Chapitre 22 : Entretient au sommet (Lucie)

Je contemplais le plafond tout en me demandant qu'elles étaient mes chances de survie. Le Conseil allait-il me condamnerait à mort ? Peu probable... Cependant, si ils ne choisissaient pas cette option,que deviendrais-je ? Serais-je prisonnière à tout jamais des frontières du Royaume ?

Certes, je pourrais certainement me recycler dans une autre fonction, comme par exemple assurer la surveillance de la Porte, celle Palais, travailler à la forge ou encore devenir professeur d'armes. Cela serait sans doute une bonne vie, mais nullement une belle vie. Protéger la Terre demeurait ce que je préférais faire. En quoi le fait de rester au Royaume pour l'éternité allait-il contribuer à sauver des humains ?

Le seul moyen d'éviter cela, était d'aller négocier avec le Conseil. Je devais le faire, de leur décision dépendrait le destin du monde.Enfin, j'exagérais sans doute un peu... Cependant, c'était ainsi que je voyais les choses, ma vie dépendait entièrement d'eux. Alors j'allais prendre mon courage à deux mains et y aller !

Je sautais hors de mon lit, enfilais l'une des tuniques blanches à dos nu que j'avais emmené sur Terre ainsi que des sandales dorées. Je laissais mes longs cheveux cacher le tatouage dans mon dos et sortais de ma chambre au pas de course.

Je descendis l'escalier quatre à quatre et atterris à pied joint au bas des marches, un grand sourire béa sur les lèvres. Qu'est-ce-que j'adorais faire mon enfant une fois de temps en temps !

« Que comptes-tu faire ? me questionna une voix masculine venant de la cuisine. »

D'un pas langoureux, j'entrais dans la cuisine.

« Me battre pour ne pas être enfermée au Royaume pour l'éternité, lui répondis-je.

- Tu sais à quel point c'est risqué ? insista-t-il en pointant un doigt accusateur sur ma tête. »

Il s'approcha de moi avec une lenteur exagéré.

« Je suis prête à faire ce qu'il faut pour conserver ma liberté. Même, si quoi qu'il advienne, je me rangerais à l'avis du Conseil.

- Ils ne pourront pas te faire enfermer pour toujours, ce n'est pas faisable, affirma mon Archange préféré. »

Je vis dans ses yeux bleus briller d'une lueur menaçante, lui non plus ne souhaitait pas que l'on m'enferme.

« Ce serait tellement plus simple si j'étais mortelle, déclarais-je. On aurait juste à attendre que je meurs, ensuite...

- Ensuite, quoi ? m'interrompit-il. On serait débarrassé de Satan et de ses acolytes ? Je suis désolé, mais que tu sois là ou non, cela ne change rien au problème de fond. Ils chercheront toujours le moyen de nous anéantir.

- Si je le rejoint, la Terre deviendra un champ de bataille. Alors non. Même si je souhaite garder ma liberté, je ne peux pas mettre la vie de milliard d'innocents en jeu. Je ne peux pas me permettre de jouer avec l'avenir du monde.

- Non, c'est vrai, soupira-t-il. Mais nous ne sommes même pas certains que ce soit bien toi qu'il recherche. Après tout cela pourrait-être une simple méprise, non ? »

Je l'observais un instant avant de répondre :

« Je ne peux pas m permettre de prendre le risque que ce soit ou non effectivement le cas. »

Il baissa la tête et enfonça rageusement les mains dans ses poches. Il venait de comprendre où nous menait cette conversation.

« Alors comme ça, tu as pris ta décision... Tu ne changeras pas d'avis ?

- Non, et tu ne pourras pas m'y contraindre. Si l'on décide de m'enfermer, je meurs. »

Je venais de prononcer ces mots avec une telle désinvolture, que cela me terrifia. L'expression qu'affichait Raphaël me percuta de plein fouet, je ne l'avais jamais vu comme ça. Il serrait les poings, les traits soucieux. Je ne pus résister à cela, je me jetais dans ses bras et enfonçais ma tête au creux de son épaule gauche. Il n'hésita pas, et me sera contre lui, tout en me caressant les cheveux.

