Il suffit, je n'aime pas ton attitude, jeune fille. Ce n'est pas parce que je ne suis pas ton père que tu dois me manquer de respect. Quant à ta petite remarque, je ne pratique plus à cause de ce qui a coûté la vie à ta mère.
- Tu chassais les démons?
- Comment crois tu que j'ai rencontré Nalhy ? On ne s'est pas croisé dans un salon de thé, dis Ralf en souriant.
- Non, ce n'était pas son genre, en effet, répondit Läya en étouffant un rire. Dis moi comment vous vous êtes connus.
- Je chassais un démon Kérid'wen, ce que les gens appellent des sorciers parce qu'ils usent de magie, bien que ce ne soit guère le terme approprié puisqu'un sorcier est humain, quand il m'a pris par surprise. Ta mère le traquait aussi et m'a sauvé la vie. A l'époque, j'étais arrogant et je n'aurais jamais reconnu avoir été sauvé par une femme. Sauf que le démon m'avait sérieusement blessé et j'ai dû arrêter. Mais je ne pouvais pas rester inactif, alors ta mère m'a proposé de l'aider. Je trouvais les infos, et elle chassait. Nous étions redoutables. Après plusieurs années de collaboration, nous avions développé d'autres sentiments l'un envers l'autre. Et tu connais la suite, puisque tu étais là.
- Pourquoi ne parlait-elle pas de toi dans les histoires qu'elle me racontait quand j'étais petite ?
- Parce qu'elle avait commencé bien avant que je ne connaisse l'existence des démons.
- Mais même après, elle ne parlait pas de toi.
- Nous travaillions ensemble depuis cinq ans quand elle m'a avoué avoir une fille qu'elle formait pour prendre la relève, nous avons eu une petite dispute à ce sujet, d'ailleurs.
L'année d'après, elle nous a présentés.
- L'année d'après ? mais c'est ...
- Oui, l'année dernière.
- Tu chassais les démons, j'en reviens pas. Mais tu devrais alors comprendre que je veuille y aller aussi. Je veux savoir qui a tué ma mère."
Poussant un soupir, l'ancien chasseur regarda sa belle-fille.
"Très bien. On va conclure un marché tous les deux. Si tu es la meilleure de ta classe à chaque contrôle, tu pourras chasser les démons. D'accord ?
- Euh ... top dix ?
- Cinq.
- Je prends, s'écria Läya, tout sourire.
- Je te préviens, je vais prendre ton entraînement en main et je ne serai pas tendre.
- Vu que c'est maman qui t'a sauvé la vie, je devrais pouvoir suivre.
- Eh, elle ne m'a sauvé la vie qu'une fois. Et tant que j'y pense tu m'aideras à aérer et débarrasser la cave. Qu'on y range les armes de ta mère, en plus de celles que tu as cachées dans ta chambre.
- Tu le savais ?
- Bien sûr. C'est moi qui gérais l'inventaire, lança Ralf avec un regard entendu. Allez, viens manger. Je suis sûr que Minuit a faim."
La jeune fille eu un rire gêné, et le suivi dans la cuisine accompagnée de sa panthère.
Le reste de la soirée se déroula mieux que jamais jusqu'alors. Ralf partageait son expérience et Läya buvait ses paroles, en posant d'incessantes questions. Elle alla se coucher tard, en abrégeant pour la première fois sa toilette du soir, soudain pressée d'aller en cours.
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