Oui oui ce titre à rallonge n'est que la moitié d'un. Bref ce chapitre est un chapitre pivot de ce tome alors le voici.
Une semaine après avoir fait don de la bague à Éric, le piège terrible se refermait sur moi, me manquant d'être fatal. Mais avant de parler de cela, je devrais peut-être parler de cette horrible semaine qui m'y précipita.
Quand j'y repense, le hasard a fait les choses étrangement. Les circonstances qui m'y ont poussée n'ont pas été préméditées par mon ennemi et pourtant c'était sa dernière chance et la meilleure pour moi d'être encore en vie. Si j'avais fui ne serait-ce qu'une semaine plus tôt, je serais sans doute mort à l'heure qu'il est. Et si j'avais attendu disons un jour ou deux de plus, mon ennemi aurait sans doute était mis hors d'état de nuire, ou se sentant découvert, il aurait trouvé un prétexte pour se faire oublier et aurait été menaçant pour une génération future.
Je ne pourrais donc jamais assez remercier le Saint Père, ma bonne étoile, mes fileuses, le destin ou qui que ce soit qui ait décidé de me donner une seconde chance, un coup de pouce ou de me permettre juste de continuer ma route. Ce n'est pas la première fois que la chance intervint dans ma vie, j'ai sans doute eu plus souvent recourt à elle qu'à mes propres capacités et peut-être même que je me suis souvent trop reposé sur elle par moment. C'est pour cela que je tiens à remercier celui qui a décidé que je méritais ce traitement de faveur, quel qu'il soit. Et même si je ne suis pas un de ses croyants, ou le meilleur de ses fidèles, je lui assure de mon attachement profond.
Je vais bientôt arrêter cette parenthèse et recommencer le fil de mon histoire. Je veux juste une dernière fois remercier ce concours de circonstance qui fait que je suis là aujourd'hui à vous écrire alors que maintes fois, je suis passé à quelques secondes, pas ou paroles de la mort et qu'en y repensant j'aurais bien pu laisser filer ces secondes, changer de chemin ou parler et ne plus être capable de raconter cette histoire aujourd'hui.
Donc parlons de cette folle semaine. Une semaine où je me suis senti bien seul.
Habituellement, je passais mon temps entre Éric et Élodie, mais mon ami était devenu distant. Il observait ma petite amie étrangement, d'un regard presque calculateur, qui ne me plaisait pas, et qui la mettait mal à l'aise. Mais il était aussi soupçonneux avec tout le monde. Il était encore pire qu'au moment de son arrivée.
Avec moi, il semblait plutôt hésitant. Je voyais bien qu'il avait quelque chose sur le cœur. Mais s'il ne me disait rien, je ne risquais pas d'aborder le sujet. Surtout que je n'avais aucune idée de ce qui le préoccupait. Et je pense que j'ai été trop occupé cette semaine-là pour y réfléchir. Il y avait bien des absences répétées et des appels incessants à je ne sais qui, qui attisait ma curiosité, mais si j'essayais d'aborder le sujet, il s'éclipsait. Il était donc clair, qu'il ne souhaitait pas se confier là-dessus. Moi je soupçonnais juste une banale histoire de cœur, je ne pouvais pas en être plus éloigné.
Je ne voyais pas plus ma sœur, qui avait dû décider de me faire enrager et profiter de chaque instant de libre pour se précipiter dans les bras de Mickaël. Et c'était alors entre eux une avalanche de caresses, baisers, noms doux. Un spectacle auquel il ne me plaisait pas d'assister, pas plus que leur interprètes n'appréciaient que j'y assiste par ailleurs.
Nicolas lui, avait beau être en vacances, il avait peu de temps à m'accorder. Il avait un tournoi de crosse et quand il ne jouait pas, il accompagnait sa grand-mère, chez qui il vivait pour éviter les pleurs du bébé et les militants qui hantaient sa maison cet été, dans ses visites à ses tantes.
Avant, j'en aurais profité pour passer du temps avec Élodie. Mais cette dernière, en plus de rendre des visites régulières à Richard et sa famille, était mise à contribution par Hélène, pour qui elle allait un peu partout. De mon côté, mon emploi du temps devenait presque impossible. Mes journées étaient tellement longues que je m'endormais après le souper en quelques secondes.
