« Me lâche pas Cole »

Je m'étais figé, la fixant malgré moi en me disant que j'avais du mal entendre. Oui c'est ça... Comme si cette peste pouvait dire un truc aussi mignon... Je voulais qu'elle m'insulte, qu'elle m'envoie chier... Pas qu'elle soit si fragile dans mes bras.

— Cole... Je sais que la demoiselle dans tes bras est une merveille... Mais on doit l'amener à... Murmura Aaron

— On sait même pas ce qu'elle a...

— Un souci vous deux ? Oh putain ! S'éleva une voix

J'eus à peine le temps de comprendre, que le corps de Luz n'était plus dans mes bras mais dans ceux du gorille de l'entrée, et qu'il se précipitait vers les appartements d'Alex. Tout en téléphonant à je ne sais qui.

— Y as eu quoi ?

— Je sais pas. Elle a parlé avec Logan avant qu'il ne parte complètement fou de rage avec Natan. Je crois qu'ils sont partis trouver Alex.

Le gorille expliqua ce que je venais de dire au téléphone, et il ouvrit la porte de l'appartement. Je trouvais ça relativement très étonnant que son vigile connaisse aussi bien l'appartement de son patron. Enfin... Je m'étonnais encore plus de voir une photographie des deux hommes ensembles face à un paysage de bord de mer.

— Eh mais... T'as été à Bora Bora ?

— Ouais pour notre lune de miel.

J'ouvris la bouche avant de la refermer, fronçant les sourcils en regardant Aaron. On n'eut pas le temps de se poser d'autres questions que Alex débarqua comme un fou, blanc comme un mort en découvrant Luz inconsciente.

— Il... Il arrive.

— Qui arrive ?

Alex sursauta en nous découvrant avant de poser son regard sur Luz.

— Le docteur. Pour luz.

— Ok merci Alex...

Le gorille mit une couverture sur Luz avant d'aller se servir un verre, nous proposant un remontant. Mais je reconnais que je ne pouvais m'empêcher de fixer Alex, perplexe.

— Tu es gay ?

— Oui, et marié à ce boulet-là. Pourquoi ?

— Parce que la demoiselle s'est éclipsée un moment avec toi mec... Pardon de douter hein ! Ricana Aaron.

— Bah oui, elle connaît mon frère. On a profité de ma pause pour parler.

— Elle connaît Arno ? S'étonna le gorille.

— Ouais. Donc non, rien d'aussi sexuel que vous l'avez pensé vous deux.

On frappa à la porte et je pus voir les deux blanchir aussi vite, se regardant avant de se décider à aller ouvrir.

— Venez, on va sur le balcon. Je pense que le médecin n'aime pas avoir un public.

Je vis un homme entrer, nous fixant d'un regard bleu glacial avant de se tourner vers Alex.

— Ils sortaient... Monsieur G... Je vous assure.

Eh bien... Je le prendrais pas en médecin traitant celui-là. Il avait clairement plus l'air d'un mafieux que d'un médecin, et surtout, il avait l'air très très énervé. Je soupirais avant de traîner Aaron sur la terrasse avec le Gorille, attendant patiemment qu'on nous dise ce qu'avait Luz. C'est Alex qui vint nous rechercher une bonne demi-heure plus tard. Il parla à l'oreille de son mari, et celui-ci partit aussi vite.

— Je vais abuser mais... Tu crois que quelqu'un pourrait veiller sur elle ce weekend ? Au cas où ? Le médecin lui a fait vomir ce qu'il restait dans son estomac mais on sait pas ce qu'on lui a filé. Il lui a fait une prise de sang.

Je levais ma main avant que Aaron ne prenne la parole, ne lâchant pas du regard Alex.

— Je veillerais sur la chieuse ce weekend. Ça tombe bien j'avais pas encore baby-sitters à mon curriculum vitae.

Un sourire narquois s'étira sur mes lèvres alors que je passais à côté de lui. Penchant la tête en voyant que Luz avait une autre couverture dans les mains. Et qu'elle la serrait contre elle en dormant.

— Aaron. Tu m'aide ? Je vais porter la demoiselle.

— Je peux la porter si tu veux...

— Nan. Cela m'énerverait prodigieusement de me dire que tu en profite pour la toucher alors qu'elle est vulnérable. Donc juste fermes là et ouvre cette putain de porte. Merci Alex, pour Luz.

Alex hocha la tête en souriant d'un air crispé, et je me décidais à embarquer la demoiselle dans la couverture. Cette couverture m'arrangeait bien en réalité, car garder sa concentration sous le contact de sa peau n'était pas la tâche la plus simple pour moi.

