Épilogue : Maudite (Lucie)

Un mois et demi que nous étions rentré, et je venais de les passer à me remettre de ma mésaventure en Enfer. Raphaël était souvent venu me rendre visite. Il venait seul la grande majorité du temps, mais parfois il était accompagné soit de Marcus, soit d'Anakim.

Même Roman était venu me voir afin de m'offrir des boites de chocolats qu'il avait ramené de la Terre. Je fus d'ailleurs surprise qu'il ait réussi à ramener ce genre de choses dans ses baguages. Mais les voix de Roman sont aussi impénétrables que celles du Seigneur...

J'en voulais toujours à mon père de m'avoir laissé dans l'ignorance de la prophétie. Certes je lui en voulais. Mais je m'en voulais tout de même de l'éviter et de lui interdire de venir me voir. Il était mon père tout de même. Et n'était-il pas venu à ma rescousse en Enfer ?

Afin de me déculpabiliser, je me répétais sans cesse que quelqu'un de plus méchant et rancunier que moi, l'aurait probablement enterré vivant pour ce qu'il avait fait.

***

Un matin,durant l'une de ses visites coutumière, mon Archange préféré m'avait apprit qu'il devait partir en mission sur Terre. De ce que j'avais compris, il logerait de nouveau chez Marie, à qui, croyiez-le ou non, il avait commencé à s'attacher.

Cerise sur le gâteau, il n'y retournait pas seul, on lui avait attribué un nouveau coéquipier le temps que je me rétablisse. Devinez, devinez... Bingo ! Et oui mon remplaçant n'était autre que Marcus.

Avant de partir, je leur avais expressément demandé de renvoyer les affaires que j'avais laissé sur Terre ainsi que de ne pas oublier le dessin qu'Anakim m'avait offert. De plus Marcus m'avait promis de remercier Marie pour moi, car il était évident que je ne l'avais pas revue depuis mon enlèvement.

Je ne fus pas étonnée d'apprendre qu'Anakim ait fait une petite liste d'affaires à lui renvoyer également. Bien que Raphaël ne sut si il pouvait oui ou non accéder à son ancienne maison, il lui promit tout de même de faire son possible.

Et alors que cela allait bientôt faire près de deux jours qu'ils étaient partit, je me surprise à me faire du soucis. Je n'avais aucunes nouvelles et cela m'inquiétais. Je ne demandais pourtant pas grand chose ! Une carte, un mot, n'importe quoi ! Mais là je n'avais rien.

Afin de protester contre ce manque de nouvelles, je décidais de rester cloîtré dans ma chambre et n'acceptais la visite que d'un nombre restreint de personne, soit une seule : Anakim. Bien que cela fasse très gamine, il me plaisait énormément de faire ma difficile après ce que j'avais enduré.

Quoi ? Personne ne connaît la crise d'adolescence à retardement ? Et bien c'est dommage pour vous !

Vers le milieu de l'après-midi de ce premier jour de grève, on frappa deux coups à ma porte.

« Entre Anakim ! criais-je à travers la porte fermée. »

Celle-ci s'ouvrit lentement jusqu'à ce que celui-ci passe enfin la tête par l'entrebâillement.

« Je peux entrer ? demanda-t-il doucement.

- Évidemment ! m'énervais-je.

- Je préfère demander. Je n'ai pas envie de me prendre quelque chose dans la figure ! se défendit-il.

- Je ne t'aurais rien lancé, rétorquais-je.

- On est jamais trop prudent, renchérit-il. »

Il entra, referma la porte derrière lui et vint s'asseoir à côté de moi sur le lit.

« Je venais voir si tu allais bien et si tu ne t'ennuyais pas trop, toute seule dans ta chambre.

- Je vais très bien, merci de demander. Maintenant tu peux t'en aller. »

Il resta assis, immobile.

« Tu peux partir, répétais-je.

- Non.

- Si.

- Je n'en ai pas envie.

