Chapitre 1


Institut de Los Angeles

Emma sourit en sentant des doigts chatouiller son flanc.

- Arrête de faire semblant de dormir... Murmura une douce voix dans son oreille.

Son sourire s'agrandit et se retournant, elle colla ses lèvres contre celle de l'homme à ses côtés.

- Je préfère ça.. Chuchota-t-il en mordillant la lèvre inférieure de la jeune femme.

Elle enroula ses doigts dans ses cheveux bruns et tira légèrement dessus. Il fit glisser ses lèvres dans son cou, lui tirant un gémissement.

- Julian... Gémit-elle.

- Oui ? S'amusa-t-il.

- Je ne peux pas... J'ai une réunion avec Alec tout à l'heure.

- Il attendra...

- Je ne peux pas faire attendre le Consul !

- Il comprendra...

- Julian, c'est...

Il mordilla la peau fine de con cou et elle envisagea de se laisser aller dans ses bras. Après tout, il avait raison : Alec ne s'en formaliserait pas plus que ça....

- Laisse-moi juste prévenir Rafael que j'aurais du retard...

- Vu la nuit qu'il a passée, Rafael ne compte certainement pas se rendre à cette réunion.

- Comment ça avec la nuit qu'il a passé ? Il était de garde !

Julian soupira et se rallongea sur le dos. Il aurait mieux fait de se taire.

- Max est arrivé hier. Tu pouvais bien te douter que travailler n'allait pas vraiment être la priorité principale de Rafael. Chris la remplacé.

- Ben voyons... Et je suppose que ton frère était également de la partie ?

Julian fronça les sourcils, l'air songeur.

- Je ne sais pas... Tavvy est étrange en ce moment. Il reste tout le temps enfermé et j'ai l'impression que même avec Rafael s'est tendu.

- Le trio infernal s'est brisé ? Par l'Ange, on va peut-être enfin avoir le calme ! Rit Emma.

Elle se leva, serrant les draps satinés contre elle.

- Je te promets qu'on se rattrape ce soir ! Assura-t-elle à Julien avant de l'embrasser tendrement.

PDV Emma

Quand je sortis de la douche, Julian avait disparu. J'aurais bien aimé rester plus longtemps au lit, mais le devoir m'appelait. Je coiffais rapidement mes cheveux en une tresse, j'enfilais ma tenue de chasseuses d'ombres et quittais la chambre. Je pris la direction de la salle de réunion et en profitais pour aller frapper à la chambre que Rafael occupait lorsqu'il était ici. Ce qui, en ce moment, était assez régulier. Cela ne me dérangeait pas. Je l'avais quasiment vu grandir, lui et son frère, et d'une certaine façon je me sentais responsable d'eux. Max et Rafael étaient constamment fourrés avec Tavvy, le petit frère de Julian, et ce depuis leur plus jeune âge. Je frappais à la porte et ce fût sans surprise que je n'obtins aucune réponse. Secouant la tête, je n'insistais pas et repris la direction de la salle de réunion. J'étouffais alors une exclamation de surprise. Rafael était appuyé contre une table en bois, les bras croisés. Il tourna la tête vers moi. Au vu des cernes sous ses yeux, il ne semblait pas avoir beaucoup dormi. Ses cheveux d'un noir de jais étaient, comme à l'accoutumée, en bataille. Passant nonchalamment sa main dans ces derniers, il me sourit.

- Salut, Em'.

- Rafael ! Je suis surprise de te voir ici !

- Et pourquoi donc ?

- Julian m'a dit que tu étais... sorti... hier soir.

Il dût sentir le reproche dans ma voix car il perdit son sourire. Ou bien était-ce autre chose ?

- Désolé... Je n'avais pas vu Max depuis un petit moment. Alors...

- Oui, je comprends.

Rafael était très proche de son frère mais je ne sais pour quelle raison, j'avais l'impression que cette fois le retour de Max n'était qu'une excuse.

- Préviens-moi juste la prochaine fois que tu te fais remplacer.

- Oui... Promis...

