Fin de soirée
- S'il te plaît, Luxus... Embrasse-moi.
La proximité de nos deux corps me perturbe. Ils sont si proches l'un de l'autre... Je n'ai aucun moyen de fuir cette situation. Je peux sentir sa chaleur à travers nos vêtements et la fraîcheur de la porte dans mon dos. Je me perds dans ses yeux orageux tandis que son visage se rapproche du mien. Nos nez se touchent. Je peux sentir son souffle effleurer ma peau.
C'est une situation étrange et agréable à la fois. La tension monte entre nous, mais une question demeure. Allons-nous y céder ? S'il ne fait pas le dernier pas, le ferais-je ? Réflexion faite, je dois avoir l'air d'une pauvre fille désespérée. On ne demande pas à quelqu'un de nous embrasser comme ça, sauf si c'est notre petit ami, non ? Puis, je ne dois pas oublier qu'on ne se parle que depuis quelques jours. Que va-t-il penser de moi ?
- Lucy... commence t'il à seulement deux centimètres de mes lèvres.
Il ferme les yeux, rompant le charme hypnotique de ses iris changeants. Désormais front contre front, il poursuit doucement :
- Tu ne me facilites vraiment pas la vie, tu sais ? Si je t'embrasse maintenant, rien ne me garanti que tu ne m'en voudras pas demain... Je ne suis même pas sûr de pouvoir me regarder dans une glace si je profitais de la situation.
* * *
Nous restons ainsi un certain moment. Assez pour mettre à rude épreuve ma retenue. Je trouve finalement la force de m'écarter un peu. Elle profite de mon relâchement pour se retourner sans rien dire et déverrouiller la porte de son appartement. Nous sommes à peine rentrés qu'elle est déjà dans sa chambre, la tête dans son dressing. Elle récupère des affaires et fonce dans sa salle de bain, toujours sans prononcer un mot...
Aurais-je dû l'embrasser malgré son état ? Je pose mon manteau sur son canapé puis enlève mes chaussures. Est-ce une bonne idée de m'imposer pour dormir avec elle ? Surtout dans ces circonstances. Je retiens vraiment Mira sur ce coup-là. À quel moment on impose ce genre de gage, franchement ? Cette fille n'a aucun respect pour la vie privée. Enfin, si je prends le problème dans l'autre sens, je n'aurais pas supporté qu'un autre homme soit à ma place. Rien que de l'imaginer... Je crois que ça m'aurait rendu fou de rage.
J'arrête de me triturer les méninges quand je m'aperçois qu'elle est devant moi...
* * *
Je suis incapable de lui dire que je le veux réellement. J'ai trop honte. Je me démaquille et me change avant de mettre mon peignoir et de ressortir de la salle de bain. Je rejoins cet homme qui m'attire de plus en plus en quelques pas et l'attrape par la manche avant de l'entraîner vers mon lit.
- Tu préfères quel côté ? je lui demande en évitant un maximum son regard.
Soudain, je sens ses mains m'attirer contre son torse. Ses bras m'enveloppent et m'empêchent de me dégager de son étreinte serrée. Je me sens si bien d'un coup...
- Blondie... Ne m'en veux pas. Si je t'avais embrassée dans la couloir, j'aurai eu l'impression d'abuser de toi. Imagine qu'à ton réveil, tu regrettes ce baiser ? m'explique t'il.
Je me retourne dans ses bras pour lui faire face et le fixe. Son visage est comme d'habitude. Indifférent en apparence. Il masque ses émotions et, pourtant...
Je n'arrive pas à décrocher un mot. Je contemple les flots sombres dans ses yeux. La seule chose que je me sens capable de faire, c'est de lui retourner son étreinte. Je pose ma joue contre lui et l'enlace à mon tour. Va-t-il comprendre que je le remercie pour sa considération ? Et surtout, que je ne lui en veut pas ?
Il me serre plus fort avant de relâcher son emprise et de me pousser gentillement vers mon lit. Je monte dessus et m'allonge du côté de ma fenêtre avant de rabattre ma couverture sur moi. Il me propose de dormir dans le salon, pour que je sois plus à l'aise, mais je refuse. Il risque d'avoir froid... Et puis, je soupçonne Mira d'être capable de venir vérifier directement que son gage est respecté... Ou alors, peut-être que j'ai tout simplement envie de le sentir plus près de moi...
