Chapitre 36



Saïd ne parvenait plus à réfréner sa colère. Depuis cinq jours il tentait d'élaborer un plan pour mettre à mal l'oncle de Farah.

C'était un adversaire tellement facile à abattre et pourtant un dilemme s'opposait à lui.

Le tuer ou le faire disparaître ?

- Votre altesse ? Le chef de la tribu est ici.

- Qu'il entre, répondit Saïd en pianotant ses doigts sur son bureau avec humeur.

Ce dernier entra, essuyant son front d'un revers de la main. Saïd pouvait sentir sa nervosité. Il pouvait sentir sa peur et s'en délecta presque. Hélas, ce n'était pas la victime idéale pour passer ses nerfs. Au contraire...il avait tenu parole.

- Bonsoir votre Majesté, dit-il en s'inclinant.

- Bonsoir Hassan, venez donc vous assoir que l'on puisse discuter.

C'est avec un regard inquiet qu'il s'exécuta.

- Ce que je vous ai envoyé n'est pas suffisant votre Altesse ?

- Au contraire, j'en suis ravi et je vous ai fait venir ici pour vous remercier en personne.

Hassan fronça des sourcils puis affaissa ses épaules avec soulagement.

- J'ai crû que...

- J'allez vous tuer ? Et pour quelle raison ?

Hassan baissa les yeux puis les releva tout en essayant de fuir son regard.

- Il faut dire votre Majesté que pendant un moment, j'ai approuvé le comportement d'Abil envers votre femme.

Saïd émit un rire sec sans se démarquer de son masque impassible.

- Effectivement, vous avez été odieux avec mon épouse mais vous venez de me prouver que je peux vous faire confiance.

Hassan accusa le coup, esquissant un sourire embrassé.

- Vous savez, depuis que Farah est partie Adil est tombée fou. Il n'a de cesse de parler d'elle.

- Et nous savons tous pour quelle raison, ajouta Saïd d'une voix dure.

Hassan se redressa sur sa chaise et se racla la gorge nerveusement.

- En réalité, j'ai omis de vous dire autre chose.

Vivement intéressé, Saïd l'invita à poursuivre.

- Plusieurs rumeurs ont circulé après son départ. Il se murmurait dans le village qu'il avait l'intention de la forcer au mariage mais l'homme choisi n'est pas celui que nous pensions.

Saïd sentit son impatience s'affaiblir peu à peu.

- Soyez plus précis son ami, je peine à comprendre.

Hassan se passa une nouvelle fois sa main sur son front. Saïd serra les dents, sachant pertinemment que sa nervosité avait un lien avec la suite. Bien-sûr il savait qu'il allait devoir prendre sur lui et ne pas laisser son côté le plus obscure prendre le pas sur l'homme que Farah aimait. De plus cela faisait plusieurs jours qu'elle se sentait extrêmement fatiguée au point d'en annulé ses déplacements prévus depuis plusieurs jours. Bien-sûr, à présent le pays savait qu'elle était enceinte. La nouvelle avait été accueilli avec joie et excitation. Fier et heureux Saïd avait fait face aux anciens qui s'étaient tous empressés de le féliciter. Farah était maintenant protégée et aimée de tous. En d'autre termes plus éloquent...son oncle n'avait aucune chance de s'en sortir.

- Votre Altesse, savez-vous qu'il était fou de jalousie lorsque son frère est arrivé avec cette étrangère au village ?

Saïd leva un sourcil étonné.

- Pourtant ce n'est pas ce n'est ce que l'on m'a dit, rétorqua-t-il en se redressant ; Il maudissait son frère d'oser lui faire honte en épousant une étrangère.

Hassan grimaça.

- Mon défunt père est décédé il y a maintenant trois ans et il a bien connu la famille de Farah, y compris sa mère lorsqu'elle vivait au village.

Saïd le dévisagea longuement avant de réaliser qu'Hassan était peut-être en possession d'éléments indispensables pour retrouver la mère de Farah. Il l'invita à poursuivre d'une main légère alors que qu'il ressentait déjà des tensions dans tout le corps.

- Il m'a raconté une fois à quel point la mère de Farah avait très peur du frère de son mari. Chaque fois qu'elle le croisait, elle était saisie de tremblement et regardait toujours par terre.

Saïd jura entre ses dents serrées. Hassan s'empressa de secouer vigoureusement de la tête.

- Soyez sans crainte, elle n'a pas été violée, il se murmurait qu'il le jalousait et il s'en est pris à elle avec cette couverture. Dire à la tribu qu'elle ne faisait pas partie des nôtres était un moyen pour lui de dissimuler cette jalousie.

