3.

Ma soirée fut entièrement prise par ce cher Max... Max, beaucoup de poils, un peu de bide, pantouflards, goinfre... Pas mon type d'homme mais il avait une arme que tous les autres n'avaient pas dans cette ville : c'était un chat angora qui avait débarqué avec moi.

Cadeau de Peter pour que je pense à lui... Du coup à chaque fois que je caressais mon chat je me demandais si mon Ange était aussi poilu ou pas.... Un sourire ourlait mes lèvres invariablement, me rappelant avec réconfort que même sans les voir, je savais qu'ils veillaient sur moi. Et Max, en bon mâle bien pénible, détestait que j'arrive tard, j'avais donc dû passer ma soirée à le dorloter... Pour ensuite pouvoir, enfin, dégager ma frustration sur une de mes machines de sports. Au final, je n'avais pas beaucoup dormi. Et le résultat se sentit ce matin quand je m'étais préparée sans réellement faire attention, prenant ce qui me passait par la main, m'habillant tout en buvant mon café pour ne pas arriver en retard. J'avais tout de même pensé à vérifier ma tenue avant de partir. Nous évitions le pantalon de cuir, mais c'était quand même plus moulant qu'habituellement. Tant pis, je n'avais plus le temps pour changer de tenue. Habitant de mon plein gré vers le Queens, j'avais un peu de route pour arriver au boulot au centre de New-York

La position géographique était totalement volontaire de ma part, même si la totalité de mon loft trahissait quelques peu mes penchants. C'est pourquoi certaines parois faisaient leurs apparitions pour éviter que Hayley ne voie mes passions quand celle-ci venait. Miracle de la technologie me permettant de n'avoir besoin que d'une télécommande. Forcément que mon antre avait été pensé et réalisé par mes hommes. Laissant une empreinte terrible, histoire d'être certain que je ne les oublie pas je pense... Mais je n'allais pas me plaindre, j'avais plusieurs instruments me permettant de me dépenser dans un coin de mon loft. Et si j'avais bien une plainte à faire... C'était que j'avais dû apprendre à cuisiner pour survivre... Enfin... Hayley avait compris que si elle voulait survivre avec moi... Il fallait amener la bouffe.


J'étais une catastrophe en cuisine... Les pompiers avaient fini par avoir mon adresse dans leurs favoris à mes débuts... Faisant rire tous mes voisins, n'étant pourtant pas des enfants de cœur.

Mes voisins... Grand spectacle au départ : certains avaient voulu faire leurs malins... Il ne m'avait pas fallu longtemps pour les calmer. Et depuis je disposais d'une paix royale dans ce quartier. Forcément la petite femme toute innocente qui débarque dans ce quartier sans y être née... Cela semblait trop beau pour eux, et ils n'avaient pas résisté longtemps à l'envie de faire leurs mâles dominants. Et ce que j'aimais le plus dans ces cas-là, c'était de faire du lion un gentil petit chiot. Même si ces lions-là n'étaient pas plus terrifiant à mes yeux qu'un chaton de deux mois tentant d'effrayer un chien. Je faisais cependant tout mon possible pour rester loin de leurs histoires stupides de gangs, et ils me foutaient tous la paix. J'avais même l'impression de voir certains veiller à ce que d'autres mecs ne viennent pas m'emmerder. Un grand principe régissant ces quartiers « à problèmes » : pose pas de questions, on ne t'en posera pas. Et ils avaient bien saisis que je maîtrisais cette règle sans même qu'ils n'aient à me l'apprendre. Pacte silencieux entre nous m'allant à merveille. Je n'avais même pas eu besoin d'utiliser mes bébés toujours rangés dans un tiroir. Juste mes poings. Et Natan qui me proposait ses cours... Mon dieu ce que c'était drôle... Lui qui pensait sincèrement que je pouvais avoir besoin de cours pour me défendre ? J'avais appris à me battre depuis que j'étais enfant, j'avais combattu en arène à partir de mes douze ans... Combattre à poings nues était aussi naturel pour moi que marcher pour d'autres. Mais s'il me voyait combattre, même lui comprendrait bien vite que je ne suis pas une femme « innocente », alors j'évitais ce sujet avec brio.



