35.


Je me réveillais quelques heures plus tard, me frottant le visage avant de le tourner sur le côté. Je rencontrais aussi vite le regard d'Hakane, et il tendit doucement les doigts pour enlever les mèches devant mon visage, continuant de m'observer.

— Je suis désolé. Murmura-t-il. Ça m'a rendu fou de rage quand j'ai vu ce mec agir comme ça. Même mes hommes, la réaction a été instinctive. Faut les comprendre aussi, tu es leurs Patronnes et un mec se permet d'agir comme ça devant eux. C'est...

Je levais ma main pour la poser sur ses lèvres, lui souriant avant de me glisser dans ses bras. Soupirant d'aise alors qu'il refermait son étreinte.

— Je déteste ces mecs. Je les déteste et je les méprise. Ils sont là, à uriner partout pour marquer leur territoire comme si tu étais à eux. Tu n'es pas à eux. Tu es au clan. Tu es à nous. Pas à cette bande d'amateur incapable d'assurer ta sécurité. Ils ne savent rien, ils te connaissent pas et ils font comme si t'étais un terrain conquis. Putain ça me donne envie de faire venir Ali et Ritchi je te jure. De les laisser leur montrer comment on torture et on fait disparaître des corps quand on est des dragons. De leurs montrer ce que c'est vraiment un homme t'appartenant... Putain de Cro-Magnon de mes deux... Marmonna-t-il.

— Tu es jaloux. Ricanais-je

— Jo est fou de jalousie ouais. Peter est fou de jalousie. Et ils sont vraiment, vraiment insupportable. T'imagines même pas ce que j'ai pris dans les oreilles quand ils ont appris...

— Désolé. Mais c'est certain que maintenant, je ne vais pas pouvoir trop traîner sur New York.

Il soupira, me caressant le dos doucement.

— Je suis sincèrement désolé Naëlle... J'ai pas réfléchis.

— Je peux pas t'engueuler de faire ce que tu as toujours fait. Nous sommes amis depuis trop longtemps pour que je t'en veuille de me protéger. Ne t'en fait pas. Je verrais bien ce qu'il va se passer. Au pire, le souci de ma disparition sera réglée pour Logan Herrero. C'est déjà ça.



Je ne pus rater sa grimace alors qu'il se relevait, secouant doucement la tête avant de sortir de la pièce, revenant ensuite avec un café. Je repartis peu de temps après, me faisant déposer devant les bureaux de Angley Corp. Je remontais à mon bureau, reprenant place en faisant semblant de rien. Sentant le regard perplexe de Natan.

— Ouvre la bouche et je t'écartèle vivant. Tu remercieras ton double. Et passe le message à ton pote que je veux pas le voir se pointer non plus.

Je me remis au travail, ignorant les gens en me plongeant dans mon dossier. Quelques heures plus tard, on me tapa sur l'épaule, et je levais les yeux de mon dossier avant de les reposer dessus.

— Je vous présentes mes excuses pour ce midi Monsieur. Cela ne se reproduira plus.

— Vous allez mieux ?

— Le manque de sommeil ne me réussit pas on dirait.

Il ricana doucement en s'asseyant sur la tranche de mon bureau, regardant l'heure avant de me regarder en coin.

— Vingt deux heures... Je vous offre un verre ?

Je soufflais en me mettant au fond de mon siège, le regardant en coin alors que je gardais la tête en arrière.

— Pourquoi vouloir retenter une connerie pareille ?

— Parce que je me suis bien amusé moi. Pas vous ? Enfin avant qu'un Herrero ne vienne gâcher le repas.

Je levais les yeux au ciel en grognant.

— Juste un verre, on ne baisera pas.

— Très bien. Un verre alors.

— Et on prend ma moto. Vous êtes déjà monté sur une moto Monsieur ?



