Tic. Le pendule à gauche. Tac. Le pendule à droite. Tic. Tac.

Ce son entêtant émane de l'horloge. C'est insupportable comme c'est régulier. Les aiguilles tournent, c'est inexorable. Et caressent ces chiffres sans grand intérêt. Tracés par nous même, ils sont insensés. Jamais l'homme n'arrête de tout quantifier. Même le temps qui passe n'y échappe pas. Lui qui est si libre, si inaccessible.

Tic. Le pendule à gauche. Tac. Le pendule à droite. Tic. Tac.

Cette horloge de bois trône dans le salon de mes grands-parents depuis bien longtemps et ils l'aiment tant qu'elle ne les quittera sous aucune prétexte. Cette horloge de bois qui prend du plaisir à se faire haïr. Entouré de chêne, ou bien même d'ébène, son bien lourd pendule est fort facétieux. Dans le ventre vide recouvert d'une vitre de l'horloge obèse il s'invente un jeu. Il faut bien avouer qu'il a du mérite à tant travailler sans jamais faiblir.

Tic. Le pendule à gauche. Tac. Le pendule à droite. Tic. Tac.

Pourtant, je l'avoue, aucune sympathie ne m’effleure l'esprit quand je pense à lui. Aucune empathie, aucune pitié, bien trop exaspérée par le bruit qu'il crée. Ce bruit régulier comme de l'eau qui goutte d'un plafond troué et qui, peu à peu, perfore mon crâne pour mieux s'infiltrer dans toutes mes pensées ou bien dans mes rêves. Je voudrais dormir, je voudrais m'évader, mais je suis obsédée par cette sonorité. Les bouchons d'oreilles sont bien inutiles et il m'est impossible de trouver le sommeil. Il faut arrêter ce bruit si régulier. Je vais devenir folle, vite une camisole !

Tic. Le pendule à gauche. Tac. Le pendule à droite. Tic. Tac.

Cette fois ça suffit ! Je n'ai qu'une envie : je veux fracasser cet affreux cadran. Voir le verre brisé glisser sur le parquet. Brûler cette horloge et lui bousiller toutes ses mécaniques. Qu'elle soit à mamie ou au premier Pape, peu m'importe aujourd'hui : ce fléau rendra l'âme !