Chapitre 10
Valentin reprit vite son sérieux. Il se repassa la main dans les cheveux pour essayer de sauver les meubles mais c'était peine perdue. Il s'assit sur le lit de Zoé en tailleur. Cette dernière s'appuyait d'une main sur sa vieille coiffeuse grise et finissait de se remettre du baume à lèvres rouge cerise. Puis elle se retourna pour raconter ses découvertes à Valentin.
— Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps, je pense que tu as assez attendu comme ça. Je suis très proche de mes parents et ce que j'aime vraiment avec eux c'est qu'il n'y a pas de sujet tabou entre nous, ils sont très ouverts d'esprit. Hier on parlait des vacances d'été et puis après j'ai voulu leur poser des questions sur ma tâche de naissance. Je leur ai raconté l'épisode de la piscine chez l'oncle de Flavia et ils étaient très surpris et confus par ce que je leur disais. Quand je leur ai dit que je connaissais quelqu'un avec la même tâche ils ne voulaient pas y croire. A un moment ma mère m'a même hurlé dessus. J'étais choquée, je voulais comprendre pourquoi est-ce qu'ils ne répondaient pas à mes questions ?
— Et alors qu'est-ce qui s'est passé après ?
— Elle était très nerveuse. Elle s'est mise à trembler. J'ai demandé à mon père de me raconter la vérité. Il m'a alors avoué qu'ils avaient eu un parcours de PMA compliqué, que ma mère était atteinte d'endométriose et qu'elle est finalement tombée enceinte de jumeaux. Et puis que l'un d'eux n'avaient pas survécu à cause d'une insuffisance cardiaque. Et que le seul moment de leurs vies où ils avaient vu cette tâche sur quelqu'un d'autre que moi c'était sur mon frère jumeau. Tu te doutes bien que quand je leur ai raconté ça sorti de nulle part ils ont eu un choc...
Valentin n'écoutait plus Zoé. Il avait le regard vide. Il fixait un point sur le mur devant lui. Il commençait à être de plus en plus crispé. La conversation prenait une drôle de tournure. Il eût un petit rire nerveux.
— Ahaha ! Où est-ce que tu veux en venir exactement ?
— Je pense que je n'ai pas besoin de t'expliquer et que tu le sais au fond de toi inconsciemment n'est-ce pas ?J'ai joué tous les scénarios possibles dans ma tête depuis hier ... Je me dis que peut-être que la destinée est passée par là je ne sais pas... A ton avis pourquoi est-ce qu'on s'est entendu parfaitement bien aussi rapidement ? Pourquoi est-ce qu'on a été attiré l'un vers l'autre ? Pourquoi il y avait cette gêne pudique quand on a fait le test de sortir ensemble ? Pourquoi est-ce qu'on a autant de points communs ? Et surtout pourquoi est-ce qu'on a cette même tâche de naissance au même endroit ?
Valentin avait baissé la tête. Il ne voulait pas entendre ça. C'était trop pour lui.
— Je... ne... sais... pas...
— Si c'est vraiment ce que tu penses alors tu te mens à toi-même.
— Et si c'était la vérité, pourquoi je n'ai pas l'impression que cette idée te dérange plus que ça ?
— Parce que tout au long de ma vie j'ai toujours ressenti un vide enfoui au plus profond de moi. Je ne savais pas ce que c'était évidemment puisque mes parents ne m'ont jamais parlé de ça jusqu'à hier car ils s'étaient jurés de ne jamais en reparler. Et puis depuis qu'on se connaît, bizarrement ce vide a commencé à s'atténuer sans que j'en ai conscience.
— Tu crois vraiment tout ce que tu dis ?
— Oui. Pour moi, il n'y a aucun doute possible. Tu es bel et bien mon frère jumeau.
Valentin se leva d'un coup. Il était complètement perdu. Ça remettait en question toute son existence. Il se dirigea vers la porte d'entrée pour partir, Zoé essaya de le retenir sans grand succès. Valentin avait sa main sur la poignée de la porte quand celle-ci s'ouvrit et les parents de Zoé entrèrent chargés de courses.
