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Les semaines qui suivirent furent comme une bulle hors du temps. Luc et Camille se voyaient de plus en plus souvent, leur quotidien se tissant peu à peu autour de ces instants partagés. Ils avaient leurs habitudes : des promenades improvisées, des cafés où ils passaient des heures à refaire le monde, des soirées à explorer les petites rues de la ville, bras dessus, bras dessous.

Un soir de février, alors qu'ils se baladaient main dans la main, Camille s'arrêta brusquement devant une vitrine illuminée. C'était une boutique de vieux livres et de curiosités, le genre d'endroit qu'on croise rarement, avec des objets hétéroclites et des couvertures usées qui racontaient leur propre histoire.

« Viens, on entre, » dit-elle en le tirant doucement à l'intérieur, les yeux brillants de curiosité.

Ils passèrent une heure à feuilleter des livres poussiéreux, à admirer des objets anciens, des cartes postales jaunies, des carnets couverts de notes manuscrites. Camille semblait fascinée par chaque objet, s'arrêtant longuement devant un vieux compas, une montre gousset, ou une mappemonde délavée. Luc, de son côté, la regardait en silence, amusé par sa passion pour les trésors oubliés.

Au moment de partir, Camille remarqua un petit livre relié de cuir, glissé entre deux ouvrages plus imposants. Elle le tira délicatement de l'étagère et l'ouvrit. À l'intérieur, des pages vierges, à l'exception de la première, où une simple phrase était inscrite : "Les débuts ont le pouvoir de façonner ce qui est à venir."

Elle tourna les yeux vers Luc, un sourire rêveur aux lèvres. « Ça te rappelle quelque chose ? »

Luc hocha la tête, amusé. C'était comme si le livre leur faisait un clin d'œil. Sans hésiter, il l'acheta, en disant que ce serait un carnet de souvenirs, pour noter les instants marquants de leur histoire. Camille acquiesça, l'air radieux, et ils quittèrent la boutique, le livre bien en main, comme un symbole de ce qu'ils bâtissaient ensemble.

Les semaines se transformèrent en mois. Le printemps arriva, apportant avec lui la promesse d'une lumière nouvelle, et avec elle, Luc et Camille commencèrent à remplir les pages de leur carnet : des notes, des photos, des dessins, de petits souvenirs glanés ici et là. Chaque page devenait un fragment de leur complicité, une trace indélébile de leur aventure commune.

Un soir de mai, alors qu'ils étaient assis sur le balcon de Camille, entourés de plantes et de guirlandes lumineuses, elle se tourna vers lui, le regard grave.

« Tu sais, Luc... parfois j'ai peur. Peur que tout ça disparaisse, que ce bonheur qu'on a réussi à trouver se dissolve. Comme si c'était trop beau pour durer. »

Il la regarda longuement, touché par sa sincérité. C'était une crainte qu'il partageait, qu'il n'avait jamais osé formuler à haute voix. Ils étaient comme suspendus dans une bulle fragile, où le monde extérieur semblait si loin, presque irréel.

Doucement, il prit sa main et murmura : « Moi aussi, ça m'effraie parfois. Mais... peut-être qu'on n'a pas besoin de savoir où tout ça va nous mener. Peut-être qu'on peut juste continuer à écrire notre histoire, une page à la fois. »

Camille lui sourit, ses yeux brillants d'une émotion contenue. Elle se pencha et l'embrassa tendrement, scellant en silence cette promesse.

Au fil des mois, leur carnet se remplit de souvenirs. Des photos de week-ends spontanés, des billets de concerts, des notes griffonnées dans des moments d'euphorie. Ils laissaient chaque moment trouver sa place dans le carnet, comme si chacun d'eux formait un chapitre unique et précieux de leur relation.

Quand l'été arriva, ils décidèrent de partir en voyage ensemble. Ils choisirent une destination sans plans précis, avec pour seul bagage un sac à dos et leur carnet. Ils parcoururent des villes et des villages, se perdirent dans des ruelles, découvrirent des paysages à couper le souffle. Chaque soir, ils ajoutaient une nouvelle entrée, comme une carte de leur périple à deux.

Un soir, alors qu'ils étaient assis sur une plage déserte, face à un coucher de soleil flamboyant, Luc ouvrit le carnet et, sur une page presque vierge, il écrivit doucement :

"Chaque instant avec toi est un commencement. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais je veux continuer à écrire cette histoire, encore et encore, sans fin."

Camille, en le lisant, se tourna vers lui, les yeux embués de larmes. Elle se blottit contre lui, et ensemble, ils regardèrent le soleil disparaître derrière l'horizon, leur carnet ouvert à leurs pieds, témoin silencieux de leur histoire en devenir.

Ils comprenaient désormais que, peu importe où la vie les mènerait, ce qu'ils avaient bâti ensemble, page après page, resterait toujours. Et même si leur histoire venait un jour à changer, ils savaient qu'ils auraient vécu quelque chose de rare, d'inoubliable — une année, commencée par une rencontre inattendue, qui avait transformé leur vie.

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