Chapitre 27
Farah posa la naissance de ses doigts sur ses lèvres sèches. Elle ignorait depuis combien de temps elle se trouvait assise en tailleur sur le lit à ruminer sans cesse cette journée pourtant si merveilleuse. Mais ce haut-le-cœur et ce vertige avaient suffit à ternir cette journée. Était-elle enceinte ? En fouillant sur internet, Farah avait trouvé des tas d'articles expliquant les symptômes d'une grossesse mais cela ne l'avait pas aidé au contraire...elle se sentait perdue et démunie.
Elle songeait à le dire à Saïd mais craignait que ce soit une fausse alerte.
Pour compléter l'immensité du problème, Farah venait de se rendre compte qu'elle avait du retard sur ses règles.
Saisie d'une angoisse, elle porta ses doigts à ses lèvres une énième fois.
- Farah ?
Elle sursauta violemment mais se rendit compte qu'il s'agissait seulement d'Isobel.
- Tu es toute pâle, nota-t-elle en posant le plateau sur la table.
- Impossible ! S'exclama Farah en touchant ses joues chaudes.
Isobel s'approcha les sourcils froncés.
- Tout va bien ? Demanda-t-elle en posant sa main sur son front ; Tu n'as pas de fièvre c'est bon signe.
- Je vais bien, c'est juste que....
Farah s'interrompit pour se mordre la lèvre nerveusement.
- Allons Farah n'ai pas peur de te confier à moi.
La voix douce d'Isobel parvint à la détendre, suffisamment pour lui révéler le secret qu'elle gardait depuis plus de deux heures.
- J'ai eu un vertige lors de la visite à l'orphelinat, finit-elle par révéler ; J'ai eu une nausée, je pense que je suis enceinte.
Isobel ouvrit de grands yeux rond, alors qu'un sourire frémissait déjà sur ses lèvres.
- C'est une excellente nouvelle ! S'écria-t-elle en venant poser sa paume de main sur sa joue ; Du moins il faut avoir confirmations du médecin.
Farah grimaça.
- Le problème c'est que Saïd n'est pas au courant, dit-elle en se passant les mains sur le visage ; Il n'est même pas au courant du malaise qui m'a saisi lors de la visite.
Isobel soupira en dodelinant sa tête de droite à gauche.
- C'est une mauvaise décision Farah, déclara Isobel en se levant lentement du lit pour lui servir une tasse de thé ; Il doit savoir, lui cacher la vérité engendra des problèmes tu le sais Farah.
- Je le sais mais j'ai peur de le décevoir, de lui donner de faux espoirs.
- Peu lui importe, rétorqua-t-elle en lui tendant la tasse de thé fumante ; C'est ton mari, il doit être tenu au courant.
Farah redoutait la réaction de Saïd mais ne pouvait pas donner tort à Isobel. Saïd ne voulait plus de mensonges, il voulait sa confiance autant qu'elle désirait la sienne. Lui mentir ou lui cacher une éventuelle grossesse ne lui servirait à rien hormis attiser sa colère.
- Tu as sans doute raison, admit-elle en posant la tasse à la hâte ; Je vais lui dire tout de suite avant de ne plus pouvoir le faire.
Farah sauta du lit et se précipite vers la porte, le cœur martelant ses tempes.
~
- J'ai pu récolter que de minces informations votre altesse ; La mère de Farah, Kristen Robert est partie d'ici quatre jours après la naissante de Farah. La dernière fois qu'elle a été vu c'est à Londres dans son ancien appartement qui est maintenant loué à des étudiants.
Les mains appuyées sur le bureau, Saïd sentit un mauvais présage s'abattre dans son bureau.
- Plus de signe de vie depuis ?
Le regard de son ami se fissura d'une grimace presque douloureuse.
- Non, plus aucune signe, c'est comme si elle.....
- Ne dis rien ! Siffla-t-il entre ses dents serrées.
Il se redressa et ferma les poings.
- Si jamais l'oncle de Farah l'a fait assassiner, il faut engager des recherches immédiatement, ordonna-t-il en faisant les cents pas ; Soit elle a volontairement disparue dans un autre pays soit elle a été victime de...
Saïd se passa une main sur le visage en essayant de ne pas penser tout de suite au pire. Non. Il refusait d'imaginer le pire mais hélas, la haine qu'il avait pu lire dans le regard de cet homme ne lui inspirait pas confiance.
- Soyons prudent, déclara Haled d'une voix qui lui parut bien moins confiante que d'habitude.
Saïd pivota sur lui-même, les yeux noirs.