Nous sommes restés là durant d'interminables secondes, jusqu'au moment où je sentis une larme couler dans mon cou. Je me redressais et me rendis compte que Raphaël pleurait. Ces larmes allumèrent quelque chose en moi, un je ne sais quoi qui mit mon cœur en miette. Voyant que je le fixais, il essuya son visage d'un revers de la main, puis effleura mes joues de ses pouces.

« Je t'interdis de mourir, sanglotait-il. On trouvera une autre solution, mais ne meurs pas. Ne m'abandonne pas. »

Je me dressais sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser brève, qui provoqua une douce chaleur au creux de mon ventre.

« Je voudrais que tu me promettes quelque chose, lui dis-je.

- Tous ce que tu veux !

- Je ne veux pas être responsable d'un cataclysme, alors je voudrais être sûr que quoi qu'il se passe, jamais je ne ferais du mal aux gens. »

Il comprit ce que je lui demandais, car il écarquilla les yeux, hébété, que je puisse lui demande à lui.

« Non.Je ne peux pas faire ça, me répondit-il en secouant la tête. Je ne...

- Laisse-moi finir, l'interrompis-je. Si je venais à me perdre, je veux que tu me jures que je ne survivrais pas assez longtemps pour faire du mal aux gens.

- Ça n'arriveras pas, m'assura-t-il plus pour ce convaincre lui-même que moi..

- Jure-le moi. J'ai besoin de te l'entendre dire.

- Non...

- Dis-le ! m'énervais-je. »

Il me dévisagea, les yeux larmoyant. Puis, sous la pression que mon regard exerçait sur lui, il lâcha :

« Je te le promet.

- Non, jure-le moi, insistais-je.

- Non ! explosa-t-il. Je t'aime ! Si je le jure, je devrais te tuer de mes propre mains si tu venais à passer à l'ennemi. Dis-moi comment je suis censé tuer la fille dont je suis amoureux ? »

Je reculais. Il ne me reteint pas. Je le scrutais attentivement, son visage était empreint à la colère et à la douleur. Je me sentis honteuse de le lui demander à lui. Cependant, c'était pour moi la certitude que quoi qu'il advienne je ne deviendrais jamais ce que j'avais toujours combattu.

La sonnette retentit, annonçant l'heure fatidique. J'ouvris la porte, laissant Raphaël immobile au milieu du couloir. Mon père apparut dans la pâle lueur de l'aube, un masque d'impassibilité sur le visage.

« Il est temps, annonça-t-il d'une voix lugubre. »

Cinq minutes plus tard, nous nous trouvions tous trois devant l'un des nombreux portails qui menait au Royaume des Anges. Avant de quitter la Terre, mon père nous avait tendu, à Raphaël et moi, une fiole nous permettant de reprendre notre apparence d'ange.

Bien vite, mes ailes repoussèrent dans mon dos, m'arrachant un bref cri de douleur. Mon père ouvrit le portail, s'avançant en premier dans la lumière. Raphaël traversa à sa suite, me laissant seule avec mes tourments.

***

De l'autre côté, une haie d'honneur formée de combattants nous entourait. Je me demandais si Marcus était là, et si oui, si je pourrais le voir. J'ignorais pourquoi j'y attachais la moindre importance au vu ma situation actuel. Mais peut être était-ce un moyen pour mon esprit de ne pas penser à ce qui lui faisait vraiment mal ?

Afin de ne penser à rien qui puisse éveiller chez moi de la souffrance ou quelque chose de négatif, je me focalisais sur les combattants de part et d'autre de moi. Leurs ailes étaient soigneusement repliées derrière leur dos, leur point droit sur le cœur ainsi que leur lance dans la main gauche. Je me souvenais parfaitement avoir eu le privilège d'une haie d'honneur à mon arrivée au Royaume, il y avait soixante années. Mais là, je devais avouer que cela m'inquiétait un peu...

Car pourquoi diable aurais-je le droit à une haie d'honneur aujourd'hui ? La réponse se tenait pourtant à mes côtés ! Je me trouvais précisément entre deux Archanges. J'avais tellement l'habitude de les côtoyer, que j'oubliais souvent qu'ils étaient en réalité mes supérieurs dans la hiérarchie. Quelle bécasse je faisais !

