Chapitre 22
Un frisson familier heurta la peau de Farah jusqu'à ce qu'ils franchissent la porte du salon. Une élégance table était dressée pour l'occasion accompagnée d'une rose rouge dans son assiette. Ce modeste présent lui réchauffa le cœur et elle se sentit rougir secrètement.
Tout recommencer...
Voilà ce que Saïd espérait pouvoir tirer de ce dîner. Une fois qu'ils furent installer un curieux silence les plongea dans une atmosphère étrangement agréable.
- Tu es absolument ravissante ce soir, lança-t-il enfin en levant son verre d'arak pour trinquer.
Bien-sûr Saïd avait tout prévu, songea-t-elle en baissant son regard sur son verre du jus de fruit agrémenté d'une lamelle d'ananas.
Farah se laissa tout de même emporter par la magie du moment et trinqua.
- Merci, murmura Farah en plongeant ses lèvres dans son verre.
Le goût frais et fruité était un délice, constata-t-elle en reposant son verre.
- J'ignorais que ton oncle avait été jusqu'à t'interdire la couleur préféré de ta mère.
Farah décela un peu d'aigreur dans sa voix. Elle savait qu'à partir de maintenant Saïd souhaitait qu'elle se confie à lui, qu'elle lui partage ses secrets même les plus sombres.
Mais allait-il lui partager les siens ?
- Il ne supportant pas que je puisse lui ressembler, il ne voulait pas que je m'accroche à ce genre de souvenir.
- Mais tu avais besoin de ses souvenirs pour tenter de te reconstruire, de comprendre.
- Oui, murmura-t-elle d'un souffle.
- Pourquoi ton père n'a pas tenté de t'expliquer pourquoi elle était partie ?
Une douleur lui comprima la poitrine. Elle fut tenter de fuir la conversion mais à quoi bon ?
C'était son mari, et il voulait apprendre à la connaître.
- Je crois qu'il n'a pas eu le temps, dit-elle en lissant la nappe d'une main nerveuse ; Mais je crois surtout qu'il ignorait pourquoi elle était partie du moins il ne voulait pas se confronter à la vérité.
- Qui est ?
Au prix d'un effort surhumain Farah releva les yeux.
- Elle n'était pas aimé au village, j'aurais voulu qu'il parte avec elle.
- Mais ton père était trop attaché au valeur de sa tribu n'est-ce pas ?
Farah acquiesça avec douleur et soulagement de pouvoir enfin se confier à quelqu'un qui ne la jugerait pas.
- J'étais trop petite pour comprendre, personne ne m'a jamais réellement parlé d'elle ni même de l'amour qu'elle avait pour mon père. Elle a été bafoué par mon oncle. Il n'avait de cesse de me répéter que seul la situation de mon père l'intéressait.
- Ton père était le chef de la tribu à cette époque, glissa-t-il doucement avant d'être interrompu par un serveur.
Ce dernier se matérialisa devant leur table pour y déposer un sublime plateau en argent.
- Je ne pense pas que ma mère était comme on me l'a décrite, répondit-elle d'une voix faible mais insufflée de persuasion.
Son mari plissa ses yeux verts.
- Tu penses que c'était des mensonges ?
- J'en suis persuadée, affirma-t-elle d'une voix plus ferme ; Sinon pourquoi elle serait partie en laissant tout derrière elle ?
Farah marqua une pause dans laquelle elle toucha sa poitrine comme si celle-ci devenait douloureuse à mesure du temps.
- Y compris moi, ajouta-t-elle d'une voix tremblante.
- Je te fais la promesse de découvrir la vérité au sujet de ta mère, déclare-t-il d'une voix solennelle ; Une personne doit connaître cette vérité, il suffit de la trouver.
Mais en avait-elle envie ?
Avait-elle envie de se confronter à la dure réalité ?
- Sauf si tu n'en a pas envie, ajouta le cheikh en inclinant légèrement sa tête.
Farah arrima son regard au sien.
- La vérité n'est pas toujours bonne à savoir, murmura Farah d'une voix à peine perceptible.
- Certes, mais il vaut mieux la savoir que de rester à jamais dans l'inconnu tu ne penses pas habibti ?
Il se redressa lentement, lui donnant l'impression qu'il allait d'ici peu traverser la table pour la posséder jusqu'à son dernier souffle.
Farah rougit, le regard ancré dans le sien.
- Me permets-tu de faire des recherches sur ta mère ? Demanda-t-il d'une voix douce et presque savoureuse.
Farah hocha de la tête, persuadée qu'elle prenait la bonne décision.
- Promets-moi de ne rien me révéler si c'est trop pénible à entendre.
- Tu as ma parole, lui promit-il en glissant sa main vers la sienne.
Il la prit dans la sienne et sans difficulté, malgré la distance qui les séparait, déposa un baiser sur ses phalanges.
- Il faut que tu manges à présent.
