18. Point de vue Cole REED.


Luz Atzalé. Foutu phénomène étrange, semblant avoir décidé de foutre un sacré de bordel dans ma tête.

J'avais fini mon dimanche, et une partie de ma nuit, à noircir des pages afin de la faire sortir de mon esprit. Elle et toutes les envies semblant venues de je ne sais où. Et quand j'avais débarqué le lundi au boulot, je pouvais prétendre être calmé.


Enfin... Je l'étais jusqu'à ce que mon regard tombe sur un fessier trop bien moulée devant une machine à café. Fessier appartenant évidemment à cette chieuse infinie, semblant fonctionner au radar. Elle avait mis un temps dingue à calculer Natan, et j'avais pu observer son air, de loin. Une chose semblait sûre en la voyant : elle n'était pas connectée au boulot. J'avais eu la confirmation de mes doutes au fur et à mesure de la journée : elle n'avait pas dormi de la nuit.

Mais pour une raison tellement simple que je n'en revenais pas qu'une femme puisse le dire d'une façon aussi naturelle : elle avait passé la nuit à baiser. Et elle était purement et simplement incapable de dire le nombre de partenaires avec qui elle s'était amusée. Mais qu'est-ce que c'était que ce foutu ovni sérieusement ?


En écoutant l'air de rien la conversation entre Hayley et Luz pendant la pause de midi, j'avais mieux compris l'air d'abruti du PDG quand je l'avais croisé. Ils fréquentaient tous deux le même genre de lieu. Quel était ce type de lieu ? Eh bien c'était un putain de mystère. Même Hayley ignorait où Luz allait chasser dans ces cas-là. La demoiselle gardait apparemment certain lieu hors de la portée de la blonde. Expliquant le plus calmement possible qu'il y avait des limites à ne pas franchir pour Hayley, et ce lieu là en faisait partie. Et pour connaître la blonde depuis une paire d'années... Je me questionnais sérieusement sur ses limites. Et par conséquences sur celle de la chieuse. Je finissais par me demander si elle en avait en vérité...

J'avais béni le principe de ne pas bosser avec Luz car Natan avait eu un mal de chien à se concentrer toute la journée. On ne savait pas d'où elle revenait, mais une chose était certaine, c'est que sa tenue prouvait qu'elle était complètement crevée et qu'elle n'était pas passée chez elle. Parce qu'en deux ans et quelques dans cette putain de boite, jamais je ne lui avais vu ce putain de pantalon en cuir sur le cul.

Putain de cul d'ailleurs.



Heureusement que le reste de la semaine fut plus calme, sinon je pense qu'on aurait perdu Natan. Et peut être que j'aurais dû aller piller un magasin afin de refaire un stock de feuilles pour écrire mes compos... J'avais vraiment cru dimanche, à son départ, que tout redeviendrait aussi « normal » qu'à l'origine. Cependant, la semaine qui venait de s'écouler m'avait permis de me rendre à l'évidence. Je n'étais pas capable de faire comme si ce maudit weekend n'avait pas eu lieu, comme si je n'avais pas chanté avec elle. Incapable de nier que cette putain de chieuse me faisait un effet dingue. Nous semblions pourtant faire de notre mieux pour faire comme si cela n'avait jamais eu lieu. Mais j'avais retenu à mon insu quelque chose d'emmerdant à souhait : l'envie de la provoquer. Étalant notre relation sur des terrains glissants à souhait. Que ce soit par les gestes ou la parole. Nous étions, malheureusement, aussi joueur l'un que l'autre. Je tentais bien de monter à leurs étages beaucoup moins souvent, mais je n'avais jamais tenu cette résolution de toute la semaine. Lamentable hein ?

Et voilà comment en ce vendredi soir, assis dans mon canapé, j'avais encore noirci une page de mots. Regardant, dépité, le nombre de feuilles devant mes yeux. Des putains de chansons... Des putains de chansons qu'elle m'avait inspirées. Et je ne comprenais pas quel était mon problème soudain avec cette femme-là. La sonnerie de ma porte me sortit de mes pensées et je me levais, tentant de chercher qui pouvait bien venir m'emmerder en ce début de weekend. Inutile de chercher longtemps en réalité... J'ouvris la porte, ne feignant même pas la surprise alors que je découvrais Aaron et Natan. Les deux me semblant trop bien habillés pour qu'il n'y ait pas un éléphant caché sous un caillou d'ailleurs. Ils entrèrent, et je refermais derrière eux en soupirant. Avec un peu de chance, ils allaient me changer les idées ces deux-là. Je sortirais, je baiserais, et ça irait mieux. Ouais c'est ça qu'il me fallait. Juste ça.



