Chapitre 13 : Les chevaliers sont morts (Lucie)
HS
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Bonne lecture !
« Je ne l'aime pas, lâchais-je à l'intention de Raphaël.
- Moi non plus, dit-il, ce qui me surprit. »
Il ne l'aimait pas ? Alors pour qu'elle raison restait-il avec elle ? Décidément la logique du genre masculin m'échappait totalement... Nous sortîmes et nous dirigeâmes vers la sortie. Ce n'est quand sortant du lycée que nous reprîmes notre conversation.
« Pourquoi traînes-tu avec elle si tu ne l'apprécies pas ? ais-je demandé.
- Je ne le veux pas ! Mais elle est toujours dans mes basques... m'a-t-il répondu d'un ton amer.
- Pourquoi tu ne l'évites pas simplement ? ais-je insisté.
- Je l'évite autant que je peux, mais elle arrive toujours à me retrouver, où que j'aille, je la retrouve derrière moi ! a-t-il répondu, l'air totalement dépité. »
J'ai lâché un petit rire, ce qui m'attira les foudres de Raphaël.
« Tu veux quelque chose ? me demanda Raphaël, en s'arrêtant devant une boulangerie. Marie m'a donnée cinq euros pour nous acheter des viennoiseries.
- Je veux bien un croissant, répondis-je, tout en me disant que c'était gentil de la part de Marie de prendre autant soin de nous.
- Très bien. Attends moi ici, je reviens dans quelques minutes.
- OK... »
Raphaël s'engouffra dans la boulangerie, me laissant seule devant la boutique. En regardant à travers la vitrine, je vis Raphaël faire la queue derrière une dizaine de personnes. Il n'était pas près de sortir...
« Ça risque d'être long ! rigola un démon. »
Je me tournais pour faire face à Anakim qui me regardait, un grand sourire sur les lèvres. Ou devrais-je dire, avec toujours et éternellement le même sourire.
« Qu'est-ce-que tu fais là ? Tu me suis ou quoi ? meuglais-je.
- Tu aimerais bien, pas vrai ? renchérit-il, taquin.
- Non, pas du tout, rétorquais-je en croisant les bras sur ma poitrine. »
Il ria à gorge déployée, puis me fixa avec des yeux qui voulaient clairement dire : « Tu es sérieuse ? » Je ne répondis pas à son insolence, préférant faire l'autruche, et mettre la tête dans le sable. Mais ce genre de technique ne marche pas très bien sur moi, je dois bien le reconnaître.
« Alors Raphaël est partit chercher le pain ? me questionna-t-il, avec un ton moqueur.
- Pas du tout. Il est partit chercher notre goûter, contre-attaquais-je. »
Oups ! Avais-je vraiment dis ça ? Une réplique de gamine... La bourde !
« Ah... Tu as un petit creux, si je comprends bien ? rigola-t-il.
- Oui, il se trouve que j'ai faim, répondis-je agacée par son attitude condescendante.
- Les grands esprits se rencontrent, murmura Anakim.
- Quoi ? Toi aussi tu as faim ? m'étonnais-je.
- Oui. D'ailleurs je m'apprêtais à rentrer chez moi pour me préparer un repas. Puis je t'ai vu, seule, devant cette boulangerie. Le chevalier en moi c'est aussitôt réveillé, et je suis venu te sauver de la solitude. »
Comment fait-il pour ne pas grossir avec tout cet ego accumulé ?
« En résumé, je me suis dis que j'allais te tenir compagnie jusqu'au retour de Raphaël, acheva-t-il. »
Que peut-on ajouter à cela ? Que les chevalier sont morts il y a plusieurs siècles ? Que si il veut des demoiselles en détresse, qu'il aille à Rome chercher une mystérieuse machine à voyager dans le temps ? Je ne gagnerai probablement pas le prix de la femme la plus philosophique de l'année, et alors ?
« Donc tu rentrais chez toi, à pied ? chuchotais-je, pas très convaincue.
- Pas tout à fait, répondit-il. Je ne rentre jamais chez moi à pied. »
Il s'écarta, laissant apparaître derrière lui, garée sur la chaussée, une magnifique moto. Mais pas n'importe quelle moto, une Harley-Davidson ! Je m'approchais de l'engin, en tendant une main devant moi comme pour la toucher, ce que je ne fis pas.
« Mais où l'as-tu trouvé ? le questionnais-je.
- Dans une brocante, j'ai passé pas mal de temps à la retaper. Mais maintenant elle fonctionne super bien !
- Waouh... fût tout ce que je réussis à prononcer. »
J'ai inspecté la moto avec fascination durant quelques instants encore, sous le regard amusé et fier de son propriétaire. Puis quelque chose me frappa. Je fis volte-face pour braquer mon regard dans celui d'Anakim.
