Chapitre 8


PDV Alec

De douces lèvres me tirèrent de mon sommeil. Me blottissant contre le corps chaud à mes côtés, je souris en repensant à la soirée de la veille.

- Ferais-tu semblant de dormir ?

Mon sourire s'agrandit et j'ouvris doucement les yeux.

- Bonjour...répondis-je d'une voix ensommeillée.

- Allez, on se réveille monsieur le chasseur d'ombres...

- Hm... Je ne les chasse plus depuis longtemps, j'en ai même épousé une, d'ombre. Plaisantais-je.

- Sache que je suis très choqué par votre comportement, mon cher !

Je ris et le fis basculer sous moi.

- Tu sais que je t'aime toi ?

- Oh, je crois qu'hier soir, tu me l'as prouvé amplement !

- A quel moment ? Dans ce lit ou en quittant mon poste de Consul ?

- Les deux. Mais je dois dire que te voir redevenir un simple chasseur d'ombres me réjouit au plus haut point. Je n'aime pas te partager et là je vais pouvoir t'avoir que pour moi.

- Oh, tu es bien possessif, Sorcier !

Il me fixa de ses yeux mordorés et je sentis mon cœur battre plus fort.

- Je veux profiter un maximum d'être à tes côtés...

- Alexander, arrête de parler comme si demain tu ne seras plus là..

- C'est pourtant presque le cas...

Il détourna le regard et je m'en voulus d'avoir gâché ce réveil qui avait été plus que parfait.

- Je n'aurais pas dû dire ça, excuse-moi...

- Ouais... Et tu n'aurais pas non plus dû dire à Lily de venir.

Je levais les yeux au ciel.

- On a déjà eu cette discussion hier soir, Magnus...

- Discussion que tu t'es empressé d'écourter !

- Et tu n'a pas eu l'air de t'en plaindre que je sache ! Lui fis-je remarquer avec un sourire moqueur.

Il se leva sans rien dire, enfilant une robe de chambre.

- Tu vas à l'Institut aujourd'hui ?

- Ouais, j'entraîne Rafe. Selon lui, il est meilleur que moi.

- Sans vouloir te donner l'impression d'aller à nouveau dans un sens différent que le tien, je crains qu'il n'ait raison. Il est très doué et toi, tu n'es pas allé sur le terrain depuis des années !

- Insinuerais-tu que je ne sais plus me battre ?

- Ce n'est pas une insinuation !

- Et bien encore une raison de plus d'abandonner mon poste de Consul et de retrouver le terrain.

- Attends, parce que tu as vraiment l'intention de retourner chasser des démons ?!

- Pas que des démons.

- Ne joue pas sur les mots, s'il te plaît, et répond à ma question !

- Je ne joue pas sur les mots et oui, je compte retourner sur le terrain ! Je suis un chasseur d'ombres !

- Non, tu es un néphilim ! Me hurla-t-il presque en me fixant droit dans les yeux. Ta place n'est pas... n'est plus, sur le terrain.

Je perdis mon sourire.

- Elle est où alors ?! M'énervais-je à mon tour. Derrière un bureau ?

- Oui, exactement.

- Sérieusement ? Tu as vraiment cette image-là de moi ?! Pourtant, tu étais bien content quand j'étais sur le terrain pour te sauver la vie ! Ou celle de Ragnor !

- Alexander, s'il te plaît, pour une fois dans ta vie, écoute ce que je te dis. Ne repars pas sur le terrain, je t'en supplie !

Je me levais, furieux. J'avais risqué ma vie je ne sais combien de fois pour lui et il osait me dire une chose pareille ?!

- Je retournerais sur le terrain ! Lui fis-je en le fixant droit dans les yeux. Que tu le veuilles ou non !

Plus tard – Institut

J'enfilais une tenue de combat lorsque Jace entra dans mon bureau.

- Wow, je ne t'avais pas vu avec ça depuis... longtemps. Me fit-il, amusé.

- Ouais, je sais, je suis fait pour rester derrière un bureau ! Crachais-je, toujours aussi furieux.

- Il y a un problème ?

- Non... Aucun. Tu voulais quelque chose ?

- Voir mon frère ?

Je soupirais.

- Excuse-moi... Je me suis disputé avec Magnus et.. bref...

- Il a mal pris ta décision de quitter ton poste de Consul ou quoi ?

- Non... Ce n'est pas ça...

- C'est quoi alors ?

