2 || Le garçon au pull orange
— Oui, vous voulez me dire quoi ?
Je gardai un air détaché et nonchalant mais je gardai au fond de moi une appréhension, voire panique, à leur attitude plus qu'étrange. Leur regard fuyant m'inquiétait plus que je ne voulais bien l'admettre.
Ma mère ne semblait pas prête à dire un mot, alors je me tournais vers mon père, dans l'espoir que, lui, me parlerait. Mais c'était peine perdue. Aucun des deux n'allait à la fin de leurs pensées.
— Mais qu'est-ce qui se passe ?
Cette fois, ma voix trahit ma peur.
— Quelqu'un est mort ou quoi ?
Devant leur silence, que je pris pour confirmation, je continuais :
— Qui ça ? Grand-mère Jeannette ? Tante Ophelia ? Mais qui à la fin ?!
Il ne m'arrivait pas souvent de m'énerver, mais ma fatigue additionnée à leur silence et la panique qu'ils me provoquaient me submergea.
Ils restèrent encore mués face à ma crise de colère. Ma mère avait agrippé le bras de mon père et se cachait presque derrière lui. Je lui avais fait peur.
Je me pinçai l'arrête du nez et soupirai.
— Pardon de vous avoir crié dessus... mais vous comptez me dire ce qui se passe quand ?
Mon père osa relever les yeux vers moi.
— Personne n'est mort.
— Alors quoi ?
D'habitude, mes parents n'aimaient pas tourner autour au pot ainsi, et cela m'irritai grandement. Ne pouvaient-ils pas en venir aux faits tout de suite ?
— Marc... Je ne sais pas s'il est près... intervint ma mère.
— Céline... Il faut le lui dire maintenant, tant qu'on en a la force...
Mon père tourna son regard vers moi et soupira de fatalité.
— Assis-toi.
Je m'exécutai, impatient de savoir ce qu'ils avaient à me dire de si important. Et s'ils étaient des espions ? Des agents secrets et je devrais suivre leur voie ?
Une petite excitation commença à flamber en moi.
— Romain... Nous t'avons adopté.
... Pardon ? Je devais avoir mal entendu.
— Quand tu avais presque deux ans, nous sommes allés dans un orphelinat de la ville, et nous t'avons vu. Tu étais tout mignon, ta mère t'avait laissé à l'orphelinat. Nous voulions un enfant et quand nous t'avons vu, ça a été le coup de foudre parental. On ne nous a rien dit sur ta mère biologique, le secret est resté tenu.
Mon père fit une pause, me laissant un temps pour avaler l'information. Alors... mes parents... n'étaient en fait pas mes parents ? Ma vraie mère m'avait abandonné. Elle ne voulait pas de moi. Je n'étais pas voulu, pas attendu. Et elle a préféré laisser mon enfant à un orphelinat, à des inconnus.
"Coup de foudre parental" ? Qu'avaient-ils encore inventé pour expliquer une soudaine pitié envers l'enfant que j'étais ? Je roulai des yeux. S'il y avait bien une chose qui m'horripilait, c'était les fausses excuses.
Une vague de dégout me parcourut, agrémentée de colère. Ma mère biologique m'avait abandonné sans un mot, je la haïssais. Je n'étais pas voulu, je me dégoutais. Mes parents adoptifs m'avaient menti pendant dix ans, je les haïssais.
— Pourquoi... Pourquoi ?!
— Romain... calme-toi... Nous ne t'avons rien dit avant car nous avions peur de ta réaction... Même s'ils ont ne t'as pas créé nous-mêmes, même si tu n'as pas nos gènes ni notre sang, tu restes notre fils et nous tes parents... Nous t'aimons, Romain. Nos sentiments ne diffèrent pas. Alors, je t'en supplie, ne nous en veut pas...
— Vous m'avait menti pendant dix ans ! Dix ans ! Et je ne dois pas vous en vouloir ?! Mais vous pouvez toujours rêver !
Ma mère adoptive éclata en sanglot face à mes cris. Mon père adoptif la prit dans ses bras et me jeta un regard en coin. Alors dorénavant j'étais le méchant pour eux ? Et celle qui se prenait pour ma mère la victime ? Les rôles étaient échangés. Je me retins de rire jaune.
Ma fatigue avait complètement disparue. Je ne ressentais plus que haine et dégoût. Je n'étais plus que haine et dégoût.
Je jetai un dernier regard dédaigneux à ceux que j'avais pris pour toujours comme mes parents, puis sorti de la maison en claquant la porte d'entrée. J'entendis ma soi-disant mère crier mon nom et ses pleurs s'intensifier mais je n'en avais que faire. Elle n'était pas ma mère après tout.
Alors que je marchais, d'un pas rapide et énervé, dans les rues, je me ressassai mon enfance, y cherchant des moments où la vérité se trouvait sous mes yeux et que je ne l'avais pas compris.
Et en effet, il y avait certains, grandioses. Je me trouvais tous simplement aveugle, maintenant que la vérité était juste devant mes yeux.
Il y avait déjà le fait que mon apparence ne concordait pas vraiment. Mon père était blond et ma mère, brune, et je me trouvais avec une tignasse chatain clair. De plus, mes yeux verons. C'était si rare que je n'avais pas réfléchi que cela devait probablement être héréditaire. Mon nez aquilin qu'aucun de mes parents adoptifs n'avaient.
Et puis, également les photos de ma tendre enfance qui ne commençait qu'à partir de mes deux ans. Je n'avais pas réfléchi au fait que cela était plus qu'étrange. J'étais tout simplement idiot.
Et puis aussi, la jupe orange. Je n'avais plus aucun souvenir d'avant mes cinq ans, mais certains flashs me revenaient en mémoire et je faisais tout pour les garder en mémoire, tels des trésors. Et il y avait cette jupe orange que je serais dans ma main, ne voulant pas perdre de vu sa propriétaire. Une fois, j'avais questionné ma mère adoptive à propos de cette jupe, et elle m'avait affirmé n'avoir jamais eu ce vêtement.
J'arrivai à un passage piéton quand je vis devant moi le bas d'une jupe du même orange que celle de mon souvenir La femme devant avoir dans la vingtaine et portait un bébé d'un bras, et des sacs remplis de l'autre.
Je souris tristement. Elle n'abandonnait pas son enfant, elle, même malgré les problèmes.
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