Chapitre 1
Le cerveau débranché pour me concentrer sur ma posture de course, mes jambes s'allongeant devant moi pour de plus grandes enjambées, mes coudes près des côtes pour éviter un point de côté, ma respiration régulière pour éviter d'avoir le souffle court.
Je n'étais pas en train de m'entraîner pour le prochain marathon, non. Je courais pour ma vie, je devais sauver ma peau à tout prix.
À ma gauche, le sifflement funeste d'un météore tombant du ciel. À ma droite, le grincement strident d'une plaque de métal que l'on déchire. Je devais slalomer entre les débris, je ne pouvais pas me permettre de prêter attention à autre chose, pas même aux petites écorchures et coupures qui se multipliaient sur mes membres alors que je fonçais à travers le champ de bataille.
Ce qui me rendait si concentrée et précise n'était pas le talent.
Normalement je suis archi nulle en sport.
Ce qui me rendait aussi habile, c'était le désespoir. La moindre baisse de vitesse, et je ne pourrai pas esquiver les balles des robots à tout faire de Starr Park...
Mais le moment fatal où, ayant couru trop vite et trop longtemps, ma gorge se serra et mes poumons se vidèrent.
J'avais beau inspirer de toutes mes forces, j'avais l'impression de retenir ma respiration, comme si mon corps n'arrivait tout simplement plus à assimiler l'oxygène que je respirais.
En plus de ça, je me mis à saliver comme si j'avais une pâtisserie bien crémeuse en face de moi. Je détestais quand ça arrivait. Pourquoi je me mettais à baver comme un bébé de 5 mois quand je courais trop ? Ça ne rendait ma respiration que plus difficile.
Je n'en pouvais plus, c'était la goûte qui fit déborder le vase. Je réduis la cadence encore plus pour me mettre à l'abri d'un mur à moitié détruit, espérant que je retrouverais quand-même la force de retourner au combat.
Mais le mal était déjà fait. Mon moral était enterré six pieds sous terre et ne risquait pas d'être réssussité de sitôt.
Après tout, qui serait encore plein de joie de vivre après avoir déclenché une révolution aussi sanglante ?
Je m'adossa au mur et jetta un coup d'œil au cœur de la bataille. Une gigantesque silhouette qui faisait bien 5 mètres de haut se déchaînait sur d'autres bien plus petites tout autour d'elle.
Toutes ces personnes en danger... Je me mordis l'intérieur de la joue, essayant désespérément de retenir mes larmes.
Tout ça, c'était à cause de moi.
Soudain, une unité robotique de type sniper tourna au coin du mur, je me figea, mais c'était trop tard. Elle me vit et pointa immédiatement son arme sur moi, j'avais exactement quelques millisecondes avant qu'elle ne tire et me blesse. J'attrapa le premier truc à ma portée soit, un gros morceau de gravat. Je le balança à la figure du robot avec tout le restant de mes forces. La pierre se ficha directement dans le dispositif oculaire de la machine. Déroutée, elle se mit à tirer à l'aveugle tentant de me toucher, mais je m'étais déjà relevée pour fuir de plus belle.
Tout ça, c'était à cause de moi.
Je courais de nouveau, tentant de fuir, encore et toujours.
Fuir, oui. Pas combattre. Cette fois je ne me faisais plus d'illusions. Je n'avais plus l'énergie ni l'envie de me battre.
Mais ce n'est pas parce qu'on n'a plus envie que les malheurs sont finis.
Loin de là.
Je me pris les pieds dans une armature en métal, sortant du sol. Je tomba, m'étalant de tout mon long.
Ça y est, c'était ma limite. J'en pouvais plus, j'étais incapable de me relever.
J'entendis le cri d'un enfant au loin. Je ferma les yeux de toutes mes forces en me recroquevillant et je me mit à pleurer.
Tant pis si je me prenais une balle perdue ou un truc du genre... De toute façon je le méritait...
Tout ça, c'était à cause de moi
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