Luc resta quelques secondes, les yeux rivés sur la porte par laquelle Camille venait de disparaître, comme s'il espérait qu'elle réapparaisse soudainement. Le silence s'était installé dans l'appartement presque désert, où seuls quelques irréductibles s'accrochaient encore aux derniers vestiges de la fête. Une vague de fatigue s'abattit alors sur lui, et il se laissa tomber sur le canapé où ils avaient passé une bonne partie de la nuit à discuter.

Son esprit vagabondait encore, entre les éclats de rire de la soirée et les sourires complices échangés avec Camille. Il ne savait pas vraiment ce qui l'avait marqué le plus – cette cravate bleue nuit, si étrange, ou ce regard pétillant, débordant de mystère.

Finalement, il décida de se lever et de sortir prendre l'air. Le froid de l'aube le saisit dès qu'il mit un pied dehors. La rue était calme, presque déserte, un contraste saisissant avec l'agitation de la nuit. Il se frotta les mains pour se réchauffer et alluma une autre cigarette, observant les premières lueurs du jour percer l'horizon.

Il savait qu'il aurait probablement dû rentrer chez lui, dormir et mettre un terme à cette soirée improvisée. Pourtant, une part de lui se sentait étrangement réveillée, vivante, comme si quelque chose venait de changer dans son quotidien. Il glissa la main dans sa poche pour y récupérer son téléphone, songeant à envoyer un message à Camille, mais réalisa soudain qu'il n'avait aucun moyen de la joindre. Il n'avait même pas pensé à lui demander son numéro.

« Bordel, » murmura-t-il en jetant un regard vers les étages supérieurs du bâtiment, comme si le simple fait de la chercher du regard suffirait à la faire réapparaître. Mais bien sûr, il n'y avait rien. Juste le silence du matin.

En marchant lentement, Luc se laissa aller à repenser à leur conversation. Elle avait parlé de ses projets pour l'année, de ses voyages, de ses rêves, de ces livres qu'elle voulait lire et de ces films qu'elle n'avait jamais eu le temps de voir. Elle l'avait même fait rire en partageant ses théories farfelues sur la façon dont chaque début d'année influençait subtilement la suite. « La première rencontre, la première décision, la première surprise... Tout ça, ça façonne l'année entière, tu verras ! » avait-elle dit, son regard brillant d'enthousiasme.

Perdu dans ses pensées, Luc continua à marcher jusqu'à ce qu'il atteigne un petit parc situé non loin de l'appartement. Il s'assit sur un banc, profitant du calme. Il se demanda si, quelque part dans cette ville endormie, Camille pensait aussi à lui, à cette drôle de rencontre, à cette nuit marquée par une cravate bleue nuit et une poignée de minutes volées à une nouvelle année.

Alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui, il sentit quelque chose dans la poche de sa veste. Étonné, il fouilla et en ressortit un bout de papier plié en quatre. Intrigué, il déplia lentement le morceau de papier pour découvrir, écrit en petits caractères soignés :

« La première surprise de l'année. À bientôt, Luc. — Camille. »

En dessous, il y avait un numéro de téléphone.

Un sourire étira lentement les lèvres de Luc.