10h sur Terre, dans Nord-Ouest de la France

Raphaël avait volé des heures avant de retrouver la trace de Lucie. Il avait sentit son cœur bondir dans sa poitrine à ce constat, mais la joie avait vite laissé place à la peur. Lorsque la porte avait cédé, il s'était précipité à l'intérieur de la maison du déchu. Mais il était trop tard...

Raphaël avait fouillé la grande bâtisse de fond en comble, dans l'espoir de trouver un indice lui permettant de les rejoindre, mais sans résultats. Au bout de deux heures de fouilles intensifs, il s'était installé, lessivé, dans un gros fauteuil rouge face à la cheminée du salon où des braises s'y consumaient encore.

Raphaël avait fixé le feu quelques minutes, puis une révélation se fit en lui.

« Mais bien sûr ! La cheminée ! s'écria-t-il. »

Il se mit alors à chercher un bouton, une manette, un levier ou une formule qui pourrait l'aider. Et il le trouva, un simple levier. Il ne le releva pas, ne le toucha pas. Mais il en était sûr. L'une des entrées de l'Enfer se trouvait ici, juste devant lui. Pas dans la cheminée. Non. C'était toute la maison qui en était l'entrée. Et si une porte se trouvait là, le Conseil des Anges devait en être informé.

L'Archange sortit de la maison et vola jusqu'au bois. « Je dois en informer le Conseil de toute urgence ! se répétait-il. » Une fois arrivé à destination, il se laissa glisser à terre,repliant derrière lui ses immenses ailes blanches puis récita à haute voix la formule de passage. Car comme pour celles qui menaient aux Enfers, les portes du Royaume des Anges ne s'ouvraient qu'avec une formule spéciale, rédigeait dans une langue connue des Anciens seulement.

« Lucie...chantonnait une voix dans sa tête. » Allait-elle bien ? Était-elle seulement encore en vie ? L'Enfer tuait les anges,cela était une certitude. « Si il ne les transforme pas en démon ! lui rappela sa petite voix intérieure. » Cela n'était même pas envisageable pour lui !

Une fois le portail stabilisé, Raphaël passa à travers. Quelques soldats gardaient la Porte de l'autre côté et furent surpris de cette arrivée impromptue. Ils dégainèrent leurs épées et Raphaël fut heureux de ne pas trop s'être approché, sans quoi il se serait prit un coup et aurait perdu un temps précieux à l'infirmerie.

Il se dirigea vers le Corps des Gardes à grandes enjambées, sous les regards curieux des autres êtres qu'il rencontrait sur son passage. Raphaël comptait sur le fait que ses frères Archanges avait été prévenu de l'activation non programmée du portail et qu'ils avaient deviné de quoi il retournait. Ainsi, avec un peu de chance, ils seraient déjà tous réunis dans la chambre du Conseil à l'attendre.

En arrivant devant le bâtiment, il croisa Marcus qui barrait le passage aux indésirables. Celui-ci, le voyant arriver lui barra volontairement la route, en maintenant les portes fermées.

« Pousse-toi, Marcus ! Je n'ai pas le temps de me battre aujourd'hui ! »

L'ange eut un moment d'hésitation, mais obtempéra tout de même. Raphaël entra dans le bâtiment et gravit les escaliers qui menait à la chambre du Conseil. Il traversa un bout du couloir et s'arrêta devant la salle. Il inspira un bon coup et ouvrit vigoureusement la porte.

Ils étaient tous là, comme prévu. Raphaël se joignit à eux sans qu'aucun ne fasse de commentaires.

« Alors Lucie a été enlevée... commença Gabriel d'une voix morne. »

Bien que cela ne fusse pas une question Raphaël répondit :

« Oui. Et avec votre accord, je voudrais commander une mission de sauvetage. »

Personne ne lui répondit. Mais les anges ne savent pas mentir, enfin si, mais très mal, il comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas.Il se tourna vers Remielle, l'une de ses plus grande amie, mais celle-ci détourna intentionnellement son regard.

Michel fut le seul à baisser les yeux sur lui, deux yeux noyaient par le chagrin.

« Nous devons lui dire Gabriel. Ne penses-tu pas, que de nous tous, c'est lui qui mérite le plus de savoir ? marmonna Michel.

- Certes, approuva son ami. Mais il ne doit pas pour autant en oublier son devoir.

- J'ai toujours fait passer mon devoir avant le reste ! s'indigna Raphaël, qui ne comprenait pas de quoi il retournait. Et par pitié, arrêtez de parler de moi à la troisième personne alors que je suis juste devant vous ! »

Malgré son énervement, ses frères continuèrent de l'ignorer le temps de se mettre tous d'accord.