J'arrivais dans le parking de la société quand je sortis de mes pensées, me mordant la lèvre en voyant le temps que j'avais mis. J'avais sûrement dû rouler en me laissant aller et cela expliquait sans mal que j'avais encore mis un temps record... La musique toujours dans les oreilles, je rangeais ma moto, enlevant mon casque tout en ondulant sur une musique entraînante. Je posais celui-ci sur mon bébé, me laissant un peu aller sur cette musique. Je fermais les yeux, m'accordant bien cinq minutes en dehors du temps. Juste la musique et mon corps réagissant à celle- ci.

J'avais passé ces deux dernières années à apprendre différents types de danse, ayant un gros faible pour les danses qui insufflaient une sensualité et un dialogue subjacent. J'avais réussi à entraîner Hayley dans la pratique de quelques-unes de ces danses, élargissant au possible son territoire de chasse pour son plus grand plaisir. Elle pratiquait ainsi avec moi le pole dance, même si j'avais bien vite dépassé son niveau. Le pole dance étant devenu très rapidement un sport dans lequel je passais énormément de temps.

Le désavantage notable de me laisser aller dans mes pensées, la musique dans les oreilles, est que j'en oublie que je suis toujours dans le sous- sol, dans l'aile réservée aux motos. Et qui d'autres que moi vient en moto à Angley Corp ? Oui. Natan Herrero bingo.

Natan Herrero, appuyé contre un pilier, le casque dans les mains, me fixant sans perdre une miette de mes mouvements. Natan suffisamment dans ses pensées pour mettre quelques minutes à capter que je ne bougeais plus, et que moi aussi je le fixais. Il cligna des yeux avant de planter son regard dans le mien, se raclant la gorge avant de se diriger vers l'ascenseur.

— Je t'offre un café avant d'aller bosser ?

Je penchais la tête en le regardant partir devant moi. Ça c'était de la réaction étrange. Pas de blague, pas de remarque. Juste « je t'offre un café » ? Qu'est-ce qu'on avait fait du Nat grande gueule que je connaissais ?


Il se retourna alors que je semblais chercher quelque chose à terre.


— T'as perdu quelque chose ma furie ?

— Non non. Je cherche tes couilles. Apparemment tu les as perdus en chemin.

Je lui fis un sourire éblouissant alors que je m'avançais, passant à côté de lui pour rejoindre l'ascenseur. Il me rejoignit en grommelant, appuyant sur le bouton de notre étage.

— Tes partenaires de danses doivent être aux anges...

Je le regardais en fronçant les sourcils, me grattant la joue en réfléchissant.

— Eh bien je n'ai pas encore eu de plainte c'est vrai. Mais bon de là à dire qu'ils sont aux anges... Je suis appliquée quand je danse, comme au boulot quoi. Je pige pas ce que tu veux dire...

— Ils sont gays tes partenaires de danses ?

— Je ne pige toujours pas le rapport mais la plupart oui.

Il grogna un commentaire que je ne pus entendre car couvert par le bip de l'ascenseur et je me tournais vers lui alors que je choisissais ma boisson à la machine.

— Tu as dit quoi dans l'ascenseur ?

Il arqua un sourcil alors qu'un sourire innocent s'étirait sur ses lèvres, écartant les bras tout en haussant les épaules.

— Moi ? Absolument rien. Ooh Cole mon ami comment vas-tu ?

Je le suivis du regard en fronçant les sourcils, prenant mon gobelet alors qu'il avait entamé une discussion avec le glaçon. Le glaçon se foutant visiblement de lui au vu du sourire qu'il arborait.