Il faut dire qu'il ne me restait plus que les longues leçons d'économie qu'Yves nous faisais le matin et d'histoire qu'Aradia me donnait avant le dîner. Alors Hélène avait choisi de remplacer le vide entre par de la diplomatie. J'assistais aux audiences, je dus assister à un procès, écouter les propositions des législateurs et débattre avec Hélène de la profitabilité de telle loi. Avec Yves, elle et moi nous discutâmes du gouvernement dont j'appris à bien connaître les élus et avec lui, j'inspectai les armées. On commença aussi à m'imposer les inaugurations, les cérémonies et les événements où je devais faire un discours. J'étais certes toujours encadré, accompagné, mais cela était un travail colossal.
J'avais toujours pensé que les monarques ne faisaient presque rien de leur journée. Je me trompais. Même Thibault, qui ne participait qu'aux audiences et cérémonies devait choisir quand on organisait un bal, pour quelle occasion, qui on y invitait et recevoir les décorateurs, cuisinier, musiciens pour juger de ce qui s'y ferait ou non. Ensuite, il devait venir demander à Hélène si cela rentrait dans le budget. Et en tant que chef religieux du royaume, il lançait souvent les célébrations de tels cultes, ou recevait les réclames des religieux. Étonnement il préférait toujours tout boucler le même jour, pour se libérer le jour suivant où il irait chasser avec Sylvain et les chiens. Et même ses chasses étaient préparées minutieusement. La liste des invités était une activité périlleuse et longue à établir.
Mathias et Aradia aussi n'étaient pas en reste. Le premier était le Grand Magistrat. Il était donc à la tête de la justice de la citée, décidait quand se tenait les procès, s'ils étaient ouverts au public ou non, et il commençait à former Célia dans sa tâche. Aradia, en plus de s'occuper de l'éducation de ses enfants encore trop jeune pour être indépendants, conseillait et rattrapait les erreurs de son époux. Elle apaisait aussi les tensions entre lui et Hélène. Et elle s'occupait du palais, recevant les avis des architectes, botaniques, zoologue et que sais-je encore. Parfois, elle aidait Hélène avec le trésor royal et Mathias sur les anciens textes de lois. Elle se tenait aussi au courant de tout ce qui s'écrivait et se disait dans la presse. Si jamais elle y voyait quelque chose de scandaleux, elle écrivait un rapport à Yves et Hélène, pour qu'un des deux décide de la censure.
Un soir, alors que j'avais ma leçon d'histoire avec Aradia en compagnie de Marc qui en bénéficiait aussi, pendant que Thibault jouait avec les jumelles discrètement, je manquais de m'endormir, ce qui n'échappa pas au regard acéré de la fée. Je m'excusai, me plaignit de mon emploi du temps surchargé.
- Papa en parlait hier à maman ! s'écria Marc. Il a dit qu'Hélène faisait sans doute cela pour que tu t'enfuies plus.
Je me tournais vers Aradia pour savoir si cela pouvait être vrai, elle me fit un bref hochement de tête.
- Elle pense que tu seras trop occupé à penser à t'évader comme cela. Et je suis persuadé du contraire. On s'est disputé là-dessus hier et Aradia ne veut pas intervenir pour l'instant, m'apprit mon oncle.
Je jetais un regard suppliant à Aradia qui fit rire mon oncle. Elle accepta à mi-voix de laisser tomber la leçon d'histoire pour ce soir et me fit porter une infusion pendant qu'elle partait contempler des rénovations. Je regardais paresseusement Thibault jouer avec les enfants songeant à cela, à ce que m'avait dit Kamélia.
- Tu te souviens du premier mari d'Hélène ? lui demandais-je.
- Félix ? Oui. Il était génial. Hélène et lui étaient très amoureux. Et il s'est toujours comporté comme un grand frère envers moi, plus que ton père ou Hélène.
Il eut un regard mélancolique.
- Que lui est-il arrivé ? interrogeais-je intrigué.
J'avais sans doute déjà entendu l'histoire, mais les potins, même royal, ne m'avaient jamais passionnés.
- On ne sait pas vraiment. Il était parti pour une balade à cheval. Il avait deux gardes avec lui. Ils ne sont jamais revenus. On a retrouvé les chevaux attaché à un arbre, mais jamais aucun d'eux. Hélène en a eu le cœur brisé. Elle ne l'a pas montré, mais je le sais. Moi aussi ça m'a fait de la peine. Il me manque souvent tu sais.