- Je m'enfiche, tu sors, insistais-je.

- Et si nous sortions tous les deux ? rétorqua-t-il. C'est que contrairement à toi, moi je m'ennuie tous seul dans ma chambre vide.

- Même pas en rêve, objectais-je.

- Que tu crois, lança-t-il avec un sourire de voyou.

- Je te préviens, je vais le dire à Raphaël, le prévins-je.

- Il n'est pas là, me rappela-t-il.

- Pas grave. Il n'a pas besoin d'être là pour que je lui dise.

- Bien sûr que si.

- Et moi je te dis que non ! aboyais-je.

- Et moi je te dis que si ! fit-il en haussant le ton juste pour la forme. »

Ace moment précis, une vive douleur au ventre me scia en deux. Sous le coup de la surprise, je poussais un cri aigu, très, très aigu, à en crever les tympans. Alors que je me tortillais de douleur, j'entendis à peine Anakim sortir de la chambre pour appeler du secours. Lorsqu'il réapparut, mon père était avec lui. Celui-ci me prit dans ses bras, me cala contre son torse et m'emmena jusqu'à l'infirmerie qui se trouvait au Corps des Gardes.

La douleur qui me cisaillait le ventre n'avait rien de comparable avec ce que j'avais connu jusque là. Non, absolument rien. J'avais cru connaître la douleur physique lors de mes premières années de règles, la douleur psychologique lors de la mort de ma grand-mère puis celle de ma mère. Mais là c'était autre chose, cette douleur n'était ni psychologique, ni physique, elle était les deux.

On m'avait toujours appris que même la pire des douleurs physique ne pouvait être aussi violente qu'un traumatisme psychique.Certainement parce que la douleur de notre corps nous pouvons l'oublier, alors que celle de notre esprit non. Le plus étrange étant le fait que mon corps acceptait cette douleur comme un cadeau, comme si il était heureux de souffrir, que cela allait servir à quelque chose.

Mon père me déposa sur un lit d'hôpital, malgré mes protestations.La douleur me permit d'oublier le fait qu'une ange infirmière s'avançait dans ma direction, une seringue à la main..

Je n'entendis pas ce qu'elle disait à mon père et à Anakim, mais je vis ce qu'ils firent. Mon père attrapa mes bras et Anakim mes jambes afin de me maintenir en place, pendant que l'infirmière se penchait sur mon bras droit, le pouce sur le piston de la seringue.

Je ne sentis pas l'aiguille s'enfoncer dans ma chair, je ne sentis rien du tout.

***

J'ouvris les yeux sur un plafond blanc et m'asseyais dans le lit, étendant mes jambes devant moi tout en observant la pièce, soupçonneuse. Mon père et Anakim étaient respectivement assit sur une chaise de chaque côté de la pièce. Ils se fixaient sans vraiment se voir, prit par leurs propres pensées.

Je me raclais la gorge et tous deux se levèrent dans un même mouvement gracieux. Mon père fut le premier à venir s'asseoir près de moi sur le lit. Je ne le repoussais pas lorsqu'il prit ma tête entre ses mains pour déposer un baiser sur mon front moite de sueur. A cet instant précis, j'avais besoin de mon papa auprès de moi.

« Comment vas-tu mon petit cœur ? me demanda-t-il inquiet.

- Mon ventre ne me fait plus souffrir, alors on peut dire que je vais mieux.

- C'est bien. Je te ramènerai dans ta chambre lorsque l'on aura les résultats des tests. »

Il me sourit avec angoisse, posa sa main droite sur la mienne et poussa un soupir nerveux. L'inquiétude visible de mon père me fit l'effet d'une douche froide. Je tournais la tête vers Anakim qui me jaugeais de ses deux émeraudes.

En apercevant mes yeux braqués sur lui, il les détourna. Je ne pus que comprendre qu'ils étaient tous deux inquiets.