- Si jamais il a fait tuer la mère de Farah, sache que je le condamnerais au pire tortures que la terre n'ait jamais connu.
Sa voix n'était plus qu'une source de promesses sombres et dangereuses qu'il se promit de tenir.
La bouche tordue en un rictus amer il foudroya Haled sans le vouloir avant qu'une silhouette apparaisse à l'encadrement de la porte. Ce n'était autre que sa femme en personne. Dès qu'il la vit, il eut l'impression que son cœur allait se déchirer en deux. L'idée que sa mère soit morte et qu'il soit obligé de lui dire lui semblait le moment le plus dur de toute sa vie. Soudain la voix de sa défunt mère vint s'insinuer au plus profond de son être. Il fallait qu'il garde l'espoir.
- Est-ce que je dérange ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.
- J'étais simplement en réunion privée mais nous avons terminé, lui répondit Saïd en forçant un sourire.
Très vite il remarque une onde d'inquiétude traverser sa femme. Elle tirait nerveusement sur ses doigts, les lèvres pincées.
Avait-elle entendu leur conversation ?
Il l'étudia plus profondément pour tenter de percer l'hésitation qu'elle avait dans ses yeux.
- Est-ce que tu désires quelque chose en particulier ?
Plus rapidement encore, sa belle épouse tirait de plus en plus fort sur ses doigts.
- Je dois te parler immédiatement.
Saïd resta impassible et fit signe à Haled de les laisser seuls. Il redoutait qu'elle l'ai entendu et il redoutait de devoir lui dire que peut-être, sa mère avait définitivement disparue pour toujours. Quel en serait l'impact ?
Bien qu'elle ne l'avait jamais connue, elle n'en demeurait pas moins la femme qu'il lui avait donné la vie. Pire encore...
Son oncle était peut-être derrière sa disparition.
Haled quitta son bureau sans un mot et referma la porte derrière lui. De là, Saïd contourna son bureau pour la rejoindre.
- Depuis combien de temps es-tu ici Farah ?
Elle fronça des sourcils interloquée par cette question.
- Je l'ignore en fait je...
Farah avait l'impression que le sol tanguait tant elle était nerveuse.
- Farah s'il te plaît, dis-moi ce qu'il se passe ?
- Je ne t'ai pas tout dit tout à l'heure.
Saïd fronça des sourcils, mais demeura silencieux, l'obligeant ainsi à poursuivre.
- Lorsque j'étais dans l'orphelinat, j'ai été prise de vertiges et...
- De vertiges ? La coupa-t-il en l'obligeant à lever le menton afin qu'il puisse examiner son visage.
- Saïd, je ne suis pas sûre de ce que j'avance mais je crois que je suis enceinte.
Frappé par l'immensité de cette nouvelle, Saïd cilla pour la première fois de sa vie. Il relâcha doucement son menton et la dévisagea longuement avant de maudire son silence. Lui qui avait crû qu'il s'agissait de sa mère alors qu'il s'agissait peut-être d'un cadeau inestimable.
- Je t'en prie Saïd dis quelque chose, dit-elle d'un souffle tremblant.
- Tu aurais dû me parler de ces vertiges plus tôt Farah.
Saïd avait conscience que cette tentative était ignoble. C'était presque une accusation injuste qu'il s'empressa de rectifier quand il vit ses yeux se fermer.
- Tu dois me dire toutes ces choses Farah, c'est important.
- Je sais, je suis désolée je pensais que c'était la chaleur au départ puis cette nausée m'a fait douter.
- Tu as vomi ? S'enquit Saïd d'une voix plus dure qu'il l'aurait voulu.
- Ce n'est pas le détail le plus élégant qui soit, rétorqua-t-elle sur la défensive.
- Certes mais ce détail est...
- Peut-être que je me trompe Saïd, le coupa-t-elle en se passant une main nerveuse sur le visage.
- Pour le savoir, tu vas d'abord faire un test de grossesse ensuite j'appellerai le médecin.
Contre toute attente, elle accepta sans broncher. Il comprit qu'elle était terrifiée et perdue. Très vite, Saïd vint l'embrasser pour la rassurer mais continuait à se maudire d'avoir été si dure avec celle qui enfin avait donné un sens à sa vie.
Puis après s'être maudit, Saïd dut faire face à la lutte acharnée qu'il menait contre son principal défaut lorsqu'elle revint vers lui, le bâtonnet à la main, des lueurs mystérieuses dans les yeux.
La possessivité.
- C'est positif Saïd, je suis enceinte.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top