L'arrivée de Rafael m'empêcha de lui répondre, à mon plus grand soulagement. Il s'assit sur le bureau et me fit un sourire moqueur.

- Prêt à ce que je te batte ?

- Et toi ?

- Je peux assister à ça ? Nous demanda Jace amusé.

- Joins-toi à nous, mon oncle, je suis sûr que je te bats aussi.

- Si j'étais toi, je ferais moins le malin. Tu n'es encore qu'un.. enfant. Lui lança Jace en ébouriffant les cheveux de Rafael.

- On parie si tu veux ?

- Stop ! Intervins-je. Personne ne va faire de pari sur quoi que ce soit !

- Désolé, Rafe, ton père n'est pas de très bonne humeur !

- T'as pas du travail ?! Lançais-je à Jace.

- Non, c'est assez calme aujour...

Il fût interrompit par la sonnerie de son téléphone. Au fur et à mesure de sa conversation avec son interlocuteur, ses sourcils se froncèrent. Il finit par raccrocher et se tourna vers Rafael.

- Tu as eu des nouvelles d'Octavian récemment ?

- Ah, pitié tu ne vas pas t'y mettre aussi, si ?!

- Rafael, tu réponds à ma question, tout de suite !

- Non !

- Non, tu n'as pas de nouvelle ?

- Non, non je n'ai pas envie de répondre parce que ça ne vous concerne pas !

- Ok, qu'on soit clair, Rafe ! Ce que tu fais avec Octavian dans la salle d'entraînement ne me concerne effectivement pas, en revanche, accéder à des informations sensibles aux yeux de l'Enclave me concerne beaucoup plus ! Donc, maintenant, je te conseille de me dire tout de suite où est Ocatavian !

- Jace, qu'est-ce qui se passe ? Demandais-je à mon frère.

Jace semblait inquiet même s'il essayait de le cacher.

- Octavian a accédé à un dossier sans autorisation.

- Quel dossier ? Me devança Rafael.

- Rafael, à quand remonte la dernière fois où tu as parlé ou vu Octavian ?

- A la soirée chez Klaus ! Je vous jure que je ne lui ai pas parlé depuis, il ne me répond pas !

- Et Max, il a des nouvelles ? Questionna Jace.

- Non, non plus !

- Ok, si jamais il te contacte, tu nous le dis immédiatement, c'est clair ?

- Pourquoi ?

- Parce que c'est un ordre ! Alec, on peut se parler en privé ?

- Oui, Rafael va m'attendre dans la salle d'entraînement s'il te plaît.

- Non, je veux savoir ce qui se passe ! S'il est arrivé quelque chose à Tavvy, je veux le savoir !

Je soupirais. Rafael était têtu. Je savais que si je ne le laissais pas rester, il finirait par le savoir dans tous les cas. Jace chercha mon accord dans mon regard. Je le lui donnais à contrecœur.

- Octavian a accédé au dossier sur Zara Dearborn.

- Zara ? M'étonnais-je. Pourquoi ?

- C'est la grande question.

- Et en quoi c'est un problème ? Nous demanda Rafael. A vous entendre, on dirait qu'il a commis un crime !

- Ce dossier nécessite d'avoir mon accord pour y accéder. Ce qu'il n'a pas fait. Lui expliquais-je.

- Et pourquoi il faut ton accord ?!

- Parce qu'on ne voulait pas que des chasseurs d'ombres lui viennent en aide. Même si en soi, il n'y a rien d'exceptionnel dans le contenu de ce dossier, c'était aussi une manière pour nous de savoir s'il y avait des chasseurs d'ombres prêts à nous trahir.

- Ce n'est pas le cas de Tavvy ! Il ne ferait jamais ça !

- Rafe, on ne s'inquiète pas pour ça, mais plutôt du fait qu'il ait pu lui arriver quelque chose. Il y a des rumeurs qui courent depuis quelques temps sur la possibilité que Zara ait pu quitter Idris et soit ici, à New York. Pour le moment, ce ne sont que des rumeurs, mais... On n'a aucune nouvelle d'Octavian et... cela ne lui ressemble pas.

- Ça fait deux jours, deux jours ! Ce n'est pas si catastrophique !

- Théoriquement, quand je convoque quelqu'un, il doit venir, tout de suite. Ce qu'il n'a pas fait. Fis-je.

- Pareil pour moi. Ajouta Jace.

- Quand vous convoquez quelqu'un ? Et qui vous donne le droit de convoquer quelqu'un ?