« Je suis désolée pour ce que je t'ai dis dans la salle du Conseil lors de la Séance, m'excusais-je auprès de mon père histoire de penser à autre chose. »

Il me regarda droit dans les yeux et prit mes mains pour les serrer dans les siennes.

« Ce n'est pas grave, mon trésor, me rassura-t-il. Parce que tout ça c'est de ma faute. Ma grande faute... »

Il me prit dans ses bras afin de me rassurer et peut être se rassurer lui-même par la même occasion. Je sentis de grosses larmes couler le long de ses joues. Je passais les bras autour de sa taille et le serrais fort contre moi. Ses ailes me chatouillaient le visage, mais c'était étrangement agréable.

La porte s'ouvrit et un ange entra dans la pièce un grand sourire aux lèvres. C'était une femme. Elle était rousse, son teint pale était constellé de mille et une petites tâches de rousseurs, sa tunique était aussi immaculée que ses ailes et cela insistait encore plus sur la pâleur extrême de sa peau.

Elle était magnifique, elle semblait aussi pure que les grandes statues de marbres de l'Antiquité. Et à la tête que faisait Anakim, elle ne le laissait pas indifférent. Je manquais de m'étrangler de rire.

Elle tenait dans sa main droite un petit calepin marron, dont les coins étaient cornés et les pages jaunies. Mon père se leva et lui fit face. Elle lui adressa un sourire charmeur, auquel mon père ne répondit pas.

Lorsqu'elle comprit qu'il ne répondrait pas à ses avances, son sourire s'effaça. Elle se racla la gorge, mal à l'aise.

« Alors, que disent les résultats ? demanda-t-il à brûle pour point.

- Ne vous inquiétez pas. Ils vont très bien. »

Je fronçais les sourcils, interloquée. Mon père et Anakim se regardèrent aussi troublés que moi. Le dernier allait prendre la parole, mais je le devançais :

« Vous êtes certaine d'être dans la bonne chambre ? »

Elle consulta son calepin, regarda le numéro inscrit sur la porte et me répondit :

« Je ne me suis pas trompée. »

Je tournais la tête vers Anakim qui vint s'asseoir à mes côtés. Mon père quant à lui était dans une sorte de transe. Il se laissa retomber sur le lit, les ailes ballantes, comme désarticulées. Nous savions très bien ce que cela signifiait. Pour me rassurer, je me collais à l'ex-déchu qui dans un geste protecteur passa un bras autour de mes épaules et me pressa contre son torse.

Mes souvenirs de la période de l'Autre Moi ne m'étaient pas revenus. Je ne me souvenais pas de ce qui s'était passé avant que je ne me batte pour me réapproprier mon corps. Alors ce pourrait-il que quelque chose d'aussi intime ait eu lieu entre eux ? L'Autre Moi aurait-elle fait cela après avoir pris ma place ?

Et ce qu'ils avaient fait aurait pu engendrer cet événement si particulier ? Et tout cela bien évidemment sans que je n'ensache rien, alors que tout se passait en moi ? Ressent-on seulement quelque chose de spéciale après avoir perdu sa virginité ?

L'ange nous dévisageait un peu inquiète de nous voir accablés. Visiblement elle ne savait pas qui j'étais et ce que j'avais vécu. Si elle l'avait su elle n'aurait pas eu l'air aussi joyeuse.

« Alors je suis... commençais-je sous le choque.

- Enceinte. Oui, vous êtes enceinte, me confirma-t-elle tout sourire. »

HS

Ce premier tome s'achève enfin...ou plutôt déjà...

Le tome suivant est en cours d'écriture actuellement, je ne sais donc pas à partir de quand je vais commencer à poster la suite. Mais cela ne devrait pas prendre plus d'une semaine ou deux normalement.

J'espère que vous serez toujours au rendez-vous pour la suite !

N'hésitez pas à me faire tous vos retours en commentaire. Je prends toutes les remarques constructives en compte !

Merci encore pour votre soutien sans faille !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top