42.


J'étais passée voir Cole le dimanche, m'excusant de ne pas avoir lu son message plus tôt. Le félicitant et fêtant avec eux le contrat signé pour leur groupe.

Pendant la semaine qui suivit, on se concentra sur le dossier avec Natan, avançant grandement dessus. Et j'avais beau me focaliser sur le boulot, je ne pouvais que noter que Cole se faisait plus distant. Je le laissais prendre donc ses distances, ne cherchant pas à comprendre. Me disant bien qu'il finirait par expliquer le problème.

Le weekend qui arriva, je reçu la visite de Logan. Finissant par passer le weekend avec lui. Alternant entre conversations et parties de sexes. Ne le laissant repartir que le dimanche soir. Le lundi suivant, je notais bien l'absence de message de ce cher Cole. Tentant de passer à son bureau mais ne l'y croisant pas. Je me décidais donc à passer chez lui en sortant du boulot. Bien décidée à comprendre le problème.



Voilà donc comment j'en arrivais à sonner chez lui. À dix-huit heures. Me faisant ouvrir la porte par quelqu'un qui n'était absolument pas ce cher Cole. Loin de là. Ou bien Cole REED avait changé de sexe et d'apparence.

— Bonsoir, pardon de déranger je cherchais Cole. Je suis une collègue de boulot.

— Oh il va pas tarder, entrez donc.

La demoiselle me fit entrer, me proposant un café. Me laissant l'observer juste vêtu du t-shirt de ce cher rockeur. Elle sembla comprendre la question silencieuse alors qu'elle déposait une tasse de café devant moi. Prenant place dans le fauteuil face à moi.

— Pardon je suis impolie. Je suis Nao, la fiancée de Cole. Je reviens juste de voyage.

Fiancée de Cole. Revenant de voyage. Je gardais le visage impassible, lui souriant poliment.

— Oh fiancé ? Depuis combien de temps ? Cole est assez secret sur lui au boulot vous savez.

— Eh bien nous sommes ensemble depuis... Oh quatre ans maintenant. Fiancé depuis trois ans, mais je suis partie en mission longue pour le travail. Cela a pris plus de temps que prévu... Du coup je rentre à peine et je dois organiser le mariage... Je suis débordée... En plus Aaron fait le mort au téléphone. Vous ne pourriez pas m'aider ?

Je ne peux empêcher mon sourcil de s'arquer face à la connerie de cette femme.

— Vous aider pour ?

— Mon mariage.

— Je ne crois pas non. Je déteste le principe.

— Pourq...



Le bruit d'une porte qui claque se fit entendre, et je n'eus pas besoin de décodeur pour savoir qui venait d'entrer.

— Chaton c'est...

Je pouvais voir les couleurs partir de son visage. Je pouvais voir toutes ses émotions le traverser. Si j'avais douté un instant, il venait de tout me confirmer en une seconde. Je me levais, remerciant poliment la fille pour sa tasse.

— Vous ne vouliez pas le voir ?

— Pas besoin, j'ai eu mes réponses. Félicitations pour votre mariage. Bonne soirée.

J'embarquais mon sac et mon casque. L'ignorant en passant à côté de lui. Montant sur ma moto. Le voyant débouler en courant. Posant sa main sur mes clés.

— Luz écoute je...

— C'est vrai n'est ce pas ? Tu vas te marier. Tu es fiancé. Putain de fiancé depuis trois ans. Putain de casé depuis quatre ans.

— Je... Oui.

Je hochais lentement la tête, tentant de garder le contrôle, sentant la haine m'inonder. Sentant l'envie de le tuer prendre le pas peu à peu sur ma raison.

— Tu comptais m'avouer la vérité un jour ?

— J'avais pas prévu ok ? Pas prévu de tomb...

Mon poing partit aussi vite, le frappant avec force. Le faisant reculer de stupeur alors que je sautais de la moto pour me planter devant lui, laissant une rage froide s'emparer de moi.

— Je t'interdis de continuer de mentir. Je t'interdis de continuer de dire des mots que tu ne comprends pas. Je t'interdis de me dire de la merde. Tu aurais dû me dire la vérité. Tu aurais dû. Jamais je ne t'aurais approché. Jamais. Tu es la pire merde de l'univers Cole Reed.

