Chapitre 17
Cela fait deux semaines que je suis à Hawaï. Deux semaines que je suis seule. Je vis dans la maison de la famille Kook. Ils me l'ont prêté gentillement jusqu'à ce que j'aille mieux. J'ai coupé mes réseaux sociaux, aussi. Personne ne peut me contacter.
Cela fait deux semaines que je ne fais rien. Ou presque. Je me prélasse au soleil. Je lis. Je regarde des séries et des films. Je dors. Je cuisine. J'écris. Je me balade. Je prends soin de moi tout simplement. Ça fait du bien. J'ai l'impression de me retrouver pour la première fois depuis longtemps. Je ne sais même plus la dernière fois que je l'ai fait. Pour dire.
J'ai apporté avec moi les cendres d'Yvann. Il a peut-être eu le droit à un enterrement et à une tombe, mais Yvann a, avant tout, été incinéré. Ces cendres reposent dans une belle urne funéraire. Pourtant, j'ai décidé de les verser. Je sais exactement où je vais le faire. Dans notre jardin secret. Ce lieu dont nous seuls connaissons l'existence. Cet endroit où nous avons passé notre nuit de noces. Au pied d'une rivière au milieu de la forêt tropical. Un endroit magnifique. Paisible. Le lieu parfait.
Je me rends seule dans ce lieu qu'on croirait irréel. Je marche une petite heure avant d'arriver à destination. Après avoir posé mon sac à dos, je sors l'urne de celui-ci. Je m'avance au bord de la rivière. Je me souviens qu'on s'y était baigné, cette nuit-là. Un bain de minuit. La température de l'eau était parfaite. Ni trop chaude, ni trop froide. Maintenant, c'est dans ce cours d'eau que je vais déverser ses cendres. Je respire un grand coup, pour me donner du courage, avant d'ouvrir cet objet qui renferme mon mari. Le vent vient fouetter mes cheveux. L'odeur de l'eau douce mélangée à la verdure de la végétation vient chatouiller mes narines. Le climat est parfait. L'endroit est parfait. Le moment est parfait.
Je viens pencher l'urne au-dessus de l'eau. Les cendres commencent à se déverser dans l'eau. Certaines s'envolent avec le vent. D'autres sont emportées par le courant. Les larmes inondent mes yeux et mes joues. Elles dévalent mon visage au même moment que je laisse partir Yvann. Mon mari. L'amour de ma vie. Mais surtout mon âme sœur.
Je t'aime Yvann. Jusqu'à ce que la mort nous sépare, et même après.
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