L'observant à la dérober, je remarquais qu'il était anormalement pâle. Était-ce le manque de sommeil ou....

- Rafael, tu es sûr que tout va bien ?

Il leva ses yeux d'un marron foncé presque noir vers moi. Il semblait réfléchir à ce qu'il pouvait ou non me dire. Mais avant qu'il n'ait prononcé le moindre mot, la projection de son père apparut dans la pièce. Portant son costume de Consul, il sourit à son fils.

- Bonjour, Rafe.

- Salut, Dad. Lui répondit Rafael avec un grand sourire.

- Bonjour, Emma. Me fit ensuite Alec en se tournant vers moi. Désolé pour l'heure matinale, mais Magnus et moi sommes attendus à Dublin tout à l'heure.

- Pas de problème. De toute façon, comme je te disais dans ma lettre, nous avons réglé la situation. Tout est partie d'un malentendu avec le Petit Peuple. Tu sais comment ils sont...

- Oui. J'ai vu Kieran hier soir et il m'a assuré que la Reine avait reconnu les torts de son peuple dans cette histoire et qu'elle passait à autre chose. Restez quand même vigilant, on ne sait jamais avec elle...

- T'en fais pas, Dad ! Lui fit Rafael. Max a parlé aux fées hier, elles sont passées à autre chose. Ce n'était qu'une petite querelle entre créatures obscures. Une vampire qui tombe amoureuse d'une fée, qui l'aurait cru, hein ? Le mec de la fée a piqué une crise de jalousie puis il s'est calmé. Affaire réglée.

- Je l'espère... Mais je préfère rester vigilant. Et je préférerai que ton frère et toi restiez loin des affaires des fées.

- C'est raciste ça ! Se moqua Rafael.

- Rafe... Je ne vous interdis pas de fréquenter des fées, seulement je vous invite grandement à ne pas vous mêler de leurs affaires. Étant mes fils, la reine ne vous porte d'office pas dans son cœur.

- Entendido, jefe !

Alec leva les yeux au ciel, amusé.

- Je dois vous laisser. Emma, merci pour avoir géré ça avec efficacité !

- Ne t'en fais pas, personne n'a envie qu'une guerre éclate à nouveau ! Le rassurais-je. Tu peux dormir sur tes deux oreilles ! Et salut Magnus de ma part !

- Pas de problème ! A bientôt !

- A bientôt !

- Rafe, je te vois...

- Je peux te parler en privé, s'il te plaît ? L'interrompu Rafael.

Alec fronça les sourcils autant que moi. Il y avait quelque chose dans la voix de Rafael qui n'était pas habituel.

- Oui, bien sûr !

- Je vous laisse.... Leur fis-je en saluant une dernière fois Alec.

Une fois sortie de la pièce, je fus tentée d'écouter à la porte mais me rabrouant moi-même, je partis rejoindre Julian.

PDV Rafael

Emma quitta la pièce et je fixais mon père. Ou plutôt sa projection...

- Vous rentrez quand à New York avec papa ? Demandais-je.

- Je ne sais pas trop... On doit voir beaucoup de directeurs d'Institut. Je dois m'assurer que l'incident entre cette vampire et cette fée à L.A n'a pas engendré d'autres problèmes ailleurs.

- Et vous envisagez de venir ici ou pas ?

- Ce n'est pas prévu, non.

Je soupirais et fermais les yeux. Je n'avais pas dormi de la nuit et j'avais les nerfs à fleur de peau.

- Rafe, qu'est-ce qui se passe ?

Relevant la tête vers lui, je vis qu'il me fixait avec inquiétude.

- Rien... Vous me manquez...

En soi, ce n'était pas vraiment un mensonge mais ce n'était pas non plus vraiment la vérité.

- Tes cauchemars ont recommencés ? Me demanda-t-il.

Je pouvais sentir son inquiétude dans sa voix.

- Non... C'est pas ça... Pas vraiment. Je pense juste que je vais rentrer à New York.

- D'accord... Mais je croyais que tu étais bien à L.A ?