« Je ne vois pas pour quelles raisons on ne lui dirait pas, conclut Uriel.

- Parfait ! Dites moi à présent ! les implora l'Archange. »

Étrangement ce fut Sarielle, l'ange albinos, qui prit la parole :

« Nous aurions pu tout éviter, mon frère. La trahison d'Anakim, la naissance de Lucie jusqu'à son enlèvement. Pourtant, nous avons choisi de ne rien faire, déclara Sarielle d'une voix brisée. »

Raphaël en resta sans voix. Il ouvrait la bouche, la fermait, mais aucuns mots n'en sortit. Et alors que Sarielle allait reprendre la parole, Remielle la devança :

« Tous ce que nous avons toujours fait, depuis la nuit des temps, nous l'avons fait dans le but de faire disparaître le mal à jamais. Les démons ont, comme tu le sais, une prophétie leurs affirmant qu'un jour une jeune femme deviendrait leur reine. Nous avons également la nôtre. Mais celle-ci est antérieur à la chute de Lucifer et à la naissance de Gabriel. »

Raphaël avait du mal à en croire ses oreilles. Une prophétie qui serait donc antérieur à la création de l'Homme, était-ce seulement possible ?

« Pourquoi ne pas m'en avoir jamais parler ? demanda t-il, n'arrivant toujours pas à y croire.

- Parce que cette prophétie vous concerne, Lucie, Anakim et toi, répondit Remielle, avant de se tourner vers Michel. Je pense que c'est à toi de lui raconter.

- Bien...marmonna-t-il. »

Michel ne prit pas la parole tout de suite. Il prit d'abord une grande inspiration, tourna un bref instant la tête en direction de Gabriel, qui l'encouragea d'un signe de la main, puis il en revint à Raphaël.

« Bien avant ta naissance, Anakim était l'un des nôtres. Lui et moi étions de bons amis, car il était mon parrain. Nous avions à cette époque aucun secret l'un pour l'autre. Il ne savait pas pour la prophétie et moi non plus en ce temps là. Le seul qui savait c'était Gabriel en qui les Séraphins avaient toute confiance. »

Michel s'arrêta une seconde, juste le temps de prendre une grande inspiration.

« Je ne suis pas réputé pour ma clairvoyance, et je m'en suis voulu. »

Il soupira.

« Je m'en veux toujours à vrai dire, de ne pas avoir remarqué le changement de comportement de mon ami. Après ma nomination en tant qu'Archange, il s'est senti lésé. Il ne me disait plus rien, ni à moi ni à personne en vérité. Mais au final, il a fini par devenir trop difficile à canaliser, ses actions dépassaient souvent ses propres pensées et envies. Suite à un dernier malheurs qui a tué deux des nôtres, je l'ai moi-même déchu. »

Raphaël était sidéré ! Comment pouvait-on être celui qui prononce la déchéance à son parrain et ami de toujours ?

« Comment avez-vous pu lui faire cela ?

- A l'époque, on m'a demandé de choisir entre mon ami et mon statut d'Archange. J'ai choisi mon statut, parce qu'il avait déjà fait son choix. Et je ne voyais pas en quoi perdre mon rang l'aiderais en quoique ce soit. Pourtant, il y a un peu moins d'une centaine d'années, soixante sept pour être précis, je l'ai à nouveau croisé lors d'une mission. »

Raphaël mit quelques minutes à faire le rapprochement entre ce nombre et un autre très important pour lui.

« Lucie ! hurla Raphaël lorsque la lumière se fit en lui. »

Le regard de Michel était remplit de larmes, et jamais l'Archange ne l'avait vu dans cet état. Malgré tout, il ne comptait pas s'arrêter là. Il souhaitait entendre toute la vérité de la bouche du père de son aimée.

« Qu'est-ce que cela signifie ? insista-t-il.

- J'ai volé à Anakim quelque chose qui lui était très précieux, lâcha Michel dans un souffle.

- Et qu'était-ce donc ce bien si précieux ?

- Je lui ai volé la femme qu'il aimait...

- La mère de Lucie... comprit aussitôt Raphaël.

- Je n'en suis pas fière... Anakim l'aimait vraiment. Mais dès l'instant où j'ai posé les yeux sur elle, c'est comme si j'ouvrais les yeux pour la première fois, comme si avant de la rencontrer je n'étais pas vraiment vivant. Par la suite, Anakim est partit, conscient qu'elle m'aimait aussi.

- Vous avez privé votre ami de la femme qu'il aimait et après que s'est-il passé ? Lucie est née ? C'est tout ?

- Pas tout à fait, dit Remielle. Raconte lui tout, Michel.

- Je ne peux pas, balbutia-t-il.