Il secoua la tête et je me redressais, faisant le tour des bureaux avant de me pencher et de choper le casque de secours de Natan. Le lançant au big boss avant d'aller éteindre mon ordinateur. Embarquant mes affaires et le regardant en coin. Je me dirigeais vers l'ascenseur avec lui, l'amenant jusqu'à ma moto, prenant le temps de lui expliquer les règles de sécurité et le laissant prévenir Jarod. Et très vite derrière, on sortait de l'immeuble, se baladant dans New York avant d'en sortir, roulant un peu avant d'atterrir devant un bar près d'Island Beach.

On entra dans le bar, commandant un verre en s'installant dans un coin reculé. Je l'observais défaire sa cravate pour la ranger dans sa poche, passant une main dans ses cheveux pour les rendre moins « propres ». Me détaillant d'un regard brillant.

— Parlez moi de..

Je secouais la tête, un sourire moqueur fleurissant sur les lèvres.

— Je ne jouerais pas ce jeu avec vous.

— Pourquoi pas ?


Je m'appuyais sur mon poing, ignorant la serveuse venant nous apporter nos commandes. Elle repartit quand elle comprit que le beau gosse ne la regarderait pas. J'aimais bien ce type, je devais le reconnaître. J'aimais bien son personnage et sa personnalité réelle. Il était attachant quand on savait qui il était en réalité.

— À quoi pensez-vous ?

— Qu'il est dommage de cacher qui vous êtes. Dommage de cacher votre côté généreux, et vos actes pour l'humanitaire. De juste vous faire passer pour un loup aux dents longues enfileur de potiches à ses heures perdues.

Il écarquilla les yeux alors que je ne bougeais pas d'un poil, continuant de le scruter avec sérieux.

— Dommage de laisser vos ennemis vous faire peur. Vous êtes trop blanc pour les ruiner alors que vous le pourriez. Vous vous dites, à tort, que la roue tournera d'elle-même. Pourtant ce n'est pas pour rien que vous avez Reed chez vous. Vous devriez l'utiliser à sa juste place. Il en a les capacités.

— Co...Comment savez vous tout ça ?

— Il n'est pas dur d'apprendre les choses vous savez. Il suffit juste de savoir chercher. Comme je sais que mon dossier est dans votre bureau parce que vous avez appris que j'avais essayé de le reprendre.

Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres et il haussa les épaules.

— Vous énervez souvent la responsable des ressources humaines.

— Qui écarte plus les cuisses qu'elle ne bosse. Ce cas... J'admire votre patience Caleb Angley... Je ne l'ai pas.

— Je pense que c'est un énorme mensonge cela.

— Pourquoi pensez vous cela ?

— Parce que vous n'êtes pas arrivée dans mon entreprise par hasard. J'ignore juste le pourquoi. D'où ma surveillance vous concernant. J'ai pu compter que vous parliez... Au moins six langues.

Je penchais la tête en arquant un sourcil.

— Vous avez quand même remarqué que certains dossiers atterrissaient sur votre bureau non traduit ?

Je haussais les épaules en faisant une moue. Non je ne m'étais jamais formalisée de ce détail, j'avais trop l'habitude de ce genre de chose pour croire que ce n'était pas normal.

— La langue d'origine nous permet de nous rendre compte de la subtilité des demandes du client. C'est une méthode plus sûre à mes yeux. Ce n'est pas le cas pour beaucoup de personnes ?

Il secoua la tête avant de se mettre à rire, me regardant avec un sourire.

— Surdouée ?

— J'ai une intelligence confortable on va dire. Mais ce n'est pas toujours facile. Vous devez savoir ce que c'est non... Réfléchir à plein de choses en même temps, les anticiper, chercher la solution... Ce besoin d'apprendre encore et encore. Je suis une boulimique du savoir. J'aime comprendre les choses. Et je déteste ce que je ne comprends pas.

— Il y a des choses que vous ne comprenez pas alors ?

