chapitre 10 : la rançon de biberons
Empoisonné par son médecin, le docteur Christian, Oliver était lentement revenu à la santé. Chose singulière, on eût dit même que la tentative d'assassinat dont il avait failli être victime avait eu une heureuse influence sur son tempérament et sur son caractère.
Oliver avait repris goût à l'existence.Il se levait maintenant de bon matin,d'Isis-Loge, dont certaines ressemblaient plus à des hypogées funéraires qu'à d'honnêtes salons modernes.
Le palais lui-même, une des curiosités de la capital, avait quitté cet aspect lugubre qui le faisait ressembler à un vaste mausolée, pour prendre une physionomie quasi souriante qui portait à son comble l'étonnement des habitants de Claironnant, la petite ville la plus rapprochée de la luxueuse demeure.
Enfin, par une extraordinaire dérogation aux habitudes misanthropiques de l'archéologue milliardaire, depuis une semaine, Isis-Loge abritait dans ses murs couverts d'hiéroglyphes et de sculptures symboliques, plusieurs invités venus de San Francisco.
C'étaient le fameux détective et son inséparable collaborateur et ami, Loan Murray; le banquier Tobias Norman et sa charmante pupille, Miss Elise.
La jeune fille séquestrée pendant plusieurs mois par le diabolique docteur Christian, soumise par lui à d'horribles expériences d'hypnotisme, était loin d'avoir recouvré la santé. Le gracieux ovale de son visage s'était allongé, ses joues s'étaient creusées et son sourire était d'une profonde mélancolie.
Sa nervosité, son impressionnabilité, déjà excessives, s'étaient encore accrues. Elle tressaillait au moindre bruit, s'inquiétait d'un rien, et demeurait parfois des heures entières silencieuse, absorbée dans une morne rêverie.
Seule, la présence de moi avait le pouvoir de lui rendre un peu de sa gaieté d'autrefois. Près de lui,elle se sentait heureuse, en parfaite sécurité. Sitôt qu'ils'éloignait, elle redevenait la proie de ses vaines terreurs.
Oliver , qui affectionnait beaucoup Miss Elise, ne savait qu'imaginer pour la distraire et pour la rassurer.
– Soyez raisonnable, chère petite, lui disait-il paternellement, vous savez fort bien que désormais Christian est hors d'état de vous nuire ; son procès est activement poussé et un mois ne s'écoulera pas avant qu'il ait subi le supplice de l'électrocution. On sera tout les trois moi,toi et Gaëtan.
– Je sens qu'il exercera toujours sur moi une mystérieuse influence, répondait tristement la jeune fille, etc'est ce qui fait mon désespoir. Il y a des moments où j'éprouve un irrésistible besoin d'aller rejoindre ce misérable, d'obéir aux ordres qu'il me donne de loin. Ce serait sans doute déjà fait, sans la minutieuse surveillance que vous exercez amicalement sur ma personne...
– Pauvre chère Elise, un peu de patience,Christian sera bientôt exécuté et vous n'aurez plus rien à redouter de lui.
– Qui sait ? balbutia-t-elle avec un frisson d'épouvante.
– Bah ! fit mon fils en riant,morte la bête, mort le venin !
– Je tremble à la seule pensée que par-de là le tombeau, ce monstre pourrait conserver une partie du pouvoir qu'il a pris sur ma pauvre cervelle...
– Ne songez pas à ces folies, murmura le milliardaire, troublé malgré lui ; je crois que votre imagination est pour beaucoup dans les terreurs que vous ressentez.
Malgré ces raisonnements, malgré les efforts de moi-même, Elise n'arrivait pas à retrouver le calme et la santé morale. À mesure que les jours s'écoulaient, elle se montrait plus abattue et plus inquiète. Elle affirma, un soir, avec une conviction qui impressionnait moi-même, que son persécuteur se rapprochait, que dans peu de temps il serait à proximité d'Isis-Loge et qu'elle ne pourrait plus résister à ses ordres.
Le lendemain, à l'heure du breakfast, en parcourant les journaux que venait d'apporter le vieux mon gosse Will elle faillit tomber en faiblesse.
Le hasard avait voulu que ses regards s'arrêtassent précisément sur le récit de l'évasion du docteur Christian, qui avait réussi à s'enfuir de l'avion qui le conduisait en Louisiane pour y être jugé.