- Ouais, mais je sais pas... J'ai envie de retrouver la maison. Puis je pourrais aider à former Sophia, au moins.

- Et Izzy sera ravie de pouvoir te chouchouter! Me fit-il en me souriant.

- Alors tu veux bien que je rentre ?

- Rafael, tu sais bien que tu rentres et que tu pars quand tu veux. Ce serait encore mieux si tu ne partais pas ! La maison est bien vide quand vous n'êtes pas là ! Ce calme, c'est épuisant ! Plaisanta-t-il.

Je ris. La maison me manquait. Ma famille me manquait.

- Tu veux qu'on rentre nous aussi ?

Je pinçais les lèvres. Oui, je voulais qu'ils rentrent mais j'avais passé l'âge des caprices...

- Non, c'est important que tu ailles parler aux Instituts... On se verra quand vous rentrez...

- Rien n'est plus important que mes fils. Donc si tu me dis de rentrer, je rentre, tu le sais.

- Oui, je sais. Mais t'en fais pas, juste envie de rentrer, c'est tout.

- Ok... Dis-moi quand tu seras à New York alors !

- Ça marche...

- Et dis à ton frère qu'il réponde à son téléphone !

Je souris et je dus me faire violence pour ne pas révéler la raison pour laquelle mon frère n'avait pas le temps d'avoir nos parents au téléphone en ce moment.

- Ouais, je lui dirai !

- On se voit bientôt, Rafe ! Je t'aime !

- Moi aussi... Lui fis-je tristement alors qu'il disparaissait.

Plus tard – FIN PDV Rafael

Sur le toit de l'Institut, Rafael avait le regard dans le vide, jouant nerveusement avec une gourmette autour de son poignet. La pluie commençait à tomber et un éclair zébra le ciel.

- Je savais que je te trouverai ici. Fit une voix d'homme derrière lui.

Rafael ne bougea pas. L'homme, légèrement plus petit que lui, se rapprocha et laissa ses doigts effleurer ceux du jeune homme. Tout comme lui, il portait des vêtements de cuir noir et le col de son manteau laissait entrevoir une partie d'une rune angélique.

- Salut... Murmura Rafael dans un souffle.

- Salut ? C'est tout ce que tu trouves à me dire ?

- Je... Je sais pas...

- Tu ne sais pas ? Tu pourrais commencer par me dire « Désolé Tavvy d'être parti aussi vite ! »

Rafael leva la tête vers lui et croisa ses yeux bleu-vert qui le fixaient avec tristesse.

- C'est compliqué. La situation est vraiment compliquée.

- Ouais, je sais ! Tu rentres à New York !

Un long silence s'installa entre eux. La pluie tombait de plus en plus mais aucun d'eux ne semblait décidé à entrer à l'intérieur.

- Les nouvelles vont vites visiblement.

- J'aurais préféré que ce soit toi qui me le dises ! Lui reprocha Tavvy.

- Je... Je ne savais pas comment te le dire... A cause de ce... de ce truc...

- Quel truc ? Nous ?

- Non, stop ! S'exclama Rafael en s'écartant de lui. Je t'arrête tout de suite, il n'y a pas de nous.

- Ce n'est pas ce que tu semblais penser hier soir...

Rafael pâlit. Une gêne pesante s'installa entre eux alors qu'ils prenaient soin de ne pas se regarder dans les yeux.

- Pourquoi tu t'en vas alors ? Finit par demander Tavvy.

- L.A, ce n'est pas chez moi. Ma vie elle est à New York, pas ici !

Si Tavvy n'avait pas bougé d'un millimètre, Rafael, lui, s'agitait dans tous les sens. Son ami finit par le stopper en lui attrapant le bras. Leurs regards se croisèrent à nouveau.

- Comment tu vas ? Dis-moi la vérité, s'il te plaît.