- Je suis le Consul, Rafael. Tu as peut-être tendance à l'oublier, mais personne n'est censé discuter mes ordres.

- Ou sinon quoi ?

- Ou sinon ton père pourrait prendre la décision de lui retirer ses runes.

Rafael pouffa.

- Vous n'êtes pas sérieux là ?! Vous ne feriez jamais ça !

- Si, je le pourrais. Lui fis-je.

- Mais tu ne vas pas le faire pas vrai ? Non, tu bluffes, tu ne le feras pas parce que tu sais que je...

Je baissais rapidement les yeux vers la gourmette autour du poignet de mon fils. Il tenait à Octavian, plus qu'il n'osait se l'avouer. D'une certaine façon, il me faisait penser à moi et à sa place, je savais que je ferais tout pour protéger ceux que j'aime, quitte à enfreindre les ordres.

- Non, effectivement, je ne le ferai pas. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de sanction.

- Du genre ?!

- Je ne sais pas, je vais y réfléchir. Pour le moment, ma priorité, c'est de le retrouver. Jace, envoie des membres de la garde à sa recherche. Dis-leur de se rendre chez Klaus, c'est là qu'il a été vu pour la dernière fois.

- Je viens avec toi ! Lança Rafael à son oncle, mais celui le stoppa.

- Non, toi tu restes là. Tu es trop... émotionnellement impliqué.

- Pardon ?! Dad, dis quelque chose !

- Je suis d'accord avec lui. Je veux que tu rentres et que tu restes à la maison. Avec ton frère. Et il vaut mieux pour vous que vous y restiez.

- Sinon quoi ? Tu vas m'enlever mes runes à moi aussi ?!

- Si ça peut te faire rester sagement à la maison, oui, je le ferai ! Maintenant, tu rentres, tout de suite !

Rafael me fusilla du regard, mais je savais que la colère n'était là que pour cacher son inquiétude.

- Rentre à la maison, on va le retrouver. Je te le promets.

PDV Rafael

Si mon père croyait vraiment que j'allais les bras croisés, tranquillement, sans rien, faire, il se mettait le doigt dans l'œil. Faignant l'obéissance, je sortis du bureau de mon père, courant à moitié. Comme à son habitude, ma garde me suivant de prêt. J'avais envie de les envoyer se faire foutre, mais ça aurait été perdre du temps et de l'énergie pour rien. Pour échapper à leur surveillance, j'avais besoin de Max. Je lui envoyais un rapide message, espérant qu'il ne soit pas encore je ne sais où.

Montant les escaliers menant à l'appartement quatre à quatre, je me rendis compte aussitôt que j'avais oublié de prendre en compte un facteur : mon père. J'ouvris la porte d'entrée et me retrouvais nez à nez avec lui. Ses yeux étaient plus maquillés que d'habitude et il portait la longue cape noire des sorciers du Labyrinthe. Ses yeux de chats semblèrent me passer aux rayons X mais je soutenu son regard, estimant mes chances qu'Alec ne l'ait pas prévenu pour Tavvy et mon interdiction de quitter cet appartement. Derrière lui, je vis Max me regarder avec un regard d'excuse. Mais il n'était pas seul : Ragnor Fell se tenait à ses côtés. D'un simple geste, mon père leva la main et la porte se referma dans un claquement.

- Je vais devoir m'absenter, Ragnor va rester ici avec vous.

Le ton avec lequel il me parla ne donnait pas lieu à répliquer. Je savais qu'il valait mieux que je me taise.

- Ragnor, tu ne les quittes pas des yeux. Je veux qu'ils restent ici, ils ne sortent sous aucun prétexte.

- Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'ils vont être sages comme des images.

Max lui fit un sourire qui pour eux allait peut-être paraître sincère, mais pas pour moi. Je savais qu'il n'avait pas la moindre intention d'obéir, je le connaissais par cœur. Notre père fronça les sourcils. Finalement, peut-être que lui aussi avait senti que Max était trop calme pour que ce soit vrai.

- Max, je ne plaisante pas. Tu ne sors pas d'ici.

- Oui, papa, promis.

Notre père, une main sur la poignet de la porte, se tourna vers Ragnor et échangea un dernier regard avec lui avant de quitter l'appartement. Aussitôt, j'entraînais Max dans sa chambre, ignorant l'ami de mon père qui nous recommandais de rester sagement ici.

- Il y a un problème avec Tavs !