— Tu dois être Valentin ! C'est gentil de nous ouvrir la porte en tout cas ! Nous sommes ravis de te rencontrer. Je m'appelle William et voici ma merveilleuse épouse Lily.
Le père de Zoé avait posé les sacs qu'ils portaient par terre et tendit la main à Valentin pour le saluer. Sa poigne était ferme. Quand Valentin récupéra sa main, il la secoua un peu dans le vide car William avait failli lui briser les doigts en lui serrant la main. Lily s'approcha timidement de lui pour lui faire la bise et esquissa un léger sourire. Elle avait une grande tignasse brune, bouclée et indomptable dont quelques mèches revenaient sans cesse pour lui cacher ses beaux yeux verts. Elle se passa la main dans les cheveux pour les remettre en place. Valentin cogitait dans un coin. Il était coincé. Il avait toujours eu un grand respect pour les parents de manière générale, il avait été bien élevé. Il savait qu'il ne pouvait pas partir maintenant. Les parents de Zoé venaient à peine de rentrer et ils avaient fait le plein de courses pour le dîner. C'était impoli de partir ainsi. Zoé remercia intérieurement ses parents d'avoir sauvé la mise sur ce coup-là. Elle installa Valentin dans le séjour et lui proposa quelque chose à boire.
— Val qu'est-ce que tu veux boire ? Et ne fais pas le timide cette fois-ci. Mes parents ont fait les courses. Il y a du ice tea, du coca, de la bière même si tu veux...
Valentin se ressaisit et décida de jouer le jeu à fond. S'il ne pouvait pas partir, autant qu'il en apprenne le plus possible et qu'il tire cette affaire au clair une bonne fois pour toutes.
— Du ice-tea fera l'affaire merci.
Zoé alla chercher des verres pendant que ses parents s'occupaient de ranger les courses et de lancer rapidement le dîner. Elle servit Valentin qui enfin de compte était mort de soif. Il avait bu son verre d'une traite, il n'en restait plus une goutte. Zoé le dévisagea une brève minute puis rit de bon coeur. Le rire de Zoé avait le don de réussir à décompresser Valentin. Elle avait réussi à lui faire perdre son sérieux un instant.
Quelques instant plus tard, les parents de Zoé revinrent dans le séjour avec des petits amuses-gueules sur un plateau en bois. Lily fit signe à Valentin de se servir mais il déclina poliment. Après quelques échanges d'une banalité sans nom, il était temps de rentrer dans le vif du sujet. Valentin décida de prendre le taureau par les cornes et de ne pas y aller par quatre chemins.
— Bon je pense qu'on sait tous pourquoi je suis ici. J'imagine que vous voulez en savoir plus sur ma tâche de naissance. Zoé m'a expliqué.
William et Lily se regardèrent d'un air gêné. Ils préféraient laisser la parole à Valentin.
— J'ai bien une tâche de naissance en forme de lune avec un grain de beauté par-dessus au niveau de ma nuque. Ma mère m'a dit que les médecins lui ont dit qu'il s'agissait d'un cas très rare voire unique (la combinaison tâche de naissance + grain de beauté) ça a un rapport avec une maladie de la peau dont je ne me souviens plus exactement du nom. C'est la première fois que je rencontre moi aussi quelqu'un avec la même tâche que moi.
— Nous avons eu les mêmes explications de la part du corps médical pour Zoé n'est-ce pas William ? Dis moi Valentin, tu viens bien de Montpellier n'est-ce pas ?
— Oui c'est cela, pourquoi ?
— Est-ce que tu as toujours vécu là-bas ? Es-tu né là-bas ?
— Oui madame, j'ai toujours vécu à Montpellier mais je suis né à Paris.
A cette réponse, Lily et William ne savaient plus où se mettre. Se faisaient-ils des idées ? Est-ce que Valentin pourrait être le fils qu'ils avaient perdu il y a des années ? Comment était-ce possible ?
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