Chapitre 28 : marché conclu
Läya perçu une fluctuation dans l'air mais le rire d'Amonn la déconcentra avant qu'elle n'ai eu le temps de l'interpréter.
"Tu sais que je veux ta mort et malgré ça, tu restes de marbre. C'est réellement perturbant ... Qu'est-ce qui me dit que tu n'as pas déjà divulgué tout ce que tu sais.
- Je suis revenue. Et aucun chasseur n'est venu enfoncer ta porte. N'est-ce pas suffisant ?
- Je crains que non. Tu es revenue parce que tu as besoin de moi. Et aucun chasseur n'est encore venu, rectifia t-il en insistant sur l'avant dernier mot. Il va me falloir autre chose."
Läya contourna le bureau à pas félins, fit pivoter le fauteuil, se pencha vers lui lentement et posa ses lèvres sur celles de son ancien camarade.
"Tu as ma parole.
- Que vaut-elle ? soupira le Prince qui mourait d'envie qu'elle recommence. Fâcheusement pour lui, la question n'atteignit pas l'objectif recherché.
- Que vaut la tienne ?" rétorqua-t-elle en reculant la tête.
Ils restèrent de longues minutes à se jauger du regard.
"Laisse moi reformuler. Tu as ma parole que je ne laisserai personne d'autre que moi te tuer, promit-elle.
- Très bien, je te crois, capitula le maître de maison.
- Merci." se réjouit la jeune fille d'un furtif sourire, qui ne monta pas jusqu'à ses yeux.
Alors qu'ils marchaient vers la porte, Läya se retourna brusquement vers le démon-loup, qui pila pour ne pas la percuter et recula de plusieurs pas.
"J'ai oublié de te demander, tant qu'on en est aux négociations, argua t-elle, je voudrais un gymnase particulier où nul autre que toi et moi, en dehors de l'équipe, ne puisse entrer.
- Bien sûr, ironisa Amonn. Quoi d'autre ? Une tasse de thé et des petits gâteaux ?
- Jamais pendant le service, refusa-t-elle. Je me souviens t'avoir entendu dire que ce manoir avait le nombre de pièces qu'il fallait. Je ne doute pas que tu réussira à me trouver ça."
Le Prince s'approcha, la domina de toute sa hauteur et se pencha vers Läya.
"J'ai l'impression de me faire avoir quelque part ... " souffla-t-il.
La chasseuse leva vers lui ses yeux d'or sans reculer malgré la promiscuité.
"Tu seras gagnant au bout du compte. Et tu le sais très bien.
- Effectivement. Je maintiens pourtant que c'est une mauvaise idée.
- Tu as raison, dit Läya d'une voix posée.
- Mais bien sûr que si, j'ai raison ! Je ... attends, quoi ? demanda démon-loup, l'incrédulité illuminant son regard.
- Qu'y a t-il ?
- Je suis simplement surpris que tu reconnaisses que j'ai raison. Je m'attendais à devoir batailler des heures pour te convaincre.
- Pourquoi ? Je sais accepter quand j'ai tort. Tu as raison, pour ce soir, ajouta-t-elle pour couper court à son envie de réponse. Les esprits sont échauffés et les tensions ... palpables. Je vais donc me retirer pour la soirée, conclut-elle en s'éloignant à nouveau vers la porte.
- Lame, l'arrêta Amonn. Pourrais-tu venir plus tôt, demain ?
- Pourquoi ?" s'enquit-elle après s'être retournée à l'appel de son nom d'emprunt.
Le Prince-démon bougea à une vitesse éclair et vint l'enlacer par la taille en se collant contre elle.
"Nos nuits sont trop courtes. Nous pourrions faire plus de choses si tu restais plus longtemps." susurra-t-il, laissant volontairement planer le doute sur son insinuation, tandis que fleurissait sur ses lèvres un irrésistible sourire.
Sentant qu'il allait l'embrasser, Läya se laissa couler sur le sol pour glisser entre ses bras et reculer vers l'entrée du bureau. Amonn, qui avait perçu son intention trop tard, referma les bras mais elle s'était déjà esquivée. Frustré de n'avoir pu récolter le fruit de leur pari, il lui en fit la remarque.
Läya manqua de s'étouffer d'indignation mais parvint à rester calme quand elle répliqua :
"Tu m'as proposé un marché en usant de chantage et je l'ai accepté. Je n'ai jamais dis que je te faciliterais la tâche. De plus, je t'ai déjà embrassé deux fois, alors que je n'ai rien eu en retour."
S'attendant à d'amples contestations, La jeune fille eut la surprise de voir le démon partir du rire franc qui fit briller ses yeux gris perle.
Il était beau. Au sens esthétique du terme et non sentimental.
Les prunelles de la chasseuse se voilèrent une demi-seconde avant de retrouver sa neutralité habituelle. Amonn, dont le rire avait cessé, la fixait à présent et si ses yeux brillaient toujours, c'était pour un tout autre motif. Son état de chasseuse se substituait à celui de proie dans son regard.
"Je ne veux pas que tu t'en ailles, dit-il d'une voix envoûtante.
- Et pourtant il le faut bien.
- J'ai une idée. Si tu parviens à atteindre la porte d'entrée sans que je ne te rattrape, je te laisserais partir pour cette fois.
- Je vais quitter cette maison, et ce chaque nuit, et tu vas te ridiculiser ! rétorqua-t-elle sans hausser la voix.
- Nous verrons bien si ... "
Läya n'attendit pas la fin de la phrase et profita du fait qu'il avait a demi fermé les yeux pour s'élancer vers la porte, l'ouvrir à la volée, prendre appui sur la rambarde en face d'elle afin de saisir le lustre d'un bond, s'en servir de balancier et, après plusieurs pirouettes, atterrir sur le demi palier de l'autre côté du hall. Elle glissa ensuite le long de la rampe d'escalier et une fois au sol, leva son regard vers le Prince toujours à l'étage, ébahi par sa prouesse athlétique, les yeux luisant de défi. Elle lui adressa un signe de tête et se mit à courir vers la porte.
Comprenant les implications sur la suite du pari, Amonn sauta à son tour pardessus la rambarde. Il se réceptionna les genoux fléchis et une main au sol. Lame était peut-être descendue très vite mais il lui restait le hall à traverser et il se trouvait sur son chemin. Malheureusement, il l'avait perdue de vue pendant sa chute. Il ne put donc rien faire quand elle prit appui sur ses épaules alors qu'il se relevait, pour sauter par dessus sa tête et continuer sa course sans ralentir. Le Prince, sur ses talons, ne comptait pas la laisser gagner. Au moment où il allait lui empoigner l'épaule, elle se retourna, lui agrippa la main et se servit de leur élan respectif pour le plaquer au sol. Puis, infatigable, elle se remit à courir. Elle parvint à atteindre la porte avant qu'il ne se relève et se propulsa dehors.
"Au revoir, Prince. Que la nuit te soit douce." souffla-t-elle en disparaissant dans la brume froide des premières heures du jour.
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Nouveau chapitre avec une relation qui s'annonce ambiguë.
Pour celle et ceux qui se demande ... Oui, Amonn a un bureau très grand, il faut donc un certain temps pour atteindre cette fichu porte ;-)
Merci de votre lecture, à la semaine prochaine ^^
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