Chapitre 25
D'abord surprise par les intonations de sa voix qui laissaient entendre sa déception, Farah fronça des sourcils, les joues empourprées.
- Quels plans ? Nous avions des plans ?
Tout doucement il la prit par le coude pour l'entraîner dans le couloir adjacent. Terriblement confuse Farah se recula contre le mur lui laissant ainsi la possibilité de la piéger.
- J'avais pour projet de te faire l'amour, murmura-t-il en posant sa main sur le mur.
Sa voix rauque s'insinua en elle comme une traînée de lave en fusion. Ses yeux flamboyaient, ils semblaient possédés d'un feu ardent.
- Vr...vraiment ? Bredouilla-t-elle en rougissant.
Il se pencha en expirant lentement par les narines.
- J'attendais l'aube pour t'offrir un réveil à la hauteur du désir que j'éprouve pour toi, déclara-t-il d'une voix rauque et profonde.
Une chaleur incontrôlable se propagea en elle à une allure démesurée. Son ventre se mit à palpiter.
- Et je viens de gâcher tes plans n'est-ce pas ?
- À ton avis Farah, murmura-t-il en la caressant du regard avec une telle intensité qu'elle en perdit son souffle.
Il se pencha près de son visage et le survola de sa paume de main chaude.
- Demain matin, je t'attache au lit, décréta-t-il avant de se redresser comme un fauve ayant senti une proie.
- Votre altesse ! Eh bien vous êtes bien matinale ! S'exclama Haled en riant.
Rouge de confusion Farah parvint tant bien que mal à ne rien laisser transparaître.
- Je ne le serais pas si ma femme s'était trouvé à mes côtés, glissa-t-il en lui décrochant un regard impassible.
Farah déglutit péniblement et remua les lèvres sans trouver l'explication correcte pour plaider sa cause.
- Votre femme désirez m'informer qu'elle voulait sans hésitation allez à cet événement qu'elle avait refusé quelques jours plus tôt.
Farah remercia Haled du bout des lèvres pour son intervention. Surpris son mari se tourna vers elle.
- Tu es sûre Farah ? Pour quelle raison as-tu changé d'avis ?
- Parce que je me sens prête Saïd.
Un silence parcourut le couloir inondé de lumière. Seul le bruissement de tissu de la djellaba d'Haled indiquait son départ.
- Nous prendrons notre déjeuné dans notre chambre, informa-t-il avant qu'il ne disparaisse.
Haled s'inclina, et disparut avec cette information qui sonnait comme le glas d'une explication. Il la prit par le coude pour remonter les grands escaliers. Ce fut qu'au moment où la porte se ferma qu'il poursuivit.
- Tu es sûre que tu es prête ? Tu m'avais dit vouloir attendre.
Farah affirma d'un léger mouvement de tête.
- Oui, j'en suis sûre, il est temps pour moi de prendre mes responsabilités, déclara-t-elle en soutenant son regard surpris voire choqué ; Le peuple va finir par croire que je suis une fainéante qui aspire au luxe. Je ne suis pas comme ça, ce n'est pas moi.
- Évidemment que tu n'es pas comme ça habibti ! S'agaça-t-il en comblant l'espace qui les séparait ; Le peuple ne pense pas cela de toi, mon communiqué était limpide.
En effet, elle se souvenait de ce bref communiqué annonçant son incapacité à exécuter ses apparitions publiques. Saïd avait prétendu que sa santé en était l'unique raison.
- Je sais Saïd, et je t'en suis très reconnaissante, seulement il est temps pour moi d'assumer mon rôle.
D'un soupir résigné il prit son visage en coupe et l'inclina pour l'embrasser.
- Ainsi voilà la seule raison qui t'a poussé hors du lit ?
Farah cilla, perplexe de le voir soudain si penaud.
- Pour quelle autre raison ? S'enquit-elle en le dévisageant.
- Je l'ignore, avoua-t-il les yeux dans le vague ; C'est la première fois que tu quittes le lit si tôt, la colère m'a quelque peu gagné.
Farah cligna plusieurs fois des yeux, éberluée par cette confidence. Le regard possessif qu'il posait sans cesse sur elle était à la fois une source de joie et d'inquiétude mêlées. C'est pour cette raison qu'elle s'ordonnait de toujours garder en tête que cet homme avait autrefois vécu des horreurs qu'elle-même ne soupçonnait pas. Ne l'avait-elle pas vu tuer un sbire de Mustapha six ans plus tôt ?
À cette image imposée dans son esprit Farah frissonna.
- J'ai regardé l'aurore, puis j'ai pris la décision d'informer Haled que j'irai à cet évènement. J'avais l'intention de remonter.
- Pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ?
Ils furent coupés par quelque coups à la porte. Farah en profita pour réfléchir à la réponse qu'elle lui donnerait.
- Je voulais te faire la surprise, répondit-elle quand ils furent à nouveaux seuls.
Il leva un sourcil vaguement intrigué.
- C'est une excellente surprise mais je ne te laisserai pas y aller seule, conclut-il en soulevant l'une des cloches sans lui prêter un seul regard.
