IX
Je le dévisage, les yeux tristes mais il reste statique jusqu'à ce que la fille derrière moi me pousse pour prendre ma place. Il pose et sourit et moi, je reste là, à me sentir conne et humiliée.
Les larmes me montent aux yeux mais je me contiens tant bien que mal pour éviter qu'il ne me voit dans cet état. Mais pourquoi est-ce que je reste ici ? Pourquoi est-ce que je m'inflige ça ? C'est pourtant évident que je ne rivalise pas. J'ai mal. Mal de m'amouracher d'une célébrité qui se fout complètement de ma gueule.
Je ne parviens pas plus longtemps à dissimuler ma peine et je me retourne et m'éloigne pour éviter qu'il n'assiste à la scène.
- Jordane ! Wait ! Il arrive à ma hauteur et m'embrasse sur le front en caressant mes cheveux du bout des doigts. Le meilleur pour la fin, tu te souviens ? Murmure-t-il en m'attirant contre lui. J'expire bruyamment un soupire de soulagement dans son cou, ce qui ne manque pas de le faire rire. On le prend ce café ? J'acquiesce, soulagée.
Pourvu que la brune ne nous accompagne pas... Une voiture les attend juste devant la porte, pour éviter qu'ils n'aient à affronter une nouvelle fois des fans et des paparrazis. En parfait gentleman, il m'ouvre la portière et prend soin de me faire entrer la première alors que son amie s'installe à l'avant, du côté passager.
Il dépose tendrement sa main sur la mienne et instinctivement, je lui presse le bout des doigts, comme pour lui faire discrètement comprendre que je veux qu'il ne soit qu'à moi. Il m'observe et me sourit timidement, la tête baissée.
Lui, timide ? Ça m'étonnerait quand même, pourtant, j'ai bien l'impression que derrière son physique ravageur, son argent et son rôle, se cache un homme qui ne se sent pas à sa place, sous les projecteurs. Il se penche lentement vers moi et je ne peux résister à le prendre dans mes bras, alors que de toute évidence, il voulait juste me parler.
Il rit et moi, je rougis, morte de honte.
- Pour le café, tu comprendras que nous devrons le prendre chez moi... Si nous voulons discuter, je ne peux malheureusement pas me permettre de m'exposer.
Je n'y avais pas pensé mais il a raison. Nous arrivons à destination, devant sa grande maison sur les hauteurs d'Hollywood. La belle brune et le chauffeur nous saluent avant de poursuivre leur route. Je suis si nerveuse que mes mains en sont moites et que quelques goutes de sueur perlent sur mon front. Un immense portail sécurisé s'ouvre à la simple action d'un petit boîtier dont il ne doit sans doute jamais se séparer. Il me prie de le suivre en ouvrant le chemin et je lui emboîte le pas, excitée et anxieuse à la fois.
Sa maison est à l'image de l'idée qu'on peut se faire des maisons hollywoodiennes, bien qu'elle me semble légèrement plus modeste et j'aime autant ça. Il enclenche la machine à café alors que je m'installe sur un tabouret autour de l'îlot central de sa spacieuse cuisine équipée.
- Ton séjour au Canada s'est bien passé ? Finis-je par lui demander pour rompre le silence.
- Oui, merci, répond-t-il brièvement en me pénétrant de ses grands yeux verts émeraudes, un léger sourire au coin des lèvres.
Bon... Il n'a pas l'air très ouvert à la discussion.
Deuxième tentative.
- C'est drôlement joli chez toi ! Cette fois ci, il ne répond pas mais me gratifie d'un regard tendre et gêné à la fois.
Bien... Je frotte nerveusement la paume de mes mains contre mon pantalon noir, en contemplant les spots lumineux intégrés dans le plafond.
- Je suis désolé, lâche-t-il en me servant un café fumant. Je le regarde, les sourcils froncés. Je n'ai pas vraiment l'habitude... Enfin, je n'ai jamais de rendez-vous. Je ne sais pas trop comment m'y prendre. Il est tellement touchant que je sens presque mon coeur fondre à l'intérieur de mon corps. Mes anciennes copines sont toutes actrices, et les choses se sont faites naturellement sur les tournages, poursuit-il, mal à l'aise.
- Je suis donc ton premier rencard ?
- On peut dire ça comme ça, répond-il par un sourire blanc éclatant.
- Tu es le mien aussi, finis-je par confesser. Nous apprendrons ensemble, dis-je en riant. Je pense d'ailleurs qu'il serait de coutume de me proposer du lait et du sucre... Enfin, moi je dis ça, je ne dis rien. Il se met à rire de bon coeur alors que je poursuis : Et puis, une ou deux bougies feraient tout leur effet !
- Non mais attends ! On a tout faux ! On est pas censé boire du vin ou quelque chose comme ça ? Plaisante-t-il en m'offrant un clin d'œil.
Il sort du frigo une brique de lait qu'il dépose devant moi. Il hésite quelques secondes en observant l'îlot central intensément et finit par se tourner vers moi et déposer ses mains sur mes genoux. Je place délicatement la paume de mes mains contre son torse, à travers la douceur de son t-shirt. Il s'humecte les lèvres en acquiesçant tout doucement, comme pour se donner le courage dont nous avons tous les deux besoins.
Au lieu de me précipiter contre ses lèvres, je presse mon visage contre son coeur. Son menton sur le haut de mon front, je sens quelques mèches de mes cheveux danser sous l'air de sa respiration apaisée.
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