Chapitre 2
J'étais là, vidée de toutes émotions. Je ne ressentais plus rien. Plus mon corps. Plus ma tristesse. Plus ma joie ou mon amour pour les personnes qui m'entourent. J'étais perdu. Une âme égarée qui essayait tant bien que mal de retrouver son chemin. Mais à ce moment-là, même cette âme égarée avait plus de chance de retrouver son chemin que moi.
En arrivant avec Lya dans l'appartement d'Yvann, ou plutôt le nôtre, une immense vague de tristesse et de mal-être me pris de court. Je ne savais pas quoi faire. Est-ce que j'étais sensée reprendre le cours de ma vie là où je l'avais arrêté ? Faire comme s'il ne s'était rien passé ? Que tout allait parfaitement bien ? Ou bien, est-ce que je devais apprendre à vivre avec le trou béant qu'il y a dans mon cœur ? Un trou, qui j'ai bien peur, ne se refermera jamais.
Lya me conduisit jusqu'à notre chambre. Elle me fit asseoir sur le lit. Je n'étais plus maître de mon corps. J'avais cette étrange impression que le monde tournait trop vite pour mon organisme. Je n'avais toujours pas réalisé ce qui venait de se passer que je devais déjà rentrer sans lui.
Elle me tendit un short et un t-shirt.
̶ Non, un a Yvann. S'il te plait.
̶ Ok, tient, me répond-t-elle en me tendant un de ses t-shirt qui trainait pas terre.
Je restais de marbre. Je n'arrivais plus à bouger. Après un moment d'attente, elle décida de me changer elle-même. Une fois terminée, elle me coucha et me borda comme une petite fille qui venait de faire un mauvais rêve. Sauf que le mauvais rêve était la réalité. C'était l'horrible et oppressante réalité.
En me couchant, je pris mon téléphone et mes écouteurs. Je lançais ma playlist de musiques, mais même les musiques joyeuses ne me réconfortaient pas. C'est ainsi que je me perdis dans mes pensées pendant plusieurs heures, ou plusieurs jours. Je ne savais plus. J'avais perdu la notion du temps. De temps à autre, je souriais en repensant à un beau souvenir. Je me souviendrais toujours du jour de notre rencontre.
***
Cela fait presque six mois que je suis en froid avec mes parents. Je ne leur adresse la parole que très peu. Ils ne veulent qu'une chose, que notre relation s'arrange. Ils m'emmènent en sortie. Cela peut aller d'une visite d'un musée, à un week-end dans un « petit coin de paradis », comme ils le disent souvent.
Tout a commencé quand un soir, j'ai demandé à mes parents si je pouvais contacter des producteurs pour réaliser le scénario que j'ai écrit. C'est à ce moment-là que tout a dérapé. Mes parents étaient contre, comme toujours. Ils voulaient que je me concentre sur les études et que j'arrête d'écrire des histoires car ce n'était pas compatible avec la vie qu'ils me prévoyaient depuis des années.
« Vous voulez vraiment savoir ce que je veux faire dans la vie ? Vous le savez déjà non ? Vous savez le truc que vous m'avez empêché de faire. Je veux écrire ! Je veux faire connaitre mes histoires au monde entier ! Que ce soit en livre, en film ou en série ! Je veux que le monde puisse connaître mon talent et mon amour pour ça ! Mais vous me l'empêchez ! Tiens, ça fait encore un rêve qui ne se réalisera jamais sur ma liste. Elle commence à se faire longue dites-moi. Tout ça à cause de qui ? De vous ! Vous m'empêchez de réaliser mes rêves ! Vous ne croyez même pas en moi. La seule chose qui vous intéresse, c'est que je sois conforme à votre idéologie. Quinze de moyenne général, des notes au-dessus de dix-sept en science, et tout ça pour quoi ? Pour que je devienne votre petite scientifique préférée. Mais moi, je vais vous dire une chose. Ce n'est pas par ce que je suis votre enfant que je dois être conforme à vos goûts. Je serai la personne que je voudrais devenir avec ou sans votre soutien ou votre aide. De toute façon, vous ne me connaissez pas donc ça ne devrai pas être difficile de vous tromper. »
Après mon monologue, j'ai pris mon manteau et je suis parti dormir chez mon meilleur ami, Pierre. Alors je n'étais pas surprise lorsque ce matin mes parents m'ont annoncé que l'on part en voyage. Qu'il fallait que je prépare mes affaires pour la semaine. Seulement quand nous sommes arrivés à l'aéroport je me suis demandé où nous allons. Quand j'ai su la destination, je n'en revenais pas. Mes parents m'emmènent à Boston.