Rafael avala difficilement sa salive. Tavvy avait toujours su lire en lui, comme lui savait lire en lui. Ils s'étaient toujours compris en un seul regard. Depuis que Rafael avait été adopté par Alec et Magnus, Tavvy était dans sa vie. Dans les pires comme dans les meilleurs moments. Il se souvenait de cet enterrement où ils avaient tous deux dit au revoir à un être qui leur était cher. Leurs mains s'étaient jointes pour la première fois ce jour-là. Si, à l'époque, ce n'était que de l'amitié, au fil des années cela s'était transformé en quelque chose d'autre.

- Je vais bien.

- Faux ! Je sais que tes cauchemars ont recommencé !

-Je... J'arrive plus à dormir ! Confia enfin Rafael. J'ai peur de fermer les yeux, peur de dormir et de voir encore vos visages... morts. Je ne sais pas pourquoi je fais toujours ce même cauchemar encore et encore ! Je crois que je suis en train de devenir dingue ! Peut-être que je suis bon à être enfermé et...

Tavyy le coupa d'un baiser, et, étonnamment, Rafael ne le repoussa pas. Il le laissa même essuyer les larmes qui s'étaient mises à couler sur ses joues.

- Arrête... tu n'es pas fou. C'est juste une mauvaise période. Ce n'est pas la première fois. Moi aussi, tu sais... A cette date, je crois devenir fou...

Rafael ferma un instant les yeux.

- Merde... Soupira-t-il. Quel con je fais... je ne devrais pas te dire ça à toi... Excuse-moi...

- Non, au contraire ! Parle-moi ! Je suis là...

- Merci...

Rafael posa son front contre celui de Tavyy. Ce dernier le serra contre lui.

- Tu vas repartir à New York alors ?

- Oui... C'est là-bas qu'est ma place...

- D'accord... Si rentrer te fait aller mieux, alors d'accord, rentre.

- Et toi ?

- Moi ?

- Oui, toi. Tu.. tu te sens bien ?

- Si tu vas bien, je vais bien.

- Tavs...

- Il faut que j'y aille. Et toi aussi...

Il effleura tendrement les lèvres de Rafael au moment où la porte menant sur le toit s'ouvrit dans un grincement. Les deux néphilims s'écartèrent aussitôt.

- Monsieur le Consul ! S'exclama Tavvy, sa voix tremblant légèrement.

Alec posa un regard surpris sur le jeune homme puis sur son fils.

- Tavvy ! Le salua Alec. Comment tu vas ?

- Je vais bien, Consul.

Alec laissa échapper un sourire.

- S'il te plaît, cesse les « monsieur » et « Consul ». Alec, suffira, depuis le temps que je te connais. On en a déjà parlé ! Comment vont tes frères et sœurs ?

Tavyy se lança dans un récit des dernières péripéties qu'avait vécu sa famille. Alec l'écoutait tout en lançant des regards à son fils, qui lui, ne semblait plus savoir où se mettre.

- Tu passeras le bonjour à Helen. Finit par dire Alec. Et bien entendu, tu es toujours le bienvenu chez nous.

- Merci. Saluez également votre famille de ma part.

- Je le ferai. Heu, j'étais venu parler à Rafael, mais je peux attendre si...

- Non ! Non, on avait terminé. Intervint Rafael.

- Oui... J'allais m'en aller. Confirma Tavyy.

Il salua Alec poliment et lança un regard appuyé à Rafael, qui semblait être soudain très intéressé par une flaque d'eau à ses pieds.

- Au revoir, Rafe...

- Ouais, by... A... A plus...

Tavyy se retint de lever les yeux au ciel et quitta le toit, laissant Rafael seul avec son père. Le jeune néphilim se précipita dans les bras d'Alec, qui le serra contre lui.

- Dad ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Tu n'allais pas bien. Et est-ce qu'on peut avoir le reste de cette conversation à l'intérieur ? Tu es trempé et je ne vais pas tarder à l'être aussi !

Rafael approuva et il suivit son père à l'intérieur de l'Institut. Alec l'emmena dans un bureau et referma la porte derrière eux. Son fils se laissa tomber sur un vieux canapé poussé contre le mur.

- Tu veux m'en parler ? Lui demanda Alec.

- De quoi ?