- Je sais, j'ai lu ton message ! Qu'est-ce que tu veux faire ?

- Le retrouver ! Il faut qu'on arrive à sortir d'ici !

- T'es au courant que les parents ont anticipé cette réaction de notre part ? Ce n'est pas pour rien si Ragnor Fell est planté au milieu de notre salon ! Toi et moi, on peut échapper à la surveillance de beaucoup de gens, mais pas à la sienne !

- Ouais ben il va bien falloir parce que je ne compte pas rester les bras croisés alors que Tavs est je ne sais où !

- Rafael, même si on arrivait à sortir d'ici, on n'est pas de taille à affronter Zara Dearborn !

- Max, c'est de Tavvy qu'on parle là ! Si il est entre les mains d'une tarée, je vais le chercher ! Avec ou sans ton aide !

- Tu sais que je te suivrais, tu n'iras nulle part sans moi ! Mais il va nous falloir un sacré...

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement, nous faisant sursauter.

- Je dois aller à l'Institut, vous, vous restez là, vous ne sortez sous aucun prétexte, c'est clair ?! Nous ordonna Ragnor.

Il était agité et son teint tirait plus vers le vert qu'à l'accoutumée.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demandais-je.

- Veille sur ton frère... me fit-il. Veillez l'un sur l'autre.

Je sentis ma gorge se nouer alors que le portail par lequel il avait disparu se refermait. Je m'apprêtais à dire à Max qu'il fallait qu'on aille à l'Institut, qu'il y avait un problème, lorsqu'un bruit sourd provenant du hall d'entrée se fit entendre.

- C'était quoi ça ?! Me demanda Max.

Un autre coup contre la porte de l'entrée nous fit nous précipiter vers celle-ci. Mes parents m'auraient tués s'ils m'avaient vu ouvrir cette foutue porte sans prendre aucune précaution, mais peu importait, quelque chose n'allait pas et je devais savoir quoi. Je ne réalisais pas tout de suite ce qui se passait et ce fut le cri de Max qui me fit réagir juste à temps. Tavvy, recouvert de sang, s'effondra dans mes bras, une plaie profonde barrant son abdomen de part en part.

- Tavs... Non, non, non...

- Rafe..

Du sang se mit à sortir de sa bouche alors qu'il essayait de parler.

- Chut, chut ne parle pas !

- Il.. Alec, je... faut que je..

- Arrête de parler ! Max, appelle Cat', tout de suite !

- C'est déjà fait ! Me fit-il en s'agenouillant à nos côtés, des flammes bleutées sortant de ses mains et courant sur les plaies de Tavvy. Je ne peux pas le soigner, mais je peux ralentir l'hémorragie jusqu'à que Cat' arrive !

Retenant mes larmes, je serrais un peu plus Tavvy contre moi. Petit à petit, il retrouvait des couleurs, mais les forces de mon frère commençaient à diminuer.

- Putain, elle fout quoi Catarina ?

PDV Tavvy

Je sentis deux mains douces caresser mes joues et j'ouvris les yeux difficilement. Mon esprit embrumé mis un moment avant de comprendre que j'étais allongé dans le salon des Lightwood-Bane et surtout comment j'étais arrivé là. Max et Rafael étaient penchés sur moi. Si Max semblait inquiet, Rafael étaient en panique totale. Je saisis sa main et lui fit un sourire rassurant.

- Je vais bien, Rafe. Je vais bien...

Je me redressais légèrement, mais ma tête se mit à tourner et je m'effondrai contre lui.

- Je pense qu'on peut l'emmener dans la chambre. Murmura Max à Rafael. Sans vouloir me venter, je crois que j'ai assuré niveau premiers secours.

La plaisanterie de Max me fit sourire. Je ne savais pas ce qu'il avait fait, mais la douleur était plus supportable et je sentais mes forces revenir peu à peu. Rafael m'aida à me relever et m'emmena dans sa chambre avant de m'allonger sur le lit. J'avais du mal à remettre mes idées en place. Qu'est-ce que je faisais ici ? Était-ce même réel ? Je serrais un peu plus fort la main de Rafael.

- Ne me laisse pas..

- Je ne comptais pas partir ! Me fit-il en posant son front contre le mien. J'ai eu tellement peur quand tu t'es effondré dans mes bras. J'ai cru que...

- Rafe, je vais bien, je suis juste... je vais bien !

- Non, non tu ne vas pas bien. Tu es blessé, tu as perdu énormément de sang, ce n'est pas ce que j'appelle aller bien !

