Chapitre 7
En proie à un chaos intérieur Farah dévisagea le cheikh en songeant d'abord à une plaisanterie. Malheureusement, pas une once d'espièglerie pouvait se lire dans son regard. Ni même un sourire. Alors Farah cilla, décontenancée par cette proposition. Bien-sûr elle avait tout de même retenu sa promesse solennelle de la laisser libre de refuser.
Alors pourquoi lui proposer ?
Il fallait qu'elle dise quelque chose et vite ! Songea-t-elle au vu de son impatience.
- Je ne comprend pas votre altesse, parvint-elle à dire la gorge sèche.
Il se redressa de toute sa hauteur puis vint s'asseoir en face d'elle.
Ce fut qu'à cet instant qu'elle inspira profondément.
- Je pense avoir été limpide Farah, épousez-moi.
- Mais...pour quelle raison ? Demanda-t-elle d'une voix étranglée.
- J'ai besoin d'une femme à mes côtés et je pense que c'est vous dont j'ai besoin.
Bien que flattée, Farah cilla.
- Moi ? Mais pourquoi ? Et qu'est-ce que j'y gagne ?
Le cheikh demeura silencieux, beaucoup trop silencieux à son goût. Farah sentait son cœur battre contre ses tempes.
- Je peux vous offrir tout ce dont vous rêvez Farah, déclara-t-il d'une voix calme ; Ce mariage représente autant pour moi que pour vous. En devenant ma femme vous aurez accès à la liberté que vous désirez.
- La liberté ? Répéta Farah en sentant ses mains trembler ; Me marier avec vous ne me donnera pas la liberté. Je serais surveillée, suivie, empêchée de quitter le palais.
Il se mit à rire de sa voix baryton.
- Vous avez lu beaucoup de rumeurs il me semble. Ou bien ce sont les étrange légendes d'Elhazar qui vous sont monté à la tête.
- Pas du tout, contrat-elle en confrontant son regard sombre ; Je sais pertinemment quel est le devoir...
- Grâce au roi, le pays est ouvert au monde bien qu'il reste encore quelque peu conservateur sur des points précis.
Il marqua un temps d'arrêt puis reprit.
- Ma femme sera libre d'aller et venir à sa guise, bien entendu accompagnée d'un garde du corps. En devenant ma femme vous accéderez au monde. Des voyages officiels qui pourraient éventuellement vous ouvrir les portes de l'Europe.
L'Europe ? Le monde ?
Farah s'empêcha d'écarquiller les yeux. Tout ceci était alléchant. Le cheikh lui vendait suffisamment de rêve pour accéder à sa demande. Hélas, Farah était loin d'accepter une telle proposition. Il s'agissait de sa vie. Depuis qu'elle était petite et entre les mains de son oncle, Farah avait l'impression que son destin ne lui appartenait plus. Elle osa relever les yeux et rencontra le regard du cheikh. Elle était trop jeune pour lui et inexpérimentée.
- Je suis trop jeune, je...
- Vous avez peur, la coupa-t-il d'une voix douce et si posée qu'elle était sur le point de faire une crise de panique.
- Cela me paraît évident, dit-elle en le dévisageant ; Vous avez dit que j'avais le choix et j'ai l'impression que ce n'est pas le cas.
- Si vous l'avez, vous êtes libre de refuser Farah. Je vous offre un avenir qui saura vous protéger et faire de vous une femme libre. Vous ne manquerez de rien.
- Et si ça ne marche pas ? Aurais-je le droit à un divorce ?
- Je m'y refuse, c'est pour cette raison que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce mariage fonctionne.
La dure réalité la heurta soudain. Pas un seul instant le cheikh avait parlé d'amour. Tout ces privilèges valaient-ils la peine de se sacrifier ? Pour quelques libertés ?
- Notre différence d'âge me terrifie, je n'ai pas l'expérience nécessaire pour assumer ce rôle.
Farah baissa les yeux, consciente que cette excuse n'était pas valable. À s'écouter, elle donnait l'impression qu'il avait une cinquantaine d'années alors qu'il n'en était rien. Le cheikh Saïd Al Zufar était le plus bel homme qu'elle n'avait jamais vu de sa triste vie. Viril dans chacun de ses traits. Son port de tête aristocratique en passant par les courbes autoritaire de ses mâchoires. Tout en cet homme l'inquiétait autant qu'il la fascinait. En revanche, elle ne comprenait pas pour quelle raison il voyait en elle une épouse idéale.
