Un son tapageur s'immisce dans les songes du dormeur. Peur. Stupeur. Le rêveur sort de sa torpeur, en sueur. Les battements de son coeur trahissent sa terreur. Ce n’est pourtant pas aujourd’hui qu’il meurt : ce n’est que le réveil. Cet objet de malheur, cet infâme tourmenteur. C’est l’heure ! C’est l’heure ! Voici ce que criaille, accusateur, l’abject serviteur de Saturne. Réjouit.

La main de l’homme sort de sous sa sombre couverture. Tâtonnant dans l’obscurité opaque qui l’entoure, il touche le bouton salvateur et met momentanément fin à ses souffrances. Le suppôt de Chronos est assommé. Étourdi.  

Le bruit criard irritant retentit de nouveau. Le message a subtilement changé. Tu es en retard ! Tu es en retard ! Ses piaillement stridents vibrent dans la pièce et viennent titiller les oreilles sensibles de l’être endormi. Tiré de son sommeil pour la deuxième fois, l’homme n’éprouve que du mépris pour cette irrespectueuse vermine. Haïe.

La main du léthargique humain, maintenant enragé, émerge du lit une nouvelle fois. Le marteau du blâme s’abat alors sur l’insupportable vacarme. Le condamné s’écrase bruyamment et ses entrailles mécaniques s’étalent misérablement sur le parquet d’acajou. Le calme s'installe, apaisant. Dans un râle de soulagement, le vainqueur repart rêvasser. Le réveil est à l’agonie. Anéanti.