- Ouais, un point pour toi... Rafe, écoute,  je..

- Arrête de parler bon sang, économise tes forces !

- Non, s'il te plaît, écoute-moi ! J'ai quelque chose d'important à te dire.. Je sais que tu t'en doutes, mais je sais aussi que tu as besoin de l'entendre même si ça te fait peur...

J'encrais mon regard dans le sien. Il était anormalement pâle et sa main qui tenait toujours la mienne tremblait. Je puisais dans mes dernières forces pour me redresser et passant ma main libre dans ses cheveux, je collais mes lèvres aux siennes. Il me rendit aussitôt mon baiser et pendant un bref instant, j'eus l'impression que le temps s'arrêtait. A contre cœur, j'y mis fin mais ne m'éloignais pas pour autant.

- Rafael, je t'aime.

- Je sais, moi aussi.

- Non, Rafe je... Je.. Notre relation a changé depuis quelque temps. Tu ne peux pas le nier. On a.. on a failli faire l'amour l'autre jour à L.A. et dans la salle d'entraînement aussi. Quand je te vois j'ai envie de t'embrasser, et... et toi tu me prends dans tes bras, tu caresses mes cheveux, tu m'embrasses... Rafe, on est plus que des amis, tu le sais.

- Oui, oui je le sais. J'ai vu ton attitude envers moi changé, la façon dont tu me regardais... Mais j'avais peur de te perdre alors j'ai fait semblant de ne rien remarquer et surtout j'ai ignoré le fait que je te laissais faire, que moi aussi mon attitude avait changé, que j'avais besoin de te sentir près de moi...

- Je sais que tu es attiré par moi et que tu sais que je le suis aussi. Mais ce que je ressens pour toi va bien au-delà de ça.

Je pris son visage en coupe et soutenu son regard. Il semblait terrifié.

- Je t'aime. Je suis amoureux de toi.

- Tavs... Murmura-t-il, une larme coulant sur sa joue.

Je l'essuyais tendrement.

- Je sais que tu as peur. Mais..mais je ne peux plus te mentir, faire semblant... J'ai cru que j'allais mourir sans pouvoir te dire tout ça. Rafe, je... je suis désolé.

- Tu n'as pas à t'excuser... Je... je voudrais te le dire aussi mais... mais je n'y arrive pas... je suis désolé de ne pas réussir à te dire que je... mais je le pense c'est juste que je...

Je le coupais d'un baiser. Mes jambes de chaque côté de ses hanches, j'étais pratiquement collé à lui mais ce n'était pas encore assez. Tout mon corps me faisait mal, mais ça n'avait aucune importance, tout ce qui comptait à présent c'était cet instant avec lui.

- J'ai.. j'ai cru que je n'allais plus jamais te revoir..

Il m'écarta de lui et je pu voir de la colère briller dans ses yeux.

- Qui t'as fait ça ?!

Cette simple question me fit soudain réaliser la raison de ma présence ici. Zara, Asmodée, l'attaque... Il fallait que je prévienne Alec et Magnus.

- Tes parents, ils sont où ? Il faut que je leur parle, tout de suite !

- Ils arrivent, Max les a appelés. Tavs, dis-moi ce qu'il s'est passé !

- Après, faut d'abord que je parle à tes parents !

J'essayais de me lever, mais il me garda contre lui.

- Non, tu ne bouges pas.

- Rafe, s'il te plaît, faut que je les prévienne !

- Ils arrivent, ils seront là d'une minute à l'autre, toi, tu ne bouges pas et tu te reposes !

J'allais protester à nouveau lorsque la porte de la chambre s'ouvrit laissant passer Catarina et les parents de Rafael. Max suivait. Son regard passa de Rafael à moi et il afficha un sourire en coin. Je rougis en réalisant la position plus que compromettante dans laquelle on se trouvait. Rafael, lui, ne semblait pas s'en soucier le moins du monde.

- Soigne-le, s'il te plaît ! Fit-il à Catarina.

La sorcière passa affectueusement la main dans ses cheveux et eut un sourire rassurant.

- Ne t'en fais pas, je vais prendre soin de lui. Va m'attendre dans le salon.

- Non, je ne le laisse pas !

- Ce n'était pas une question, Rafael, tu sors, tout de suite ! Ordonna Magnus. Toi aussi Max !