— Ouais... Les hommes. La bêtise humaine. L'humanité. L'univers... L'amour. Les sentiments et ce que les gens sont prêts à faire pour eux. Le principe du Dieu... Ce besoin de l'humanité de croire en quelque chose de supérieur. Ce besoin de se reposer sur une force invisible sans chercher les armes pour combattre soi-même. Certains se reposent sur des prières faites au vent quand leur vie est désastreuse... Laissant l'univers écouter leurs pleurs. Et si on ne se décide pas à les aider... Ce n'est pas ce truc invisible qui le fera.

Il avait repris son air sérieux, m'observant avec attention.

— Pourquoi ne pas croire même si on ne peut pas prouver son existence ?

— Pourquoi croire en quelque chose qui permet de telles atrocités dans ce monde ? Pourquoi avoir besoin de se reposer sur des mots envoyés à l'univers quand tout ne dépend que de nous ? Est-ce que ce sera votre dieu qui arrêtera les guerres ? Serait-ce lui qui aidera les gens dans la misère ? Serait-ce lui qui aidera cette fille se faisant violer ? Il n'est rien. Une idée. Une illusion. Un réconfort.

— Que pensez-vous des croyants alors ?

— Je le respecte. Ne le comprends pas mais le respecte. Ce n'est pas parce que je ne comprends pas les choses que je dois les juger. Il y a assez de choses en ce monde à faire pour se pencher sur le bien fondée d'une religion et de ses croyants. Je me fous d'eux.

— Qu'est-ce qui vous passionne alors ?

La mort. La vie. Le sang. Mon clan. Le monde.

— Tellement de choses. Regardez par exemple, cette femme-là au bar. Une femme lambda, la trentaine, pas d'alliance, le regard hagard devant son comptoir. Faisant ce boulot pour payer sa dette, en se disant qu'un jour elle aura mieux. Qu'un jour, elle arrivera à s'en sortir, n'est-ce pas ? Elle recherche sûrement le prince charmant. Celui qui l'emmènera loin de cette vie.


Je m'allumais une cigarette en m'appuyant au fond du dossier. Continuant d'observer cette « inconnue ».

— Elle n'a pas les moyens de s'entretenir comme les petites bourgeoises, mais elle se fait belle quand même. Elle a le regard d'une femme qui galère dans la vie, offrant des faux sourires aux lourdingues du comptoir. Laissant la tristesse transpirer pourtant car elle sait qu'on ne la regarde pas vraiment. Elle espère beaucoup de sa vie mais n'y croit plus. Maintenant observez.

Je me lèvais, marchant jusqu'au comptoir. L'appelant avant de lui griffonner quelque chose sur un papier. Discutant quelques secondes avec elle avant de repartir m'asseoir.

— Que lui avez vous dit ?

— Vous le voyez là ? Vous voyez l'espoir dans ce regard ? Cette façon de tenir le papier comme quelque chose de si précieux même si sa raison lui hurle que c'est de la merde. Regardez mieux Monsieur Angley.



Je me levais de nouveau, la prenant à part, la faisant appeler le numéro avant de prendre le téléphone. Discutant à peine cinq secondes avant de lui passer le téléphone et de rejoindre le PDG. Il observa la scène, avec beaucoup d'attention. La regardant comme une expérience étrange.

— Voilà. C'est ça. Une des choses me passionnant dans ce monde. Faire refleurir les âmes fanées. Vous la voyez ? Vous voyez cette lueur embrasant tout son être. Un seul coup de pouce, et sa vie vient de changer comme ça. Un claquement de doigt.

— Qui est ce ?

— Quelle importance ?

Il me fixa avec sérieux alors que je fumais ma cigarette. Entendant les talons claquer avant qu'un éclat de voix ne se fasse entendre. Relevant le regard avec un sourire sur les lèvres. L'observant câliner sa sœur.

— On va se balader ?

— Vous ne buvez pas votre verre ?

— C'est pas conseillé pour les femmes de boire son verre ici. Allons nous promener.