– Je suis à bout de forces, murmura la jeune fille avec un découragement profond. On a laissé échapper le bandit ! Maintenant je n'aurai plus une minute de tranquillité. Vous verrez qu'il s'en prendra de nouveau à moi, à nous tous...
– C'est inimaginable, s'écria le banquier exaspéré. On ne viendra donc jamais à bout de ce brigand ! Il faut pourtant faire quelque chose. Que diriez-vous d'une prime de dix mille balles offerte à qui fournira les moyens de capturer Christian, ou seulement un renseignement intéressant.
– Le système de la prime a du bon,déclara, aussi y ai-je déjà pensé. J'ai lu les journaux de très bonne heure ce matin et j'ai fait ce qu'il fallait. Une affiche promettant une prime de quinze mille balles au dénonciateur, est déjà apposée par mes soins à Claironnant et dans les environs. Dans la journée, l'affiche sera collée à Monrovia et dans toute la France. Loan s'en occupe en ce moment.
Miss Elise me remercia d'un faible sourire, le banquier d'un énergique shaker-Hand.
Will entrait à ce moment dans la pièce, la mine effarée.
– Papa, annonça-t-il, il y a un Noir qui vous demande, c'est pour la prime.
– Déjà, fit le détective en riant.Comment est-il ce Noir ?
– Il n'a rien de remarquable. Il paraît âgé d'une trentaine d'années, il est assez proprement vêtu ;il a plutôt l'air d'un ouvrier des mines.
– Faites-le entrer dans le petit salon,j'y vais à l'instant.
– Soyez prudent, dit Elise, déjà inquiète en voyant le détective se lever pour sortir.
Il fut absent près de trois quarts d'heure ; il revint accompagné de Loan. Tous deux paraissaient très satisfaits.
– Je crois, dit gravement, que la prime est gagnée. Ce Noir connaît le repaire du docteur Christian et il m'a donné d'intéressantes précisions sur l'évasion de celui-ci.C'est un jeune apache de Scout, un « hoodlum »,le Petit Sadd, qui a joué le rôle de la vieille Miss évanouie, le prétendu petit cow-boy est un dangereux bandit connu sous le nom de Jonathan et qui a pour spécialité d'arrêter et de dévaliser les trains ; c'est lui certainement qui a eu l'idée de graisser les rails pour forcer le convoi à s'arrêter sous le tunnel. Le docteur a pour l'instant établi son quartier général dans une ferme abandonnée, située à une soixantaine de milles sur la frontière de l'Arkansas.
– Comment le Noir a-t-il pu connaître tous ces détails ? demanda Miss Elise.
– Tout simplement parce qu'il fait partie de la bande du docteur.
– À votre place, je ne m'y fierais pas,murmura le banquier, en secouant la tête.
– Je crois au contraire qu'on peut avoir confiance en lui – jusqu'à un certain point. Ce n'est pas un bandit ordinaire, il a plutôt été victime des circonstances surtout manipulé par des enfants en bas age.
– En êtes-vous bien sûr ?
– Vous allez en juger. Il y a six mois,dans l'État Unis il avait été chargé de conduire un fourgon rempli de barres d'argent, de la mine à la ville voisine. Le convoi fut attaqué et pillé par la bande du docteur, et notre Noir il se nomme Peter David fut fait prisonnier : on le crut complice des voleurs, et apprenant qu'il était condamné par défaut à trois ans de réclusion, il céda aux sollicitations et aux menaces et s'enrôla dans la troupe.
– Si tout cela est exact ?
– Il m'a donné les moyens de contrôler ses affirmations. Actuellement, il ne désire qu'une chose :vivre honnêtement après avoir fait réviser le jugement qui le condamne. Il est écœuré de la société des coquins qui l'ont embrigadé.
– L'espoir de toucher la prime, fit l'archéologue milliardaire, avec un petit rire sec, entre bien pour quelque chose, je pense, dans ces vertueuses dispositions.
– Cela est très humain et surtout très américain, répondit tranquillement mais nous somme en france mais il y a encore autre chose : Peter David est amoureux et il compte se marier sitôt qu'il aura régularisé sa situation avec la justice.