Instinctivement, je me collais un peu plus contre Rafael. Je ne voulais pas qu'il parte. Alec me fixait étrangement. Je n'arrivais pas à déterminer s'il était en colère, inquiet ou surpris. Peut-être un peu des trois en même temps.

- Vous sortez tout de suite, je ne le répéterai pas ! Fit Magnus à ses fils en haussant légèrement le ton.

Rafael lui lança un regard noir.

- Il a besoin de se reposer pas d'un interrogatoire !

- Et puis pourquoi on devrait sortir ? Renchérit Max.

Je risquais un coup d'œil vers Magnus. Ses yeux ressemblaient à présent à ceux d'un chat très, très énervé pensais-je. Rafael soutenait le regard de son père et étonnamment, je vis ce dernier s'adoucir. Il s'approcha de son fils et posa une main sur sa joue.

- Rafe, s'il te plaît, va attendre à côté. Je sais que tu as eu peur pour lui mais laisse Cat' l'examiner, ok ? Ça ne sera pas long, alors s'il te plaît, sors...

Max, qui s'était rapproché de nous, fixait son père les sourcils froncés.

- Il s'est passé quoi ? Pourquoi vous avez mis autant de temps à arriver ?

Alec, qui ne m'avait pas quitté des yeux, se tourna à son tour vers ses fils et son mari.

- L'Institut a été attaqué.

- Quoi?! Nous exclamais-je tous les trois en chœur.

Magnus leva une main rassurante.

- Tout va bien, tout le monde va bien, ne vous inquiétez pas !

- Alec, Zara a réussi à sortir d'Idris. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle a réussi. Elle veut vous tuer, vous et toutes les créatures obscures ! Elle me retenait et... et je ne sais pas ce qui s'est passé exactement, mais il y a eu une attaque de démons. Je les ai entendu parler d'Asmodée, un des princes de l'Enfer !

Catarina se tourna vers Magnus et posa une main sur son bras, blême.

- Est-ce que tu crois que..

- Je ne sais pas, peut-être. Occupe-toi de lui, le reste on verra plus tard.

Elle lui fit un bref signe de tête. Tous deux avaient beau avoir des paroles rassurantes, leur attitude dégagez tout le contraire.

- Les garçons, sortez, je vais examiner Tavvy. Ne t'en fais pas, Rafael, ton ami est entre de bonnes mains.

Il hésita puis déposa un baiser sur mon front.

- Je suis juste à côté, d'accord ?

- Vas-y, ne t'inquiète pas.

PDV Max

Rafael s'assit sur le canapé, se tenant la tête dans les mains, tremblant. Il jeta un œil au sang par terre, que je fis disparaître aussitôt.

- Hey, calme toi ! Il va bien, ça va... Lui fis-je en m'accroupissant devant lui. Tout le monde va bien.

Il leva des yeux inquiets vers moi.

- J'ai peur Max, j'ai peur de ce que tout ça veut dire. T'as vu papa, il avait l'air complètement terrifié quand Tavvy a parlé d'Asmodée.

- Papa n'aime juste pas quand on parle de lui, c'est tout.

- Cat' s'est décomposée !

- Je sais... Mais pour le moment, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé et tout le monde va bien, ok ? Alors ne panique pas, s'il te plaît... Moi aussi j'ai peur !

Il leva à nouveau les yeux vers moi, mais cette fois j'avais à nouveau le grand frère protecteur devant moi.

- Raconte moi plutôt ce qui s'est passé entre toi et Tavs pendant que j'avais le dos tourné ?

Il me sourit et secoua la tête.

- Ben j'ai tellement eu peur quand il s'est effondré dans mes bras que... je sais pas... ça a rendu les choses plus faciles.

- C'est-à-dire ? Pourquoi il faut toujours que je te sorte les vers du nez, sérieux !

- Mais tu veux savoir quoi ? Il n'y a rien eu de fou... Il m'a avoué qu'il était amoureux, moi aussi et voilà..

J'ouvris de grands yeux choqués.

- Rien de fou ?! Toi, mon cher frère handicapé des sentiments, avouer qu'il est amoureux ? Ah non, mais là c'est sur on va avoir droit à une apocalypse !

Il rit et leva les yeux au ciel.

- Je ne lui ai pas dit que j'étais amoureux ! Enfin, je ne l'ai pas vraiment formulé comme ça !

- M'en tape de comment tu l'as formulé ! Il s'est passé quoi après ?

- Ben rien de spécial, on s'est embrassé et c'est tout !

