Chapitre VIII - Celui où je prends une décision des plus stupides...

Tous furent en colère après nous, mes amis furent raccompagnés le lendemain chez eux, quant aux humains que j'ai ramenés avec moi, ils furent examiné par Kamélia et Aradia. Le conseil fée envoya même certains membres supplémentaires.

Elles dirigeaient les équipes des meilleurs scientifiques des citées pour qu'ils examinent chacun, Bruno, le cousin de ma mère était même parmi eux. Il passa me voir pour me raconter en détails ce qu'on attendait d'eux : principalement découvrir s'ils étaient sous un sort ou un enchantement. Il m'interrogea aussi beaucoup sur Élodie, qui était pour lui une curiosité tant le problème semblait impossible. Lassé de ses questions, et sachant que c'était un scientifique réputé qui peut-être aurait des réponses, je la lui présentai et les laissai tous les deux. Elle m'en voulut un peu, mais nous en rimes beaucoup après coup. Il resta un moment à Barcelia, passant pas mal de temps avec ma mère qui semblait très proche de lui, pas autant qu'avec Xavier mais bien plus que deux cousins. Tous deux semblaient tenir régulièrement conciliabules ou arrêtaient leurs conversations dès que quelqu'un arrivait. Je trouvais cela étrange, mais ma mère m'affirma qu'ils ne parlaient que d'histoires de famille, qui ne nous concernaient pas. Et pendant son séjour, elle nous enjoint à passer du temps avec Gautier, tandis qu'elle restait avec Bruno. Non mais quelle idée ! Certes il savait s'occuper de personnes de notre âge, aillant apparemment un filleul né la même année que ma sœur, mais je le détestais et qu'importe ce qu'il ferait il ne pouvait en être autrement.

Les fées de leurs côtés eurent des entretiens avec chaque humain. Elles n'obtinrent apparemment pas vraiment d'informations intéressantes. Ils avaient pour la plupart rarement vu les sans-visages, mais par mesure de précaution, les familles furent réparti entre Barcelia et Firento. Les deux cités ayant une fée pouvant veiller sur eux. N'étant pas magicien, mais connaissant le secret magique, nous ne pouvions pas les renvoyer dans le monde extérieur. Et pendant toute la durée des examens et des entretiens, personne, excepté Hélène, ne put leur rendre visite.

Personne ne protesta de ces mesures. Venant d'un autre monde, ils avaient peut-être été en contact avec des maladies inconnues ici. Mais finalement, ce fut beaucoup d'inquiétude pour rien.

Le cas de Romuald fut différent.

Il avait vécu chez les sans-visages. Il connaissait la plupart d'entre eux. Néanmoins les fées ne réussirent pas à tirer grand-chose de lui, le trouvant trop simplet. Kaïa voulait qu'il la suive à Haldar, mais Kamélia préférai l'avoir à l'œil. Nils et Karita intervinrent en personne pour soutenir leur descendante. Il faut dire qu'ils devaient espérer tirer quelque chose de lui ou avoir un peu de gloire. Parce que bien sûr ce sauvetage a donné une bonne image de Barcelia, alors qu'on me le reprocha quand même en privée. Finalement, Romuald partit avec les Blanktest, qui changeaient tellement souvent de cités, qu'il aurait bientôt fait le tour complet de chacune, où Kamélia viendrait le visiter régulièrement.

Les fées envoyèrent également un groupe chez les démons, d'après Kamélia. Mais il n'y avait plus aucun sans-visage. En tout cas, je fus soulagé de voir partir Romuald. Il nous avait certes sauvés la vie, mais il était tout de même un peu trop agaçant. Éric, lui, resta à Barcelia avec sa mère et son frère aîné, Jean-Baptiste.

On découvrit rapidement que c'était Sylvain qui avait refermé mon portail. Sa sœur avait dû tout lui dire avant. Mais impossible que ce soit lui qui l'ait bloqué. Il était allé chercher Hélène et puis, il ne connaissait pas la magie démoniaque. Peut-être un sans-visage alors.