On sortit du bar, remontant sur la moto avant d'aller nous garer plus loin. Allant nous asseoir sur le sable.

— Qui était ce ?

— Hm ?

Je ricanais devant son entêtement, haussant les épaules avant de ramener un de mes genoux sous mon menton. Mon regard se perdant au loin.

— La sœur d'un ami qui a eu des soucis. Et cet ami a beau avoir cherché... Il n'arrivait pas à la trouver. Alors le hasard m'a amené à l'aider. Il n'y a pas beaucoup de bar aussi malfamé en dehors de la grosse pomme. Ce n'était pas dur de prendre le plus con de tous et de le trouver.

— Elle était...

— Retenue de force ? Oui. Depuis peu, encore heureux.

Un bruit d'explosion se fit entendre, faisant sursauter le PDG et j'arquais un sourcil avant de m'allumer une nouvelle cigarette. La fumant en l'observant.

— Vous êtes une énigme Mademoiselle. Une sacrée énigme... Vous fréquentez réellement Herrero ?

— Les jumeaux ? Oui. Cole Reed aussi, et d'autres. Mais je ne suis la femme d'aucun homme Caleb. Je suis mariée à la liberté. Je suis comme une illusion dans un rêve. C'est quand vous pensez m'attraper que vous vous réveillez, constatant que jamais je ne vous ai appartenu en réalité... Venez Jarod... Votre patron n'a rien.

Caleb sursauta en se retournant, alors que le dénommé Jarod ricana en s'avançant.

— Comment ? Questionna Jarod

— J'ai un bon instinct.

Je regardais l'heure avant de me lever. M'enlevant le sable en souriant au PDG.

— Vous savez ce qu'il y a de plus passionnant dans ce monde Monsieur Angley ?

— Non.

— La nature humaine et ce que la vie l'amène à lui faire faire. Allez vous laisser vos ennemis croire avoir le pouvoir ou allez vous révéler vos atouts ? J'ai hâte de voir cela. À demain Monsieur. Bonne soirée Jarod.



Je partis ainsi, le laissant méditer mes mots, enfourchant ma moto avant de remettre mon casque. Démarrant aussi vite et partant à toute vitesse.

Un peu plus d'une heure après, j'étais devant mon immeuble. Descendant de ma moto, enlevant mon casque en lui souriant. Le laissant me prendre dans ses bras en me remerciant dans le creux de l'oreille.

— Va profiter d'elle. Prends en soin Nino.

Il hocha la tête avant de repartir, me laissant entrer chez moi. Max venant m'accueillir en se frottant dans mes jambes. J'enlevais mes chaussures tout en regardant mon téléphone, lisant les messages en ricanant doucement. Faisant demi tour en allant ouvrir ma porte, un sourire moqueur fleurissant sur mes lèvres alors que je le voyais le poing en l'air, prêt à frapper contre la porte. Me regardant comme un abruti fini.

— J'allais dormir tu sais...

— T'avais pas l'air dans ton assiette. Je me suis inquiété...

— Tu veux dormir avec moi cette nuit ? J'ai besoin d'une vrai nuit de sommeil je crois..


Il hocha doucement la tête, et je le laissais entrer, refermant à clé derrière lui. Il m'observa en silence alors que j'allais me doucher, revenant en tenue de nuit. Je m'appuyais contre mon mur en l'observant à mon tour.

— T'es pire qu'un papa poule.

— Je suis désolé pour le comportement de mon jumeau...

— Pourquoi, parce que contrairement à d'autres femmes, moi il ne peut me faire plier à ses caprices ?

Je me mis à rire doucement, haussant les épaules avec un sourire provocant sur les lèvres.

— J'ai besoin d'un doudou pour dormir... Ça te dit toujours ?

— Bien sûr ma furie. Je ne suis pas assez fou pour refuser ça.



****************************

Correction Septembre 2020

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top