- Détrompez-vous Farah vous êtes faite pour ce rôle. Quant à notre différence d'âge, cela m'importe peu. Je suis un homme de parole, ainsi je vous fait la promesse de vous laissez libre choix de partir maintenant ou bien dans un an.
Farah releva les yeux interloquée.
- Un an ? Répéta-t-elle.
Le cheikh la dévisagea de marbre.
- Laissez-moi un an pour vous convaincre que ce mariage marchera, répondit-il en se redressant ; Si à date échéance je ne vous ai pas rendu heureuse, alors je vous laisserai partir.
Farah se pinça les lèvres.
Il avait l'air sincère. Elle pouvait lire dans son regard une promesse sans faille.
- Je vous donne le choix Farah, ajouta-t-il d'une voix qui lui parut énigmatique ; Vous êtes libre de partir demain matin ou d'accepter mon offre.
Farah comprit que cette conversation s'achevait ici...sur ces deux choix qu'elle avait en sa possession.
Il se leva, lentement, sans la quitter des yeux.
- Finissez votre repas, je vous laisse en paix à présent.
En paix ? Songea-t-elle en le regardant s'éloigner. Pensait-il sincèrement qu'elle était en paix après ça ?
Farah entendit la porte se refermer et put enfin exhaler un soupir tremblant. Elle avait perdu l'appétit. Son cœur martelait ses tempes. Au-delà de toutes pensées Farah était perturbée par une seule.
L'hésitation qui la tenaillait.
Pourquoi éprouvait-elle tant d'hésitation à prendre une décision.
Elle avait le choix de partir dès demain matin. Alors pourquoi hésiter ?
Farah regagna sa chambre le cœur lourd.
Elle s'allongea sur les épais coussins, songeant au destin que pourrait lui offrir le cheikh. Un an ? Il lui offrait un an pour lui prouver qu'il pouvait la rendre heureuse.
Mais quand est-il de l'amour ?
Le cheikh était un homme loyal, préoccupé par les besoins de son peuple. Selon les rumeurs qu'elle avait entendu par le passé bien des femmes avaient partagé son lit. Mais aucune était parvenu à capturer son coeur.
D'un soupir tremblant Farah se redressa sur le lit, se passant une main dans les cheveux. À mesure qu'elle réfléchissait elle comprit ce qui l'empêchait de partir.
Son oncle.
Il ne perdrait pas un seul instants pour la retrouver une fois l'enceinte du palais franchie.
Un goût amer lui monta à la gorge. Elle se leva pour arpenter la chambre d'un pas nerveux puis entendit un bruit extérieur retentir derrière la porte de sa chambre. Elle se précipita vers celle-ci et l'ouvrit.
Il faisait nuit, il était plus de trois heures du matin. Pourtant elle vit entre l'entrebâillement de la porte une haute silhouette émerger du couloir inverse de sa chambre. Il s'agissait du cheikh, vêtu d'une djellaba immaculée...épousant chaque centimètre de sa carrure. Les joues en feu elle demeura d'abord interdite avant qu'une question indispensable à sa décision la pousse à ouvrir la porte en grand.
- Votre majesté ?
Ce dernier s'immobilisa.
Le couloir était faiblement éclairé par des braseros enflammés. Pourtant, lorsqu'il se retourna elle rencontra son regard et succomba à une nouvelle chaleur inexplicable.
- Vous ne dormez pas ? Fit-il surpris en comblant l'espace qui les séparait.
Farah lutta de toute ses forces pour ne pas reculer.
- Non, je n'y parviens pas, avoua-t-elle en se pinçant les lèvres.
Il fronça des sourcils sans un mot.
- Une question me taraude l'esprit.
- Laquelle ?
Elle noua ses mains nerveusement.
- Si je refuse, qu'allez-vous faire ?
Son regard devint subitement plus sombre.
Il la dévisagea longuement avant de lui répondre.
- Alors j'épouserai votre cousine.
Le souffle lui manqua. Elle réprima une expression horrifiée. Cette fois-ci ce n'est plus lui qui se souciait du pays mais elle ! Nabila ? À la tête d'une moitié du pays ? Alors que sa seule préoccupation était la bonne longueur de ses ongles ?
Si jamais le cheikh épousait Nabila, il causerait probablement sa propre perte.
Farah inspira profondément, les jambes tremblantes.
Est-ce que sa décision la mènerait à son rêve le plus précieux ?
Être libre et ne plus avoir peur ?
Elle l'ignorait mais déclara ;
- J'accepte...
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