— Putain mais...

— Fermes là. Je m'en fous de tes mots. Je m'en fous de tes excuses. Je m'en fous. Si je n'étais pas venu tu aurais continué n'est-ce pas ? Tu m'aurais mentis sans l'once d'un putain de remord ! Putain et moi qui croyais être la pire de nous tous. Félicitation, tu as la palme du connard !

— Mais tu sais rien ! Tu ne comprends rien ! T'étais pas prévu ! Tu crois que j'ai voulu toute cette merde ? Tu crois que ça m'amuse ? Hurla-t-il. Putain mais ce serait tellement simple si tout ça n'avait jamais eu lieu ! Mais tu t'en branle toi, tu débarque dans nos vies, tu fous le bordel et après tu demandes des explications ? Mais putain si tu pouvais juste disparaître comme t'es apparue, ça me ferait des putains de vacances ! Je...

Je me reculais d'un pas, ne quittant pas mon visage impassible avant de remonter sur ma moto. La démarrant avant de prendre mon casque dans mes mains.

— Faisons cela Reed oui. Faisons donc comme si je n'étais jamais venu ici. J'avais raison. J'aurais dû garder mes plans de départ. Dis à tes potes que c'était qu'une illusion.



Je démarrais aussi vite, m'engouffrant à toute vitesse dans la circulation. Arrivant sans ralentir dans ma rue. Je me garais devant mon entrée, montant quatre à quatre les marches. Attrapant Max pour le mettre dans sa caisse de transport. Allant le poser sur le lit. Je me dirigeais vers mon coffre afin de le déverrouillant, prenant mon téléphone. L'allumant. L'appelant.


— Ma déesse ?

— Sonne le rappel. Je rentre à la maison. Luz est morte.


Je raccrochais aussi vite. Prenant un tas de feuilles afin d'y noter les numéros du téléphone de Luz. Je l'éteignis avant d'en sortir la puce, la brisant en deux. J'entendis quelqu'un entrer alors que j'écrivais deux lettres. Une de démissions. Une pour les jumeaux. Je me redressais en revêtant mes armes à mes cuisses. M'attachant les cheveux avant de me tourner vers lui.

— Tu peux encore rester. Annonçais-je d'une voix neutre

— Non Patronne. Ça fait déjà un moment que je ne suis plus à ce gang mais à votre clan.

Je posais mon regard sur mon sac qu'il tenait. Et il me tendit un papier que je dépliais afin d'y lire l'adresse avant de le brûler. Je pliais les lettres, les mettant dans deux enveloppes en écrivant ses destinataires. Je revins vers lui, lui tendant l'une des enveloppes.

— Fais la déposer chez eux quand je te le dirais. On t'attendra pour partir. Je te laisse la nuit pour dire au revoir.

J'enfilais mon sac, l'embrassant sur la joue.

— Et tout ça ? Questionna t-il

— Tout ça va disparaître dans la nuit.

Je mis mon casque, rangeant mon portable dans mon blouson. Je redescendis pour monter sur ma moto. Démarrant en trombe avant de me fondre dans la population New Yorkaise. Enchaînant les détours et les raccourcis. Finissant par arriver à destination. Je me garais dans un parking, descendant de ma moto en jetant mon casque au loin. Me laissant glisser sur le sol, retenant cette douleur lancinante.

— Manou... Putain...

J'entendis courir avant de sentir une étreinte. L'agrippant en laissant éclater les sanglots et je le laissais me porter contre lui. Il s'assit je ne sais où, me caressant le dos en m'embrassant le crâne. Tentant de me réconforter.

— Je veux partir. Disparaitre de ce monde rempli de menteur et de traitre... Je ne veux plus jamais revenir. Je veux rentrer... Juste rentrer... Oublier tout ça... Je veux juste rentrer à la maison. S'il te plaît...

Il me serra contre lui, Luc venant m'embrasser et me serrer contre lui. Mes deux frères venant me faire un cocon protecteur alors que je laissais les larmes inonder mon visage. Il était encore possible de me briser le cœur apparemment. Cole Reed venait de me le faire découvrir de la pire des façons. Et si je ne disparaissais pas, je ne doutais pas que je mettrais New York à feu et à sang.