« Comment ça ce fait que tu ais le droit de conduire une moto comme celle-ci ? »
En effet, on peut certes passer le permis A1, afin conduire un des cylindrés qui ne dépassent pas 125 cm3, à seize ans, mais il faut avoir plus de dix huit ans pour passer le permis A et conduire de plus gros engins.
Il était peut-être un démon, mais il lui faudrait une carte d'identité pour prouver son âge. Il en avait certainement une fausse, mais tout de même ! Comment allait-il m'expliquer cela sans s'emmêler dans ses mensonges ?
« Disons que je suis habilité à la conduire, me répondit mystérieusement Anakim. »
Je haussais un sourcil accusateur, mais je ne reçu qu'un sourire désabusé de l'intéressé. A quoi m'attendais-je de plus de la part d'un ange déchu ? Vraiment...
Après tout, bien que je ne sois pas censé le savoir, en tant qu'immortel il devait être âgé de plusieurs millénaires ; par conséquent il pouvait bien rouler à moto si ça lui chantait ! « Va expliquer ça à la police... railla une petite voix dans ma tête. »
« Au fait, tu as le dessin que je t'ai donné ? me demanda-t-il, me sortant de ma rêverie.
- Oui. Il est dans mon sac, répondis-je. »
Il me sonda de ses yeux verts émeraude, et l'espace d'une seconde je crus qu'il pouvait voir mon âme. Puis il reprit d'une voix forte :
« Chacune de mes œuvres est unique, lâcha-t-il d'une façon si hautaine que je ne pus qu'éclater de rire. »
Anakim ne parut néanmoins pas offusqué de ma réaction. Peut être avait-il l'habitude des moqueries ?
« C'est ce que disent tous les artistes, ripostais-je, après avoir réussi à me calmer.
- Sans doute. Cependant, tu ne peux nier que mes dessins sont pour le moins inhabituels, si ?
- Ils ne sont pas inhabituels, ils sont seulement différents, répondis-je. Après tout, chaque artiste à une manière bien à lui d'exprimer des choses par son art, commentais-je.
- Certes,concéda-t-il. Différent. Tu connais bien la différence, n'est-ce-pas ? minauda-t-il, ses yeux encore plus vert que d'ordinaire.
- Pourquoi me dis-tu ça à moi ? le questionnais-je, sur la défensive. »
Il ne répondit pas à ma question. La peur me submergea soudain. Avait-il compris ? Ou disait-il ça simplement pour se rendre intéressant ? Mal à l'aise, je parcourus les cinq mètres qui me séparaient de l'entrée de la boulangerie, sans un regard pour Anakim : « Fais vite Raphaël, je t'en supplie, l'implorais-je silencieusement. »
« Autant pour moi. Pas différente. Juste... pas à sa place, me susurra Anakim au creux de mon oreille. »
Je me retournais pour lui demander ce qu'il entendait par là, mais il avait disparu. J'eus à peine le temps de reprendre mes esprits, car Raphaël sortit de la boulangerie, un sachet dans la main gauche. Il me décocha un grand sourire auquel je ne répondis pas, encore trop terrifiée à l'idée qu'Anakim ai pu découvrir notre secret.
« Ça ne va pas ? me demanda Raphaël, en me tendant le sachet pour que je puisse prendre mon croissant.
- Rien de grave, je suis seulement fatiguée, répondis-je.
- Si tu le dis. »
Je m'efforçais de sourire pour le rassurer, mais celui-ci ne fut pas vraiment convaincant. Pourtant Raphaël n'insista pas, il était comme ça avec moi ; il ne me forçait jamais à rien. Et d'un certain côté j'en étais heureuse. Toute fois, au fond de moi, une jeune fille de seize ans aurait voulut qu'il aille plus loin, qu'il insiste un peu plus, mais il ne le fit pas.
Il ne le ferait jamais...
***
Le soir venu, je m'étendis de tout mon long sur le lit, en regardant le plafond pour m'endormir. Quelque chose m'en empêchait... Le pire c'était que je savais pertinemment de quoi il s'agissait. Je me levais et fouillais dans mon sac pour trouver le dessin d'Anakim. Je le pris dans mes mains et l'observais. Qu'avait-il de si spécial pour m'empêcher de trouver le sommeil ? Il devait être ensorcelé !
J'attrapais une petite boite sur le bureau, et pris deux punaises pour accrocher le dessin au dessus de ma tête de lit. Une fois le dessin accroché, je me sentis bêtement soulagée. Je me recouchais donc. Cela me glaçait le sang de dormir avec le cadeau d'un ange déchu au dessus de ma tête.
Pourtant, il me faisait penser à quelque chose de familier. Quelque chose dont j'avais essayé de me rappeler durant tout le trajet entre la boulangerie et la maison de Marie. Lorsque la solution me vint, elle résonna dans mon esprit tel l'air d'une chanson que l'on fredonne.
La mort. Celle de ma mère.
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