Le ciel
Certains passages sont à lire avec un air un peu "froid", vous les reconnaîtrez facilement.
Bonne lecture.
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J'ai aimé, j'ai pleuré, j'ai souris, j'ai désespéré, je me suis amusé.
Jusqu'à en mourir.
Aujourd'hui je ne sais pas qui je suis parce que je ne sais pas qui j'ai été.
Sans cesse avec ce masque, ce costume pour plaire aux gens et leur faire croire que je suis qui il veulent que je sois, ce qu'ils veulent que je sois.
Maintenant je fixe le mur, je fixe le sol qui est aussi le plafond et le noir rougeâtre éternel.
Autour de moi tout m'est familier mais je ne reconnais rien. C'est la fin. Rien ne peut me sauver.
Je n'entends pas, je ne vois pas. Tout tourne et retourne dans ma tête.
J'ai aimé, j'ai pleuré, j'ai souris, j'ai désespéré, je me suis amusé.
Jusqu'à en mourir...
***
La bouilloire siffla, elle était vieille. L'eau est chaude, prête à être versée dans une tasse puis à être bue. Il est 17h30, c'est l'heure de boire le thé.
Ensuite il faudra retourner travailler, il faut bien. Puis un repas rapide, préparé à l'avance pour ne pas perdre de temps. Pour finir huit heures de sommeil après avoir continué le livre en cours. Et la journée recommencera, une infinie de journées pareilles et similaires, réglées à la seconde près.
L'eau est versée dans la tasse, comme tous les jours.
Trois coups sont frappés à la porte. Ce n'est pas normal.
La tasse, la bouilloire et le thé vont attendre.
La porte s'ouvre, derrière une femme brune, ses cheveux hirsutes attachés en un chignon serrés. Elle porte une robe de sorcière.
L'habitant des lieux ne dit rien. Il attend. Il sait qui sait. Il ne sait pas pourquoi elle est là.
Alors elle prend la parole:
- Malefoy, je t'en supplie, tu es le seul à pouvoir le sauver.
L'habitant ne montre aucune réaction, aucun sentiment ou signe qu'il comprend de quoi parle cette femme.
Il ouvre la porte plus grand et la laisse entrer dans le petit salon. Il n'y a qu'un fauteuil. Qu'une chaise à la table. Il n'y a qu'une personne qui vit ici.
Elle ne s'assit pas. L'habitant ne lui sert pas de thé. Il n'y avait de l'eau que pour une seule personne.
- Que désires tu ? dit-il toujours aussi neutre.
La femme releva la tête, elle était déterminée, ce que l'habitant n'avait pas vu depuis longtemps. Lui il travaillait et se tenait à son organisation; il ne savait plus ce qu'était la motivation ou une conviction.
- Je veux que tu l'aides, dit-elle fermement, Harry se meurt petit à petit. On ne peux rien faire et tu es le seul à pouvoir l'aider, je le sais.
- Pourquoi es-tu convaincu que c'est à moi de le faire ? demanda-t-il d'un ton détaché.
- Mais parce que tu es toi Malefoy! commença à s'énerver la femme, Vous avez toujours su comment aider l'autre, comment l'énerver et le faire réagir. Vous vous êtes battus pendant des années!!!
- Ceci n'existe pas.
- Bien sûr que si!!! s'écria la femme, désespérée, Je ne sais pas ce qui vous est arrivé. Je ne sais pas ce que vous avez, tous les deux, mais vous vous mourrez, à petit feux vous êtes en train de vous tuer.
- Je ne comprends pas, répéta l'habitant. Tu m'as demandé de venir alors je viendrai. Mais puisqu'il s'agit d'un travail, je dois être rémunérée.
La dame ne comprenait plus rien mais elle accepta. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait.
***
Hermione Granger était dans son bureau. Il était tard, très tard mais elle réfléchissait à ce qu'elle venait de faire. Cet acte désespéré était pourtant justifié et tout le monde l'avait suppliée de le faire.
Alors pourquoi avait-elle peur du résultat ?