— Heu Alex... Et les jumeaux Herrero ils sont où ?

Alex pencha la tête avant de regarder Luz dormant. Il s'approcha de moi, caressant affectueusement les cheveux de Luz

— Eh bien disons juste qu'ils sont très appliqués au principe de sécurité de la demoiselle ?

Alex sourire affectueusement, sérieusement ? Mais c'était qui cette gonzesse au juste bordel ? J'avais de toute façon l'impression que quel que soit mes questions, ce n'est pas eux qui y répondraient. Je me contentais donc de hocher la tête, serrant ma prise sur la demoiselle avant de soupirer.

— Tu leurs diras que la demoiselle est chez moi. Je trouverais bien une excuse pour la faire rester. Même si je n'ai absolument aucune idée qui me vient là...

Ouais... Pas comme si on ne savait pas tenir une conversation sans s'insulter... Et qu'on ne savait absolument rien l'un de l'autre...

Quelques minutes plus tard, j'étais dans la voiture avec Aaron, le laissant conduire alors que je gardais la demoiselle sur moi. Sans même comprendre pourquoi je ne l'avais pas juste mis à l'arrière.

— Une vraie chieuse...

— Une magnifique chieuse quand même non ?

Je détaillais son visage, complètement différent de ce qu'elle offrait en étant éveillée. Je ne savais pas lequel l'avait démaquillé mais elle ne portait plus aucune trace de maquillage, et ses joues rosies contrastaient à merveille avec son teint. Je passais mes doigts dans ses cheveux, découvrant ses boucles alors qu'elle n'arborait qu'un chignon depuis qu'on se connaissait au boulot.

Sa tête glissa en arrière, et je me mordis la lèvre en soupirant.

— Ouais, faut reconnaître ça... C'est vraiment une nana aussi belle que pénible. Soufflais-je. Mais quand même... C'est la première fois non ?

— De ? Me questionna Aaron impassible.

— Que Logan appelle une fille princesse. Depuis que je le connais, je l'aurais pas pensé du genre à appeler une fille ainsi...

— Nat gonfle son frère avec elle depuis un moment. C'est pas comme si Nat n'était pas légèrement pénible avec elle depuis le départ. Et vu le caractère de la demoiselle apparemment... Ça ne m'étonne même pas que Logan ait accroché avec elle. Logan a un faible très connu pour les animaux sauvages. Et voici un très beau spécimen non ?

Aaron ricana, profitant d'un feu rouge pour se tourner vers moi, observant ma position alors qu'un grand sourire s'étirait sur ses lèvres.

— Et bien sûr il n'y a que les jumeaux qui ont faible pour elle n'est-ce-pas ? Se moqua-t-il

— Bah ouais, qu'est-ce que tu vas imaginer comme merde !

Il arqua un sourcil, ricanant doucement avant de se remettre en route.

— Je constate plus que je n'imagine. Genre en quinze ans qu'on se connaît... Tu n'avais jamais osé me frapper Cole.

Je me renfrognais, haussant les épaules et regardant délibérément de l'autre côté. Si cela n'avait pas été ma claque... C'était le poing de Nat qu'il allait rencontrer alors bon... Je n'ai fait ça que pour lui éviter le poing de Nat, je ne vois pas le problème.

Rapidement on arriva chez moi, et Aaron m'ouvrit ma porte. Je soupirais en montant à l'étage, grognant avant de me diriger vers ma chambre, déposant la demoiselle sur mon lit.

J'étais encore penché sur elle, à enlever mes bras qu'elle entourait ses bras autour de mon cou en soupirant. J'écarquillais les yeux, ma respiration se coupant alors qu'elle frottait son visage dans mon cou. Je restais figé, comme un con., n'osant faire un geste. Elle allait forcément se réveiller non ?

— Luz... J'aimerais... Que tu me lâche...

Ma main passa dans son dos, et je sentis son corps se raidir sous ce contact. Comme une alarme silencieuse, elle sursauta et se recula en me dévisageant. Semblant prendre le temps de se rappeler avant de m'insulter de quoi que ce soit. J'en profitais pour me redresser, et elle observa la couverture en fronçant les sourcils.

— On en parle demain ? Repose-toi.

— Je suis où ?

— Chez moi.

— Je vais rentrer plutôt...

Je secouais la tête en posant ma main sur son épaule.

— Non. Repose toi. Je te laisse la chambre t'inquiète.

Je me dirigeais vers la sortie de ma chambre, la voyant bailler avant de se redresser. Ôtant sa robe et ses bas avant de se rallonger sous mon regard abasourdi. Je crois que j'étais censé ne pas avoir regardé ça n'est-ce-pas ?

