Chapitre 22: Somnambule

Nous marchons pour rentrer chez Lydia, heureusement ce n'est pas loin.

J'ai extrêmement mal au cou et je tente de le cacher pour ne pas avoir l'air de me plaindre, mais c'est difficile. J'ai l'impression que ça saigne et que ça coule dans mon dos. J'ai l'impression que ça ne cesse de couler.

Je ne veux pas me plaindre parce que je veux qu'Aiden m'aime. Et qui aime les filles qui se plaignent? Mais je sais que c'est perdu d'avance... Je veux dire, qu'Aiden m'aime. Quand il a tenté de s'excuser, était-il sincère?

Je ne sais pas. Mais il est vrai que par son orgueil, ce doit être difficile pour lui d'avouer ses fautes. Donc s'il le fait, c'est bien qu'il est sincère, non?

Je ne sais pas, je ne sais plus... Et mon cœur souffre plus que ma nuque entaillée.

On dit qu'un état émotionnel peut influencer les conditions physiques. Vu le mien, je ne serais même pas étonnée que ce soit le cas. Je vais devoir tout leur dire, pour couronner le tout!

Nous continuons de marcher, aux aguets. Scott explique quelque chose que lui a dit Derek, je n'écoute pas, je me masse la nuque. J'ai l'impression qu'en appuyant dessus ça atténue la douleur.

Des mains se posent autour de ma taille, je sursaute. Aiden m'attire vers lui un peu plus à l'écart des autres.

- Oh, Aiden... tu m'as fais peur.

Je voudrais retrouver notre ancienne complicité. Je voudrais qu'il me dise "Je t'aime." Mais il ne le fera sans doute jamais.

Et je suis triste. Malheureuse. Je n'ai jamais été heureuse, de toute façon.

Aiden m'observe silencieux avec un air triste, il ne répond rien, à la place il me prend la main. A peine quelques secondes après, on peut voir des traits noirs passer sur sa main comme si c'était des vaisseaux sanguins. Il crispe légèrement la mâchoire et tout de suite, la douleur disparait. J'ai l'impression de ne plus rien ressentir comme si elle était "aspirée".

Aspirée par l'être que j'aime. L'être que j'aime et qui m'a fait souffrir, mais qui aspire ma douleur aujourd'hui. Mais il ne peut pas aspirer la douleur de mon coeur, la seule et la vraie.

Enfin si, il le peut, avec seulement trois petits mots: "Je t'aime."

Mais... mais non, puisque jamais rien ne se passe comme il faut dans ma vie, etq ue c'est pour ça que je me suis suicidée.

Et pourtant rien n'a changé.

J'ai toujours voulu savoir ce que ça faisait, se faire aspirer sa douleur. Je regarde Aiden avec des yeux admiratifs. Je détaille son visage, ses traits que j'aime tant.

- Merci... je murmure. Merci, Aiden. Je n'ai plus mal.

Je tente de sourire. En vain, parce que c'est faux. Je ne fais que repenser à ce qu'il m'a dit. Que j'étais comme les autres filles, qu'il regrettait de m'avoir fait confiance.

Je sais que la tristesse parait sur mon visage, et que les loups-garous ressentent les émotions à l'odeur. Il sait donc très bien ce que je ressens.

Au moment où je crois qu'il va relâcher ma main et ne plus m'adresser la parole, il la sert d'autant plus.

- Lorlisle... murmure-t-il d'une voix brisée. Je suis désolé de ce que je t'ai dit... je le regrette... Tu n'es pas comme les autres filles. Tu es différente... 

Je souris. Il le pense vraiment? Oui, il le pense. Je le vois dans ses yeux. Je vois la sincérité le consumer. Il regrette ce qu'il a dit, alors? Il... est désolé?

Mais m'aime-t-il?

Oh, je suis si contente!

- C'est vrai? je demande tout de même pour être sûre.

- Oui, répond-t-il gravement. Tu serais capable de me pardonner? Je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner, je...

- Aiden Aiden Aiden... Tu n'as pas besoin de te faire pardonner... je ne suis pas capable de t'en vouloir... Je ne m'en serais prise qu'à moi-même.

Il sourit enfin. Il relâche ma main. Et je pense ce que j'ai dit. Je ne serais jamais capable de le haïr.

Il me sourit en coin avant d'ajouter, presque hésitant:

- Effectivement, tu n'es pas n'importe quelle fille, et c'est ce qui fait que je t'...

- Bon, vous venez, là? coupe Malia. C'est dangereux de rester dehors.

Nous sommes en effet arrivés. Mais qu'était sur le point de dire Aiden? Ne me dîtes pas que... Non, impossible!