Elle tourna la tête, sur son bureau il y avait une photo. Un cliché pris lors de leur huitième année à Poudlard. Dessus il y avait Harry, Ron et elle. Tous les trois souriaient puis faisaient une grimace, elle adorait les photos sorcières. Il s'agissait du premier vrai sourire sincère depuis longtemps. Elle adorait cette photo.
Pourtant sa préférée était celle d'à côté. Une incroyable photo moldue avec toute l'école, enfin les sixièmes, septièmes et huitièmes années: ceux qui avaient combattu. Cette fois elle datait de leur dernier jour d'école. Dessus il y avait leurs professeurs qui souriaient et des élèves heureux. Hermione embrassait Ron, Harry embrassait Drago, Ginny taquinait Luna qui embrassait Neville, il y avait Théodore Nott, Blaise Zabini et Pansy Parkinson, mélangés parmi les maisons. Ils étaient tous là. L'époque où ils s'étaient promis de ne jamais se perdre et de toujours garder le contact.
Aujourd'hui, le résultat était décevant. Plusieurs avaient décidé de quitter le monde magique et de vivre en exil. Certains, surtout des Serpentards, s'étaient suicidés. D'autres ne voulaient plus se parler et Hermione était devenue la femme la plus importante du pays, pourtant cette réussite avait un gout amer.
Surtout Harry était à l'hôpital, coincé depuis des années avec un état qui s'empirait d'année en année et Drago avait perdu tous sentiments; une carapace vide qui ne faisait que survivre et réaliser ce qu'on lui demandait. Tous deux n'existaient plus. Compliqué à croire quand on les connaissait lors de cette photo et pourtant tout a changé.
Le Sauveur et l'ancien mangemort étaient arrivés en même temps à Sainte Mangouste, tous deux inconscients et dans un état critique. Pourtant aucune blessure n'était visible, seulement de la magie. Une magie si puissante qu'ils avaient mis des jours avant de pouvoir passer les sorts autour d'eux et enfin les soigner. Mais le mal était déjà fait.
Ni l'un, ni l'autre ne fut jamais en capacité de dire ce qui s'était passé. Personne ne savait où ils étaient avant qu'on les retrouve devant l'entrée de l'hôpital et leurs baguettes, brisées, ne leur donnèrent aucun indice.
Drago avaient disparu depuis des années mais Hermione avait réussi à retrouver sa trace.
Harry se levait, s'asseyait, bougeait dans la maison de repos où il était désormais. Il se promenait et regardait le ciel, de jour comme de nuit, dès qu'il pouvait le voir. A travers une fenêtre ou dans le parc. Il regardait le ciel. Cependant aucun son n'avait franchi ses lèvres depuis tellement longtemps que le brune ne voulait plus compter.
Ils étaient tous deux devenus complètement amorphes.
***
Le lendemain, dans la chambre du brun qui regardait dans le vide et du blond qui fixait le mur, elle ne savait plus quoi faire.
- Drago ? peux-tu essayer de l'aider s'il te plait ? finit elle par demander doucement.
Celui qui n'était plus à sa place, s'approcha de celui qui n'existait plus et posa sa main sur sa tête.
Il ne s'était pas servi de ses pouvoirs depuis si longtemps qu'ils en avait oublié jusqu'à l'existence. Pourtant dès qu'il le toucha, son esprit s'éclairci légèrement, rendant le brouillard noir qui obscurcissait tout un peu moins sombre pendant une seconde.
Hermione sentait que quelque chose se produisait. Pourtant les meilleurs spécialistes du monde avaient essayé et ils avaient tout essayé, à vrai dire même les pires, les non spécialistes et ceux qui avaient juste des idées. La seule qui avait retenu leur attention était de retrouver Drago Malefloy, ce qu'ils s'appliquaient à essayer de faire depuis des années.
L'esprit de Drago s'emplit de paroles, aucune image, juste des sons qui tournaient en boucle:
J'ai aimé, j'ai pleuré, j'ai souris, j'ai désespéré, je me suis amusé.
Jusqu'à en mourir.
Aujourd'hui je ne sais pas qui je suis parce que je ne sais pas qui j'ai été.