- Oh aller ! Pas à moi ! J'ai vu comment Tavvy te regardait. Je le vois depuis des années déjà. Mais ce qui a changé, c'est la façon dont toi tu le regardes.

- Je suis perdu, Dad...

Alec s'assit à côté de son fils.

- Pourquoi ? A cause de Tavyy ?

- C'est mon meilleur ami... C'était...

- Qu'est-ce qui a changé ?

Le cœur de Rafael battait tellement vite que cela en était devenu douloureux. Ses mains tremblaient et il avait du mal à respirer. Pour se calmer, il se remit à jouer avec la gourmette autour de son poignet. Alec baissa les yeux vers elle et stoppa le geste de son fils. Il fit glisser ses doigts sur le bijou. Un « Je t'aime » en espagnol y était inscrit.

- C'est nouveau ça... Observa Alec. J'ai le droit de savoir qui fait d'aussi beaux cadeaux à mon fils ?

- Tavvy... Avoua Rafael après une brève hésitation. Pour mon anniversaire.

Flash Back – 3 mois plus tôt

Tout joyeux, Rafael entra dans la chambre de Tavvy sans frapper. Il s'allongea à côté de lui, tout sourire. Son ami ôta les écouteurs qu'il avait dans les oreilles et lui fit un sourire en coin.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as dit que tu étais avec ta famille toute la journée!

- Ouais, mais tu m'as dit que tu avais une surprise pour moi ! Lui répondit Rafael, les yeux pétillants.

- Je ne vois pas de quoi tu parles... S'amusa Tavvy.

Rafael lui donna un coup amical sur l'épaule.

- Allez, dis-moi ce que c'est !

- Non, tu ne le mérites pas de toute façon !

- Tu rigoles ou quoi ?! Je suis le meilleur ami que tu es !

- Non, mon meilleur ami c'est Max !

- Je suis ton deuxième meilleur ami, alors ! Plaisanta Rafael.

- Ouais... Mon deuxième meilleur ami... Lui fit tristement Tavvy.

Si Rafael avait remarqué la tristesse dans la voix de son ami, il ne le montra pas et se contenta de continuer à sourire. Tavvy finit par se lever et ouvrit le tiroir de son bureau duquel il retira une petite boîte. Il la tendit à Rafael. Celui-ci s'était assis en tailleur sur le lit et semblait impatient de découvrir sa surprise.

- La majorité c'est très important chez les chasseurs d'ombres. J'ai voulu marquer le coup. Expliqua Tavvy, les joues rougissantes alors que Rafael découvrait le contenu de la boîte. Et te montrer que je tiens à toi.

Le néphilim en sortit une gourmette en adamas, gravée de l'inscription « Te Amo ». Il déglutit difficilement. Il ne pouvait plus nier la vérité. Il devait lui parler au risque de voir leur amitié voler en éclat. Mais les mots ne venaient pas... Non. Il se faisait des idées, se rassura-t-il. Encore. Ils se connaissaient depuis des années, ce n'était que de l'amitié. Après tout, combien de fois avait-il entendu Jace et Alec se dire « Je t'aime » ? Rassuré, Rafael sourit à son ami qui était devenu aussi rouge que le pull qu'il portait.

- Elle est magnifique ! Merci...

- Avec plaisir... Lui sourit timidement Tavvy.

- Tu me la mets ? Demanda Rafael.

Son ami se rapprocha doucement de lui et prenant la gourmette, il l'a lui mis autour de son poignet droit. Rafael attrapa sa main et la serra. Le regard de Tavvy se perdit dans celui du jeune homme.

- Moi aussi je t'aime.

Présent

- Rafe... Tu as conscience que cadeau est plus qu'une preuve d'amitié ? Tavvy a dû sûrement donner une belle somme d'argent aux Sœurs  de Fer pour qu'elles acceptent de faire ça.

- Je sais, oui... Mais au début je ne voulais pas le voir. Parce que je pensais que je ne ressentais pas la même chose et je ne voulais pas le blesser, alors j'ai fait comme si je ne comprenais pas.