« Ce qu'il y a de plus curieux,ajouta-t-il en se tournant vers Miss Elise, c'est que vous connaissez la fiancée du Noir.
– Je ne vois pas qui cela peut être, dit précipitamment la jeune fille. À moins que ma femme de chambre Betty, disparue si mystérieusement...
– C'est elle-même. Cette courageuse fille, qui vous montra tant de dévouement, est prisonnière des bandits qui ont fait d'elle leur esclave, mais elle a su prendre sur Peter David une grande influence. C'est elle qui l'a décidé à venir me trouver...
– Il y a dans cette histoire quelque chose qui n'est pas clair, objecta le banquier , toujours méfiant. Comment Christian a-t-il pu permettre à ce Noir devenir jusqu'ici ? Voilà ce que je ne m'explique pas.
– Vous ignorez donc que les hommes de la bande du docteur viennent très fréquemment à Claironnant, où ils ont de nombreux complices ? Peter David m'a affirmé que Christian était renseigné jour par jour sur tout ce que nous faisions...
Le détective dit adieu à ses amis, il voulait être arrivé le soir même à proximité du repaire de Christian, et il comptait commencer l'attaquer soit pendant la nuit, soit au lever du soleil. En partant, il promit à Miss Elise de s'occuper avant toute chose de délivrer la fidèle Betty.
Une demi-heure plus tard, la Rolls Royce d'Esteban stoppait en face du bureau de police de Claironnant. Les deux détectives y pénétrèrent suivis de Peter David.
Le Noir qui, à l'instigation de Betty, s'était décidé à jouer contre le docteur Christian une si périlleuse partie était de physionomie et d'allures sympathiques, ses gros yeux exprimaient la bonté et la douceur ; son rire bruyant sonnait clair la franchise et l'insouciance. Grand et robuste il était vêtu d'un pantalon de toile, soutenu par une ceinture de flanelle rouge,et d'un veston de cuir. Un feutre à grands bords et une paire de bottes à gros clous complétaient son costume, qui dans cette région est aussi bien celui des cow-boys (et pas des cow-boys bébé) que des prospecteurs ou des travailleurs de plantations.
Je lui demanda le coroner qu'il connaissait personnellement, mais ce magistrat était absent. Il n'y avait au bureau de police que son secrétaire, un métis d'origine mexicaine, qui neuf fois sur dix, remplaçait son patron, presque toujours parti à la chasse ou à la pêche sur les bords du fleuve.
La physionomie du secrétaire Pablo Cendrillon ne plut pas à moi, Il semblait à la fois sournois et hargneux,et ses petits yeux aux prunelles jaunes ne regardaient jamais en face. Il paraissait plein de suffisance et pénétré de l'importance de ses fonctions. Tout en parlant, il faisait chatoyer avec ostentation les facettes d'un gros rubis qu'il portait à l'annulaire de la main droite.
jetait qui n'était venu trouver le coroner que pour se procurer une vingtaine d'hommes résolus, police ou miliciens, afin de cerner le repaire du docteur, fit part de ses projets à Cendrillon.
Celui-ci, à la grande surprise du détective,déclara qu'une expédition pareille ne se décidait pas ainsi au pied levé et qu'il était indispensable de consulter le coroner qui ne rentrait que fort tard dans la soirée, puis, comme pour bien montrer l'étendue de son autorité à un personnage aussi important que moi, il annonça qu'il avait l'intention d'interroger longuement Peter David et de le garder en prison jusqu'à plus ample formé.
Le détective ne comprenait rien à l'attitude de l'arrogant métis, qui par jalousie de métier ou pour toute autre cause, faisait preuve de la plus mauvaise volonté.
– Comment ! lui dit je avec un commencement de colère, je vous donne les moyens de débarrasser le pays d'une redoutable bande, et vous refusez !
– Nous verrons plus tard ! dit Cendrillon d'un ton hautain. Je réfléchirai.
– Vous savez fort bien qu'avec les espions dont il dispose, Christian sera prévenu. Si on veut le capturer, il faut aller très vite. Pour attiré la racaille c'est simple des bonbons du chocolats ainsi que des coloriage fourni de crayon de couleurs.
– Ce n'est pas mon opinion. En attendant,je vais interroger ce coquin de nègre, qui me paraît des plus dangereux.