Sans cesse avec ce masque, ce costume pour plaire aux gens et leur faire croire que je suis qui il veulent que je sois, ce qu'ils veulent que je sois.
Maintenant je fixe le mur, je fixe le sol qui est aussi le plafond et le noir rougeâtre éternel.
Autour de moi tout m'est familier mais je ne reconnais rien. C'est la fin. Rien ne peut me sauver.
Je n'entends pas, je ne vois pas. Tout tourne et retourne dans ma tête.
J'ai aimé, j'ai pleuré, j'ai souris, j'ai désespéré, je me suis amusé.
Jusqu'à en mourir...
Au bout de la cinquième boucle, il enleva sa main et coupa la connexion.
- Il dit qu'il est mort, puis-je avoir ma paie ?
Le choc de cette révélation toucha les personnes présentes au plus profond d'elles. Que voulait dire le blond ? Que se passait-il réellement ?
- Puis-je avoir ma paie ? répéta Drago.
La ministre finit par lui donner une bourse que le blond prit mais il ne partit pas. Son organisation prévoyait qu'il reste ici toute la journée. Que ferait-il ailleurs ?
Beaucoup sortirent de la pièce en larmes, d'autres en colère. Drago ne comprenait pas ces émotions. Il n'en avait plus ressenti depuis des années.
Il s'assit sur la seule chaise de la pièce. Il y avait qu'une chaise; qu'un lit; qu'une fenêtre.
Il fixa le ciel par la fenêtre. C'était bien le ciel. Le ciel était neutre.
Harry bougea et fixa le ciel aussi. Ils étaient deux. Cette pièce n'était pas faite pour deux, ils n'auraient pas du être là tous les deux. Mais l'organisation lui interdisait d'aller ailleurs. Alors il resta ici, sur la chaise. Il fixa le ciel.
Au début il était bleu, après il fut voilé par de légers nuages, puis parsemé de couleurs du coucher de soleil et enfin ce fut la nuit.
La nuit c'était bien. Drago chantait la nuit mais il ne le savait pas vraiment. Ce n'était pas dans son organisation mais son esprit le faisait tout seul.
Ce fut bientôt l'heure de se coucher. Il n'avait pas le temps de rentrer chez lui, alors il se coucha dans le premier lit qu'il vit.
Hermione repassa tard ce soir-là. Elle voulait savoir ce qui s'était passé avec Drago, comment il avait fait ça.
En approchant de la chambre elle entendit quelqu'un chanter. Elle ouvrit la porte et découvrit une scène qu'elle ne pensait plus possible un jour.
Harry et Drago, allongés côte à côte dans le lit, la tête vers la fenêtre où le paysage n'était jamais caché. En réalité ils dormaient tous deux. Harry ne s'endormait plus tout seul, il fallait toujours des médicaments.
Drago chantait, une voix d'ange venant d'une crise de somnambulisme. C'était une histoire magnifique. L'histoire de deux amants qui traversaient tout pour l'autre. Ils survoleraient les mers, arpenteraient les forêt, escaladeraient des montagnes, tout jusqu'à pouvoir atteindre les nuages, pour toucher le ciel et rejoindre celui qu'il aime et se transformer en étoile à ces côtés afin de l'aimer à jamais.
Cette chanson, Hermione ne la connaissait pas et pourtant elle paraissait si importante. Elle avait l'air d'une importance capitale. Mais ce n'était plus son problème. Elle devait accepter que plus rien ne serait comme avant, ce temps où ils étaient tous amis et heureux. Elle se raccrochait à des souvenirs qui devaient rester ce qu'ils étaient réellement: une image passée qui n'avait plus sa place dans le présent.
Sa vraie mission avait été de les réunir tous les deux, unis jusqu'à la mort comme en attestaient les deux bagues qu'ils portaient au doigt.
Elle referma doucement la porte derrière elle, coupant définitivement les ponts et s'éloigna doucement, la chanson de moins en moins forte à chaque pas qui la séparait d'une histoire dont elle n'aurait jamais la fin mais d'un couple qui sera ensemble à jamais. Liés par le ciel, communiquant grâce aux étoiles.
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