Je repensais à l'homme que j'avais vu dans le monde invisible, à l'homme sans nom qui avait quelque chose de familier. Les sans-visages m'espionnaient sans doute. Il devait tout savoir de moi.

Un matin, pris d'une idée je ne me rendis chez Éric.

- Qu'est-ce que tu veux ? me demanda-t-il froidement alors que je rentrais dans sa chambre.

- Il y a ... Quelqu'un du monde extérieur a débarqué ici sans qu'on sache comment, juste avant votre arrivée. Elle est amnésique, totalement perdue. Tu pourrais peut-être un peu nous aider pour qu'on en sache plus.

- Et comment je fais ça !

- Essaye juste de deviner son pays d'origine par la langue qu'elle parle, ça nous aidera à délimiter un secteur de recherche. Après vous pourrez-vous soutenir mutuellement. C'est nouveau pour elle aussi.

- Tu n'essayes pas de me caser ?

- Non ! Surtout pas !

Je suppose que mes protestations véhémentes l'aidèrent à comprendre mon attachement à Elodie, car cela le fit rire.

- C'est bon calme toi ! Et allons-la voir !

Nous prîmes le chemin de sa suite en silence. J'ai bien essayé de l'interroger sur le monde extérieur, mais déjà la dernière fois ça l'avait beaucoup irrité.

Elodie m'accueillit avec un grand sourire :

- Elodie voici Éric ! Il vient du monde extérieur. Éric, Elodie !

- Bonjour ! Je suis enchanté ! dit-il en français.

Poussant une exclamation de joie Elodie lui répondit dans la même langue.

- Oh quelqu'un qui parle ma langue merci !

- Elle parle français, me déclara immédiatement Éric, avec l'accent belge. Vous devriez faire des recherches en Wallonie.

- Non ! Il y a juste le Luxembourg et une partie de la France entre nous ! C'est trois fois rien !

- Tu es sarcastique ?

- Oui.

- Si vous passiez un peu de temps ensemble, pour discuter, pendant que je vais à mes leçons !

- Bien sûr !

Je partis soulagé de savoir Elodie entre de bonnes mains. Je ne m'attendais pas à les retrouver encore ensemble quand je revins plus tard dans la soirée, à s'esclaffer, alors que je passais avec Camille. Je me demandais même si je n'avais pas fait une bêtise de les présenter, est-ce qu'Elodie allait me passer sous le nez ? Mais en m'apercevant elle me fit un grand sourire et m'invita à m'assoir entre eux. Éric me fit même un petit sourire timide et n'accorda pas plus d'attention que nécessaire à ma sœur.

- Qu'est-ce qui vous a fait rire ?

- On se racontait nos aventures.

Et toute la soirée nous discutâmes, Éric traduisait pas mal en français nos conversations, apparemment ils avaient décidés de se passer de traducteur pour qu'elle apprenne mieux la langue. Le jeune homme fut moins cassant et quand il l'était, il avait le droit à un regard appuyé d'Elodie. Je ne me sentais néanmoins pas rassuré, songeant au sans-visage qui peut-être nous espionnait. Songeant qu'Éric les connaissait un peu j'aventurais la conversation de ce côté-là. Un peu brusquement :

- Je crois que les sans-visages m'espionnent.

C'est le genre de déclaration qui jette étrangement un froid.

- Tu ne dois pas être le seul. Toute ta famille sans doute. Ils ont des agents infiltrés par tous, parfois très haut placé. Et des alliés, pas des sans-visages mais des gens qui travaillent pour eux, expliqua Éric. Et puis ils font pas mal de recherche scientifique aussi, pour contrer certaines limites de la magie et des trucs comme ça. Ils faisaient quelques expériences sur nous...

On le dévisagea gêné. Que peut-on dire après cela ? Surtout que j'imaginais des trucs pas du tout agréable.

