Chapitre 8



Saïd s'était d'abord rapproché d'elle puis il s'était immobilisé. Les flammes jaillissantes des braseros caressaient la peau de Farah comme si ces dernières voulaient lui faire passer un message.

Prend garde pouvait-il déceler sur ses traits délicats. Lorsqu'il avait pris la décision de lui demander se l'épouser, Saïd s'était détesté avant de ne plus rien ressentir hormis un farouche désir d'avoir cette jeune femme qui hantait ses pensées depuis dix longue années. Il avait gagné. Mais à quel prix ?

La jeune femme portait une expression à fendre le coeur des plus insensibles.

Alors prudemment il prit son menton entre ses doigts. Ses prunelles se mirent à briller mais il ne sut traduire la lueur qui les habitait.

- Je vous promets de tenir ma parole Farah, murmura-t-il en caressant sa joue.

- Un an, dit-elle en plongeant son regard dans le sien.

- Un an et si au terme de cette année je n'ai pas tenu ma promesse alors vous serez libre.

Il relâcha son menton délicatement sans la quitter des yeux.

- Si j'ai votre parole alors vous avez la mienne votre majesté.

Saïd connaissait les enjeux diplomatiques que lui apporterait ce mariage. Cependant il ignorait ce qui l'attendait en dehors de ses devoirs. Farah avait pris cette décision parce qu'elle rêvait d'une liberté totale. Il savait qu'il allait devoir jongler entre sa promesse et les fortes convictions qu'il avait du mariage. Il plongeait dans l'inconnu mais se sentait prêt à relever ce défi de taille. Farah n'était pas une femme cupide, songea-t-il en l'observant dans les faibles faisceaux de lumières. L'argent ne suffirait pas à la combler et il l'avait su à la seconde où il avait posé les yeux sur elle.

- Que va-t-il se passer ensuite ? Demanda-t-elle en s'écartant légèrement.

Saïd serra les mâchoires, conscient qu'il ne devait pas aller trop vite au risque de l'effrayer d'avantage. Alors il se contenta de lui sourire.

- Nous allons nous marier le plus tôt possible, expliqua-t-il d'une voix posée.

- Je ne veux pas d'un mariage de folie, imposa-t-elle en croisant nerveusement ses bras contre son ventre ; Je ne veux pas faire face à...

- C'est exactement ce que je veux, la coupa-t-il en inclinant sa tête ; Ce sera un mariage privé.

Saïd mentait, mais se devait de lui accorder au moins cette faveur. Si ça n'avait tenu qu'à lui, la jeune femme aurait été confrontée à une longue et pénible cérémonie religieuse devant des centaines d'invités parée d'une robe démesurée. Fièrement il l'aurait probablement présenté à la foule. Saïd prit la décision de s'y refuser. Pour elle.

- Quant au reste nous verrons ça par la suite.

- Très bien votre majesté, murmura-t-elle en baissant les yeux.

Il s'empara de son menton une nouvelle fois pour qu'elle relève ses beaux yeux dans les siens. Inutile de nier plus longtemps qu'elle était '' la '' femme qu'il avait longtemps rêvait d'épouser. La faire sienne le mettait dans un état qu'il ne sut décrire.

- Je ne vous ferai aucun mal Farah, articula-t-il en se penchant pour déposer un chaste baiser sur sa joue.

Forcé de se reculer, Saïd relâcha son menton, les doigts brûlants.

- Il est temps pour vous d'aller dormir, à demain Farah.

Sur ce il s'éloigna d'un pas rapide fermement décidé à ce que son mariage ait lieu dès demain. Non parce qu'il se sentait pressé mais parce qu'il redoutait qu'elle fasse marche-arrière à tout moment. Alors il convoqua ses conseillers au beau milieu de la nuit pour mettre en place ce mariage qui lui tenait tant à cœur.

Le lendemain matin c'est à l'aube qu'elle fut réveillée par Isobel. Le cheikh n'avait pas perdu de temps. Peut-être avait-il peur qu'elle change d'avis ? Même si Farah en mourrait d'envie elle s'y refusa pour plusieurs raisons. La première fut Nabila. Sa cousine mariée au cheikh Al Zufar représentait la condamnation du pays. C'était un risque qu'elle refusait de courir car même si la tribu avait du mal à accepter la trahison de son père envers sa famille, Farah tenait à son pays et à sa diversité qui donnait bon nombres de chances à chacun...