- Je comprends... Mais tu lui dois la vérité.

- Je sais, mais.. Dad, je ne sais pas ce que je ressens !

Rafael, encouragé par le regard bienveillant de son père, prit une profonde inspiration et avoua ce qu'il retenait depuis plusieurs semaines. Même à son frère il n'avait rien dit. Celui-ci était beaucoup trop proche de Tavvy et il ne voulait pas que Max se retrouve pris entre deux feux : son frère ou son meilleur ami.

- Au début je pensais que c'était juste parce qu'il avait toujours été là, que c'était juste parce que c'était un très bon ami que... que j'avais envie de le voir. Comme ça, tout le temps. Chaque fois que ça n'allait pas, j'allais le voir. Je n'avais même pas besoin de parler, il me comprenait en un seul regard. Et je me sentais mieux rien que de le savoir près de moi. J'ai commencé à avoir envie de le prendre dans mes bras, d'avoir ce besoin de le toucher... Et hier soir ça a dérapé...

Rafael sourit et Alec lui fit relever la tête vers lui.

- Pourquoi ce que tu ressens te fait aussi peur ? Tu as été élevé par deux hommes. Tu as un père sorcier et un autre qui est un chasseur d'ombres. Tu as grandi entouré de créatures obscures qu'on considère comme notre famille. On est la famille la moins conventionnelle au monde. Ton frère et toi avez grandi avec des regards braqués sur vous. Des regards amicaux comme inamicaux. Alors de quoi tu as peur ?

- Je n'ai pas peur des regards ! J'ai peur de ce que je ressens pour lui parce que j'ai peur de le perdre... Tu sais de quoi est morte sa mère! Et si ça lui arrivait à lui aussi ?!

- Personne ne peut prédire l'avenir, Rafe...

Une larme roula sur la joue du jeune homme. Alec l'essuya.

- Je savais que pour que tu veuilles à ce point-là rentrer à la maison, c'était qu'il y avait vraiment quelque chose qui n'allait pas. Puis, tu sais, tu as peut-être 18 ans, mais à mes yeux et aux yeux de ton père, tu seras toujours notre petit garçon ! Et on te connaît par cœur.

- Je ne voulais pas parler à une projection... j'avais besoin que tu sois vraiment là!

- Je suis là...

Alec prit son fils dans ses bras et déposa un baiser dans ses cheveux.

- Je suis là... Tu sais, à ton âge, sentimentalement, j'étais tout aussi perdu que toi.

Rafael s'écarta et s'assit en tailleur sur le canapé, curieux.

- Comment ça? Tu n'étais pas sûr d'être amoureux de papa?

- Si, mais j'avais peur. Peur que les gens que j'aime me rejettent parce que j'étais amoureux d'un homme et qui plus est, d'un sorcier.

- Ils ne l'auraient jamais fait !

- Non, c'est vrai. J'étais idiot. Puis après il y a eu la question de ma mortalité alors que ton père, lui, est immortel. J'avais peur qu'il s'éloigne de moi à cause de ça, que je devienne insignifiant à ses yeux. Mais là encore je n'étais qu'un idiot. Et ton père aussi s'est souvent senti perdu. Ses sentiments pour moi lui ont aussi fait peur. Et lui font toujours peur.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il a peur du jour où je ne serai plus là.

Rafael baissa les yeux. Sa mortalité et celle d'Alec étaient un sujet sensible dans leur famille.

- Tu devrais parler de ce qui te fait peur avec ton père. Personne d'autre ne pourra te comprendre mieux que lui.

- Je veux pas qu'il soit triste à cause de moi.

- Il ne sera jamais triste à cause de toi. Il est comme moi, ses fils sont sa plus grande fierté !

- Avec toi ! Lui fit Rafael en lui faisant un clin d'œil.

Alec éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux.

- Allez, viens. On rentre à la maison. Ton père nous attend, et Max aussi.

Le visage de Rafael s'éclaira.

- Max rentre aussi ?

- Ton frère sait toujours quand ça ne va pas ! La famille avant tout, Rafael !


A suivre

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