Je passais dans le salon, me dirigeant aussi vite vers la cuisine, allant chercher des bières. Je revins dans le salon quelques minutes plus tard, très étonné de leurs silences. Et je ne mis pas longtemps à comprendre la raison : mes putains de compos étaient entre leurs mains.

Ah merde. Avec un peu de chance je pouvais encore fuir de chez moi, non ?

— Cole... Tu... Putain mais j'adore ! S'exclama Aaron.

Ah pardon, la chance venait de se barrer en courant par ma fenêtre. Je lui fis signe d'au revoir avec une larme au coin de l'œil... Sacré lâcheuse celle-là décidément.

— Ce ne sont que des brouillons... Oublie.

Natan restait bien trop silencieux pour que cela n'annonce pas une merde sans précédent. Son air était indéchiffrable alors qu'il parcourait les lignes de mes compositions. Un sourire s'étirant au fur et à mesure. Lorsqu'il reposa enfin les feuilles, il s'empara d'une cannette, buvant une gorgée avant de poser son regard sur moi.

— Eh bien eh bien... Indifférent à part ça...

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il s'empara aussi vite de certaines feuilles, lisant à haute voix certains passages et je grognais en lui prenant les feuilles des mains. Aaron était clairement hilare, photographiant l'air de rien les textes. Oui, monsieur se faisait une sauvegarde au cas où.

— Je veux qu'on bosse celle-là... Je la veux vraiment... Elle est tellement monumentale bordel ! Comment on va la nommer...

J'observais Aaron partir dans son monde, murmurant pour lui-même en tripotant une des feuilles, se mordant le pouce en fronçant les sourcils.

— Un rythme puissant... Qui te prend les tripes... Un truc bien sexy pour accompagner ta voix. Faut que ça foute le feu aux petites culottes dès le premier couplet... Putain c'est ça...

Il s'empara d'un stylo, prenant mon bloc avant de se mettre à composer une partition. M'ordonnant de prendre la guitare. Je ne savais pas de quel texte il parlait... Mais apparemment il était tombé complètement sous le charme. Je finis par m'emparer de la feuille, bloquant dessus en écarquillant les yeux.

— T'es pas putain de sérieux ? Pas celle-là putain ! Nan nan nan !

Le regard noir d'Aaron répondit à ma question, il s'empara de la feuille et la reposa devant lui.

— Si je pouvais, je te baiserais juste à cause de cette putain de chanson, alors tu fermes juste ta gueule et tu joues les putains de notes que je viens d'écrire. Je te l'ai dit, je veux cette chanson pour notre groupe. Ce n'était pas une demande mon pote. C'est un putain d'ordre. Ça fait une éternité que t'as pas écrit un truc aussi bon sérieux ! Si je pouvais baiser Luz en remerciement de t'inspirer des trucs pareils je le ferais !

Il continuait à écrire tout en me débitant cela, et je clignais des yeux avant de regarder Natan. Celui-ci finit par éclater de rire, levant les mains en l'air en signe d'innocence. Il avait décidé de ne pas se mêler des histoires de notre groupe, et cela semblait bien l'arranger pour le coup.

— Fire of desire.... Ouais on va mettre ça pour l'instant... Et pendant que je fais ça, toi tu vas te doucher, et te saper correctement.

J'arquais un sourcil, croisant les bras sur mon torse en le fixant. Il releva le regard vers moi avant de regarder Natan et de se remettre à composer.

— Quoi ça te dirait pas de sortir draguer et t'amuser ? Allez va te préparer.

Ça puait le piège. Mais ça puait tellement le piège que j'hallucinais qu'il ne s'en cache pas mieux que ça. Et le plus étonnant là-dedans étant que j'étais partis me préparer sans même ajouter de commentaire. Si allait me préparer m'épargnais les questions des deux, honnêtement je prenais sans souci. Cela me laissait le temps de bosser une invention pour la source d'inspiration de mes textes.




Quelques heures plus tard, croyez-moi que je regrettais le fait de m'être laissé entraîner par les deux boulets. Je le regrettais d'autant plus que j'étais devant le dernier lieu de tout New York où j'aimais aller : une putain de boîte de nuit. Le BlueMoon. Ce lieu à la mode... Ce lieu à la mode dont je ne comprenais pas ce que je foutais là. Ok je voulais oublier la chieuse, mais pas au point de subir une soirée entière de musique que je détestais !