Stupéfaite par ce ton catégorique Farah battit des cils avant de lui répondre ;
- Pour quelle raison ?
Il releva enfin la tête pour arrimer son dangereux regard dans le sien.
- Parce que c'est ainsi habibti, je ne veux que tu aille seule là-bas.
Farah serra ses mains contre son ventre et comprit enfin.
- Alors ce communiqué n'était pas seulement pour me laisser du temps ? En réalité tu l'aurais fait peu importe mon état d'esprit ?
- Oui, admit-il sans regrets de lui infligé une telle vérité.
- Je suis ta femme pas ta prisonnière.
- Que le ciel t'entende mon amour.
De plus en plus sur la défensive Farah se recula.
- Tu m'as promis...
- La liberté ? La coupa-t-il en dardant sur elle un mystérieux regard : Tu es libre Farah, seulement je ne suis pas encore prêt à te laisser seule au milieu d'une foule.
Enfin il approcha d'une démarche nonchalant presque comme celle d'un prédateur.
- Je suis égoïste, j'en conviens mais tu es et restera ma seule priorité. Il est absolument hors de question que je te laisse seule une seconde.
Farah inspira imperceptiblement. Il y avait de la colère dans son regard mais elle ne semblait pas diriger contre elle. Mais contre le monde entier.
Cette possessivité inédite n'était pas sans lui déplaire. Cependant elle le soupçonnait de ne pas avoir totalement confidence en elle.
- Pour ma sécurité ou parce que tu as peur que je parte sur un coup de tête ?
Son rire insidieux et rauque la fit vaciller légèrement.
- Crois-moi Farah si tu venais à me quitter tu n'irais pas bien loin avant que je te retrouve.
Cela n'avait rien à voir avec une défense devant ses accusations remarqua-t-elle, mais plutôt un avertissement.
Pour agrémenter ses paroles doucereuses il se pencha pour plaquer ses lèvres sur son front. Malgré toute la chaleur que lui provoqua ce baiser, Farah sentit ses épaules se glacer.
- Tu es mienne, articula-t-il tout contre son front ; J'ai mis assez longtemps pour t'avoir, suffisamment longtemps pour refuser de prendre le moindre risque.
Il acheva sa tirade par un baiser exigeant.
- Alors je viendrais avec toi, conclut-il en l'attirant vers la table ; Je resterais à distance pour te laisser gérer seule ton premier engagement officiel.
- Je ne suis pas contre, en revanche je peine à comprendre pourquoi tu penses que quelque chose pourrait m'arriver ?
Peut-être que le peuple ne l'aimait pas autant qu'elle le pensait, songea-t-elle en fermant un instant les yeux.
- Ton oncle, je ne lui fait pas confiance et même si je l'ai fait surveiller, je refuse de lui laisser la moindre brèche.
Il fronça des sourcils avant de poursuivre.
- Le peuple t'aime Farah, cette question ne devrait jamais traverser ton esprit.
Nerveusement, Farah grimaça en songeant à la matinée que lui avait réservée Saïd.
- Si j'avais su, je ne me serais pas levé ce matin, glissa-t-elle dans un murmure inaudible mais suffisamment haut pour qu'il le distingue.
- Je ne te le fait pas dire, affirma-t-il en portant sa tasse de thé à ses lèvres sans la quitter des yeux.
Une bouffé de chaleur s'empara d'elle.
- Je suis cependant heureux d'avoir eu cette conversation avec toi, cela ne laisse plus de place au doute.
- En effet, approuva-t-elle en levant un sourcil ; Au moins je sais maintenant que ce communiqué a été déposer sur internet bien avant que...
- Je te l'ai dit, je suis égoïste, la coupa-t-il en la dévorant presque du regard ; un trait de caractère que je dois à mon père.
- Je pari qu'il était l'un de ces hommes qui pensent qu'une femme ne peut pas faire un pas devant l'autre sans être accompagnée.
- Tu te trompes Farah, une femme peut avoir son indépendance et sa force de caractère tout en laissant son mari la guider, mais cela ne veut pas dire qu'elle est soumise à son mari. Crois-tu que les femmes sont les seules à éprouver un tas d'émotions ? Les hommes ne sont pas aussi insensibles que vous le pensez. Ce sentiment de possessivité fait partie de moi.
Farah rougit et ne sut quoi dire, car peut-être que son jugement était faussé par l'idée qu'elle se faisait des hommes.
- Vas-tu me le reprocher ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
Farah se pinça les lèvres avant de secouer de la tête, le ventre irradié d'une chaleur opportune. Pouvoit-elle lui reprocher ce sentiment alors qu'elle adorait ça secrètement ?
- Tu devrais manger un peu, une longue journée nous attends.
Farah suivit ses conseils car il avait raison, cette journée allait être longue et seul l'avenir pourra lui dire si sa décision d'aller à cet événement était bonne ou non. Et secrètement, elle était ravie que Saïd soit là pour elle...
Une autre preuve de son amour pour elle... une preuve qui peu à peu lui insuffler ce sentiment qu'elle craignait tant...
L'aimer.
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