Chapitre 1
Je n'ai pas le temps de reculer qu'un pied s'abat sur mon abdomen. En quelques secondes je me retrouve a terre, le souffle court, je peine à retrouver ma respiration. J'ai l'impression que tous mes organes sont en train de se consumer. Allongée de tout mon long j'observe les nuages glisser dans le ciel bleu de cette fin d'après-midi. Le vent fait danser le feuillage des arbres de la clairière où nous nous entraînons. J'attends quelques secondes que mon souffle revienne, quand enfin je vois une main apparaître au-dessus de mon visage. Je l'empoigne fermement, et laisse la personne à qui elle appartient me remettre sur pied, non sans laisser une grimace de douleur apparaître sur mon visage.
- tu y es allé vraiment fort cette fois! Je lance à bout de souffle.
Shazi me regarde avec son petit sourire victorieux. Je sais qu'elle attend que je me remette de son dernier coup pour commencer à m'attaquer. Quelle vipère!
C'est vraiment une guerrière impitoyable.
- pauvre petite chérie, tu veux peut-être que je fasse un bisou sur ce vilain bobo, Me nargue t-elle en faisant la moue
Je ne m'attarde pas sur la pique qu'elle vient de lancer, je ferme les yeux et prends une grande inspiration, et Hume au passage la douce odeur boisée de la forêt qui nous entoure.
Ma sœur n'a pas l'habitude d'avoir de la pitié pour ceux qu'elle affronte. Elle tient ça de notre mère. Qui, soit dit en passant, n'est pas ma véritable mère, contrairement à Shazi.
Irène était sa meilleure amie. Lorsque cette dernière est morte, Reïka, la redoutable guerrière, m'a prise sous son aile et m'a élevée comme si j'étais sa propre fille.
Elle n'a jamais fait de distinction entre Shazi et moi. Et je lui en serai éternellement reconnaissante. Malgré cela, il est facile de deviner que ma sœur et moi ne partageons aucun lien de sang, ce qui m'a valu quelques moqueries sur ce point et sur bien d'autres encore lorsque j'étais plus jeune.
D'un mouvement, Shazi balaie ses cheveux, noir, tressés, en arrière. Elle se met en position, prête à attaquer, estimant qu'elle m'a laissé assez de temps pour me remettre de son coup, et avec raison, je respire déjà beaucoup mieux même si mon ventre me lance à chaque mouvement. J'essaye de ne rien laisser paraître, ce qui est complètement inutile puisqu'elle va viser le même endroit, surtout maintenant qu'elle sait qu'elle vient de me créer un point faible.
J'ajuste aussi ma posture, j'observe le moindre de ses gestes. De la transpiration perle le long de son cou ébène et les quelques bouts de tissu qui dépasse de son plastron sont en lambeau. Je ne pense pas être dans un meilleur état qu'elle, si ce n'est pire.
Il ne faut pas me leurrer, je sais qu'elle va gagner, mais je me battrai jusqu'au bout.
Nous partageons quelques traits en commun comme notre grandeur qui diffèrent des jeunes filles de notre région et notre assurance au combat qui nous a été transmise par notre mère à force d'entraînement rigoureux. Malgré cela nous sommes en tout point différentes, mais je ne m'en plains pas.
Malheureusement, elle a un gros avantage sur moi qui va faire toute la différence dans ce combat. Elle est une Sidaris, une espèce à part du monde dans lequel nous vivons. Chacun de ces êtres ont une capacité hors du commun.
Ma sœur, elle, a la peau aussi épaisse qu'un séquoia. On ne le voit pas de l'extérieur, mais lorsqu'elle est sur les champs de bataille, ses ennemis doivent s'y reprendre à plusieurs fois pour ne lui laisser qu'une légère entaille sur la peau. Bien sûr il serait possible de la tuer, mais elle sait esquiver les coups comme personne. Elle est née pour servir et défendre la couronne.
- prête, petite soeur? m'encourage-t-elle tandis qu'elle resserre la poigne sur son fauchard.
Je lui souris et dégaine mon deuxième sabre. Je n'ai pas peur du nombre de coups qu'elle me lancera. Moi aussi je suis née Sidaris, même si une fileuse de nuage sur un champ de bataille ne s'est jamais vue.
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