Il baissa la tête. Il semblait s'enfoncer dans la mélancolie.
- Il paraît qu'Hélène et lui fuyaient souvent ensemble ?
Il eut alors une moue bien plus amusé.
- Oui. Maman et la garde devenaient fous. Oncle Édouard aussi d'ailleurs. La fois où il a crié sur Hélène à cause de ça m'a traumatisé. J'en ai toujours eu peur depuis. Alors qu'ils ne faisaient rien de mal. Ils se promenaient en ville clandestinement, explorez les passages secrets, fouillaient les souterrains de la ville ou se cachaient dans les jardins royaux. Ils n'étaient jamais loin. Et ils restaient assez prudents.
Tout cela me donnait des idées. Élodie était si romantique qu'elle ne pourrait refuser. Effectivement, elle me suivit dans mes escapades. Durant cette semaine, je volais quelques heures, parfois moins, en compagnie de celle que j'aimais, caché dans les cuisines, à la laverie, dans les écuries, dans les jardins ou dans le petit bois derrière le palais. On passait plus de temps à rire des gardes qui nous cherchaient ou nous poursuivaient qu'à échanger quelques étreintes, mais cela nous fit un bien fou.
Il faut dire que je trouvais que mon amie de cœur avait quelque chose en moins. Je ne saurais dire quoi avec précision. Elle n'avait rien de changé, les hommes se retournaient toujours sur elle et bien sur elle m'attirait toujours. Mais cela semblait moins fort. J'aurais voulu en parler avec Nicolas, nous aurions extrapolé là-dessus tous les deux, mais comme je l'avais dit nous étions pas mal occupé et malgré toute l'affection que j'ai pour Éric, il n'est pas Nicolas. Je ne désirais pas en parler avec lui. J'ai bien pensé à en parler avec Benjamin, mais j'avoue ne pas avoir eu le temps de le voir cette semaine-là. Je me convaincs donc que ce n'était dû qu'au temps qui passait, m'habituant aux charmes de ma petite-amie.
Malgré tout cela, elle et moi nous restions très proches. Nous l'étions même plus que jamais. Elle me manquait et la fin de l'une de nos escapades ne me donnait envie que de la prochaine. Elle et moi nous commencions à nous refermer sur notre couple, excluant tous les autres, à part Kamélia. Même la pierre qui m'avait reproché cela et m'avait supplié de m'éloigner d'Elodie un peu ne sut qu'attiser ma colère :
- Tu es jalouse ! C'est tout !
- Non Théophile ! Je m'inquiète pour toi ! Tu fais exactement les mêmes erreurs que ton père ! Et... L'ennemi lui ne refera pas deux fois la même erreur.
- De quoi tu parles.
- Je... Je ne peux pas le dire.
- Tu mens ! Tu ne peux pas me désobéir je suis un Carignan. Hors si tu ne peux pas me dire le fin fond de cette histoire c'est que tu mens !
Mon raisonnement était des plus stupides, mais j'étais en colère.
- Théophile ! me supplia la pierre.
Mais je l'ignorai et ne revins pas la voir. Cela me rendis morose, j'avais besoin de nos discussion, j'aimais entendre sa voix, l'entendre se vanter, sa fierté m'amusait, et elle savait mieux que personne me comprendre et m'apaiser. Pourtant je n'y retournai pas, par fierté sans doute et à cause de Kamélia aussi.
Car la fée nous soutenait Elodie et moi. Bien qu'elle soit à Firento, elle nous envoyait de petits messages ou nous parlait rapidement, prétextant son intérêt pour le cas d'Élodie pour qu'elles aient une conversation, ou une raison politique pour s'entretenir avec moi. Elle nous assurait toujours qu'elle serait là pour nous si nous en avions besoin. Elle nous soutenait envers et contre tous. Elle nous expliquait que rien n'était plus important que la personne que l'on aime et qu'il fallait en profiter avant que tous ces sentiments se ternissent, qu'en plus, à notre âge, il était normal de s'amuser et qu'une fois couronné, je ne pourrais plus être aussi libre.