Il y a des nuits où la solitude m'est insupportable. Ce soir, j'ai un homme attirant que j'apprécie grandement et qui ne me laisse pas indifférente. Hors de question qu'il dorme sur mon canapé trop petit pour son gabarit. Quoi qu'il en soit, il fini par céder. Il ne garde que son pantalon et sa chemise puis se glisser dans le lit avec moi. Il dégage une chaleur rassurante... un peu comme Natsu en fait, mais c'est différent. Je me retourne pour être face à ce beau blond et me rapproche pour profiter de son contact... Mon cœur s'emballe un peu quand je me souviens que je suis en tenue plus que légère sous mon peignoir. J'ai pris le premier truc qui m'est passé sous la main sans faire attention. J'espère ne pas trop bouger...
* * *
Elle dort depuis une heure et pourtant je n'arrive pas à détacher mes yeux d'elle. Sa beauté, soulignée par la lueur blafarde de la lune, m'hypnotise... Elle lui donne un teint de porcelaine et ses cheveux blond semblent être faits de fils d'argent.
Une tempête est annoncée dans deux jours. J'aurai déjà dû partir mais, maintenant, je sais que je serais incapable de m'éloigner. J'ai enfin accepté l'évidence... Ce besoin de la marquer n'était pas aussi présent les années précédentes. J'ai d'abord cru qu'il ne s'agissait que d'une passade mais, force est de constater que ce besoin ne fait que grandir. J'ai envie d'en faire ma compagne. Je veux la posséder corps et âme et qu'elle me possède de la même manière en retour.
Je la vois frissonner et m'empresse de la prendre dans mes bras pour la réchauffer. Cette proximité est à la fois une cruelle torture et un bonheur que je ne pensais jamais connaître. Elle a l'air si frêle dans mes bras. Elle dégage un parfum naturel si apaisant que je me sens céder au sommeil à mon tour.
* * *
Il est 10h00 passé et Lucy n'est toujours pas arrivée à la guilde... Autour de moi, tout le monde se comporte comme si de rien n'était, comme si personne ne se souciait de son absence.
- Hey Happy, j'interpelle mon meilleur ami occupé à dévorer un poisson cru. Je m'inquiète pour Lucy. Tu penses qu'elle a vraiment dormi avec Luxus ?
- Natsu, la dernière fois qu'on a mis notre nez dans les affaires de Luxus, mes moustaches ont mis une semaine à défriser, se plaint-il.
- On parle quand même de Lucy là ! je m'énerve.
- Hey, la salamandre ! me hurle Gadjeel en se dirigeant vers nous. Bunny est une grande fille je te rappelle ! Et Luxus ne la forcera jamais à quoi que ce soit. Il sait très bien ce qu'il lui arriverait sinon. Alors, arrête de te prendre la tête, ajoute-t-il une fois à notre hauteur.
- Hum... C'est bizarre quand même que ces deux- là soient si proches d'un coup, je bougonne. C'est moi qui dors avec elle d'habitude...
- Sérieux. T'as vraiment rien compris ? Tu es désespérant... soupire Gadjeel.
- Qu'est-ce que t'as dis l'enclume ? je m'exclame en sautant sur mes pieds, vite rattrapé par mon envie de bagarre. Tu veux te battre, c'est ça ?
- Abrutis ! s'énerve t'il à son tour. Faut tout t'expliquer ma parole ! Pourtant, t'as été élevé par un dragon... il soupire avant de s'assoir. Rappelle-toi d'hier soir. Pendant le jeu, Luxus a adopté un comportement plus proche des dragons que des hommes. Me dis pas que tu l'as pas remarqué ?
- Hum, non pas vraiment, je réponds désintéressé.
- Sa manière d'être avec Lucy. Sa façon de respirer, comme s'il voulait se gorger de son parfum. T'as vraiment rien remarqué ?
- Non, je réitère.
- Natsu... intervient Cana. Ce que Gadjeel essaye de t'expliquer, c'est que tu ne pourras plus dormir avec Lucy. Ou alors, à tes risques et périls !
- Bah, pourquoi ? Lucy est ma partenaire, pas celle de Luxus, j'insiste.
- Faut vraiment te faire un dessin ou quoi ? grogne Gadjeel. Ton cerveau a fondu à cause de la chaleur ? Luxus et Lucy, c'est pareil que Reby et moi si tu préfères. C'est bon là ? Tes deux neurones se sont touchés ?
- Arrête tes conneries ! Lucy sortira jamais avec Luxus. C'est son exact opposé. Il est froid, distant, et c'est limite s'il arrive à être sympa une fois par an. Il va juste profiter d'elle et la laisser tomber quand il en aura marre. Il s'en fiche des sentiments des autres, il pense qu'à lui. Tu l'as déjà vu prendre soin de quelqu'un ? À part Lucy franchement ? Et encore, c'est parce que le vieux lui a ordonné.
Une main fine m'agrippe soudainement l'épaule. Je me retourne mais, avant d'avoir pu réagir, j'ai senti ma tête partir ainsi qu'une sensation à la fois chaude et piquante sur ma joue gauche.
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