Je ne sais quand le sommeil l'emporta. Mais je me réveillais toujours entourée par les deux. Mes armes posées sur la table de nuit. La réalité me rattrapa comme le pire des boomerangs : Cole m'avait mentit depuis le départ. Il allait se marier. Il n'avait fait que jouer depuis le départ.

Je sentis les sanglots revenir, faisant se réveiller Luc qui fronça les sourcils en m'attirant contre lui. Me serrant en me murmurant des mots d'amour.

— On va rentrer Naé... On rentre...

Je le sentis regarder son portable et il m'embrassa de nouveau.

— Hakane a déjà fait tous disparaître pour sa part. Nos hommes ont tous nettoyé dans le loft. Dès cinq heures il ne restait plus aucune trace de toi nulle part. Murmura t-il.

— Je dois passer voir Caleb Angley. Je ne peux disparaître ainsi pour lui. Nous aurons besoin de lui à l'avenir. Il est quelle heure ?

— Neuf heures.

— Dans combien de temps pourrons nous partir ?

— Dans deux heures tout est prêt Manou. Grommela Jo


Je profitais encore de leurs étreintes avant de me lever. Allant me doucher et ressortant habillée. Venant prendre place à la table pour prendre un café. Laissant Jo me garder contre lui.

— Je viens avec toi Manou...

— Tu le tuera pas. On se contente de disparaître comme on est apparu.

— Et les deux autres ? Questionna Luc

— Je leurs ai laissé un code. Ils le découvriront quand il sera l'heure.



Je regardais l'heure, soupirant doucement. Buvant mon café malgré mon estomac noué. Je pris ma tenue de moto avant de l'enfiler. Mettant le casque avant de me diriger vers le parking. John ne me laissa pas le choix qu'il montait derrière moi. Ce frère adoptif depuis mon entrée dans le clan avait dû subir la distance lui aussi. Alors je n'avais la force de le repousser. Parce que sa présence m'empêchait de m'écrouler.

Le fait qu'il me serrait la taille alors que je conduisais m'empêchait de faire des conneries, me servait d'ancrage dans la réalité. Et je me garais devant Angley Corp, entrant dans le hall sans regarder autour de moi. Montant dans l'ascenseur avec lui. Appuyant sur le dernier étage. J'enlevais mon casque dans l'immense couloir. Me stoppant devant la secrétaire.

— Je voudrais voir Monsieur Angley.

— Qui le demande ?

— Luz Atzalé.



Elle me lança un regard hautain avant de lancer son appel, grimaçant en me faisant signe d'y aller. Je m'avançais dans le couloir, faisant signe à Jo de m'attendre là. Lui tendant mon casque avant d'entrer, l'enveloppe dans les mains. Je refermais la porte et posais mon regard sur lui. Il finit de signer un document avant de lever le regard vers moi. Se redressant en fronçant les sourcils.

— Mademoiselle... Un souci ?

Je m'avançais vers lui, gardant le silence. Posant l'enveloppe face à lui avant de me reculer d'un pas. Il défie l'enveloppe, dépliant la feuille en écarquillant les yeux. Sautant de son siège et se précipitant sur moi.

— Si c'est parce que...

Je posais doucement mes doigts sur ses lèvres en secouant la tête.

— Je ne suis pas de ce monde-là. Luz Atzalé n'a même jamais existé. Elle n'est apparue que pour me permettre de mieux vous connaître. Ce n'est pas de l'espionnage industriel, pas dans un but douteux. J'étais juste vraiment curieuse de vous connaître. Parce que certains de vos projets humanitaires me touchent. Mais je ne voulais pas mêler mon nom sans savoir à qui j'avais affaire. Je suis désolé Caleb.

— Restez... Je vous en prie...

— Je ne suis déjà plus ici. J'ai déjà disparu comme je suis apparue. Il ne reste rien de moi en ce monde. Je suis un fantôme. Mais j'ai adoré travailler chez vous, c'était amusant Caleb.

— Je viens à peine de... Qui es-tu alors ?