Je clignais des yeux avant de refermer la porte, descendant pour rejoindre Aaron dans la cuisine, prenant une bière avant d'en prendre une grande gorgée. Aaron me regarda perplexe, et je devinais que je devais faire une sacrée tête.

— Elle s'est réveillée. Elle va bien. Elle s'est sûrement rendormie.

— Et le souci là dedans ?

— Elle s'est déshabillée sans attendre que je sois sorti...

Je grognais d'inconfort, et Aaron appuya son menton sur son poing en me fixant.

— Du coup est-ce qu'elle....

La sonnerie de ma porte interrompit sa phrase et je me précipitais pour ouvrir. Natan se trouvait avec son frère, et je les dévisageais avant de soupirer. Je les laissais entrer, répondant à leurs questions silencieuses.

— Elle dort. Dans ma chambre. Elle va bien. Non vous n'irez pas.

Ils firent la moue, mais se laissèrent entraîner dans la cuisine. Aaron leurs fila des bières alors que je me contentais de les observer, appuyé contre le mur. Autant la présence de Natan chez moi, cela n'avait rien d'exceptionnel... Mais Logan... Oh cela c'était une première.

Aaron avait raison sur un point : Logan semblait avoir un regard particulier sur Luz. S'il n'avait voulu d'elle que pour une partie de baise, il ne serait pas là. Et surtout, il ne l'aurait pas suivi du regard alors qu'il parlait avec Natan ou nous au Lounge.

Logan se leva, venant se mettre à côté de moi, de dos aux autres.

— Je veux la voir avant de partir Cole. Je veux constater qu'elle va bien.

— Tu...

Je refermais la bouche en grognant, lui faisant signe de me suivre. Je l'entraînais à l'étage, lui ouvrant la porte de ma chambre. Un sourire s'étira sur ses lèvres alors qu'il s'approchait d'elle, la recouvrant de sa couverture. Il lui caressa le visage d'une façon étonnement très délicate vu le personnage, et je ne pus empêcher mes sourcils de se froncer face à mon incompréhension.

— Princesse...

Elle grogna avant d'ouvrir les yeux, un fin sourire s'étirant sur ses lèvres.

— T'as garé le cheval blanc en double file ?

— Ouais... Le souci est réglé princesse. Je vais filer... Tu sais comment me joindre... En plus... Tu me dois une chemise...

Elle lui sourit, hochant doucement la tête. Il l'embrassa sur le front, lui murmurant quelque chose à l'oreille.

— Garde la...

Il hocha la tête à son tour. Se levant sans la lâcher du regard.

— Bonne nuit princesse.

Il sortit de la chambre aussi vite, et je le raccompagnais à la porte. L'observant en silence. Je refermais la porte derrière moi, restant dans la rue avec lui.

— Que veux tu à Luz, Logan ?

Il pencha la tête en me dévisageant, enfonçant ses mains dans ses poches. Il en ressorti une lame, jouant avec du bout des doigts, la fixant en souriant.

— Je sais pas encore. Je l'aime bien, et si mon frère n'est pas capable de voir à côté de quoi il passe... Je suis moins con que lui. Même si j'ai bien l'impression que la seule chose avec laquelle elle soit en couple, c'est la liberté. Mais bon, on verra. Peut-être que je peux la faire changer d'avis !

— Vous avez...

Son sourire s'élargit et il se mordit la lèvre aussi vite en hochant la tête.

— Un dragon... Ouais... Ça colle bien à son tempérament...

— C'est quoi le rapport ? Grognais-je

Il ricana avant de ranger la lame. Me regardant en se redressant.

— Tu finiras par comprendre Cole... Je n'en doute pas.

— Comprendre quoi ?

— Tu verras bien !

Il partit aussi vite, et je le regardais partir en me grattant le menton. Qu'est-ce que j'allais finir par comprendre encore ?

Je soufflais avant de rentrer chez moi, regardant vers le salon où Aaron discutait avec Natan. Je me décidais à les rejoindre, ayant besoin de me changer les idées pour y voir plus clair.

Quelques bières et surtout heures plus tard, je me frottais le visage, me disant qu'une bonne douche me ferait du bien. Je me retrouvais ainsi à l'étage, embarquant un boxer avant d'aller me doucher. Ce ne fut que quand j'eus fini, le boxer sur les fesses, que je me rappelais que j'avais une squatteuse. Je haussais les épaules avant de me diriger en silence vers ma chambre. Si la demoiselle dormait, pas de raison qu'elle ne voit ma tenue. Je ne risquais rien donc.

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Correction Septembre 2020