LE GARÇON : Idiot. (se relève et garde la tête baissée. On ne voit pas son visage) Idiot, idiot, idiot ! (Tape du poing sur la porte une fois puis de multiples autres fois) IDIOT ! Tu m'énerve, tu m'énerve, TU M'ÉNERVE !  (tape des deux poings puis s’effondre à genoux. Reste dans cette position pendant un certain temps. Enfin, il se relève, gardant toujours la tête baissée. Il tire une chaise sur le devant de la scène et s’assoit en face du public. S'installe alors un silence qui dure quelques secondes puis le garçon relève la tête, un grand sourire sur le visage) C'est bientôt l'heure. Vous savez, j'ai toujours rêvé de mourir au crépuscule. Disparaître en même temps que les derniers rayons du soleil. Et c'est pas faute d'avoir essayé. (Rigole légèrement) Un jour, j'ai essayé de sauter sous les roues d'un bus. Une femme m'a attrapé par le poignet pour m'en empêcher (Se frotte le poignet à travers le tissus de son pull) Son regard...je ne l'oublierais jamais. Elle paraissait si effrayé. J' ai dégagé mon bras et je suis parti en courant. Je ne l'ai plus jamais revu. Si quelqu'un venait encore à me sauver, je pense que je le détesterai toute ma misérable vie. Vous n'essayerez jamais, n'est pas ? J'ai confiance en vous. Jamais vous ne feriez une si méchante chose. (Se lève et monte sur la chaise) Je vais vous raconter une histoire. Je vous préviens, elle est triste. (Sourit) Enfin, cela dépends du point de vue. C'est l'histoire d'une jeune fille que tout le monde déteste. Les gens à l'école la méprisent. Ses parents la maltraitent. Tout ce qu'elle veut, c'est en finir. Pensez-vous que c'est une mauvais chose de la laisser mourir ? Si vivre la fait souffrir, autant ne pas l'y forcer. Autant la laisser se tuer. Et puis à qui elle manquerait dans ce monde où tout le monde la haie ? À personne. Alors la fille monte sur la chaise, comme je l'ai fait plus tôt, et se pends. Plus personne ne peut la mépriser. Plus personne ne peut la maltraiter. À présent, elle ne souffre plus. (Pause) Il y a des milliers de manière de terminer une histoire. (Redescend de la chaise et regarde dans le vide.) Fichu rythme ternaire. J'aurais bien voulu sauter maintenant. Mais attendons d'abord.

Une autre fille rentre, l'air sombre. Un silence plane.