Sur le petit bureau bancal, à côté de la lampe verte qui incline piteusement la tête pour ne pas éblouir de sa vive lumière, trône une photographie. Bien en vue dans son cadre de bois, elle date de plusieurs mois déjà mais les souvenirs qu'elle inspire sont toujours frais dans la mémoire.

C'était un jour heureux, le dernier pour l'un d'eux. Il sourit, lui qui souffre. L'espace d'une journée, le temps s'est arrêté, les douleurs ont été oubliées. Il a pu célébrer les quarante ans de sa fille unique, mais après ce jour là, le temps a repris ses droits.

Il ne reste maintenant que cette photographie. Petit papier glacé dont les couleurs ont immortalisé le bonheur d'une journée. Ils sont six sur ce petit bout d'éternité mais l'un d'eux les a quittés. Pourtant il vit toujours ce sur cette drôle de feuille, protégée par un cadre et par des regards tendres, emplis de nostalgie. Ce billet bigarré fait revivre chaque jour, pour ceux qui l'ont aimé, cet homme merveilleux.

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NDA : Je ne sais pas si ce poème figurera dans le recueil final car il est très personnel alors que les poèmes de Ponge sont, au contraire, parfaitement impersonnel. Je ne parle pas d'une photo au hasard mais d'une photo qui me tiens à cœur. Il s'agit d'une photo de famille, la dernière sur laquelle est présent mon grand-père. Du coup j'hésite à la mettre dans mon recueil...