Mon père et Raphaël avançaient d'un pas fluide en direction du Corps des Gardes, me forçant à accélérer pour rester à leur hauteur. Nous traversâmes la cité céleste pour enfin arriver à destination. Un garde nous ouvrit les portes, avant de nous faire signe d'entrer. Mon père s'engagea dans le grand escalier, Raphaël et moi à sa suite. Je fus parcouru d'un léger frisson tandis que les portes se fermaient en grinçant, j'avais un mauvais près sentiment tout à coup.

La minute suivante, nous nous arrêtâmes devant la chambre du Conseil. Contre toute attente Marcus était le garde qui en interdisait l'accès. Il se tenait droit comme un I, ses magnifiques ailes blanches soigneusement repliées derrière lui. En guise de bonjour, il m'adressa un hochement de tête auquel je répondis de la même façon.

La porte s'ouvrit, mon cœur en rata un battement. Pourtant, malgré mon appréhension, je pénétrais à l'intérieur. Je me souviens m'être sentie piégée, me demandant pour quelle raison les aiguilles continuaient de tourner en ma défaveur.

Je devais à tout prix penser à autre chose. Je me concentrais alors sur la pièce : spacieuse, de forme rectangulaire et devant moi, était aligné sept sièges surélevés de quelques centimètres. Leur faisant face, un autre siège, plus bas, était situé au milieu de la pièce.

La porte s'ouvrit à nouveau, laissant entrer tous les Archanges un à un. Ils prirent place, silencieusement. Le sourire que Gabriel me décocha,se révéla plus effrayant que rassurant.

« Tu peux t'asseoir tu sais, m'informa une Archange au yeux bleus et aux cheveux d'un blond, presque blanc. »

Je m'assis doucement, légèrement tremblante.

« Nous sommes réunis ici aujourd'hui, pour traiter d'une affaire très délicate, fit Gabriel.

- En effet, Raphaël et la fille de notre bien aimé Michel, plus communément appelé Basile, ont réussi à avoir les informations qui nous faisaient défauts. C'est-à-dire les raisons pour lesquelles le démons, Anakim, s'est rendu sur Terre. Ainsi, cette réponse suscite la réunion du Conseil des Archanges, les informa un grand brun aux yeux noir. »

Puis, ce fut le silence, un silence pesant sur cette assemblé divine.

« Bien. Alors tout d'abord j'aimerais entendre le point de vu de notre cher Raphaël, reprit Gabriel.

- Mon rapport a été saisi, mais si cela vous semble nécessaire je peux tout expliquer à ce Conseil, répondit celui-ci.

- Ce que je te demande c'est de nous dire ce que tu souhaiterais que nous fassions. »

Il regarda dans ma direction avant de commencer :

« Je pense que l'on ne devrait pas interrompre la mission, elle est beaucoup trop importante et nous n'avons entendu qu'une partie de cette prophétie. Je conçois que cela soit risqué vu l'état actuel des choses. Cependant, si Anakim a raison et que cette prophétie se révèle être juste, alors Lucie est la seule personne capable de nous débarrasser de Satan. Je ne verrais pas pour quelle raison Lucie devrait rester enfermer au Royaume, cela me semble injustifié. »

Les paroles de mon Archange préféré furent accueillies d'un silence. A la gauche de mon père, Gabriel semblait réfléchir aux paroles de Raphaël. Lorsqu'il leva les yeux sur moi, il m'adressa un sourire, puis reporta sur attention Raphaël.

« Je pense que ta proposition mérite d'être examinée, déclara-t-il. Mais pour cela je te demanderais de bien vouloir nous laisser, Lucie.

- Mais je n'ai pas parlé.

- Finalement, nous n'aurons pas besoin de toi, commenta un Archange albinos.

- Très bien, je vous laisse alors, fis-je déçu de ne pas pouvoir me défendre.

- Nous enverrons quelqu'un te chercher au besoin, me prévint mon père. »

Je fis un hochement de tête, puis quittais la pièce.

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