— Vous avez une mine affreuse, il faut dormir la nuit mademoiselle Atzalé.

Je ne pus retenir une grimace en entendant ce piaillement insupportable caractéristique de la bécasse de bas étage. Une pétasse finit mettant à très rude épreuve ma résistance à mes envies de meurtres.

— Mademoiselle Ducks... Et vous, il faut arrêter d'oublier que nous ne bossons pas dans le quartier rouge (*). Quand j'aurais besoin de conseils pour une vie ennuyeuse, croyez bien que vous serez la première informée.

Kaithlin Ducks, la reine des pétasses, arborant en permanence des tenues faciles à relever pour lui donner la facilité d'écarter les cuisses rapidement. Ce genre de femme que je haïssais viscéralement tant je ne voyais pas d'intérêt à la laisser en vie. Son poste officiel à Angley Corporation était Responsable des Ressources Humaines. Et ce n'était pas pour son curriculum vitae qu'elle occupait ce poste croyez-moi. La lutte féministe avait du boulot avec un cas pareil. C'était une garce qui aimait rabaisser et harceler ses collègues de sexe féminin, tout en passant le reste de son temps à trémousser son cul ou ses seins face au sexe opposé... Parfaite petite salope au rendement quasi nul au sein de l'entreprise... Elle était la preuve vivante qu'on pouvait avoir le cerveau d'une moule mais une bonne place si peut qu'on suçait les bonnes queues... Autant je n'avais rien contre le fait de baiser à tout va, autant il y avait un temps pour chaque chose à mes yeux. Je détestais mélanger business et sexe, et cette femme- là pensait avoir du pouvoir parce qu'elle se faisait retourner par des chefs. Est-ce utile de préciser que chaque parcelle de mon corps méprisait cette femme ? Non je pense que vous aviez saisi...

Elle ouvrit la bouche, prête à m'incendier en bonne et due forme alors que je regardais l'heure. Je posais mon doigt sur sa bouche avant de partir de la salle de pause, un sourire provocant sur mes lèvres.

— Pas besoin d'ouvrir ça, je n'ai pas de queue à enfoncer à l'intérieur. Je ne commence officiellement que dans dix minutes. Je n'ai pas encore pointé, je ne suis pas encore là donc. Et comme je ne vois ici que des collègues féminines que vous harcelez, je ne pense pas que quiconque viendra vous aider. Allez donc vous plaindre à Monsieur Baker, il adore vos fellations quand il arrive à son poste non ?



Je ricanais encore alors que je rejoignais mon poste, l'entendant m'insulter de tous les noms. Me menaçant de me virer et d'autres choses qui devaient en faire trembler plus d'une. Pas de bol je me foutais bien de me faire virer. Et surtout, manque terrible de chance pour elle, mon boulot était plus estimé que le sien. Elle avait pourtant bien essayé de le faire.

— Ma furie !

Je me retournais vers Nat qui arrivait vers moi hilare, m'entourant de son bras en m'embrassant sur la joue.

— Ce que j'aime chez toi, c'est qu'on ne s'ennuie jamais !

Ah ça... Si tu savais à quel point mon chou !

— Et tu aimes bien mater la viande à disposition surtout. Avoue que tu l'as déjà baisé celle-là.

Il s'arrêta alors que j'ôtais son bras en grimaçant. Je détestais cette femme, et j'avais peu d'estime pour les mecs qui s'étaient laissé séduire par ça. Il garda le silence avant de m'entraîner dans un couloir, m'appuyant contre un mur et m'entourant de ses bras. Il semblait m'analyser avec sérieux, beaucoup plus qu'habituellement. Avais-je touché un point sensible avec cette pique ?