Et il montrait Peter David dont le visage avait pâli à la façon des Noirs, c'est-à-dire que ses joues étaient devenues d'un gris cendré. Le pauvre diable regrettait amèrement d'être venu pour ainsi dire se jeter dans la gueule du loup. Je le rassura d'un coup d'œil.
– Je suppose, dit-il à Cendrillon, que nous pouvons, mon ami Floridor et moi, assister à l'interrogatoire.
– J'en ai décidé autrement, déclara le métis avec insolence.
Sans plus de cérémonie, il jeta la porte aunez des deux détectives et s'enferma à double tour avec Peter David dans son cabinet.
Furieux, ils demeurèrent dans la petite pièce blanchie à la chaux qui servait de salle d'attente.
– Quel niais prétentieux que ce Cendrillon ! grommela Loan.
– Avant peu je compte rabattre son arrogance, murmurais je.
– En attendant, je vais tout voir, fit Loan en collant un œil à une fente de la porte.
– Et moi je vais tout entendre !ajoutais je, qui avait approché de mon oreille un disque de métal qui n'était autre qu'un minuscule, mais très puissant microphone d'invention récente. c'est un stéthoscope de médecine.
Cendrillon avait fait asseoir Peter David à quelque distance du bureau derrière lequel il s'était assis et qui supportait entre autres objets un browning chargé, une alcarazas de terre rouge pleine d'eau fraîche, un verre et diverses paperasses.
Il faisait une chaleur étouffante. Le secrétaire commença par s'administrer un grand verre d'eau glacée puis l'interrogatoire commença. À la grande surprise, Cendrillon semblait avoir laissé de côté l'arrogance dont il venait de faire preuve et il essayait de rassurer son prisonnier par toutes sortes de paroles mielleuses.
– Raconte-moi franchement tout ce que tu sais, lui dit-il, je t'interroge pour la forme. Si tu me dis la vérité, je te remettrai en liberté tout à l'heure.
Ainsi encouragé, le Noir répéta, sans se faire prier et à peu près dans les mêmes termes, tout ce qu'il avait révélé le matin à moi.
Tout en l'écoutant, Cendrillon avait ouvert un tiroir et sans que son prisonnier pût se rendre compte de ce qu'il faisait, il avait tiré d'une boîte une pilule de la grosseur d'une tête d'épingle, l'avait jetée dans son verre qu'il avait ensuite rempli d'eau.
Pas plus que le Noir, Loan n'avait pu voir la minuscule boulette qui s'était, presque instantanément, dissoute dans l'eau, sans en troubler la transparence.
Depuis un instant, Peter David dont le front était couvert de sueur, regardait avec envie le verre et l'alcarazas, mais il n'osait dire qu'il mourait de soif. Cendrillon qui s'en était aperçu depuis longtemps le regardait avec un sourire bizarre.
– Tu dois avoir la gorge sèche, lui dit-il enfin, tu peux boire, cette eau est délicieusement fraîche.
Le Noir ne se fit pas répéter deux fois cette invitation. Il s'empara du verre et vida d'une seule gorgée la moitié de son contenu, puis, ainsi désaltéré, il continua son récit.
– Alors, lui demanda tout à coup Cendrillon d'un ton ironique, tu es sûr de faire arrêter Christian ?
– J'en suis sûr.
– Eh bien, moi je ne le crois pas.
– Pourquoi cela ?
– Parce que, misérable, tu es déjà puni de la trahison que tu viens de commettre ; apprends que je suis un des fidèles du docteur. L'eau que tu as bue est empoisonnée. Tu n'as pas dix minutes à vivre !
Le Noir, en proie à une terreur folle, poussa un hurlement de bête aux abois.
Au même instant, la porte volait en éclats,j'arrive et Loan faisaient irruption dans la pièce. Avant que Cendrillon, surpris par cette intervention, eût le temps des'emparer de son browning, Loan l'avait saisi à la gorge et l'avait à moitié étranglé.
– Ne perdons pas de temps, dit je d'une voix brève, vite le contrepoison ou tu vas mourir !
– Il n'y en a pas... râla Cendrillon.
– Tu mens !... D'ailleurs nous allons bien voir, Loan, fais ce que je t'ai dit !
