Le soleil se coucha très vite, et moi avec. Avant, je pris néanmoins le temps de me laver et de profiter de la luxueuse salle de bain qu'on m'offrait pour le séjour. Tout était blanc et doré. Les moulures, la baignoire...Dans un petit tiroir, je retrouvais quelques galets de bains effervescents ainsi que quelques pétales de rose. Je me décidai sur un galet à la lavande avec des pétales blancs, mais avant même que j'en ai eu le temps, une femme de chambre vint le faire à ma place. Le bain sentait merveilleusement bon. Et il était très esthétique.

-Je vous remercie, dis-je à la femme.

-Relaxez-vous Mademoiselle, demain sera une première longue journée dans ce château ! me répondit-elle en me souhaitait une bonne nuit.

Je rentrai dans mon bain et l'eau chaude et les odeurs me firent devenir sereine. Tout ce dont j'avais besoin pour dormir ! Après cet instant, je me vêtis d'une chemise de nuit en soie rose pâle et je me fit une longue tresse. J'entrai dans les draps, ils sentaient la rose et les fleurs des champs. Je m'endormis en quelques secondes en repensant à ce rêve éveillé qui me faisait également peur sans que je ne sache pourquoi.

Le lendemain, ce n'est pas Yvonne qui me tira du lit, mais Inès à ma grande surprise :

-Coucou !

J'ouvris les yeux et je regardai autour de moi pour me situer :

-Qu'est ce que je fous la ?

Elle sembla choquée par mes mots mais rigola :

-Tu es au Castle Carew, voyons !

Je riai avec elle :

-Un instant, j'ai pensé que ma directrice de pensionnat avait eu un élan de gentillesse et m'avait refait ma chambre...mais maintenant que j'y pense, c'est encore moins probable que d'être ici !

Inès  s'arrêta de rire et pris un ton sérieux :

-Bon, maintenant, debout ! Yvonne m'a chargée de venir te réveiller et je suis venue avec l'accord de Rosalie, mon accompagnatrice.

-Pourquoi ?

Elle soupira :

-Parce que le petit-déjeuner est dans quinze minutes et que tu aurais dû être levée il y a bien trois quarts d'heure !

Je me levai brusquement :

-C'est une blague !? Pourquoi Yvonne ne m'a pas réveillée ?!

-Elle a eu un empêchement ! Mais tu aurais dû te lever seule !

Je m'empressai de me préparer et Inès me sortit une robe de soie et de dentelle bleu et jaune. Elle me releva les cheveux en un magnifique chignon tressé et m'aida à enfiler mes vêtements.

Ensuite, elle ouvrit un tiroir que je n'avais pas exploré : un tiroir rempli de bijoux en tous genres. Elle me sortit une parure dorée comportant une bague, un collier et des boucles d'oreilles puis pris dans la coiffeuse une broche qu'elle plaça dans mes cheveux.

-C'est magnifique, soufflai-je, époustouflée.

Elle sourit fièrement et nous descendîmes jusque dans le hall. De ce que je vis, il manquait quand même une ou deux filles. Je soupirai de soulagement.

Le roi arriva :

-Bonjour, mesdemoiselles, j'espère que vous avez passé une nuit agréable et reposante, vous êtes en tout cas splendides, il prit une fille au hasard et lui fit le baisemain.

Il marqua un temps de pause, regarda au loin et dit bien fort.

-Mesdemoiselles, sachez une chose, la rigueur sera votre meilleure alliée dans cette aventure.

Je cru comprendre : je me retournai et vis la jeune fille de l'orphelinat de Bronne s'avancer, essoufflée. Le roi la fixa hautainement et lui fis signe de se rendre devant lui :

-Bonjour, mademoiselle Laura.

Elle s'appelait donc Laura...j'eus peur pour elle en voyant le roi marcher autour d'elle.

-Et bien, mademoiselle Laura, sachez que ce retard est inadmissible ! Il pourrait être un motif d'élimination mais je vous fais une faveur puisque c'est là votre premier jour. Maintenant, rejoignez le rang mais sachez que cet acte ne sera pas oublié et que vous êtes sur la sellette ! Au moindre faux pas, zou !

Elle revint dans le groupe, tremblante, la tête baissée.

Le roi finit son discours et nous invita à rentrer dans la salle à manger où nous nous rendîmes en lui adressant le bonjour lors de notre passage devant lui. 

Lorsque nous fûmes assises, je regardai Inès :

-Si tu veux mon avis, il est effrayant !

Elle hocha la tête et baissa les yeux. Je vis les larmes lui monter...Pourquoi Inès semblai-t-elle si apeurée ?