— Juste entre toi et moi, parce que je t'apprécie beaucoup Luz. Cette femme-là a tellement tournée que tous les mecs de cette entreprise connaissent son anatomie sans avoir besoin d'y toucher. Et quand je baise une femme, j'aime savoir que trois cents mecs sont pas passés avant moi. Sinon je me paye une pute pour ça. Retiens au moins ça sur moi : Kaithlin Ducks n'est absolument pas mon type de femme.

— C'est quoi ton style de femme alors ?

Il se recula, enfonçant ses mains dans ses poches en haussant les épaules.

— Pas Kaithlin Ducks.

Il partit aussi vite, et je fis la moue, devinant que je n'aurais pas d'autre information pour aujourd'hui. Parce que oui, autant je savais que Monsieur Herrero Natan était un coureur de jupon, aimant les plaisirs d'un soir, autant à la question « quel est ton type de femme ? » ... Je me prenais un magnifique mur systématiquement. Presque aussi beau que les miens. J'en avais déduit qu'il n'avait pas de type de femme. Un peu trop facile comme conclusion mais ce n'est pas comme si avoir ma réponse allait changer ma vie.


La matinée se déroula assez vite mais la surprise fut à l'heure du midi : le glaçon s'était laissé convaincre par Nat de manger avec nous. Résultat évident : nous avions passé le repas à plus nous lancer des vacheries qu'à manger réellement. Natan jouant le rôle d'arbitre très nécessaire quand j'avais, enfin, eu la joie d'énerver le glaçon. Mais comme Natan était un ami précieux pour moi, j'avais obéi, et j'avais laissé le glaçon tranquille ensuite. Allant fumer ma cigarette à l'écart, la musique dans les oreilles.

Pourquoi avais-je tant besoin d'énerver le glaçon ? Parce qu'il avait un défaut à mes yeux : me rappeler quelqu'un qui me manquait énormément. La même froideur apparente, la même obsession pour l'informatique... Encore heureux qu'il ne se ressemblait pas physiquement ou je serais devenu dingue.

Et c'est justement le glaçon qui m'avait sortie de mes pensées. Se plantant devant moi et rencontrant, imperturbable, mon regard. Je mis plusieurs minutes à ôter mes écouteurs, fumant ma cigarette, me disant qu'il allait probablement passer son chemin. Mais non, il attendait que je me décide. Nous semblions nous analyser comme deux bêtes curieuses, ne prenant jamais le temps de le faire habituellement. Il finit par se payer le culot de me prendre un écouteur, le portant à son oreille sans me lâcher du regard.

— Nightmareden.... Sérieusement ? Ce chanteur à midinettes ?

Je haussais les épaules avec un sourire narquois, portant la cigarette à mes lèvres.

— Qui te dis que je n'ai pas un côté midinette ?

— C'est quoi le titre de celle-là ?

— Because of you...

Je le voyais écouter les paroles, ne me lâchant pas du regard, semblant chercher à comprendre le sens caché que je donnais à ces paroles là...

— Si c'est dans mon regard que tu cherches la réponse aux questions que tu te poses, tu ne trouveras rien.

— Pourquoi ?

— Que me veux-tu Cole ?

Je venais de lui fermer la porte au nez, clairement, et il ne sembla pas s'en formaliser. C'est qu'il était vraiment motivé à me parler pour supporter même cela. Cole finit par comprendre que je resterais fermé, et il attrapa ma cigarette, la portant à ses lèvres avec un sourire narquois face à mon regard assassin.

— Tu ne m'as pas dit si tu venais au concert.

— Je viendrais.

Il hocha lentement la tête en écrasant la cigarette, soufflant doucement la fumée avant de partir, l'air de rien. J'arquais un sourcil en le fixant de loin. Il venait réellement de patienter tout ce temps... Juste pour ça ?

C'est quoi ce mec sérieux...



Note de l'auteur :

(*). « Le quartier rouge » cité par Luz est en référence au Quartier Rouge d'Amsterdam, quartier où l'on trouve en grande concentration les maisons closes.


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Correction Septembre 2020

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