- Mais vous êtes ensemble ou pas ?

- Je...

Il fronça les sourcils, semblant réfléchir.

- Je n'ai pas vraiment réfléchi à ça... Je t'avoue que je ne suis pas sûr d'avoir envie d'officialiser ça, j'ai besoin déjà de m'habituer à avoir ce genre de relation avec lui.

- Et l'étape d'après vous comptez la passer quand ? Lui fis-je avec un grand sourire.

Mettre mal à l'aise mon frère était mon passe-temps favori, je dois l'avouer.

- En fait, c'est bizarre, mais l'autre jour je n'avais pas peur, si Simon n'était pas entré dans la salle d'entraînement... Mais là, là je suis terrifié rien qu'à l'idée !

- Peut-être parce que l'autre jour tu ne lui avais pas dit que tu l'aimais.

- Si, je le lui avais dit !

- Rafe, s'il te plaît, tu sais très bien ce que je veux dire !

- Ouais... peut-être. Le truc c'est que j'ai peur qu'il flippe. Déjà que moi je flippe, alors...

- Pourquoi il flipperait ? Ce n'est pas comme si c'était sa première fois !

Je me rendis compte aussitôt que j'avais dit une connerie. Rafael me foudroya du regard.

- Pardon ? Tavvy a déjà fait quoi ?!

- Heu.. tu n'étais pas au courant ?

Aïe, la boulette. Au vu de sa tête, non, il n'était pas au courant. En même temps, j'aurais dû m'en douter. Je me rappelais très bien de ce soir-là. C'était pour les 18 ans de Rafael. Mon frère était entouré de filles et de mecs et ne faisait pratiquement pas attention à Tavvy. Un chasseur d'ombres de Lisbonne était en formation à l'Institut, Juan, et pour la faire courte, Tavvy était tellement blessé de l'attitude de mon frère qu'il a cédé aux avances du portugais. Rafael étant toujours très protecteur avec Tavs, presque autant qu'avec moi, et sachant que non seulement c'était sa première fois, mais quand plus il était juste saoul et malheureux, il aurait probablement envoyé Juan au cimetière. Alors, dans le fond, ce n'était pas plus mal qu'il ne l'ait jamais su jusqu'à présent.

- C'était qui ? Le mec, c'était qui ?! Me questionna Rafael.

- Rafe, tu ne peux pas lui en vouloir, vous n'étiez pas ensemble.

- Pourquoi il ne me l'a pas dit ?!

- Je ne sais pas...

- Mais... je ne comprends pas ! C'était qui ce mec ? Un coup d'un soir ? Ce n'est pas son genre !

- Il était mal parce que tu le repoussais ! Lui expliquais-je.

- Parce qu'il a fait ça pour se venger de moi ?!

- Mais non, il a fait ça parce que... parce qu'il en avait envie, j'en sais rien moi !

- C'était quand ? Dis-le-moi, je sais que tu le sais ! Et je sais que tu sais avec qui, alors dis le moi !

Je n'aimais pas mentir à Rafael ni lui cachait des choses, mais je ne pouvais le lui dire, ce n'était pas à moi de le faire.

- Oui je le sais, avouais-je, mais c'est à lui de t'en parler s'il le souhaite. Et vas-y molo, il n'en garde pas un très bon souvenir.

- Comment ça ? Ce fils de pute lui a fait du mal ?!

- Oh calme-toi, j'ai pas dit ça ! La première fois ce n'est pas toujours pompelup, figure-toi !

En cet instant, je remerciais le Ciel d'être le frère de Rafael, sinon j'étais certain qu'il m'aurait arraché les yeux. Les n'avaient jamais été aussi noirs.

- Je vais le tuer. Dès qu'il ira mieux, je vais le tuer !

- Oh ben ça va si tu attends qu'il soit de nouveau sur pied alors ! Plaisantais-je.

Rafael me poussa, me faisant tomber à terre alors que je ricanais.

- Arrête de te moquer de moi !

- Non, tu es jaloux et ça, ça va te suivre toute ta vie !

- Oh ta gueule, allez viens on va voir ce qu'ils se disent, c'est trop long et je n'aime pas attendre !