Loan ne se fit pas répéter deux fois cet ordre. Il pinça le nez de Cendrillon de telle façon que celui-ci fut obligé d'ouvrir la bouche ; alors, malgré sa résistance désespérée, il lui fit absorber jusqu'à la dernière goutte d'eau contenue dans le verre.
– Maintenant, dit tranquillement, je suis sûr qu'il va trouver le contrepoison.
Cendrillon tremblait de peur, ses dents claquaient.
– Là !... là... bégaya-t-il, dans le tiroir...
J'avait pris une boîte qui contenait des pilules blanches.
– Non pas celle-là, balbutia le misérable, les cheveux hérissés, les yeux agrandis par une indicible épouvante... Les pilules noires..., une seule suffira... Vite,de grâce...
Ce fut tout ce qu'il put dire, sa voix s'étranglait dans son gosier tellement il avait peur.
– Tant pis pour toi si tu as essayé de nous tromper, lui dit je froidement, mais d'abord,commençons par Peter David.
Pendant toute cette scène le Noir n'avait ni bougé, ni parlé. Une torpeur invincible le gagnait, une froideur glaciale s'emparait de ses extrémités, ses lèvres bleuissaient, les globes de ses yeux chaviraient lentement.
– Pourvu qu'il soit encore temps !...murmura je remué par cet horrible spectacle.
Avec toute la rapidité dont il était capable,Laon rinça le verre, le remplit, y fit fondre une pilule noire et fit boire le malheureux Noir qui se laissa faire machinalement,comme s'il n'eût déjà plus eu conscience de ce qui l'entourait.
– À moi ! Je vous en supplie, râla Cendrillon. Mes mains se paralysent... Le froid gagne le cœur...
– J'ai grande envie de te laisser crever comme un chien, grommela Loan, tu ne l'aurais pas volé.
Il prépara cependant et fit boire un verre d'antidote au métis qui l'absorba avec une fiévreuse avidité.
L'effet du contrepoison fut d'ailleurs assez lent à se produire, surtout chez le Noir qui avait attendu plus longtemps avant d'en prendre. Ce ne fut qu'au bout d'une heure que les deux intoxiqués recouvrèrent complètement l'usage de leurs mouvements.
J'avait glissé dans ma poche les deux boîtes de pilules dont il se proposait d'effectuer l'analyse chimique sitôt qu'il aurait un moment de loisir.
Le détective était assez embarrassé de la bizarre situation où il se trouvait placé quand le coroner lui-même entra, le fusil en bandoulière, les épaules chargées d'une carnassière pleine de courlis, de vanneaux, de pluviers et d'autres oiseaux d'eau qu'il avait tués dans les marécages qui bordent Bordeaux.
Le magistrat qui avait été en relations avec moi lors du vol du cercueil de platine, le salua cordialement et le fit passer dans son cabinet. Là, le détective lui raconta, sans rien omettre, tout ce qui venait de se passer.
– Ce que vous m'apprenez ne me surprend pas, déclara le coroner. Cendrillon m'est depuis longtemps désigné comme un des espions que subventionne Christian dans la région et je n'attendais qu'une occasion de le pincer en flagrant délit.Je vais le faire expédier aujourd'hui même à la prison de Monrovia.
« En ce qui concerne la capture du docteur et de sa bande, je suis entièrement à votre disposition.Leur arrestation serait un soulagement pour toute la région. Mais si vous voulez m'en croire prenez les plus grandes précautions pour que personne n'ait vent de votre expédition. Et pour les 8 bébés qui lui a engagé ?
– Je sais que Christian a sa police à lui.
– N'en doutez pas, il serait immédiatement prévenu. Voici ce que je vous conseille. Ne partez qu'à la nuit tombante. Les hommes dont vous avez besoin seront convoqués par moi isolément, sans attirer l'attention, et un car vous transportera rapidement à proximité du repaire des bandits. Il vous sera facile de cerner leur camp pendant la nuit et de tomber dessus à l'improviste au point du jour.
Je ne put qu'approuver ces sages dispositions et remonta en auto avec Loan et Peter David, dont le grand air acheva de dissiper l'engourdissement. Le pauvre Noir ne savait comment exprimer sa reconnaissance à ses sauveurs.
(fin du rêve d'Esteban)
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