- Ne vous en faites pas, rien de bien méchant, quelques vaccins, ils prélevaient notre sang pour observer les réactions de certaines choses dessus. Ils ne nous ont jamais fait souffrir.

- Tu as une idée de qui est Vorroï ? intervint ma sœur.

- Je n'ai jamais vu aucun des gardés ! Comment je pourrais le savoir ?

- Tu penses que c'est eux qui ont fait venir Elodie ?

Il l'observa un moment.

- Je ne sais pas, peut-être.

- Changeons de sujet ! intervint Elodie avec un sourire de façade.

Et c'est ce qu'on fit. Nous passâmes un bon moment tous les quatre et j'appréciais vraiment Eric, il pouvait être moqueur, mais jamais méchamment. Et puis il ne semblait nullement attirer par ma sœur ce qui me changeait beaucoup.

Ma sœur partit rejoindre son petit ami et Éric et moi en profitâmes pour partir aussi, lui devait retrouver les siens et moi je devais appeler Nicolas. Nous avançâmes d'abord en silence quand il finit par me dire :

- Elodie m'a raconté a quel point tu étais gentil avec elle.

- C'est normal ! Tu t'imagines à sa place !

- Non. Ça doit être horrible ! Elle m'a raconté quelques-unes de tes aventures aussi. Elle dit que t'es quelqu'un bien. Et c'est peut-être vrai. Je veux bien te laisser une chance, de toute façon je n'ai pas le choix, je suis coincé ici à vie. Mais je te préviens je ne suis pas une bête de foire. Je ne veux pas avoir à t'expliquer comment fonctionne une douche et qu'est-ce qu'on mange au petit-déjeuner et d'autres questions comme ça tous les jours !

- D'accord !

- Par contre je pense que j'aurais besoin d'aide. Je ne suis pas à ma place ici.

- Bien sûr.

Je comprenais tout à fait que tout lui semble étrange.

- La messe est obligatoire ? Parce que tu vois ce n'est pas trop mon trip.

- Je ne pense pas non. Si tu n'es pas croyant en tout cas.

A Firento en tout cas on ne l'y aurait pas forcé et puis même ici on ne force personne, après seul les dissidents ne s'y rendent pas, les autres oui, même si la religion ne les intéresse pas, à cause de la pression sociale. Mais ici à Barcelia je ne sais pas si cela fonctionne exactement pareil, ils sont bien plus sévère sur le chapitre de la religion.

- Et vous avez vraiment des bains publics ou vous vous baignez tous ensemble avec des inconnus ?

- Oui. Si tu veux y aller choisis bien lequel. Il y en a qui sont très sale et d'autres ... Disons que c'est plus un prétexte à d'autres activités.

- Et les vaisseaux ? Tout le monde peut en avoir un ?

- Non bien sûr ! Il te faut un brevet de pilote et ça coûte une fortune. Tu peux trouver un passeur plus facilement, ça ne parcours que des petites distances mais c'est mieux que rien, et c'est moins cher.

- Et je vais devoir travailler je suppose ? Enfin peut-être allé à l'école ?

- Tu peux travailler si tu veux, tu es assez âgée. Mais on te prendra d'abord comme apprenti. Après tu peux aller en classe, mais nos cours sont différents et sans magie ça risque d'être compliqué.

- Je ne vais pas rester à rien faire !

- Tu devrais en parler avec Aradia.

- Vous avez des jeux vidéo ?

Je lui souris. Je sentis qu'on passerait de bon moment ensemble.

Effectivement, je me retrouvais à Barcelia avec deux amis : Éric et Élodie. C'est plus ou moins ce que j'avais à Firento. Même si ma relation avec Éric n'avait rien de comparable à celle que j'entretenais avec Nicolas. Quant à la différence entre mon amour pour Élodie et Kaïa, il me paraissait énorme également. Élodie m'enivrait, me rendait fou, je n'étais plus moi-même quand elle était là. Ce qui avait l'air d'amuser Éric d'ailleurs.


Je suis un peu moins satisfaite de ce chapitre mais voilà

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