Parée d'une robe simple et blanche, Isobel l'aida à placer les épingles sur le voile nacrée. Ses cheveux retombaient sur les courbes amaigries de ses hanches selon la volonté du cheikh lui avait-on dit cinq minutes plus tôt. Son pouls s'était alors accélérer comme celui d'une pouliche en plein galop.

- Vous êtes d'une infinie beauté Farah, mon souffle s'en trouve coupé.

Les joues empourprées, Farah sourit à Isobel avant de prendre le bouquet, mais Isobel s'interposa.

- Farah est-ce que vous êtes sûre de ce que vous faites ? Demanda-t-elle sérieusement ; Le cheikh vous a donné le choix, pour quelle raison avez-vous accepté ?

Farah réprima un soupir tremblant.

- Je préfère épouser le cheikh que d'être retrouvé par mon oncle qui m'obligera à un mariage qui ne me convient pas, avoua-t-elle en levant le menton ; Je n'ai pas été forcé comme vous venez de le souligner Isobel. Le cheikh m'a donné deux libertés, j'en ai choisi une.

Farah marqua une pause et prit le bouquet de roses blanches.

- Je sais que l'autre liberté n'est qu'une illusion et puis je ne le laisserai pas épouser ma cousine. Elle ruinera Elhazar en rien de temps.

Isobel lui sourit tendrement.

- Le cheikh saura vous rendre heureuse, je vous le promets.

Elle força un sourire pour donner l'impression qu'elle y croyait elle aussi, mais elle avait mille doutes. L'amour n'était pas la priorité du cheikh Al Zufar. Sa priorité était de faire de son pays une terre équilibrée et confiante. Alors Farah se promit d'y contribué, au risque d'être malheureuse.

- Allons-y ! Décréta Farah en se dirigeant vers la porte.

Elle la passa sans la moindre hésitation. Ce ne fut qu'au moment de franchir les portes de la salle privé du cheikh qu'elle prit peur. Elle croisa son regard qu'elle se mit à fuir presque aussitôt. Il portait une tenue traditionnelle qui encore un fois lui donnait un tout autre profil. Elle sentit soudain sa main se glisser dans la sienne et comprit que bientôt elle serait liée à cet homme. Pour se rassurer ou bien tromper la crainte qui lui nouait la gorge, Farah se répétait inlassablement à quel point elle était une femme chanceuse. Des milliers de femme l'aurait tué pour accéder à cette place.

- Vous êtes absolument magnifique.

Nul besoin de toucher ses joues pour en deviner la chaleur. Elle lui sourit, intimidée par le sombre sourire qui couvrait ses lèvres. Néanmoins le cheikh ne lui donna guère le temps à la réflexion. L'imam procéda à la cérémonie jusqu'à ce qu'ils soient définitivement mariés. Ce fut à ce moment-là qu'elle s'autorisa à ciller, quelque peu désorienté par le chaste baiser qu'elle avait senti sur ses lèvres. Ce bref effleurement avait suffi à la rendre toute chose. Quelques minutes suivant ce baiser, Farah constata qu'ils étaient seuls dans la salle privé mais ne sut dire depuis quand. Il s'empara du bouquet qu'il posa sur la table et lui prit la main.

- Respirez Farah, c'est fini, du moins bientôt.

Il lui tira une chaise sur laquelle elle se laissa lourdement tombée.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle en avisant les deux feuilles posées sur le bureau.

- Ceci est mon contrat, je l'ai déjà signé, expliqua-t-il en le glissant vers elle ; Il indique que je m'engage à vous accorder un divorce dans un an si je ne remplis pas mes devoirs envers vous, à savoir vous rendre heureuse.

Surprise d'une telle action de sa part, Farah plongea son regard dans le sien sans savoir quoi dire.

- Le vôtre indique juste que vous êtes désormais ma femme, reprit-il d'une voix rauque.

D'une main tremblante Farah s'empara du stylo et le signa. Le cheikh le signa à son tour puis balaya ces deux contrats d'une main légère.

Sans crier gare il lui prit la main qu'il noua à la sienne, l'obligeant alors à lire cette lueur persistante dans ses yeux verts.

- Vous êtes officiellement ma femme, déclara-t-il avec fierté.

Il marqua une pause dans laquelle il déposa un baiser dans le creux de son poignet puis rajouta sans la moindre pitié ;

- Il est temps de prévenir votre famille...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top