- Michel...murmura-t-elle en secouant vivement la tête. Tu lui dois la vérité. »

Michel souffla et serra les poings.

« La mère de Lucie, Julie, était à moitié humaine, à moitié démon,expliqua Michel. Mort était son père. Si Anakim l'a rencontrée à cette époque, c'était parce qu'il pensait qu'elle était l'Élue,la future reine de l'Enfer. C'est pour cela que l'on m'avait envoyé sur Terre, enfin c'est ce que je pensais. Ce n'est qu'après que j'ai été mis au courant pour cette maudite prophétie, mais il était déjà trop tard ! Lucie était née, avec une partie d'elle démoniaque, tout comme sa mère. Une partie minime qui lui donne pourtant une irrésistibilité affolante pour beaucoup d'anges. »

L'Archange poussa un rire sinistre avant de continuer son récit.

« Mort avant d'être ce qu'il est aujourd'hui, appartenait à la race des Sirènes. Il séduisait les mortelles, se nourrissant de leur force vitale. Afin qu'il devienne Mort, ce pouvoir a été muselé pour la réalisation parfaite de ses nouvelles fonctions. Mais ses enfants à moitiés humains ne peuvent pas toujours se contrôler. Julie possédait ce pouvoir et en était consciente. Lorsque je l'ai rencontré, elle le contrôlait à la quasi perfection, mais cela lui demandait tout de même un certain effort. Il se révèle que contrôler sa nature est parfois bien plus difficile qu'on ne pourrait le croire. »

Michel se tut.

« Lucie n'est pas seulement un ange... Elle est aussi un démon... répéta Raphaël, complètement hébété par cette vérité. »

Il se prit la tête entre les mains, ses grandes ailes blanche se mirent alors à battre l'air, comme si il s'apprêtait à s'envoler. Se rendant compte qu'il perdait son sang froid, Raphaël se laissa tomber sur le sol, obligeant ses ailes à se rétracter.

« Non, ce n'est pas possible ! cria-t-il, incapable de se contrôler.

- Je suis désolé. Tu n'aurais pas dû l'apprendre ainsi, fit Michel en s'accroupissant à sa hauteur. Je sais que tu tiens à ma fille.

- Tu te rends compte de ce que tu as fais. VOUS TOUS ! Vous vous êtes comporté en démons en me mentant, en lui mentant à ELLE ! Je vous trouve abjecte de vous être servis d'elle de cette façon !

- La survie du monde est menacée. Et même si j'aime ma fille, je ne pouvais pas laisser le monde se briser pour elle.

- Vous dîtes que vous l'aimez ! Que vous êtes des anges ! Que vous vous préoccupez de l'avenir du monde et des Hommes ! Et vous laissez Lucie pourrir EN ENFER ! cracha Raphaël, hors de lui.

- Elle n'y restera pas longtemps. Parce que tu vas aller la chercher, n'est-ce-pas ? demanda Michel, étrangement calme.

- Bien sûr que je vais aller la chercher, même sans votre accord ! Parce que moi, contrairement à vous, JE L'AIME ! »

Michel recula, et observa Raphaël, les yeux effarés par la violence de son frère. Gabriel qui jusque là s'était tenu à l'écart, s'avança à son tour. Il aida Raphaël à se relever et posa une main sur son épaule afin de l'aider à se calmer.

« Essaye de nous comprendre, Raphaël. Cette prophétie doit se réaliser.

- Je sais. Je ne sais pas se qui m'a pris de m'énerver comme ça contre Michel, contre vous tous, s'excusa Raphaël.

- Nul besoin d'excuse cela peut se comprendre, annonça Gabriel.

- Ah oui ?

- Tu es le plus jeune d'entre nous, tu viens d'apprendre des choses plus que déplaisante et la femme que tu aimes est en Enfer. Alors oui, je peux comprendre que tu sois très énervé. »

La gentillesse de Gabriel n'arrangea rien. Raphaël baissa la tête, honteux de tout ce qu'il avait dit. Il s'aperçut alors, que sur le sol, quelque chose était tombé. C'était une plume, une plume noire, pareille à celle d'un ange avant d'être déchu. Il la ramassa sous les regards inquiets des autres.

Gabriel secoua la tête et laissa échapper un soupir.

« Reste un peu ici, proposa Gabriel. Repose-toi. Ensuite, nous aviserons. »

HS

Je suis désolée pour l'attente, mais le bac est passé par là....
Vous comprendrez donc que je n'ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à l'écriture.
Enfin bref ! Je suis de retour !

J'espère que ce chapitre vous aura plu.
Dîtes-moi ce que vous en avez pensé, et ce que vous pensé qu'il va se passer par la suite.
N'hésitez pas non plus à voter.

A la prochaine !