Je me laissais traîner jusqu'à l'intérieur, prenant place avec les mecs sur des banquettes. Je reconnus assez vite Baker et la pétasse de RH se frottant l'un à l'autre dans un coin de la piste. Me donnant officiellement envie de vomir. Je devais reconnaître que nous n'étions pas arrivé tôt, la boîte étant bien remplis déjà. Natan m'apporta un verre vodka et je le portais à mes lèvres après avoir trinqué avec eux.

Je continuais d'observer la piste, arrêtant finalement mon regard sur une demoiselle se déhanchant sur la musique. Mon geste resta en suspend alors que je suivais ses mains tenir sa robe sur ses cuisses. Une robe rouge de type salsa, échancré à l'avant offrant une délicieuse vue, moulante à souhait et dévoilant un décolleté très agréable. Putain elle était définitivement à croquer celle-là...

La musique qui passait n'était pourtant pas récente, loin de là. Mais elle semblait au goût de la demoiselle, qui n'avait pas l'air de faire attention à ce qui l'entourait. Pourtant elle embrasait l'air, on pouvait voir les regards des mecs suivre les ondulations de son corps avec autant d'attention que moi. Elle ressemblait à une biche entourée de lion affamé, mais j'avais la sensation que ce n'était qu'un mirage. Un pur appât... Une technique bien au point. Une technique très efficace je le reconnaissais. Une main surgit dans mon champ de vision, et je la virais sans douceur, grognant sans lâcher la demoiselle du regard. J'étais bien trop loin pour distinguer son visage, n'apercevant que sa longue chevelure avec laquelle elle jouait.

Si c'était juste pour voir pareille créature, je ne regrettais pas d'être venu.



Je finis par boire une gorgée de mon verre, n'arrivant pas à la lâcher du regard. Je fermais les yeux quelques secondes, tentant de reprendre mes esprits. Lorsque je les ouvrais de nouveau, je fus surpris de voir la demoiselle se diriger vers nous avec une autre fille. Natan se leva aussi vite, allant les embrasser, et je les regardais arriver à la table. Clignant des yeux sans bouger. Je ne pouvais pas avoir une poisse pareille... Si ?

— La chieuse...

— Le glaçon...Ricana-t-elle

Merde... Merde j'avais envie d'être une putain de proie à mon tour si c'était pour être chassé pour une femme pareille. Je m'aperçus qu'on se regardait en silence, et je secouais la tête avant de reporter mon regard sur la piste, essayant d'ignorer le rire d'Aaron.

Je m'enfilais quelques verres, discutant avec Hayley avant que mon attention ne reparte sur la piste. La chieuse était repartie danser, se faisant coller par un mec bien trop entreprenant pour que ce soit une bonne idée de laisser faire. Et sans même comprendre pourquoi ni comment, je marchais en direction de la piste. Me plantant devant elle. Elle posa son regard sur moi, un sourire en coin s'étirant sur ses lèvres. Elle se pencha à l'oreille du gars derrière elle, lui murmurant quelque chose, et il se barra sans chercher à comprendre. Je suivais encore le mec du regard qu'elle avait posé sa main sur ma nuque, ramenant aussi vite mon regard sur elle.

Juste une danse. Je n'allais pas crever pour une danse. En théorie.



Elle ne quitta pas mon regard, laissant mes mains se poser sur sa taille alors qu'elle dansait contre moi. Finissant par se retourner, elle colla son dos à mon torse. Une de ses mains toujours sur ma nuque alors que l'autre gardait l'une de mes mains sur son bas ventre. Je devais le reconnaître... C'était putain de délicieux. Un vrai délice d'avoir contre moi celle que je venais de désirer bien malgré moi depuis le début de cette soirée. C'était encore mieux de sentir chacun de ses mouvements contre moi, son odeur se répandant dans mes narines alors que je restais collé à elle. Fermant les yeux et savourant simplement l'instant.


Je la sentis se retourner, son corps continuant d'onduler contre moi en toute indécence. Mes mains se perdant sur ce corps. Un frisson incroyable me parcourut alors qu'elle venait frôler ma mâchoire avec ses lèvres, et je resserrais mon emprise sur elle. La plaquant avec force contre moi. Ma respiration s'emballant bien trop. Mon état démontrait clairement que j'allais faire une connerie si je restais une seconde de plus avec elle. J'allais céder à mon envie. Et c'était une pure connerie.

— Excuse moi... Bredouillais-je

Je la lâchais d'un coup, m'éloignant d'elle en évitant son regard. Me précipitant dans un coin isolé. Je m'appuyais contre le mur, galérant à reprendre un rythme cardiaque normal. Je n'avais qu'une putain d'envie me brûlant entièrement. Une putain d'envie que je galérais à combattre.



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Correction Septembre 2020

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