Après huit heures de vol, trente minutes de trajet, nous arrivons à l'hôtel. Pour une fois, j'ai ma propre chambre.
Le lendemain matin, au petit déjeuné, ils me demandent de bien m'habiller aujourd'hui, car j'ai une surprise. Au début, je ne comprends pas pourquoi le taxi nous dépose devant un immeuble banal. Lorsque mes parents m'annoncent la raison de notre venue à Boston, je comprends. Ils viennent de me donner l'opportunité d'effacer un de mes rêves sur la liste de ceux qui ne se réaliseront jamais. Ils ont réussi à contacter des producteurs pour mon film.
La concierge vient nous ouvrir. Elle me conduit, ensuite, devant une porte. Mon cœur bat tellement vite que je pense qu'il pourrait sortir de ma poitrine. C'est seulement quand je les vois, tous réunis dans le salon de l'appartement. Lorsque mon corps se remplit d'une joie intense. Que je sais qu'ils vont changer ma vie.
***
C'est ce qu'ils ont fait. C'est à partir de ce jour que j'ai enfin trouvé un but et un sens à ma vie. Ce jour-là, je me suis fait de vrais amis. J'ai aussi trouvé un réalisateur pour le film que j'ai écrit et un mari. Qui aurait cru qu'on serait devenu une famille ? Nous veillons tous les uns sur les autres. C'est un sentiment incroyable de se sentir autant accepté et compris dans un groupe.
Ce groupe se compose de Lya, qui est devenue ma meilleure amie. D'Yvann qui est devenu mon mari. De Bob et Elizabeth, les « parents » de la bande. D'Orlando et Tessa, qu'on essaie de mettre ensemble sans succès. De Shelby, que j'essaie de mettre avec Ethan. D'Arya, qui est un peu notre badasse du groupe. Enfin de Julien. Il est depuis peu le petit ami de Lya, bien sûr grâce à notre aide.
Je me levais seulement pour aller aux toilettes ou pour boire et manger. Le reste du temps, j'étais recroquevillée dans mon lit. Je ne dormais pas ou pratiquement pas. Mais je ne pleurais pas pour autant.
Deux jours plus tard, on sonna à la porte. Lorsque je suis allée ouvrir, ne devinez pas la surprise sur le visage de Bob et Elizabeth de me voir dans un état pareil. Je ne m'étais pas douchée ou changée depuis des jours et j'avais d'énormes cernes sous mes yeux.
̶ Quel jour on est ? ces mots ont été les seules paroles qui arrivaient à sortir de ma bouche lorsque je les ai vu.
‒ On est lundi. Pourquoi ? me demanda Bob.
‒ Ah, merci. Vous pourrez me dire quand on sera jeudi s'il vous plaît, leur répond dis-je.
̶ Oui, bien sûr, me répondit Elizabeth perplexe.
Après notre semblant de conversation, je retournais dans ma chambre. Je retournais à ma petite routine qui consistait à ne rien faire. Mais s'étais déjà bien suffisant car je n'étais pas seulement épuisée physiquement, mais également mentalement.
Je venais de perdre ma moitié. Mon âme sœur. Mon âme était en constante recherche de ma partie manquante. Malheureusement, celle-ci ne reviendra jamais et ne pourra être remplacée un jour. Je devais essayer de l'accepter et de vivre avec, pour le restant de mes jours.
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