— Je suis désolé, je n'ai pas eu le temps de finir ce dossier finalement... Tu ferais mieux de le prendre directement... Le marché est trop gros pour le laisser à Baker... Je dois partir Caleb. Je suis juste venu te dire au revoir en personne.

— Au revoir pas adieu ?

Je glissais mes doigts sur sa joue, haussant les épaules alors qu'une larme roulait sur ma joue.

— Seul l'avenir nous dira cela... Prenez soin de vous Monsieur Angley. Luz vous dit adieu. Moi je vous dis au revoir, peut-être.

Je posais mes lèvres doucement contre les siennes avant de me reculer. Sortant de son bureau et attrapant mon casque au vol. Le mettant avant de partir en courant vers l'ascenseur avec Jo. Arrivant bien vite au rez-de-chaussée, dévalant l'entrée du bâtiment.



Je rencontrais le regard de Jarod de plein fouet, le portable sonnant dans la main. Je m'avançais calmement vers lui, enlevant mon casque avant de poser ma main sur son téléphone.

— Que se passe t-il ?

— Il va te demander de me retenir... Sans comprendre que je suis déjà partie.

— Qui es-tu au juste... Luz ?

Je souris, observant le bâtiment en m'allumant une cigarette.

— Luz est morte cette nuit Jarod. Tu me connais déjà, tu l'as déjà compris non ?

Je me glissais à son oreille, tenant sa nuque entre mes doigts en lui soufflant la réponse.

— Je suis la Femme au Dragon.


Je défis ma prise, jetant ma cigarette et enfilant mon casque en montant sur la moto. Jo venant prendre place aussi vite. Jarod m'observa avec le portable dans les mains, clignant des yeux. Je relevais ma visière, démarrant la moto.

— Si la laisse te démange et que le collier te dérange. Tu n'as qu'à me trouver sinon Adieu.

Je vais pour démarrer, voyant une voiture de course arriver à pleine vitesse et je ne pus retenir mon sourire en devinant de qui il s'agissait. Je me contentais de saisir mon portable, envoyant le message prévu avant de le ranger. Je vis Logan descendre comme un fou, me hurlant après alors que je démarrais, les larmes dévalant alors que je prenais de la vitesse, me contentant de leurs faire un signe d'au revoir.



J'enchainais les raccourcis et les détours pour perdre quiconque voudrait nous suivre, finissant par arriver à l'aéroport. Ne ralentissant pas sur la piste, me dirigeant vers les pistes privées, me stoppant finalement en apercevant le jet. Je descendis de la moto en clignant des yeux, enlevant mon casque avant de le laisser tomber à terre. Portant les mains à ma bouche alors que les larmes coulaient encore.

Ils étaient là. Ils étaient tous là. Mes hommes les plus proches étaient présents. Droit, m'observant avant de s'avancer.

— Ritchi... Arno... Noz... Suri... Ali... Hakane.. Peter...

Je me laissais envelopper dans leurs étreintes. Laissant leurs chaleurs venir réconforter mon cœur. Restant dans les bras de Peter alors que le bruit d'une voiture se faisait entendre. Je tournais le regard, les voyant descendre alors que je souriais.

— Je vous amène un gosse Patronne. Ricana Santana.

J'ouvris les bras, accueillant celui-ci dans mes bras. L'embrassant sur la joue. Le laissant déployer nos hommes. J'observais ceux-ci se déployer quelques mètres plus loin alors qu'au loin des véhicules arrivaient à pleine vitesse.

— Tu es sûr de toi ? Le questionnais je une dernière fois

— Oui patronne.

— Alors bienvenue dans la famille, Nino.

Mes frères montèrent dans le jet, Peter ne me lâchant pas alors que les autres montaient. Je les entendis au loin hurler après moi. J'entendis leurs douleurs me transperçant. Pourtant je montais avec mon clan. Disparaissant de cette vie. Reprenant le cours de ma vraie vie. L'interlude Luz Atzalé était terminé. J'avais suffisamment perdu de temps ici.


Désolé mes amours. J'ai tenu promesse. Viendrez-vous me trouver tout de même ?



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Correction Septembre 2020

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