Il tendit la main vers moi pour m'aider à me relever. A peine avais-je saisis sa mai, que la pièce se mit à tourner et un brouillard noir floua ma vue pendant des secondes qui me parurent interminables. Lorsqu'il disparut, je me trouvais au bord d'un immense lac, mon père et Rafael à quelques mètres de moi, riant, tous les deux en tenues de chasseurs d'ombres. Je m'avançais vers eux, mais ils ne firent pas attention à moi. En fait, ils ne semblaient ni me voir, ni m'entendre. Mon père serra mon frère dans ses bras, puis sans que je ne comprenne ce qui venait de se passer, il gisait aux pieds de Rafael, se vidant de son sang, plusieurs flèches dans la poitrine et une au niveau du cou. Je voulus hurler, mais aucun son ne sembla sortir de ma bouche. En revanche, le cri de mon frère parvint à mes oreilles et me glaça.

- Dad... Dad !

Rafael s'agenouilla auprès de notre père et traça une Iratze sur son bras. Lui comme moi la vîmes avec horreur disparaître sans qu'elle n'ait eu le moindre effet. Il essaya une deuxième fois, une troisième fois.

- Pourquoi ça ne marche pas ?! Paniqua-t-il en traçant une nouvelle iratze d'une main tremblante.

- Ra...fe.. Rafael... Gémit Alec en lui prenant la main. Ar..rête...

- Quoi ? Non ! Je.. vais appeler papa et ..

- Non... Ecou.. écoute-moi...

- Non, je..je vais enlever ces flèches et...

Mon père serra plus fort la main de mon frère.

- Non... Rafe... Mon fils... Regarde-moi...

- Non, Dad, lâche-moi faut que je prévienne papa, tu perds trop de sang, faut que je..

- C'est.. trop.. tard..

Il essuya les larmes de Rafael dans un gémissement de douleur.

- Je suis... tellement fier.. de toi...

- Dad, il faut que...

- Rafe, promets moi... que tu prendras... soin de.. ton frère...

- Dad, s'il te plaît... Pleura Rafael.

- Dis-lui... dis-lui que je l'aime... et.. dis.. dis à ton père que.. je l'ai aimé .. plus que tout au monde.. dis-leur que ça va aller...

- Non, non tu leurs diras toi ! Tu... tu peux pas nous laisser ! Tu peux pas me laisser ! S'il te plaît ! Me laisse pas ! Hurla Rafael en s'effondrant contre lui.

- Rafe.. regarde..moi... Rafe...

Rafael releva la tête vers notre père. Je ne l'avait jamais vu aussi pâle. Plongeant mes yeux dans ceux d'un bleu océan de mon père, je compris que c'était la dernière fois que je les verrais nous regarder.

- Me laisse pas... Murmura Rafael.

- Je serai.. toujours là.. dans ton coeur.. Tu resteras.. toujours.. mon fils. Toi et ton fère.. êtes ma plus grande fierté... Promets-moi d'être.. heureux.. promets-le moi...

- Je te promets... Je te promets que je veillerai sur Max et sur papa..

- Ils vont.. avoir.. besoin...de toi...

Rafael hocha la tête, le visage ruisselant de larmes. Mon père retira la bague à l'annulaire de sa main gauche et la mit dans la main de Rafe.

- Donne là.. à ton.. père.. Lui fit-il en serrant sa main dans la sienne.

La pression se relâcha... Il était parti.

- Nonnnnn ! Hurlais-je tout autant que Rafael qui s'effondra en pleurs contre contre lui.

Jace arriva en courant et tira Rafael en arrière, le forçant à se relever. Lily le suivait. Elle marqua une pause, plus pâle que jamais. Elle s'agenouilla à son tour auprès de mon père et lui ferma les yeux.

- Lily... Sanglota Rafael.

Elle leva la tête vers lui, le visage ruisselant de larmes de sang.

- Jace, emmène-le, s'il te plaît... Catarina arrive avec.. Magnus..

D'un même geste, Rafael et moi nous retournâmes vers notre oncle. Il était aussi pâle que la mort, fixant le corps de son frère.

- Jace...

- Non... Je ne peux.. Je ne peux pas le laisser...

Lily secoua la tête, comprenant. Elle se leva et les rejoignit.

- Rafe, tu vas venir avec moi au Dumort. Ton frère...

Je n'entendis pas la suite, le brouillard noir obstruant à nouveau ma vue. Une seconde plus tard, j'étais de retour dans le salon de l'appartement, ma main toujours dans celle de mon frère, la serrant plus fort que jamais. Je n'avais pas besoin de demander à mon frère s'il avait vu ce que j'avais vu, je savais que cette « vision » n'était pas la mienne, mais la sienne....

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