Mais p*tain de m*rde!!! Je vais massacrer Malia! Comment peut-elle nous couper au moment où il allait peut-être dire quelque chose d'intéressant?!!!!

Je me tourne vers lui mais il affiche un air arrogant et indifférent, le même que d'habitude.

- Tu disais? je demande, cherchant en vain à lui faire reprendre où il en était.

- Rien, répond-t-il froidement sans même me regarder.

Il avance sans me laisser le temps d'ajouter quelque chose. Pourquoi ce brusque changement de comportement? Moi qui ai cru qu'il allait dire qu'il m'aimait... Apparemment je me suis trompée.

Je reste là les bras ballants, outrée.

Nous entrons finalement à l'intérieur et Lydia me saute dessus.

- Lorlisle! J'ai eu si peur! 

Je la sers en retour. Moi aussi, j'ai eu peur. J'aime vraiment Lydia, et je n'ose imaginer comment je réagirais si quelque chose lui arrivait.

Je n'ose imaginer comment je réagirais si quelque chose arrivait à Aiden. Mais cela lui ferait-il quelque chose si je mourrais? Je ne le comprends pas. Il change tout le temps de comportement! 

Généralement, quand les gens font ça, c'est pour cacher leurs sentiments. 

...

Nous nous installons sur le canapé. Comme je suis "officiellement" en danger, nous avons convenu que comme la mère de Lydia est absente, nous allons tous dormir ici aujourd'hui. Moi dans ma chambre, Lydia dans la sienne, et le reste en un petit aménagement improvisé dans le salon (genre, sur le canapé). Apparemment nous n'avançons toujours pas dans la découverte de ce que je suis avec le bestiaire, malgré tous les efforts vains de Lydia en traduisant toute piste potentielle.

Tout le monde est silencieux, en attendant que j'explique la vérité.

Je n'ose pas regarder dans la direction d'Aiden, je fixe mes pieds, mon cœur bat la chamade.

- Je... 

J'avale ma salive.

- Je... ce n'est pas si incroyable que ça.

- Tu peux tout nous dire, on ne t'en voudra pas. Si tu n'as rien dit, c'est pour une bonne raison, on le sait, dit Scott en voulant me rassurer.

Il vient s'assoir à côté de moi et pose une main sur mon épaule. Je souris faiblement.

- Tu n'es pas obligée si tu... commence-t-il.

- Non, non. ça a assez duré. Lydia vous a dit que j'étais morte en venant d'une autre dimension. Et c'est vrai. Je vous ai dit que j'étais morte écrasée par une voiture, et c'est vrai. Mais ça ne l'est pas totalement. Tout d'abord, Lydia, tu sais déjà tout ça, mais il y a un détail que je ne t'ai pas non plus dit.

Elle fronce les sourcils.

- Je vais commencer par le début. Vous savez que je ne suis pas la cousine de Lydia. Oui, mais une partie de ce que l'on dit est vrai. Ma mère est morte quand j'étais petite dans un incendie qui a ravagé un immeuble entier. Elle n'est pas la seule à être morte dedans... ça a transformé ma vie. Mon père s'est noyé dans l'alcool, et ces bleus que vous voyez, ce sont lui qui me les a fait. Il me punissait régulièrement, parfois à mains nues, parfois en me fouettant avec sa ceinture, ou à coups de pied. Il n'est pas mort.

Je sens Aiden respirer bruyamment et les autres rester le souffle coupé. Je me demande ce qu'ils pensent en ce moment. Mais je sens que Aiden risque de ne pas se contenir, alors je tente de choisir mes mots pour "atténuer" la vérité même si c'est inutile.

- J'étais malheureuse, je n'avais aucun ami, seulement des ennemies qui prenaient à cœur joie de me faire souffrir aussi. Seuls la musique, et le dessin me plaisaient. Puis, j'ai commencé à faire un rêve. Un rêve dans lequel je mettais fin à mes jours pour me retrouver devant une porte dans le néant avec écrit "Seconde Chance". J'ai fais des recherches. Selon un livre que j'ai déniché, certaines personnes avec un cœur différent seraient nées pour être malheureuses, et on dit que si ces personnes se suicident, elles ont le droit à une Seconde Chance. Et j'ai une malformation du cœur, le mien se trouve à droite au lieu de gauche, et vous me dites qu'il bat différemment... donc... bah, j'ai.. enfin...

- Tu as cru à ce que disait le livre? demande Scott.

- Je ne sais pas. Je ne crois pas. Je crois que je croyais y croire. Je voulais y croire, pour donner un sens à ma vie, et surtout à ma mort. Je voulais me donner une raison de faire ce que j'ai fais, un but ou tout simplement l'espoir de vivre heureuse quelque part...

- Tu t'es... tu as... balbutie Kira.

