Chapitre 22
Je me lève ce matin, la tête embrouillée, le corps vide d'énergie.
Quatorze février. St-Valentin. Noah. Je ne peux pas le faire mariner plus longtemps. Il a besoin de savoir que je ne l'aime pas — du moins de la manière qu'il m'aime. Mon cœur tressaute dans ma poitrine. Allongée sur le dos dans mon lit, je ne pense qu'à son visage. Comment va-t-il réagir ? C'est sûr qu'il sera déçu.
— Lessy ! Qu'est-ce que tu fais ! Ça fait dix minutes que tu aurais dû être descendue, râle maman en ouvrant la porte de ma chambre.
Elle m'observe. Je ne réagis pas. Je continue de fixer le plafond. Je ne la regarde pas. Je ne suis pas capable. Le matelas s'affaisse sous son poids lorsqu'elle s'assois à mes côtés.
— Chérie ?
Je ne bouge pas. Si je bouge, les larmes vont couler. Et je ne le veux pas. Le plafond blanc me fait mal aux yeux, il y a une impression d'hypnotisation.
— Chérie, faut que je sache ce qui ne va pas. Que se passe-t-il ?
Je suis incapable de réagir. Je suis soudée à mon lit, mon corps aussi lourd que du béton.
Des bruits de pas dans l'escalier se font entendre.
— Eh ben ! Vous faites une sie... commence mon père avant de s'interrompre net en voyant maman me tenant la main et moi... Muette. Figée.
Il se positionne à côté de maman et me regarde.
— Lessy ? Tu sais que tu peux tout nous dire, on t'aidera du mieux qu'on le peut. OK ?
Un liquide salé touche ma lèvre.
Une larme.
Je ne peux plus me retenir.
Deux larmes.
C'est trop dur.
Trois larmes.
Ça fait longtemps que je n'ai pas craqué devant mes parents.
Quatre larmes.
Et elles s'enchainent. Mon cœur lâche tout ce qu'il contient, le trop plein qui le rempli. Mon nez coule, je m'essuie dans la manche de mon tee-shirt. Pas très hygiénique, mais je n'ai pas la force de tendre le bras pour attraper un mouchoir.
— Lessy ?
Je tourne la tête vers mon bureau, où repose mon carnet. Ma mère se lève et le récupère ainsi qu'un crayon. Et encore une fois, j'écris.
Noah m'aime. Pas moi. Jsp comment lui dire. Quoi faire ? Trop dur. Trop peur.
— Oh Chérie... murmure maman.
— Il faut que tu lui dises, en tout cas, me dit papa. Peut-être pourrais-tu lui écrire une lettre, lui disant ce que tu ressens, et lui donner ? Certes, il sera déçu, mais qu'importe la manière dont tu lui diras, il y aura une part de désespoir et de regrets. Mais vous pourrez toujours rester amis, je ne pense pas qu'il y voit d'inconvénients.
Je hoche la tête et me relève en position assise. Mes parents quittent la chambre, me laissant me préparer pour l'école. J'enfile un jogging et un tee-shirt large, je me mets une touche de maquillage et m'assois à mon bureau, une feuille devant moi.
Quoi écrire ? Je ne veux pas qu'il le prenne mal, ni qu'il regrette de me l'avoir dit. Ce n'est pas à cause de lui, juste à cause de... mon passé. Suis-je obligée de lui raconter ce qu'il s'est passé ? Il en connait une partie, mais ai-je vraiment confiance en lui au point de tout lui raconter ? Je ne sais pas.
Noah,
Je suis désolée. Tu sais, par rapport à ta phrase. Tu m'aimes d'une façon que moi, je ne t'aime pas. Je t'apprécie en tant qu'ami, et tu en sais plus que Jules ou même Nathan, qui est mon premier ami, et pour moi, même si ça ne te parait pas grand-chose ce que je t'ai dit hier, ç'avait vraiment beaucoup d'importance et c'était difficile d'en parler. Je t'adore vraiment, mais je ne me sens pas prête à engager une autre relation avec toi. Ce n'est pas contre toi, seulement à cause de mon passé. De ce que j'ai vécu... avec Yan. Encore une fois, je suis désolée de mon refus, si on peut dire ça comme ça.
Lessy
Lorsque je mets le point final, je ne peux pas empêcher mes yeux de s'humidifier. Ces mots ne veulent rien dire et ce n'est pas assez pour m'écrire.
Le chemin vers l'école me parait interminable, long de plusieurs kilomètres. J'avance à petits pas, le cœur tambourinant contre ma cage thoracique, la respiration courte.
Lorsque je vois Noah, il n'y a plus que la future déception qui ornera son visage, ses yeux tristes.
Lorsqu'il me voit, sa bouche s'agrandit en un sourire sincère, je peux même voir une légère coloration rouge sur ses joues quand il s'approche. Il passe sa main dans ses cheveux, tic que Yan faisait aussi. Mon cœur se serre, il se brise à chacun de mes pas.
Je lui donne la lettre, sourit à Jules et poursuit mon chemin sans m'arrêter jusqu'à mon casier.
Derrière moi, des bruits de pas se font entendre et la porte de mon casier, qui me dissimulait, s'ouvre en grand, Noah se tenant à elle, suivi de Jules. Dans sa main, la lettre. Mais dans son regard, des questions.
— Lessy, comment est-ce que tu connais le demi-frère de Nathan ? Il ne nous en a jamais parlé, et la seule fois où il a mentionné son nom, c'était il y a deux ans piles pour nous annoncer qu'il partait en France soutenir sa famille suite au drame. Attends... Est-ce que tu es au moins au courant de ce qu'il s'est passé ?
Des points noirs dansent devant mes yeux.
Si je suis au courant ? Bien sûr, j'étais là.
C'est la dernière pensée qui me traverse l'esprit, avant de tomber.
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