Saïd plongea alors son regard sur le mur en face de lui. La vérité était en réalité une affaire bien plus compliqué qu'il le pensait. Les motivations d'adil renfermaient tout autre chose.

Il en voulait à son frère d'avoir une femme telle que Maria.

- Est-ce que vous comprenez où je veux en venir au sujet du mariage votre Majesté ?

Il serra les poings le long de ses cuisses, les yeux si noirs qu'il eut l'impression que tout autour de lui devenait ténèbres.

- Oh que oui je vois très clairement où tu souhaites en venir mais il est trop difficile pour toi de le dire.

Très vite il lui imposa le silence en levant sa main.

- Reste silencieux ! ordonna-t-il d'une voix sifflante ; j'ai peur que ma folie ne me fasse regretter quelque chose. Garde le silence.

Hassan s'exécuta, trop terrifié à l'idée d'être la victime de cette vérité sanglante. Et ce silence dura de longues minutes avant qu'il trouve la force de se lever pour arpenter son bureau. Une sourde et incontrôlable colère bouillonnait en lui si fort que ses oreilles se mirent à bourdonner.

- As-tu d'autres informations mon ami ? Demanda-t-il d'une voix rêche, dénuée de toutes compassions.

Hassan hocha de la tête puis écarta les pans de sa veste pour se saisir d'une feuille plastifiée qu'il posa sur le bureau.

- Tenez, j'ignore si cela vous aidera mais c'est ce que mon père gardait dans son coffre. Je l'ignorais, je l'ai découvert il y a peu. Mon père appréciait Farah et je crois qu'il aurait voulu lui donner.

Sans se départir de la rage qui le submergeait Saïd dut faire preuve d'un immense effort pour parvenir jusqu'à son bureau tant ses muscles tremblaient.

- Je ne sais pas si ça vous aidera à retrouver sa mère.

Saïd ne décida ne pas l'ouvrir pour l'instant.

- Je te remercie Hassan pour toutes ces informations qui vont beaucoup m'aider.

Hassan esquissa son premier sourire bien que celui-ci demeurait aussi tendu que l'atmosphère qui régnait dans la pièce.

- Tu seras récompenser en temps et en heure tu as ma parole, ajouta-t-il avant de le laisser enfin partir.

Quand il fut seul, Saïd rejeta sa tête en arrière afin de libérer la tension qui l'empêchait de réfléchir convenablement. Car à cet instant, s'il s'écoutait, Saïd serait déjà en route pour tuer ce monstre à main nue. La seule force qui le maintenait hors de cette soif de sang fut le portrait de Farah qu'il avait de posé sur son bureau. Il baissa les yeux sur le cadre et contempla cette photo d'elle, vêtue de cette robe si simple mais qui avait su mettre en valeur la beauté mystérieuse de Farah. Il se souvenait encore de moment. Le jour de leur mariage, alors qu'elle se croyait seule devant cette étendue de fleurs sauvages. Saïd se souvenait encore d'avoir trouvé l'angle parfait pour prendre la photo au moment où un élégant sourire avait suffi à lui raviver l'espoir qu'il pourrait la rendre heureuse. Et chaque fois qu'il sentait ses forces le quitter, chaque fois qu'il sentait la colère le consumer, Saïd avait pris l'habitude de regarder ce sourire...

Seulement, après plusieurs minutes à l'observer il se rendit compte que sa colère n'avait pas réduit, au contraire elle venait de s'intensifier.

Oubliant un instant son amertume, Saïd s'empara de la feuille plastifiée assez abîmée par le temps et y glissa sa main à l'intérieur pour prendre le contenu.

Il découvrit quelques biens personnels appartenant au père de Farah ainsi que quelques clichés qu'il examina avec soins. Il fronça des sourcils à plusieurs reprises, profondément absorbé par les photos avant que la sonnerie du téléphone l'arrache de sa torpeur.

Avec humeur, il décrocha.

- Oui !

Il perçut un petit bruit étouffé.

- Bonsoir, pardonnez-moi de vous appeler si tard, c'est Le docteur Alya Al Sahad.

Saïd abandonna les photos presque instantanément. Car ce coup de fil devait concerner Farah.

- Est-ce qu'il y a un problème ?

- Aucun ! Répondit-elle avec empressement ; J'aimerais seulement que vous me rameniez Farah demain matin, je dois vous parler.

La colère de Saïd se transforma rapidement en une angoisse non dissimulé.

- Avez-vous décelé quelque chose ?

- Son taux d'HCG est élevé, j'aimerais la revoir immédiatement...

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