Je regarde Lydia et mes yeux sont remplis de larmes.

- Pardonne-moi, c'est là que je ne t'ai pas dit la vérité, Deaton avait raison de trouver ça bizarre. Ma mort n'avait rien d'un accident...

Lydia pleure aussi. Les autres ont le souffle coupé.

- J'ai tenté de me pendre mais... je... je n'ai pas eu le courage... J'ai renoncé. Et l'occasion s'est présentée quand en prenant l'air, une voiture a foncé sur moi. J'aurais pu l'éviter, mais... je me suis contentée... de rester là. Je voulais qu'elle me percute. Je voulais mourir. Et c'est ce qui est arrivé... Je me suis réveillée à l'hôpital, dans un monde qui n'était pas le mien. Dans un monde qui, quand j'étais vivante, était ma série télévisée préférée...

- On est... des personnages de série? demande Stiles.

- Oui... Mais on dirait que le scénario a changé. Qu'importe, puisque dans ce monde, vous êtes réels. Maintenant, vous savez tout, j'aurais dû vous le dire plus tôt, je sais mais...

Je ne termine pas ma phrase que des larmes coulent sur mon visage, comblant ma gorge sèche et m'étouffant tout comme les paroles qui ne peuvent plus que sortir sous forme de sons étranglés. Ce qu'on appelle les sanglots. Lydia vient me prendre dans ses bras, et Aiden sort précipitamment de la pièce. Son frère le suit.

Il m'en veut? Pourquoi m'en veut-il?

Mes amis me rassurent, me disent qu'ils sont désolés, qu'ils ne m'en veulent pas. Mais moi, je m'en veux. D'avoir été lâche alors que tout est peine perdu. Je ne suis tout simplement pas capable d'être heureuse.

- Peut-être que ces nouvelles informations nous aiderons... nous aiderons à t'aider, dit Scott. Mais sache qu'on est là pour toi. L'important c'est que tu sois heureuse maintenant... C'est le cas?

J'acquiesce aussitôt, mais la question reste en suspens dans ma tête. Non, je ne suis pas heureuse, mais c'est pour qu'ils le restent que je ne suis pas à nouveau morte. Tout simplement parce que se suicider une seconde fois pour la même raison relèverait de l'égoïsme le plus profond. Et je ne le suis pas. Je pouvais me permettre de l'être dans mon ancien monde, mais pas ici, où les gens ne le méritent juste pas. 

Mais malheureusement, la personne qu'il me faut a quitté la pièce sans que je ne sache pourquoi.

...

Je suis dans mon lit, enfin couchée. Tout le monde est couché, en fait. Il est temps de dormir, et de ne plus penser à Aiden que je n'ai plus recroisé.

 Allait-il me dire "je t'aime"? 

...

Je marche dans la forêt. Pieds-nus, en chemise de nuit. Je marche dans la forêt, ne sachant que trop bien où je me rends, et où je suis.

J'arrive dans la clairière. Et le rêve recommence. Les feu follets apparaissent autour de moi. Je sais très bien qu'il s'agit de ma partie encore endormie. La partie qui se réveillera si je suis mordue. Mais dans ce rêve, je ne peux pas le dire, je ne peux pas parler. Parce que la seule chose qui sort de ma bouche quand je l'ouvre, c'est cette satanée chanson.

Que j'aime tant.

A quoi bon résister, si Aiden ne m'aime pas?

Je veux chanter, être heureuse. Je veux danser avec les feu follets. Et il n'y a que dans ce rêve que j'étais si heureuse.

Je commence à papillonner parmi les feu-follets, je danse, chantant la musique de plus en plus forte dans ma tête. J'attends le moment où elle deviendra triste, où elle me fera mal, et où j'aurai envie de hurler.

Mais il ne vient pas. Les nuages d'orage arrivent, j'entends le tonnerre si distinctement dans mes oreilles que cela semble réel.

La musique m'envoute, je ne peux plus m'en défaire, je chante comme si ma vie en dépendait, les feu-follets vont de plus en plus vite. Et j'aime la chanson, et je n'arrive plus à m'arrêter de chanter, j'ai envie de rire, de rire sadiquement. J'ai l'impression d'être puissante, de pouvoir faire ce que je veux. J'ai l'impression que je pourrais dominer tout le monde rien qu'en le souhaitant... rien qu'en continuant de chanter.

Ce que je fais. 

J'ai envie de tuer. J'AI ENVIE DE TUER.

La musique, plus forte, et la pluie qui dégouline dans mon dos. C'est froid, je suis trempée. Je le ressens si bien... Et le tonnerre semble si réel...

Et le sol trop lisse pour être de l'herbe.

Mais je continue de chanter. J'ai l'impression de ne pouvoir m'empêcher de sourire. J'ai l'impression que mes yeux changent de couleur.

