Chapitre 9 : Un pion dans son jeu (Lucie)
Je me laissais bercer par ces heures des cours épuisantes. Cela faisait du bien d'avoir quelque chose à faire. D'être toujours en mouvement. J'aimais ça apprendre. Je sais que c'est difficile de mesurer la chance que l'on a de pouvoir aller à l'école. Même si cela nous fatigue, nous ennuis, il faut le faire. Je n'en ai pas vraiment besoin. Mais lorsque je vois certains élèves de ma classe faire ce qu'ils font, et dire ce qu'ils disent, j'ai mal pour eux. Ils ne comprennent rien. Et je suis désolée pour eux, tellement désolée.
***
Nous étions vendredi matin, il était dix heure dix et le cours de sport allait bientôt commencer. Je m'engouffrais sous le gymnase où se trouvait les vestiaires qui étaient au nombre de quatre, deux pour les garçons et deux pour les filles.
Ils possédaient chacun une salle de douches dans une pièce annexe, qui n'était pas accessible depuis l'extérieur du vestiaire auquel elle était reliée. En outre ces salles étaient tellement chauffées, que l'on avait l'impression d'être dans un sauna. Ce que je trouvais assez désagréable au début, puis j'avais fini par m'y habituer.
Nous avons commencé de nous échauffer par quatre tours de gymnase. Jusqu'aux prochaines vacances nous pratiquerions le basket. Un sport que je n'avais jamais pratiqué avant, mais que j'étais heureuse de pouvoir découvrir. Les équipes étaient constituées de cinq joueurs. Ça tombait bien, parce que justement nous étions trente dans notre classe et les filles en représentaient pile-poil la moitié.
Pour que les matchs soient équitables, notre professeur avait décrété que les filles joueraient exclusivement contre les filles et les garçons contre les garçons. Et on parle d'égalité des sexes ! Mon équipe venait de remporter sa deuxièmes victoires, et nous devions rejoindre les gradins pour laisser la place à une autre équipe. Je venais de m'asseoir à l'écart, lorsque Anakim s'approcha de moi d'un pas nonchalant et me rejoignit sur les gradins.
« Tu joues plutôt bien pour une fille. Mais je ne pense pas que ton équipe de Pom Pom girl et toi, fassiez le poids contre mon équipe, persifla-t-il.
- Mes Pom Pom girl et moi ont vous bat quand tu veux, le mis-je au défis.
- Hum...Très bien. Et pourquoi pas maintenant ? proposa-t-il, sournois.
- Ça marche, répondis-je, me sentant remplis d'une ardeur soudaine.
- Va chercher ton équipe, je vais demander à Madame Levert, conclu-t-il. »
Il se dirigea vers notre professeur de sport et demanda la permission pour un match opposant filles et garçons. Alors qu'il essayait de convaincre notre professeur, je restais assise, les mains posées sur les genoux, dans les gradins attendant le verdict. A ma grande surprise madame Levert parut très enthousiaste à l'idée d'un match filles contre garçons.
Elle siffla le rassemblement et tout le monde se regroupa autour d'elle comme un essaim d'abeille.
« Très bien les jeunes. Nous allons faire un dernier match. Votre camarade, dit-elle en désignant Anakim. Propose un match opposant les filles et les garçons. Je suis impatiente de voir le résultat.
- Même pas besoin de faire un match madame, fit un garçon à côté de moi. On sait déjà qui va gagner, conclu-t-il sûr de lui en tapant dans la main de l'un de ses amis.
- Moi je trouve que c'est une bonne idée, on verra qui des filles ou des garçons sont les meilleurs, répliqua une fille du groupe juste à côté de moi.
- Pouf...on va faire qu'une bouchée de vous ! lança un autre garçon.
- C'est nous qui allons vous faire mordre la poussière ! lâchèrent un groupe de filles à l'unisson.
- Très bien. Je veux que vous gardiez cet esprit durant le match, déclara notre professeur Je veux voir du mouvement, de l'énergie, de l'action ! cria-t-elle. Et plus que tout, je veux vous voir vous amuser. »
Elle fit les équipes, et choisit pour chaque les meilleurs éléments filles et garçons. Ceux qui ne jouaient pas furent invités à s'asseoir dans les gradins pour regarder le match.
