Chapitre 24 : Roman... ou une rencontre inopportune (Raphaël)

Raphaël marchait près de Lucie en se rendant à la Porte. Celle-ci se déplaçais d'un pas léger, comme si elle se trouvait libérée du poids d'une chaîne invisible. Ses mains étaient croisées dans son dos juste en dessous de ses ailes, ses longs cheveux noirs corbeaux dansant dans la brise qui soufflait au Royaume. Simplement habillée d'une longue tunique blanche, la jeune femme ressemblait à l'une de ses nymphes que les humains représentaient sur leurs poteries durant l'Antiquité.

« Tu sembles heureuse, lui fit remarquer Raphaël.

-Évidement que je le suis ! Comment ne pas l'être alors que je peux retourner sur Terre ? »

Lucie sautilla sur cinq mètres environ, attirant les regards amusés de plusieurs guerriers qui venaient de se poser près d'eux.

« Un rien te rend joyeuse ! pouffa-t-il alors qu'il peinait à se maintenir à ses côtés sans courir.

- Ce n'est pas mon impression, répliqua Lucie.

- Crois moi, par rapport à d'autres anges tu es un vrai rayon de soleil ! insista l'Archange.

- Je n'ai pas la prétention de paraître comme quelqu'un d'enjoué, le contredit-elle.

- Peut être ne t'en rends-tu seulement pas compte ?

- Si tu le dis...souffla-t-elle en haussant les épaules. »

Lucie déploya ses ailes dans un geste vif et élégant, puis elle s'envola sans un mot. Raphaël la rejoignit jusqu'à voler à ses côtés. Ils traversèrent le reste de la Zone Nord, pour enfin atterrir à la Porte.

Arrivé à la périphérie de celle-ci, une voix désagréablement familière retentit derrière eux :

« On dirait que l'on va partir par le même transfert ! »

Les deux compagnons se retournèrent afin de faire face à Roman. Celui-ci marchait vers eux d'un pas nonchalant, les mains enfoncés dans les poches.

« Alors vous aussi vous vous rendez dans le nord-est de la France ?

- On dirait bien, répondit Raphaël, tout en réprimant un soupir.

- Comme quoi les grands esprits se rencontrent ! ironisa l'ange.

- Et pour quelle genre d'affaire t'y rends-tu ? le questionna Lucie.

- Pour jouer l'ange gardien auprès d'une fillette de neuf ans qui vient de perdre ses parents dans un accident de voiture, expliqua Roman d'une voix blanche dénuée de toute émotion.

- La pauvre enfant ! s'exclama Lucie.

- Oui, c'est dramatique ce qui lui arrive. Mais bon... C'est la vie !

- Quand même, la pauvre... s'apitoya Lucie. »

Roman s'avança vers Lucie, et lui prit la main pour la serrer dans la sienne avant de la lâcher au bout de quelques secondes. Raphaël, qui assistait à la scène, résista à l'envie de lui arracher la jeune fille. Il détestait Roman, et cela ne datait pas d'hier ! Cet ange lui avait littéralement pourrit la vie, il y a quelques siècles de cela.

« Tu es beaucoup plus belle quand tu souris, murmura Roman. Tu n'es pas d'accord avec moi, Raphaël ?

- Elle reste belle en toute circonstance, rétorqua-t-il.

- Que de nobles sentiments ! rigola l'ange gardien. »

L'Archange braqua son regard sur Lucie, qui le fixait déjà. En croisant son regard, celle-ci détourna les yeux, les joues cramoisies.

« On devrait peut être y aller, non ? Nous risquons de louper l'heure du transfert, fit-elle remarquer d'une voix étrange.

- Tu as raison, concéda Raphaël. »

L'Archange partit devant, laissant Lucie et Roman discuter derrière lui. Devant eux, la Porte apparut plus imposante que jamais. Lucie s'approcha de Raphaël sans bruits et lui prit la main, l'entraînant à sa suite en direction de la Porte, que le Gardien s'apprêtait à ouvrir. Roman vint les rejoindre, au grand déplaisir de l'Archange qui poussa un long soupir d'agacement.

Une lumière aveuglante éblouit l'assemblée, signe que le transfert pouvait avoir lieu en toute sécurité. Lucie tira Raphaël par le bras, le forçant à traverser en courant. Une fois de l'autre côté, Lucie le lâcha avant de sortir de sa poche une fiole de sérum qu'elle but d'un trait. Raphaël venait lui aussi finir sa fiole, lorsqu'une main vint se poser sur son épaule gauche.

« Prend bien soin d'elle mon frère. Elle le mérite, lui intima Roman. »

L'Archange n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit, car déjà l'ange s'éloignait au pas de course. Rapidement celui-ci devint invisible aux yeux des humains, y compris à ceux de Raphaël. L'Archange remarqua alors à quel point le don qu'avait les Anges Gardiens de se rendre invisible pouvait se révéler utile.

« Dépêches-toi ! le gronda Lucie, qui se trouvait à plusieurs mètres devant lui.

- J'arrive ! lui répondit-il le sourire aux lèvres. »

Il la rejoignit en silence et tous deux marchèrent dans les rues mal éclairées de la ville, afin de retourner chez Marie. L'Archange, qui observait la voûte céleste, se demanda si les étoiles ne brillaient pas plus qu'à l'ordinaire.

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