Soudain, le tonnerre est si violent que j'ai juste envie de... 

... ouvrir les yeux.

Je me réveille en sursaut. Non pas dans ma chambre. Mais sur le toit.

Il y a un orage, une tempête, il fait nuit noire, le vent manque de me faire basculer dans le vide où je mourrai à coup sûr.

Il pleut des cordes, je suis trempée et le sol glisse. J'ai dû sûrement monter par ma fenêtre à l'étage et escalader le mur. 

Les feu-follets ont encore tenté de me tuer avec leur chanson, mais cette fois en me maintenant endormie pour que mon somnambulisme me pousse à sauter du toit. A me suicider.

Je vais mourir, le vent est si violent, et je me rends compte que je suis si prêt de la mort qu'une seule chose ne me vient à l'esprit: hurler.

Je hurle si fort que je pourrais détrôner Lydia.

Le vent est trop puissant, mes pieds glissent du toit où je suis en équilibre, je glisse et me raccroche seulement au bord du toit, grâce à la gouttière. Je ne suis qu'à une main. Je tente de poser l'autre, sans hurler, mais la pluie dévale tellement sur mon visage que je ne vois plus rien.

Je glisse. Ma main glisse. Et je suis trempée, et j'ai peur. Mais je en peux plus hurler, je ne peux que terroriser.

Je ne veux pas mourir. Plus cette fois.

J'ai... peur... J'ai peur! J'AI PEUR!!!!

JE NE VEUX PAS MOURIR! JE VEUX VIVRE!!! JE VEUX VIVRE POUR AIDEN!

J'ai peur...

Ma main continue de glisser, je serre les dents sous l'effet de la douleur. J'entends que la porte d'entrée s'ouvre, j'entends des pas se précipiter dehors.

- LORLISLE! hurlent mes amis.

Je serre les dents, ma main glisse un peu plus.

- ACCROCHE-TOI! hurle Aiden.

- Je... je peux pas! Je vais lâcher!

- ACCROCHE-TOI! répète-t-il, paniqué.

Tout le monde se place en dessous en me hurlant des choses que sous la panique, je ne peux comprendre, et Aiden escalade le toit.

Je me mets à pleurer, de douleur et d'angoisse. Non, ça ne peut pas se finir comme ça... c'et 

Ma main glisse encore et je ne tiens plus que sur quelques doigts. Je hurle de douleur.

Aiden arrive sur le toit et court dans ma direction.

Un éclair strie le ciel, la pluie bat mon visage, je suis trempée jusqu'aux os, haletante. Mes larmes et ma transpiration se perdent parmi la pluie. Je ne peux plus tenir.

Aiden arrive, et avant qu'il ne puisse attraper ma main, la mienne glisse une ultime fois, je crie.

- LORLISLE!!! hurle-t-il.

Je me sens tomber alors que je hurle. Mes amis crient à leur tour. C'est la fin. Aiden hurle si fort que des frissons parcourent mon corps.

Alors que je tombe, quelque chose s'élance haut dans le ciel tel un énième éclair. Un éclair à forme humaine, aussi rapide que la foudre, ou que quelqu'un d'inhumain...

La chose me percute violemment en plein vol, m'attrape et m'entraine plus loin dans une chute brutale.

Alors que je sens mon esprit me lâcher sous le choc, émotionnel et physique, j'ai seulement le temps de découvrir le visage de mon sauveur surhumain avant de perdre connaissance:

- William...?!

Le choc est violent.

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Bonjour bonjouuuuur!

Comment ça va? Je vous remercie à tous d'avoir lu jusqu'ici!

ça me fait plaisir, et j'espère que pour l'instant ça vous plait et que la suite vous plaira aussi! Mettez des commentaires si ça vous chante, ou même si ça vous fredonne, ou que ça vous murmure. (je trouve que c'est un super jeu de mot pourri)

En tout cas, merci encore!!! Je rappelle pour ceux qui auraient oublié qui est William: 

William est un personnage que j'ai inventé et intégré dans ma fanfiction (et il est trop beau), il est le leader du groupe de rock "Paradoxe" de Lorlisle (et est bassiste, bien qu'aussi chanteur et danseur), c'est lui qui lui a proposé de passer l'audition, qui l'a acceptée et semble avoir un faible pour elle.

Voili voilou, et s'il vous faut les autres membres du groupe, il y a Mickael à la batterie, Jonathan (alias John) à la guitare électrique mais danseur chanteur aussi, et Zackary (alias Zack) en tant que pianiste rappeur danseur de hip hop.

Bonne lecture pour la suite! Quel mystère, n'est-ce pas? (Mouha ha ha ha ha!!!!) 







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