Farah leva les yeux ciel en étouffant un rire qui ne passa pas inaperçu aux yeux du cheikh.
- Tu as levé les yeux au ciel, nota-t-il en prenant un air menaçant.
Des petits fourmillement coururent dans sa nuque. Une chaleur opportune vint effleurer son échine.
- Ton éternelle autorité mérite ce roulement d'yeux, lança-t-elle en se servant un morceau d'agneau.
- Est-ce que mon autorité te dérange ?
- Non, elle me plait au contraire.
Farah sentit ses joues s'empourprer d'en avoir trop dit, car déjà, son mari levait un sourcil étonné.
- Voilà une confidence qui mérite d'être exploré.
Farah se pinça les lèvres nerveusement.
- Il faut dire que tes ordres ne sont pas déplaisant à exécuter, dit-elle en glissant un morceaux d'agneau dans sa bouche.
Farah se mit à le mâcher avec un sourire frémissant aux lèvres. Il lâcha un rire guttural qui la fit fondre au plus profond de son être.
- Est-ce un sourire que je vois, murmura-t-il en recouvrant son sérieux.
Farah déglutit, sans se départir de ce sourire qui exprimait enfin un soupçon de joie.
- J'aime quand tes lèvres esquissent ce genre de sourire hayete.
Ce petit mot doux signifiant 《 ma vie 》 la fit de nouveau rougit jusqu'à la racine de ses cheveux.
- Je veux être heureuse Saïd, il faut que tu le saches, commença-t-elle en luttant pour ne pas baisser les yeux devant cette puissance émanant de son regard ; Crois-moi Saïd je le veux.
Une flamme jusque-là méconnue jaillit dans les yeux du cheikh. Il se pencha en avant, le regard sondé au sien comme si plus rien n'existait autour d'eux.
- Et je ferais tout pour te rendre heureuse Farah.
Cette promesse vint se loger au fond de son cœur.
- Je veux que l'on arrête d'en parler, décréta-t-il en posant sa serviette sur la table ; Maintenant que tout est limpide entre nous je propose que l'on arrête cette discussion.
- Oui tu as raison, dit-elle en lui souriant.
Il inclina sa tête et l'invita à poursuivre son repas. Leur dîner s'acheva dans une ambiance harmonieuse et enfin Farah eut l'impression d'être ôtée d'un poids.
Ils rejoignirent leur suite main dans la main. Farah profita d'un appel urgent pour se déshabiller seule dans la salle de bain. Une fois nue, elle s'arrêta quelques minutes devant le grand miroir et profita d'avoir les cheveux attacher pour regarder ou du moins tenter d'apercevoir les cicatrices qu'elle avait dans le dos. La cruauté de son oncle demeura à jamais inscrite sur ses chairs. Même si elle avait l'impression qu'elles disparaissaient à mesure du temps, Farah devait se faire à l'idée qu'elle les garderait toujours. C'est avec un soupir tremblant qu'elle pivota légèrement pour se remettre droite. À ce moment, elle posa ses mains sur son ventre plat en songeant à l'enfant qu'elle pouvait peut-être porter...là...nicher dans son ventre sans qu'elle ne le sache. Était-elle prête à avoir un enfant ?
Farah préféra ignorer cette question.
- Je serais heureux de connaître tes songes habibti.
À cette voix rauque au timbre sensuel Farah releva les yeux pour croiser le regard de son époux.
Saïd darda son regard sur le corps nu de sa femme et une sève de désirs grimpa en lui. Galvanisé par la beauté de cette créature divinement belle, Saïd s'approcha sans quitter son regard. Tendu à l'extrême il demeura silencieux et se contenta de venir poser ses mains sur les siennes. Il déposa une traînée de baisers sur ses épaules et savoura le délice de ses petits halètements.
Demain il se jura de lui faire l'amour à l'aube d'un nouveau départ mais pour l'heure il la voulait à ses côtés au prix d'un déchirement intérieur.
Alors il la souleva dans ses bras et vint la déposer dans leur lit. Ses yeux brillaient presque de déception sans savoir ce qu'il lui réservait au petit matin.
Et pour parfaire ce mystère Saïd s'allongea à ses côtés puis les plongea dans une sombre obscurité.
- Bonne nuit Farah...
Elle lui répondit que par un doux murmure avec de se plonger dans un profond sommeil. Un sommeil qu'il avait attendu patiemment pour quitter le lit. Il s'habilla à la hâte et quitta la chambre sans un bruit.
Comme il l'avait demandé, Isobel se trouvait assise sur le banc en face de la porte. Elle se leva, exécutant une révérence avant de lui lancer un regard interrogateur.
- Veillez sur Farah le temps de mon absence, si elle se réveille dite-lui que j'ai dû m'absenter en urgence.
- Très bien votre Altesse mais puis-je vous demander votre réelle destination ?
Ayant une entière confiance en Isobel, Saïd lui répondit ;
- Là où se trouve la tribu Dawar...
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