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Se levant de bon matin, Lise avait déjà pris son petit-déjeuner et était prête à attaquer cette journée qui débutait juste. À travers les vitres de la fenêtre elle voyait déjà le jour illuminer le quartier. Sur son visage une expression difficile à définir qui traînait sans doute entre le sommeil qui revenait en masse et l'obligation de d'aller au boulot qui se faisait pensante.
Elle travaillait dans un petit café-restaurant à deux pas de chez-elle. C'était le seul boulot qui lui convenait au niveau des horaires, sachant qu'elle suivait par ailleurs des cours de théâtre et d'art du cinéma, ses passions !
Elle partageait un petit appartement avec deux autres personnes, dont Caroline – une copine de lycée – et Loïc – une vague connaissance qui cherchait à se loger – deux adorables colocataires avec qui elle s'entendait pour l'instant à merveille ; en espérant que cela dure éternellement.
D'ailleurs en parlant d'eux, ils venaient se de réveiller, l'un en pleine forme, l'autre encore à moitié endormi. Ah quelle paire ces deux là ! Caroline s'excitait déjà de cette folle journée qui n'attendait qu'elle pour être en fête. Tandis que dans un coin Loïc se laissait tomber lourdement sur une chaise en baillant, c'était limite si un filet de bave ne coulait pas de sa bouche.
— Aller, aller, debout là-dedans ! Tiens, prends donc une vitamine et un café bien fort, ça ne te fera pas de mal mon coco ! s'exclama Caroline en apportant de quoi se réveiller à Loïc qui la regardait d'un air amusé.
— D'où tu m'appelle coco ? Et pourquoi pas poulet pendant que t'y es ! De toute façon tu te donnes bien du mal pour rien... Mes paupières sont lourdes, lourdes, lourdes... dit-il avant de s'étaler sur la table face à lui comme s'il tombait de sommeil.
— Bon arrête ton cinéma mon petit poulet.
Loïc se mit à rire bêtement, tandis que Caroline le fixait les mains sur les hanches. Et dans tout ça notre chère Lise se tenait tranquille à les observer levant les yeux au ciel tant leur petit jeu était absurde. On aurait dit un vieux couple de retraités !
— Quand vous aurez fini tous les deux, vous m'appeler. En attendant je vais bosser moi, annonça Lise à ses deux amis.
— Bonne journée ! crièrent-ils ensemble lorsqu'elle ouvrit la port d'entrée pour filer, un sourire aux lèvres, heureuse de les avoir trouvé ces deux là. Sinon sa vie serait d'un ennui accablant... Et d'une routine sans fin.
Lise lâcha un petit rire, alors qu'elle était seule, en pensant à eux, se rendant à son lieu de travail à pied. Mais à cette heure-ci il n'y avait presque personne dans les rues pour la prendre pour une folle, la voyant rire toute seule sans raison valable.
Le soleil vibrait déjà de toute son intensité, lui chauffant le dos. Elle regardait son ombre tout en avançant. Son sourire s'était effacé, laissant place à une mine défaite. Elle se sentait soudain si petite dans ce monde, si solitaire au fond, sans personne à ses côtés, pas d'autre ombre pour lui tenir compagnie.
Elle avait beau avoir des amis, elle n'avait jamais véritablement eu l'occasion de leur parler, enfin de se confier. Elle n'avait pas changé. La petite fille timide qu'elle avait été était toujours présente en elle, gardant pour elle tout ce qu'elle pensait, étant réservée. Elle s'en voulait, oui elle s'en voulait d'être comme ça depuis toujours et de ne pas avoir réussi à avancer. Pourtant elle avait des tas de projets, d'envies, de rêves...
Elle soupira, leva la tête, arrivée à destination. Elle était chargée d'ouvrir aujourd'hui, et enfonça la clé dans la serrure en essayant de chasser de son esprit toutes les mauvaises ondes et pensées obscures. À quoi bon ? Rien ne servait de commencer démoralisée, ce n'était pas ce qui allait y changer quoi que ce soit, bien au contraire.
Elle se força alors à penser à des choses bien, joyeuses, histoire de débuter sa journée de travail de bonne humeur.
Il régnait ici une atmosphère douce et chaleureuse, à l'image de la propriétaire en vérité – qui ne saurait tarder d'ailleurs.
Les couleurs chaudes remplissaient les murs et une odeur d'épices flottait dans l'air. Et il étant temps pour Lise de s'afférer au travail.
Une longue journée l'attendait à bras ouverts...
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