Son discours était en totale contradiction avec celui des autres. Tous nous poussaient à souffler un peu, à nous éloigner. Ils affirmaient qu'on devait se lâcher. Selon eux, ce n'était plus possible, nos gamineries leur étaient insupportables. Leurs critiques me mettaient hors de moi. J'aimais Élodie. Ne pouvait-il donc pas le voir ? Ils étaient censés être mes proches et se réjouir de mon bonheur, pas m'en éloigner. Je commençais à croire qu'ils étaient jaloux de me voir heureux quand ils ne l'étaient pas. Je trouvais cela tellement injuste. Personne ne disait rien à Camille quand elle était avec Mickaël. Pourquoi donc me reprocher mon attitude avec Élodie ? Nous ne faisions rien de mal. Nous voulions juste être heureux, être ensemble, juste nous deux. Cela n'aurait pas dû poser problème. J'avais l'impression que le monde entier se liguait contre nous et que seul Kamélia nous soutenait. Elle était plus qu'une alliée. Elle était notre moteur, notre bouclier, notre force. Plus que jamais nous nous sentions proche d'elle. Et plus que jamais nous nous éloignâmes des autres.
Aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte comme mes sentiments étaient ridicules. Car Camille n'avait pas beaucoup plus de soutiens dans sa relation avec Mickaël. Moins même, puisque aucun de ses amis n'approuvait cette histoire, qu'on accusait son couple du départ de Kaïa, qu'elle n'avait pas tellement de temps à pouvoir lui accorder. Et en plus, on lui reprochait mes escapades, parce qu'aux yeux des autres elle m'avait abandonnée pour son petit ami. Ce qui était faux évidemment, elle avait toujours était là. De plus, on ne voulait pas me séparer d'Élodie, du moins pas tout le monde. Ma mère, ma sœur, Thibault ou Aradia n'étaient pas opposés à ce que je la vois. Même Mickaël me soutenait. Mais ils voulaient qu'on ne s'enferme pas sur nous et ils avaient raison.
Enfin, le soutien de Kamélia, si inconditionnel, aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Avant j'aurais monté des hypothèses sur un ancien amour de qui on l'avait séparé. Peut-être même que je l'en aurais interrogé. Mais non. Je ne m'intéressais plus qu'à celle avec qui je voulais passer le reste de mon existence, celle que je considérais comme mon âme-sœur. La fée parvint même à me faire douter de la pierre quand je lui racontai notre dispute :
- Tu devrais te méfier de cette pierre Théophile !
- Elle m'a toujours été fidèle ! Et c'est Camilo qui l'a créé.
- C'est ce qu'on dit. Mais le temps a tendance à embellir la réalité. Renseigne-toi juste un peu sur Camilo lui-même et tu verras qu'il n'a rien du héros qu'on présente aujourd'hui. Peut-être qu'il a juste trouvé cette étrange pierre. Or on était en guère à l'époque, contre les démons !
Je voyais très bien où elle voulait venir et protestai :
- Si ça avait été une arme censée se retourner contre nous elle aurait éclaté depuis longtemps.
- Je ne sais pas Théophile. Les démons, comme les miens avons une notion du temps qui passe bien différente de la vôtre. Et puis qui sait si elle n'a pas déjà éclaté, si elle ne se contente pas de suggérer de mauvaises pensées aux différents souverains tout en les protégeant pour être sûre de garder le contrôle.
- La pierre n'est pas comme ça !
- Alors qu'est-elle Théophile ? Une pierre qui parle je n'ai jamais vu ça.
- Je ne sais pas. Mais elle est quelqu'un de bien !
- En es-tu certain ? Peut-être n'est-ce que quelque chose qu'elle te fait croire. Parce que si elle est ton amie pourquoi ne pas t'avouer la vérité sur ton père ?
Je ne sus que répondre.
- Les fées ont bien dû l'étudier non ?
- Non. Camilo et les fondateurs ne nous ont jamais laissé les approcher. Ils étaient très méfiants à l'époque envers les miens. D'ailleurs Théophile dis-moi que sont devenus les possesseurs des autres pierres ? On ne peut pas dire que les posséder leur avait porté chance !
Effectivement, certaines lignées c'étaient éteintes. D'autres étaient retombés dans l'anonymat. Il n'y avait que les Carignan qui étaient encore dans la lumière parmi les douze familles fondatrices. Néanmoins je ne pouvais donner raison à la fée. Mais je ne pouvais que me méfier de la pierre également, me demandant si je n'avais pas eu tort de me confier.
Au fait on a dépassé la moitié !! Bonne lecture et n'hésitais pas à me donner vos avis et théories.
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