- Module de brouillage d'identité 🙂 ?

- Pfffhahah, check.

- Inventaire 😃 ?

- De l'eau, un snack, de l'argent, mon téléphone et de quoi noter.

- Tu est fin prête à partir, mon amie ☺️ !

Je fis une dernière vérification de mes affaires. J'avais mon sweat orange, des lunettes de soleil, et un sac à dos.

C'était mission incognito. Je devais réussir à m'introduire dans les loges des Brawlers qui allaient combattre aujourd'hui. Fictor allait m'accompagner jusqu'à l'entrée mais il ne pourait pas venir avec moi. Ces nerfs ne tiendraient pas le coup et puis il n'était ni assez agile ni assez rapide dans l'éventualité de devoir fuir si on se faisait choper.

Je lança un dernier regard vers Quentin. Depuis une semaine il ne m'avait pas adressé la parole.

- Je ne te demande pas de me souhaiter bonne chance, ça porte malheur !

- ...

- ...Moi aussi je t'aime bien.

Je me tourna vers l'entrée ou Fictor m'attendait. J'inspira un grand coup avant de sourire et d'ajuster les lunettes de soleil sur mon nez.

- C'est l'heure du chaos.

La foule était déjà dense autour de l'arène centrale. Ça me surprenait toujours de voir combien de gens étaient prêts à acheter des billets pour assister aux matchs. Brawl TV avait été créé justement pour ceux qui ne pouvaient avoir de places ou qui ne voulaient pas se retrouver coincés en plein milieu d'un petit millier de personnes. Cependant, j'avouerais que j'enviais toujours un peu ceux qui avaient l'occasion d'assister aux combats en personne.

J'attrapa le poignet de Fictor pour marcher vers l'entrée du staff, située quelques rues plus loin.

Il y avait de moins en moins de badauds autour jusqu'à ce que Fictor et moi arrivions à une rue barrée, tellement discrète qu'elle était presque indétectable.

Je regardai le garde avec appréhension. C'était un homme massif avec un costard et un walkie-talkie façon James Bond.

Par réflexe je regarda derrière moi. En haut d'un poteau, il y avait une caméra. La lentille était obscursit par une couche de peinture noir en spray. C'est moi même qui avais fait ça il y a 2 jours, durant la nuit après les séances de repérage. On sait jamais.

Fictor me sera doucement les doigts.

- Comme à l'entraînement 🫣 ?

- Comme à l'entraînement.

Je lui lacha la main et il partit dans la direction opposée, tandis que je continuais mon chemin tout droit, me rapprochant lentement de l'entrée.

Le mur de gauche était couvert d'une plante grimpante qui ressemblait à du lierre que je pourrais escalader pendant que Fictor retenait l'attention du vigile.

Mon ami finit par se trouver devant le garde. J'attendais le signal, c'est a dire qu'il entame la discussion en inventant un bobard pour le distraire le temps que j'escalade le mur.

Mais le signal ne vint pas. Il resta silencieux face au pseudo James Bond qui parut un peu confus.

Merde. J'aurais dû prévoir ça...

Quand le niveau de stress de Fictor dépassait un certain niveau, son système de communication se mettait à buguer. Il n'y a pas grand chose à faire dans ce genre de situation.Au départ, c'était toujours gênant quand ça arrivait. Mais avec le temps, j'ai trouvé des techniques pour communiquer avec lui quand ce genre de situation arrivait : le laisser se calmer, désescalader la situation... Mais là je ne pouvais pas l'aider sous peine de me faire remarquer.

Le garde commençait à devenir vachement suspicieux et c'est à ce moment que Fictor commis une erreur : il me jeta un coup d'œil anxieux.

Je sentit mon sang se glacer. Tout avait l'air de se passer au ralenti. Le vigile commença à tourner la tête vers l'endroit où j'étais, il n'y avait rien pour se cacher à proximité.

J'aurais du monter sur cette putain de plante grimpante quand j'en avais le temps, même si Fictor n'avait pas commencer à parler !

- Ah bon sang, t'es là toi ! Je te cherche depuis bien 15 minutes !

La voix de Quentin me tira hors de ma mini-crise de panique. Il courait vers Fictor visiblement mécontent.

- T'es censé être là pour moi ! Pas te tapper la discut' avec le premier venu !

Je cligna des yeux plusieurs fois. Qu'est-ce qu'il se passait là, au juste ?

- Il est à vous ? fini par demander le garde, visiblement confus.

- Oui, c'est mon guide personnel et customisable pour un tour de présentation complet du parc pendant 24h, répondit Quentin de manière naturelle en s'agrippant au bras de Fictor. Mais j'ai des problèmes avec lui depuis ce matin.

Et d'une manière tout aussi naturelle, il secoua la tête tout en parlant, profitant de ce mouvement anodin pour me lancer un regard assassin qui disait clairement "je suis en train de te sauver le cul, qu'est-ce que tu fous encore planter là ?!"

Ni une, ni deux, je me mis à escalader le lierre.

- Je pense que je devrais contacter des unités spécialisées pour un reboot complet.

Se furent les dernières paroles que j'entendis lorsque j'atterris à 4 pattes de l'autre côté du mur. Ils ne devraient pas faire pousser de plantes grimpantes sur un lieux censé être protégé comme ça. Ou au moins mettre des piques ou des barbelés en haut.

M'enfin, je vais pas me plaindre ! Ça me facilite la tâche.

Je me releva et remonta la capuche sur ma tête.

- À nous deux Shelly !