« On vous soutient ! me dit une fille nommée Cléa en donnant une tape sur l'épaule. »
Chacun se mis en position, essayant tant bien que mal de trouver sa place au beau milieu de ce troupeau d'élèves. Je me positionnais en défense,préférant rester en retrait, pendant que l'une de mes coéquipières se mettait face à Anakim, dans l'espoir de réussir à prendre le ballon avant lui. Je le vis esquisser l'ombre d'un sourire dans ma direction, avant de reporter toute son attention sur le ballon.
« Que le match commence ! conclu-t-elle. »
Le sifflet retentit et Anakim s'empara de la balle avant même que ma coéquipière n'ai eu le temps de réagir. Il traversa le terrain en dribblant, évitant toutes les défenses. Je fondis sur lui et avec une facilité remarquable lui reprit le ballon. Alors se fût à mon tour de traverser les lignes adverses.
Aucun ne me résista, dribblant, évitant moi aussi toute les défenses, sous les regards ahuris des garçons, comme celui des filles. A cet instant,je me sentais tellement forte et sûre de moi que rien ni personne ne pouvait m'arrêter.
Je lançais le ballon, qui atterrit sans encombre dans le panier. Un beau trois points. Malgré se beau panier, les garçons ne désespéraient pas,ils avaient plus que jamais envie de montrer que c'était eux les plus fort.
Après la mi-temps, alors que je m'apprêtais à repartir en défense, la fille qui s'était retrouvée face à Anakim en début de match m'en empêcha. Je crois bien qu'elle s'appelait Caroline, mais je n'en étais pas certaine.
« Tu vas en attaque avec moi, dit-elle.
- Mais...commençais-je à répliquer.
- Il n'y a pas de mais. Tu vas en attaque, un point c'est tout, me coupa-t-elle avec autorité.
- OK, répondis-je, contrainte. »
Je me plaçais en attaque à ses côtés, et je vis Anakim partir en défense. Un garçon vint se positionner devant Caroline. Il lui sourit fielleusement, et celle-ci lui retourna un regard noir encre.« Cette fille à du caractère, pensais-je, en voyant le garçon reculer légèrement sous le poids de son regard »
Le coup de sifflet retentit et Caroline s'empara de la balle et me l'envoya. Une nouvelle fois, je traversais le terrain sans encombre et se fut comme ça tout au long du match. A chaque fois que j'avais le ballon, c'était comme si je devenais invincible.
Je commençais à m'inquiéter, les garçons semblaient ramollit, comme si ils ne parvenaient plus à suivre la cadence. Caroline l'ayant également remarqué, nous décidâmes dans un simple regard, de ralentir notre rythme de jeu. Ils ne réagirent même pas. En les observant un peu, j'eus l'impression, qu'ils ne voyaient pas ce qu'ils faisaient, comme si ils étaient envoûtés.
Ce n'est qu'aux dernières minutes de jeu, que les garçons se remirent à jouer normalement et commencèrent à marquer des paniers. Il ne restait que quelques secondes à jouer et je savais qu'il était trop tard pour qu'ils puissent égaliser. Nous avions 12 points d'avance sur eux.
La victoire était à nous.
Lorsque madame Levert siffla la fin de la partie, les filles qui étaient restées sur le côté, vinrent nous serrer dans leurs bras. Les garçons fulminaient, tout en se disant les uns aux autres, qu'ils ne comprenaient pas comment ils avaient pu jouer aussi mal.
Un rire grave retentit derrière moi, je me retournais et vit Anakim. Nos regards se croisèrent, et ses lèvres s'étirèrent en un sourire radieux, presque victorieux. C'est alors que je compris.
Il nous avait laissé gagner. Il avait tout fait pour que nous gagnions. Et j'ai marché. J'avais fais précisément ce qu'il attendait de moi. Je n'avais été qu'un pion dans son jeu.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top