Média : Antonin

 Avant que Läya n'ait pu protester, ils étaient sortis de l'école et se dirigeaient vers le centre-ville. Finalement, elle ne résista pas. Boissons offertes aux frais du Prince, ça ne se refuse pas !

Alors qu'ils étaient assis à la terrasse d'un café, Amonn ne quittait pas Läya des yeux.

"J'ai quelque chose sur le visage ? finit-elle par demander.

- Je croyais que tu ne connaissais pas la ville, dit-il, soupçonneux, sans répondre à sa question. À chaque bâtiment devant lequel nous sommes passé, tu m'as presque récité sa biographie. M'aurais-tu menti ?

- Non, c'est vrai, je ne suis jamais venue en ville. Cela ne m'empêche pas de connaître son histoire.

- Comment fais-tu pour retenir autant de chose ?"

Elle lui aurait bien dit, que depuis toujours, elle retenait tout ce qu'elle voyait, lisait ou entendait, sans y prêter d'attention particulière mais cela aurait amené des questions auxquelles elle ne voulait pas répondre. Elle décida donc d'en rester à une raison parfaitement crédible et tout aussi vrai.

"J'adore l'histoire. J'aime comprendre, quel que soit le sujet. Quand je cherche un mot dans le dictionnaire, ça peux parfois me prendre la nuit parce que j'y ai trouvé un autre qui m'a conduit à un autre et ainsi de suite.

- Tu dois le connaître par cœur, alors.

- Pas tout à fait, il me manque la lettre Z, sourit Läya. Assez parlé de moi. Et toi ?

- Je ne passe pas mes nuits dans le dictionnaire, je le confesse.

- Je ne parle pas de ça. Comment as-tu atterri ici ? Varnagui n'est pas vraiment un pôle économique et encore moins culturel. D'où viens-tu ?

- De partout, j'ai tellement voyagé que je ne me sens chez moi nulle part. Quant à ta première question, je suis venue chercher quelqu'un.

- Ah, tu connais des gens ici ? demanda innocemment la jeune fille, en sirotant sa boisson.

- Non. C'est bien là, le problème. Je ne connais pas cette personne. Je sais juste qu'elle est là, quelque part. Et je souhaite être le premier à la trouver.

- Ah, ça mon ami, je crois qu'on en est tous là." rit sa camarade.

Läya comprenait bien qu'il ne faisait pas allusion au grand amour comme la conversation le laissait supposer mais ne posa pas d'autres questions de crainte d'être démasquée. Ce fut Amonn qui lui offrit une échappatoire.

"Raconte, quelles sont ces rumeurs dont tu parlais tout à l'heure ?

- Rien de très extraordinaire. Ceux à qui tu plais disent que tu es un Prince à la recherche d'une fiancée et dès que tu l'auras trouvée, tu rentreras dans ton pays ; que tu as fait mannequin ; que tu as fait le tour du monde. Et je suis sûre que la semaine prochaine, tu auras fait l'aller-retour sur la lune. Quant à ceux qui ne t'aiment pas, ils disent que tu sors de prison ; que tu as tué quinze personnes à coup de dents, et autres idées du même genre.

- Quinze ? répéta le démon, surpris. C'est beaucoup quinze personnes, surtout à coup de dents.

- Ne t'en fais pas pour ça, le nombre aura doublé d'ici demain. Ainsi que la manière, le lieu, enfin tout, en somme. Tu auras une réputation sans avoir eu besoin de bouger le petit doigt. Le privilège du transféré."

Il leva un sourcil, peu convaincu.

"Je crois que la plus drôle que j'ai entendue, c'est quand cet allumé d'Antonin a dit que tu étais un démon venu sur terre pour causer l'Apocalypse. C'est fou les rumeurs, hein ?" glissa-t-elle en observant la réaction de son condisciple. Amonn eut un mouvement d'arrêt.

"Oui, totalement fou, dit-il en buvant pour se donner une constance. Qui est Antonin ? 

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